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Neuromarketing

Le neuromarketing ou la neuromercatique[1] est l’application des neurosciences cognitives au marketing et à la communication.

Schéma de neuromarketing : du stimulus visuel à la représentation mentale.

Cette discipline émergente cherche à mieux comprendre, prédire ou modifier les émotions, choix, goûts, aversion et comportements des consommateurs, grùce à l'identification des mécanismes neuronaux et des zones cérébrales activées ou désactivées lors d'un acte de choix, d'achat (raisonné ou impulsif) ou face à une publicité, un emballage, une page internet, etc.

Le neuromarketing désigne deux concepts étroitement liés :

  • l'Ă©tude, via les neurosciences, du fonctionnement du cerveau humain lorsque soumis Ă  des stimuli qui peuvent ĂȘtre des logos de marques, des produits, des sons, des goĂ»ts, des odeurs, des images ou des publicitĂ©s.
  • l'amĂ©lioration des outils de persuasion du consommateur.

Peu aprĂšs son apparition, le neuromarketing a suscitĂ© des controverses concernant le caractĂšre non Ă©thique de tout ou partie de ses usages (en particulier Ă  propos de la participation de cobayes humains, de patients, de mĂ©decins et d’autres professionnels de la santĂ©). Ses dĂ©tracteurs lui reprochent de permettre de manipuler le comportement des consommateurs Ă  leur insu, en activant des mĂ©canismes profonds et inconscients du cerveau, ce qui pose des problĂšmes de bioĂ©thique, de conflits d’intĂ©rĂȘts pour les chercheurs associĂ©s, et des questions d’éthique pour les entreprises qui utiliseraient le neuromarketing). Des chercheurs pourraient y voir une sources de moyens financiers pour leurs Ă©tudes sur la connaissance du cerveau, qui pourraient conduire Ă  des progrĂšs dans les domaines de la psychiatrie et de la psychologie. Mais la plupart des Ă©tudes sont faites pour des entreprises privĂ©es sous le sceau de la confidentialitĂ©, comme l’a notamment montrĂ© un documentaire fait par Cash Investigation en Europe et aux États-Unis[2].

ÉlĂ©ments de dĂ©finition

En 2010, dans la revue de psychiatrie d’Harvard, Fisher, Chin, & Klitzman, co-auteurs Auteur d’une enquĂȘte exploratoire basĂ©e sur les contenus des sites Web de neuromarketing notent qu’il existe des dĂ©finitions contradictoires du neuromarketing et qu'on « en sait peu sur les pratiques rĂ©elles des entreprises, des mĂ©decins et des scientifiques impliquĂ©s dans sa pratique », alors que de nombreuses entreprises s’étaient dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©es dans ce domaine, souvent en s’appuyant sur des universitaires et des professionnels, mais rarement en dĂ©voilant le nom de leurs clients ou leurs honoraires. CĂŽtĂ© chercheurs, certains dĂ©finissent le neuro marketing comme un domaine essentiellement scientifique (plutĂŽt que d’intĂ©rĂȘt commercial). Ainsi Lee et ses collĂšgues[3] ont dĂ©fini le neuromarketing comme un champ universitaire: «un domaine d'Ă©tude valide» et pas simplement «l'application de techniques de neuroimagerie pour vendre des produits». L’effort de Recherche semble cependant surtout supportĂ© par le secteur privĂ©. Inversement Hubert et Kenning[4] voient le neuromarketing comme une activitĂ© commerciale plutĂŽt que comme un domaine universitaire. Ils proposent que le domaine plus large de la recherche neuroscientifique sur les consommateurs (ce que Lee et ses collĂšgues appellent le neuromarketing) soit nommĂ© «neurosciences du consommateur», et que le neuromarketing soit plus Ă©troitement utilisĂ© pour dĂ©signer « l'application de ces rĂ©sultats dans le cadre de la pratique managĂ©riale».

CÎté entreprises, celles qui affirment que leurs activités relÚvent du neuromarketing n'ont pas publié leurs résultats dans des revues à comité de lecture.

Histoire

À la fin du XXe siĂšcle, divers sociĂ©tĂ©s commerciales ont soutenu financiĂšrement de nombreux travaux utilisant l'encĂ©phalographie et d'autres outils de neurophysiologie, pour dĂ©velopper le marketing grĂące Ă  une meilleure comprĂ©hension des rĂ©ponses comportementales inconscientes face Ă  la publicitĂ© ou au programmation tĂ©lĂ©visuelle par exemple[5] - [6].

