AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Myodes californicus

Campagnol Ă  dos roux de Californie

Myodes californicus, le Campagnol à dos roux de Californie, est une espÚce de rongeurs de la famille des Cricetidae. Il vit dans les massifs forestiers anciens, denses et sombres de la cÎte pacifique de l'Amérique du Nord. Ce petit campagnol élancé au pelage brun à la face dorsale généralement sombre est un mycophage obligatoire de champignons fructifiant sous terre. Il participe ainsi activement à la dissémination de ces symbiotes mycorhiziens et à la bonne santé des conifÚres qui leur sont associés.

Description

Myodes californicus, le Campagnol Ă  dos roux de Californie.

Myodes californicus est un petit campagnol Ă©lancĂ© dont le corps mesure de 120 Ă  187 mm de long et la queue 34 Ă  74 mm de long. Il pĂšse de 15 Ă  40 g. Ses dents sont peu puissantes et varient du jaunĂątre clair au blanchĂątre. Ses oreilles dĂ©passent lĂ©gĂšrement des poils. Il arbore une bande dorsale brun chĂątaigne Ă  brun rougeĂątre souvent mal dĂ©finie, qui est masquĂ©e par des poils noirs entremĂȘlĂ©s. Ses flancs sont gris clair Ă  gris foncĂ© lavĂ©s de brun clair Ă  brun jaunĂątre clair ; son ventre est gris foncĂ© lavĂ© de brun clair Ă  brun jaunĂątre clair. Sa queue est longue et nettement bicolore ou non, brun clair ou noirĂątre au-dessus et blanchĂątre en dessous. Les juvĂ©niles sont plus sombres et ont une bande mĂ©diane moins distincte sur le dos. Le pelage est long et doux en hiver et court et grossier en Ă©tĂ©. En pĂ©riode d'accouplement, les mĂąles se difĂ©rencient par de gros testicules roses et turgescents d'environ mm de diamĂštre alors que les femelles prĂ©sentent des cicatrices placentaires et des glandes mammaires[1] - [2].

Par rapport à Myodes gapperi dont il est trÚs proche, le Campagnol à dos roux de Californie est plus foncé, la colloration rousse du dos étant particuliÚrement obscurci voire parfois entiÚrement caché par le noir. Les espÚces du genre Myodes se différencient entre elles et de celles de Phenacomys et Microtus par la morphologie de leurs dents[1].

RĂ©partition

Le Campagnol Ă  dos roux de Californie vit dans les forĂȘts de conifĂšres de la cĂŽte pacifique de l'AmĂ©rique du Nord, depuis le fleuve Columbia au Canada jusqu'au nord-ouest de la Californie, Ă  environ 100 km au nord de la baie de San Francisco, aux Etats-Unis, en passant par l'ouest de l'Oregon. Il s'aventure Ă  l'intĂ©rieur du continent jusqu'au sommet de la chaĂźne des Cascades[1] - [3] - [4].

Écologie

Le Campagnol Ă  dos roux de Californie vit principalement dans les forĂȘts de conifĂšres, notamment le Pin tordu, le Sapin de Douglas, la Pruche de l'Ouest, l'ÉpicĂ©a de Sitka, le SĂ©quoia Ă  feuilles d'If, le CĂšdre rouge de l'Ouest, le Sapin gracieux, le Sapin gĂ©ant, le Sapin du Colorado, l'If de l'Ouest et le Pin ponderosa. Il se trouve Ă©galement dans les forĂȘts mixtes, qui comprennent l'Érable Ă  grandes feuilles, l'Aulne rouge et Rhododendron macrophyllum. Il prĂ©fĂšre les anciennes forĂȘts denses et profonde comportant peu de vĂ©gĂ©tation au sol et de nombreux troncs d'arbres en dĂ©composition de grand diamĂštre, gĂ©nĂ©ralement dans des microhabitats humides et frais[1] - [2].

Les rondins en dĂ©composition semblent ĂȘtre une composante essentielle de son habitat[5]. Les zones riveraines sont considĂ©rĂ©es comme les plus favorables Ă  la reproduction, mais les hautes terres peuvent avoir des populations plus importantes[1]. On le trouve parfois dans les landes de manzanita et Ă  Garrya en Californie. Les zones abattues et brĂ»lĂ©es ne constituent pas un habitat appropriĂ© mais peuvent ĂȘtre habitĂ©es temporairement[1].