En 1998, Gerald Zaltman et Stephen Kosslyn, deux professeurs de l'universitĂ© Harvard ont dĂ©posĂ© un brevet pour « la neuroimagerie comme outil de marketing »[7]; mais Zaltman s'est rapidement concentrĂ© sur une technique dite « Zaltman Metaphor Elicitation » basĂ©e sur une interview structurĂ©e plutĂŽt que sur l'imagerie du cerveau. Kosslyn semble de son cĂŽtĂ© avoir attendu 2008 pour se rĂ©intĂ©resser au sujet, en intĂ©grant le conseil consultatif d'une sociĂ©tĂ© appelĂ©e NeuroFocus[8] - [9]. Cette mĂȘme annĂ©e 1998 Dehaene et al. mettent en Ă©vidence[10] un effet facilitateur (temps de dĂ©cision raccourci si deux stimuli successifs induisent la mĂȘme dĂ©cision au terme du second stimulus), aussi bien par IRMf qu'Ă©lectro-encĂ©phalographie. Dans un contexte de prise de dĂ©cision Ă©conomique, des stimuli bien choisis pourraient dĂšs lors, peut-ĂȘtre, avoir une influence non nĂ©gligeable. Ces perspectives sont Ă  la base de l'intĂ©rĂȘt des milieux marketing pour les Ă©tudes neuronales au dĂ©but des annĂ©es 2000.

Avant cela, des sujets proches avaient été étudiés par des universitaires, dont en neuroéconomie[11] - [12] - [13].

Le terme « neuromarketing » est apparu au début des années 2000. Cette approche est née des recherches du docteur Read Montague (en), chercheur à l'université Baylor (Texas). D'autres chercheurs, tant en économie qu'en gestion et marketing, avaient déjà tenté d'intégrer des données neuroscientifiques à leurs paradigmes théoriques[14]. L'expérimentation neurologique est souvent complexe, coûteuse et de facto réservée en priorité aux études pathologiques : les techniques les plus légÚres (électro-encéphalographie) sont dÚs lors les plus couramment utilisées[15]. Les biais introduits par les méthodologies expérimentales imposées par les appareils de mesure actuels limitent la pertinence des résultats obtenus, qui se limitent pour le moment à la mise en évidence de mécanismes décisionnels généraux et à la mesure de préférences spontanées.

L'utilisation publique du mot neuromarketing semble dater de 2002, d'une part par Smidts dans un discours inaugural Ă  l’Institut de gestion Erasmus[16], et d'autre part outre-atlantique dans un communiquĂ© de presse de l'institut BrightHouse Institute for Thought Sciences basĂ©e Ă  Atlanta, qui, aprĂšs avoir testĂ© en IRM les rĂ©ponses cĂ©rĂ©brales de volontaires face Ă  des aliments, publicitĂ©s, modĂšles de voitures et d'« autres catĂ©gories de sujets » annonçait mettre en place une entreprise baptisĂ©e BrightHouse Neurostrategies utilisant l'IRMf au service de la Recherche sur le marketing[17]. « Imaginez ĂȘtre en mesure d’observer et de quantifier la vĂ©ritable rĂ©ponse d’un consommateur Ă  quelque chose sans l’influence de la pensĂ©e de groupe ni d’autres prĂ©jugĂ©s qui affaiblissent les approches de recherche actuelles » expliquait dans le communiquĂ© Brian Hankin (President of Thought Sciences)[17]. Selon l'entreprise le neuromarketing allait permettre au Marketing d'ĂȘtre plus performant, mais aussi permettre de mieux comprendre pourquoi des campagnes utiles (contre le tabac, l'alcool ou d'autres drogues par exemple) Ă©taient si peu efficaces.

Divers acteurs et en particulier l'organisation de consommateurs amĂ©ricaine Commercial Alert ont immĂ©diatement reprochĂ© Ă  cette entreprise de mettre des moyens non Ă©thiques au service de la publicitĂ©, en particulier pour les entreprises de la malbouffe, et avec un conflit d'intĂ©rĂȘts avec l'universitĂ© Emory, qui Ă©tait Ă  l'origine de cette division commerciale nouvelle, avec au moins un professeur de psychiatrie, et la mobilisation du matĂ©riel de l'universitĂ©[18].- et ils ont rapidement demandĂ© au Bureau fĂ©dĂ©ral de la protection de la recherche humaine et au SĂ©nat amĂ©ricain d'enquĂȘter sur les recherches de BrightHouse[19] Le site Web de BrightHouse Neurostrategies a Ă©tĂ© rapidement fermĂ©.

En 2004, McClure et al. conduisent une Ă©tude[20] aux rĂ©sultats largement relayĂ©s dans les mĂ©dias sur les prĂ©fĂ©rences implicites et explicites de consommation entre deux marques de sodas (Pepsi et Coca-Cola). Par deux tests, le premier consistant en une dĂ©gustation de deux Ă©chantillons diffĂ©rents sans connaissance des deux marques, le second consistant en une dĂ©gustation de deux Ă©chantillons avec connaissance d'une des deux marques seulement (ce second test Ă©tant rĂ©pĂ©tĂ© deux fois, pour les deux marques), les chercheurs mettent en Ă©vidence l'influence de la marque sur l'apprĂ©ciation explicite du produit par les consommateurs. Sans connaissance des marques, ou en connaissance de la marque Pepsi, ils ne montraient statistiquement pas de prĂ©fĂ©rence notable pour l'un ou l'autre des deux Ă©chantillons. Lorsqu'ils savaient ĂȘtre en train de boire du Coca-Cola, une nette prĂ©fĂ©rence pour ce soda Ă©tait exprimĂ©e. Dans le premier cas, c'est essentiellement le putamen qui Ă©tait actif (valeurs gustatives, plaisir). Dans le second cas, en plus de deux parties du cortex prĂ©frontal dĂ©nommĂ©es en fonction de leur emplacement anatomique (le cortex prĂ©frontal ventromĂ©dian et le cortex prĂ©frontal dorsolatĂ©ral), l'hippocampe et le tronc central Ă©taient actifs, tandis que le putamen Ă©tait nettement en retrait. Les deux types de rĂ©ponse constituant des comportements objectifs au sens des rĂ©flexes neurologiques, cette Ă©tude mettait en Ă©vidence l'influence de la mĂ©morisation et de la marque Coca-Cola.

Ce concept a notamment été développé par les chercheurs d'ILISI.

Principes et fonctionnement

Le neuromarketing présente deux types d'applications :

  1. Application des connaissances sur le fonctionnement cérébral pour rendre plus efficace la communication quels que soient son format (papier, audiovisuelle, etc.) et son but (publicité, information, etc.). Ceci vise à améliorer les caractéristiques soit de l'outil soit de sa diffusion (neuroplanning).
  2. Utilisation d'outils de mesure de l'activité cérébrale (tel l'électro-encéphalographie (EEG), l'IRM fonctionnelle, l'IRM de diffusion, l'Imagerie spectroscopique proche infrarouge) ou de l'activité physiologique (conductance cutanée, électromyographie, oculométrie, mesures psychophysiques comme la dilatation pupillaire, etc.) dans une visée marketing. Ces outils permettraient, par exemple, de mesurer les niveaux d'attention et d'émotion générées par un spot de publicité en évitant certaines limites des méthodes dites déclaratives basées sur l'interrogation du consommateur.
    • L'avantage de l'EEG tient Ă  sa portabilitĂ© et Ă  sa prĂ©cision temporelle qui permet de suivre l'activation cĂ©rĂ©brale tout au long de la publicitĂ©. Sa faible prĂ©cision spatiale ainsi que son impossibilitĂ© d'enregistrer des rĂ©gions profondes du cerveau sont les limites dans son utilisation.
    • L'IRMf permet d'observer l'ensemble des zones du cerveau susceptibles d'ĂȘtre activĂ©es avec en plus une trĂšs grande prĂ©cision anatomique (de l'ordre du millimĂštre). Ses limites se situent au niveau de la prĂ©cision temporelle et de l'impossibilitĂ© d'effectuer des mesures dans un environnement rĂ©el, par exemple sur les lieux d'achat.

Applications

Les différentes techniques d'imagerie médicale auxquels cette nouvelle discipline fait appel permettent d'enregistrer la réponse cérébrale d'un agent économique dans certaines situations, telles que le visionnement d'une publicité, le test de produits concurrents, l'acte d'achat, en présence ou non de musique[21], en situation réelle, etc. L'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (ILISI) et l'électro-encéphalographie (FST) sont notamment mises à contribution pour cerner les mécanismes neurologiques liés à la préférence, l'attention, la mémorisation et les émotions qui peuvent induire la décision de vente actuelles.