L'aire de répartition et l'écologie du Campagnol de l'Orégon, sont en négatif par rapport à celle du Campagnol à dos roux de Californie. Plus la végétation de sous-bois est abondante, plus il est présent[1].

Biologie

Le Campagnol Ă  dos roux de Californie vit principalement sous terre. Il peut ĂȘtre discret comme dans la chaĂźne des Cascades ou parcourir librement la forĂȘt comme dans les montagnes de l'OrĂ©gon[2]. Il niche dans des terriers creusĂ©s par d'autres animaux, sous des rondins ou dans la litiĂšre[1].

À l'ouest de la chaĂźne des Cascades, les campagnols se reproduisent tout au long de l'annĂ©e alors que les populations montagnardes se reproduisent uniquement de fĂ©vrier Ă  novembre, les femelles Ă©tant gravides ou allaitantes principalement d'avril Ă  septembre. La gestation dure de 17 Ă  21 jours. La taille moyenne des portĂ©es est de deux Ă  trois. Les femelles produisent plusieurs portĂ©es par an[1] - [2].

Le Campagnol Ă  dos roux de Californie est actif tout au long de l'annĂ©e. À l'ouest de la chaĂźne des Cascade, les campagnols sont actifs principalement la nuit ; dans les montagnes, ils sont actifs sur l'ensemble de la journĂ©e[1].

Son régime alimentaire est largement dominé les champignons hypogés, c'est-à-dire à fructifications souterraines, comme les genres Jimgerdemannia avec J. lactiflua, Glomus avec G. fasciculatum et G. rubiforme, Rhizopogon avec R. vinicolor mais aussi les genres Alpova, Hysterangium, Elaphomyces et Tuber. Il se nourrit également de lichens, d'herbes, de graines de graminées et de larves d'insectes. Il consomme sa nourriture essentiellement dans un abri et peut stocker des champignons pour une utilisation ultérieure[1] - [2] - [6] - [7]. Malgré tout, les champignons hypogés n'ont qu'une valeur nutritionnelle modérée[8].

Myodes californicus est un mycophage dit « obligatoire Â». Par comparaison, les autres espĂšces du genre Myodes de son aire de rĂ©partition, M. gapperi et M. glareolus, sont des mycophages dits « prĂ©fĂ©rentiels Â», dont le rĂ©gime alimentaire est plus diversifiĂ©[9].

Prédateurs

Ses prédateurs sont la Martre d'Amérique, l'Hermine, la Mouffette tachetée occidentale, le Lynx roux, le Coyote, le Chat domestique ainsi que les rapaces nocturnes Grand-duc d'Amérique, Petite Nyctale et la sous-espÚce caurina de la Chouette tachetée[1] - [2].

État des populations et statut

Dans les forĂȘts primaires, les densitĂ©s de population varient de 1,2 individus/ha Ă  7,9 individus/ha. Des densitĂ©s allant jusqu'Ă  12,4 individus/ha ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es sur une coupe rase plusieurs mois aprĂšs la coupe, mais avant le brĂ»lage des rĂ©manents. AprĂšs leur brĂ»lage, les densitĂ©s ont chutĂ© et les campagnols ont disparu le printemps suivant, ce phĂ©nomĂšne Ă©tant liĂ© Ă  la disparition des champignons hypogĂ©s[1].

Myodes californicus est inscrit dans la catĂ©gorie UICN « PrĂ©occupation mineure Â» (LC) parce qu'il est rĂ©pandu, commun et qu'il n'y a pas de menaces majeures qui pĂšse sur lui. MalgrĂ© tout, l'Ă©tendue de son aire de rĂ©partition est en dĂ©clin continu tout comme la qualitĂ© de son habitat[10].

Cette espÚce ne fait pas l'objet de préoccupations en matiÚre de conservation mais son aire de répartition comprend plusieurs zones protégées[10].

IntĂ©rĂȘts en sylviculture

En se nourrissant principalement de champignons Ă  fructification souterraine, le Campagnol Ă  dos roux de Californie diffuse leurs spores par ses excrĂ©ments Ă  travers la forĂȘt. Ces champignons Ă©tant des mycorhiziens Ă  arbuscules ou Ă  ectomycorhizes essentiels au dĂ©veloppement des conifĂšres en leur apportant eau et sels minĂ©raux, le Campagnol participe Ă  la bonne santĂ© de la forĂȘt. Ces relations Ă©tant obligatoires et interdĂ©pendantes, il s'agit de symbioses[2] - [6].