Le neuromarketing explore les aspects neurologiques des traits de personnalité correspondant à la confiance accordée, et à une impulsivité d'achat plus ou moins élevée. Certains acheteurs sont naturellement plus méfiants ou prudents, et à leur opposé les acheteurs ayant des degrés d'impulsivité élevés sont dits acheteurs hédoniques[22] - [23]. Les régions du cerveau les plus associée à la confiance et à l'impulsivité d'achat sont le striatum dorsal, le cingulaire antérieure, le cortex préfrontal dorsolatéral et le cortex insula[23].

Efficacité discutée

De plus alors que peu d’études sont publiĂ©es et Ă©valuĂ©s par les pairs, les assertions de ces entreprises sur la capacitĂ© des neurosciences Ă  prĂ©dire le comportement des consommateurs afin de le guider ou de le manipuler Ă©taient encore difficiles Ă  prouver.

Selon Poldrack en 2011, de nombreuses zones du cerveau sont trÚs fréquemment et fortement sollicitées, ce qui signifie qu'elles sont impliquées dans de nombreux processus ; on ne peut donc pas déduire que leur activation est une preuve certaine d'un engagement de la personne dans un processus de choix ou d'achat[24] - [25].

Selon Courbet et Benoit (2013), le neuromarketing est un « coup marketing » à l'utilité douteuse qui ne possÚde pas une utilité pratique en tant qu'outil d'aide à la décision et à l'amélioration de l'efficacité des pratiques de communication. Mais il garde son utilité symbolique sur les représentations sociales de l'organisation. L'image de marque joue un rÎle important[26].

Études et perspectives

Le neuromarketing semble appelĂ© Ă  se dĂ©velopper. À ce jour plusieurs Ă©tudes mettent en Ă©vidence le rĂŽle important de la mĂ©morisation inconsciente dans l’acte d’achat, mais le lien entre prĂ©fĂ©rences spontanĂ©es et mĂ©moire n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©couvert.

Le neuromarketing pourrait donner des indications sur la maniÚre d'améliorer la mémorisation et ainsi les préférences, ce qui suppose de quantifier efficacement la mémorisation d'actes publicitaires ou commerciaux. (Divers moyens sont utilisés pour faire se remémorer un message commercial, parmi lesquels le son, l'odeur ou l'image animée) Toutefois, « se souvenir » n'est pas « acheter » et pour les publicitaires, l'enjeu reste d'associer à une préférence conditionnée, une intention d'achat « effective ».

Un autre dĂ©veloppement du neuromarketing se base sur la comparaison entre les effets de deux marques, de deux produits ou de deux spots de publicitĂ©. On peut ainsi voir d’une part les ressentis propres Ă  l’objet et d’autre part ce qui le distingue de la concurrence, selon l'ouvrage Buyology – Truth and Lies About Why We Buy (en) du consultant Martin Lindstrom Ă  partir de rĂ©sultats de la plus grande Ă©tude de neuromarketing menĂ©e de 2004 Ă  2007 sur 2 081 personnes.

Le neuromarketing qui permet d’obtenir des rĂ©ponses fiables car fondĂ©es sur plusieurs travaux scientifiques a pour principal lobby l'association The Neuromarketing Science & Business Association[27].

Risques de dérive, critiques et questions éthiques

Un risque notamment évoqué est celui d'utiliser la science pour manipuler, ponctuellement ou durablement les enfants, particuliÚrement vulnérables et susceptibles d'entrainer leurs parents à des actes d'achats inconsidérés[28], sujet notamment mis en avant en France par un reportage de Cash Investigation[2].

Droulers et Roullet, chercheurs en neurosciences cognitives, distinguaient en 2006 deux Ă©clairages Ă©pistĂ©mologigues dans le neuromarketing encore Ă©mergent : il peut ĂȘtre rĂ©duit Ă  ses applications mercantiles et ne constituer aux yeux de la communautĂ© scientifique qu'un rĂ©investissement de techniques mĂ©dicales ; ou il peut ĂȘtre envisagĂ©e comme une participation Ă  « l'Ă©largissement et Ă  l'accumulation des connaissances relatives aux relations esprit-cerveau, tout en conservant parallĂšlement une finalitĂ© pratique dans la vie des affaires[29]. » Cette distinction met en lumiĂšre le dĂ©bat sur l'Ă©thique associĂ©e au neuromarketing[30]. Droulers et Roullet [2006] estiment que « le fait d'observer (au niveau macroscopique) n'a jamais influĂ© ou modifiĂ© le sujet d'observation. Affirmer que la dĂ©couverte de certaines activations cĂ©rĂ©brales sous certains stimuli commerciaux est le premier pas vers une manipulation pure et simple, relĂšve de l'affabulation ou de l'ignorance »[29].

Inversement[23], des organisations de protection du consommateur comme le « Center for Digital Democracy » (CDD) ont largement critiquĂ© le neuromarketing en raison de son caractĂšre invasif et des problĂšmes d'Ă©thique qu'il pose. Jeff Chester, le directeur exĂ©cutif de l'organisation affirme que le neuromarketing « a un effet sur les individus, effet dont l'individu n'est pas informĂ© ». L'objectif recherchĂ© est Ă©videmment d'augmenter la consommation citoyenne, en ne considĂ©rant toutefois plus sa capacitĂ© de jugement mais sa rĂ©ceptivitĂ© Ă  un stimulus, lui retirant ainsi la rationalitĂ© de ses besoins. Utiliser la recherche neuronale dans le but d'influencer les choix des consommateurs est donc comparable Ă  une forme de manipulation mentale plus poussĂ©e que les publicitĂ©s conventionnelles et que dire du neuromarketing amoureux avec tous ses dĂ©bordements. Certains chercheurs, comme Didier Courbet[31], ont Ă©galement portĂ© la critique Ă  deux niveaux. PremiĂšrement, l'utilitĂ© concrĂšte du neuromarketing pour les entreprises resterait trĂšs limitĂ©e. DeuxiĂšmement, le neuromarketing (et les organisations commerciales qui l'utilisent) cherchant Ă  influencer, sans que les citoyens en aient conscience, les dĂ©sirs en amont de l'achat, cherche de facto Ă  rĂ©duire leur libertĂ© de choix. Or, si les sociĂ©tĂ©s se veulent dĂ©mocratiques, les citoyens se doivent d'ĂȘtre informĂ©s des tentatives de manipulation, notamment via les mĂ©dias de masse, dont ils font l'objet. L'usage mĂȘme du neuromarketing devrait donc ĂȘtre soumis Ă  un large dĂ©bat public et dĂ©mocratique, plutĂŽt que d'ĂȘtre utilisĂ© en catimini par de grands groupes industriels et commerciaux dans le but d'accroĂźtre leurs profits en rĂ©duisant la libertĂ© de choix des consommateurs. Dans un mĂȘme sens, des chercheurs et universitaires appellent, depuis plusieurs annĂ©es, Ă  des dĂ©bats sur l’éthique de ces pratiques. Par exemple, dans LeMonde.fr du [32], un collectif de chercheurs demande « un dĂ©bat le plus large possible sur la prĂ©sence de la publicitĂ© [visant Ă  activer les automatismes cognitifs] dans l’espace public », la libertĂ© d’expression ne devant pas aller « sans une autre libertĂ© complĂ©mentaire de la premiĂšre : la libertĂ© de non-rĂ©ception », chaque citoyen devant in fine pouvoir « choisir oĂč et quand il souhaite accĂ©der Ă  de l’information publicitaire ».