Nomenclature et systématique

Myodes californicus a été initialement décrit par le zoologiste américain Clinton Hart Merriam (1855-1942) sous le protonyme Evotomys californicus. Le spécimen type, un mùle adulte, a été capturé prÚs d'Eureka en Californie par Theodore Sherman Palmer en juin 1889[11].

Noms vernaculaires

En français, l'espĂšce est nommĂ©e « Campagnol Ă  dos roux de Californie Â». En anglais, elle est dĂ©signĂ©e par le nom « Western red-backed vole Â», le genre Myodes dans son ensemble ayant pour nom vernaculaire « Red-backed vole Â»[12].

Synonymie

Myodes californicus a pour synonymes[13] :

  • Evotomys californicus Merriam, 1890 (protonyme)
  • Clethrionomys californicus (Merriam, 1890)
  • Evotomys mazama Merriam, 1897
  • Evotomys obscurus Merriam, 1897

Selon la base de donnée BioLib[14], ce taxon serait à classer sous le genre Clethrionomys plutÎt que Myodes.

L'épithÚte spécifique occidentalis a été appliqué à cette espÚce, mais les populations au nord du fleuve Columbia, qui comprennent les groupes occidentalis et caurinus, ont été réassignées à Myodes gapperi[3].

Publication originale

  • (en) Dr. C. Hart Merriam, « Descriptions of two new species of Evotomys from the pacific coast region of the United States », North American Fauna, no 4,‎ , p. 25-26 (lire en ligne)

Notes et références

  1. (en) Lois F. Alexander, B. J. Verts, « Clethrionomys californicus », Mammalian Species, vol. 406, no 10,‎ , p. 1–6 (DOI 10.2307/3504252, lire en ligne)
  2. (en) Maser, C., Mate, B.R., Franklin, J.F. and Dryness, C.T., Natural history of Oregon coast mammals, Pacific Northwest Forest and Range Experiment Station, , 496 p. (DOI 10.2737/PNW-GTR-133, lire en ligne), p. 195
  3. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 31 décembre 2022
  4. (en) Verts, B. J., & Carraway, L. N., Land mammals of Oregon, Berkley, University of California Press, , 611 p. (ISBN 0520211995, lire en ligne)
  5. (en) Tallmon, D. and Mills L. S., « Use of logs within home ranges of California red-backed voles on a remnant of forest », Journal of Mammalogy, vol. 75,‎ , p. 97-101 (DOI 10.2307/1382240)
  6. (en) Maser, C., Trappe, J. M., & Nussbaum, R. A., « Fungal‐small mammal interrelationships with emphasis on Oregon coniferous forests », Ecology, vol. 59, no 4,‎ , p. 799-809 (DOI 10.2307/1938784, lire en ligne)
  7. Maser, Chris & Maser, Zane, « Mycophagy of red-backed voles, Clethrionomys californicus and C. gapperi », The Great Basin Naturalist, vol. 48, no 2,‎ , p. 269-273 (lire en ligne)
  8. (en) Claridge, A., Trappe, J., Cork, S. et al., « Mycophagy by small mammals in the coniferous forests of North America: nutritional value of sporocarps of Rhizopogon vinicolor, a common hypogeous fungus », Journal of Comparative Physiology B volume , vol. 169,‎ , p. 172–178 (DOI 10.1007/s003600050208)
  9. (en) Alexander Urban, « Truffles and Small Mammals », dans True Truffle (Tuber Spp.) in the World, Springer, coll. « Soil Biology », (ISBN 978-3-319-31436-5, DOI 10.1007/978-3-319-31436-5_21), p. 353–373
  10. UICN, consulté le 31 décembre 2022
  11. (en) Dr. C. Hart Merriam, « Descriptions of two new species of Evotomys from the pacific coast region of the United States », North American Fauna, no 4,‎ , p. 25-26 (lire en ligne)
  12. Paul LabbĂ©, « Utilisation des bandes boisĂ©es riveraines comme refuge par les petits mammifĂšres dans la sapiniĂšre borĂ©ale », MĂ©moire prĂ©sentĂ© a la FacultĂ© des Ă©tudes supĂ©rieures de l'universitĂ© Laval pour l'obtention du grade de maĂźtre Ăšs sciences (M.Sc.) - DĂ©partement des sciences du bois et de la forĂȘt, facultĂ© de foresterie et de gĂ©omatique,‎ (lire en ligne)
  13. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 31 décembre 2022
  14. BioLib, consulté le 4 août 2020

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.