Notes et références

  1. Commission d’enrichissement de la langue française, « neuromercatique », sur FranceTerme, ministĂšre de la Culture (consultĂ© le ).
  2. « Neuromarketing, votre cerveau les intĂ©resse » : volet de la sĂ©rie d'enquĂȘtes journalistique Cash Investigation, diffusĂ© initialement sur France 2 en 2012
  3. Lee N, Broderick AJ, Chamberlain L. What is `neuromarketing'? A discussion and agenda for future research. Int J Psychophysiol. 2007;63:199–204.
  4. Hubert M, Kenning P. A (2008) Current overview of consumer neuro-science. J Consum Behav. ;7:272–92
  5. Krugman HE (1971) Brain wave measures of media involvement. J Advertising Res. ;11:3–10.
  6. Rothschild M, Hyun YJ (1990) Predicting memory for components of TV commercials from EEG. J Consum Res. ;16:472–8.
  7. Zaltman G, Kosslyn SM. Neuroimaging as a marketing tool. 6,099,319. U.S. Patent. 2000 August 8
  8. Lewis D, Bridger D. (2005) Market researchers make increasing use of brain imaging. Adv Clin Neurosci Rehabil. ;5:3.
  9. Communiqué du 17 septembre 2009 ; Neurofocus appoints Stephen Kosslyn to its Advisory Board
  10. S. Dehaene et al., Imaging unconscious semantic priming, Nature, no 395, 1998.
  11. Braeutigam S (2005) Neuroeconomics — From Neural Systems to Economic Behaviour. Brain research bulletin, 67(5), 355-360.
  12. Braeutigam, S., Stins, J. F., Rose, S. P., Swithenby, S. J., & Ambler, T. (2001) Magnetoencephalographic Signals Identify Stages in Real-Life Decision Processes. Neural Plasticity, 8(4), 241-254.
  13. Camerer, C., Loewenstein, G., & Prelec, D. (2005) « Neuroeconomics: How Neuroscience can Inform Economics ». Journal of Economic Literature, 43(1), 9-64
  14. Neuromarketing: Is it coming to a lab near you?, Frontline - PBS, 2004.
  15. La large diffusion des machines IRM aux États-Unis et leur utilisation partagĂ©e entre services mĂ©dicaux et organismes de recherche constitue une exception importante, du fait qu'une grande partie des Ă©tudes de neuromarketing sont rĂ©alisĂ©es aux États-Unis.
  16. Smidts A (2002) Kijken in het brein: Over de mogelijkheden van neuromarketing [Looking into the brain: On the potential of neuromarketing]. ERIM Inaugural Address Series. Adresse URL permanente=http://hdl.handle.net/1765/308
  17. Brighthouse Institute for Thought Sciences launches first “neuromarketing” research company. 2002 June 22; http://www.prweb.com/releases/2002/6/prweb40936.php.
  18. Ruskin G (2003) Commercial alert asks feds to investigate neuromarketing research at Emory University. December 17; http://www.commercialalert.org/news/news-releases/2003/ 12/commercial-alert-asks-feds-to-investigate-neuromarketing-research-at-emory-university.
  19. Canli T. (2006) When genes and brains unite: ethical implications of genomic neuroimaging. In: Illes J, editor. Neuroethics. Oxford University Press; Oxford: .
  20. S. McClure et al., Neural correlates of behavioral preferences for culturally familliar drinks [PDF], Neuron, vol. 44, 2004.
  21. Gkaintatzis, A., Karantinou, K., van der Lubbe, R., & Constantinides, E. (2019). The effect of music on consumer behavior: A neuromarketing approach. In 27th Annual High Technology Small Firms Conference, HTSF, mai 2019
  22. PuriU R (1996) “Measuring and modifying consumer impulsiveness: a cost-benefit accessibility framework”, Journal of Consumer Psychology, vol. 5 No. 2, pp. 87-113.
  23. Hubert, M., Hubert, M., Linzmajer, M., Riedl, R., & Kenning, P. (2018). Trust me if you can – neurophysiological insights on the influence of consumer impulsiveness on trustworthiness evaluations in online settings. European Journal of Marketing, 52 (1/2), 118 - 146. doi : https://doi.org/10.1108/ EJM-12-2016-0870
  24. Poldrack, R. A. (2006). Can Cognitive Processes be Inferred from Neuroimaging Data?. Trends in Cognitive Sciences, 10(2), 59-63.
  25. Poldrack, R. A. (2011). Inferring Mental States from Neuroimaging Data: From Reverse Inference to Large-scale Decoding. Neuron, 72(5), 692-697.
  26. Dider Courbet et Denis Benoit, « Neurosciences au service de la communication commerciale : manipulation et Ă©thique. Une critique du neuromarketing », Etudes de communication, no 40,‎ (lire en ligne).
  27. (en) The Neuromarketing Science & Business Association.
  28. Bulley, C. A., Braimah, M., & Blankson, F. E. (2018) Ethics, Neuromarketing and Marketing Research With Children. International Journal of Customer Relationship Marketing and Management (IJCRMM), 9(2), 79-95
  29. O. Droulers et B. Roullet, Neuromarketing : cadre théorique et perspectives [PDF], in Actes du 22e congrÚs AFM, Nantes, 2006.
  30. lores, J., Baruca, A., & Saldivar, R. (2014) Is neuromarketing ethical? Consumers say yes. Consumers say no. Journal of Legal, Ethical and Regulatory Issues, 17 (2), 77 - 91.
  31. D. Coubert et D. Benoit (2013), Neurosciences au service de la communication commerciale : manipulation et Ă©thique - Une critique du neuromarketing, Études de Communication, 40, pp. 28-42.
  32. G. Dumas, M. Khamassi, K. Ndiaye, Y. Jouffe, L. Foubert et C. Roth, La publicité peut avoir des effets nocifs sur la société, LeMonde.fr, 26 juin 2012.

Voir aussi

Bibliographie

  • Christophe Morin et Patrick RenvoisĂ©, Neuromarketing : Le nerf de la vente, De Boeck SupĂ©rieur, , 184 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Vidéographie

Bibliographie

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