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Mohamed Sahnoun

Mohamed Sahnoun (en arabe : Ù…Ű­Ù…ŰŻ ŰłŰ­Ù†ÙˆÙ†), nĂ© le Ă  OrlĂ©ansville[3] et mort le [4] Ă  Paris[5], est un diplomate algĂ©rien.

Mohamed Sahnoun
Illustration.
Mohamed Sahnoun Ă  l'Ă©poque oĂč il Ă©tait le ReprĂ©sentant permanent de la RĂ©publique algĂ©rienne auprĂšs des Nations unies (1982-1984).
Fonctions
Secrétaire général adjoint de l'Organisation de l'unité africaine (OUA)[1]
–
(9 ans)
Ambassadeur d'AlgĂ©rie en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne [1]
–
(4 ans)
Ambassadeur d'Algérie en France[1]
–
(3 ans)
Prédécesseur Mohamed Bedjaoui
Successeur Djamel Houhou
Chef de la Mission permanente de l'Algérie auprÚs des Nations unies[1]
–
(2 ans)
Ambassadeur d'AlgĂ©rie aux États-Unis[1]
–
(5 ans)
Prédécesseur Layachi Yaker
Successeur Abderahmane Bensid
Ambassadeur d'Algérie au Maroc [1]
–
(1 an)
Prédécesseur Abdelhamid Mehri
Successeur Mohamed Ghoualmi
Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie [1]
–
(moins d'un an)
Successeur Ismat Kittani
Représentant spécial du Secrétaire général de l'OUA au Congo [1]
–
Représentant spécial des Nations unies et de l'OUA pour la Région des Grands-Lacs [1]
–
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Orléansville (Algérie)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Paris 14e (France)
Nationalité Algérienne
Conjoint Hadjira Bachtarzi, Samia Gharbi[2]
Enfants Kamel Sahnoun, Hania Sahnoun, Mohamed-amine Sahnoun[2]
DiplÎmé de Université de New York
Université Panthéon-Sorbonne[1]
Profession Diplomate[1]

Ambassadeur d’AlgĂ©rie en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne, en France, aux États-Unis et au Maroc ; SecrĂ©taire-GĂ©nĂ©ral Adjoint de l'OUA, SecrĂ©taire-GĂ©nĂ©ral Adjoint de la Ligue arabe, ReprĂ©sentant SpĂ©cial du SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral des Nations Unies pour la Somalie en 1992 avant de poursuivre son engagement en faveur de la paix et de la rĂ©conciliation avec plusieurs ONG. Il s'est en particulier attachĂ© Ă  dĂ©velopper des dialogues interculturels et inter-religieux et Ă  guĂ©rir les mĂ©moires blessĂ©es par les conflits du passĂ©.

Biographie

AnnĂ©es de formation et guerre d’AlgĂ©rie

Mohamed Sahnoun naĂźt en 1931 Ă  Chlef, en AlgĂ©rie. Il poursuit des Ă©tudes secondaires au lycĂ©e d’Alger. Il commence ensuite ses Ă©tudes Ă  la Sorbonne Ă  Paris. Il s’y trouve au moment du dĂ©clenchement de la RĂ©volution algĂ©rienne, Ă  la suite de la DĂ©claration du 1er novembre 1954. C'est lui avec Rachid Amara qui ont recrutĂ© la militante Nassima Hablal dans le Mouvement national algĂ©rien. Militant FLN, il rĂ©pond Ă  l’appel Ă  la grĂšve illimitĂ©e des Ă©tudiants et des lycĂ©ens lancĂ© par l’Union gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants musulmans algĂ©riens (Ugema) le [6] et il arrĂȘte ses Ă©tudes Ă  Paris et rentre en AlgĂ©rie. LĂ , il commence Ă  travailler dans l’équipe des Centres sociaux, une organisation crĂ©Ă©e par Germaine Tillion avec l’accord de Jacques Soustelle pour lutter contre la misĂšre, l’insalubritĂ© et l’analphabĂ©tisme en AlgĂ©rie[7]. En , l’organisation est perquisitionnĂ©e, douze chrĂ©tiens dont des prĂȘtres et vingt-trois musulmans sont arrĂȘtĂ©s. Mohamed Sahnoun, cadre des Centres sociaux, est du nombre et fait partie des accusĂ©s du retentissant procĂšs dit des « ChrĂ©tiens progressistes », en 1957, dans lequel la justice française considĂšre les AlgĂ©riens comme des comploteurs et les Français comme leurs complices[7]. Il est internĂ© Ă  la villa SĂ©sini et torturĂ© par les paras français[8]. RelĂąchĂ© faute de preuve, Mohamed Sahnoun passe en France mĂ©tropolitaine Ă  Clichy puis en Suisse Ă  Lausanne. Il ne peut rentrer en AlgĂ©rie avant l’indĂ©pendance. Mohamed Sahnoun a fait connaissance avec le Service civil international en AlgĂ©rie en 1952-53 et a participĂ© Ă  plusieurs chantiers avant d’ĂȘtre quelque temps responsable de la branche algĂ©rienne. Outre une influence formatrice importante (voir plus bas le paragraphe "philosophie"), le rĂ©seau de connaissances acquis au travers de cette activitĂ© lui a Ă©tĂ© prĂ©cieux pendant les Ă©vĂ©nements des annĂ©es 1950.

Mohamed Sahnoun a ensuite repris ses Ă©tudes Ă  l'universitĂ© de New York oĂč il a obtenu son baccalaurĂ©at Ăšs arts et sa maĂźtrise Ăšs arts en science politique (Bachelor of Arts and Master of Arts degrees in political science).

Au service de l’AlgĂ©rie

Mohamed Sahnoun a Ă©tĂ© conseiller diplomatique du Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne. En 1962 il accompagne le prĂ©sident Ben Bella en visite officielle aux États-Unis pour y rencontrer le prĂ©sident Kennedy qui a Ă©tĂ© un des soutiens de la cause de l’indĂ©pendance algĂ©rienne. Comme la dĂ©lĂ©gation algĂ©rienne part ensuite directement Ă  Cuba, Kennedy montre Ă  Ben Bella les premiĂšres photos encore secrĂštes des avions U2 rĂ©vĂ©lant la prĂ©sence de rampes de lancement de missiles russes Ă  Cuba. Au nom de la paix et de la sĂ©curitĂ© humaine, Ben Bella acceptera de transmettre Ă  Fidel Castro Ă  quel point les AmĂ©ricains considĂšrent la situation comme un casus belli[9].

Mohamed Sahnoun a occupé par la suite les postes suivants :

Au service des Nations unies

  • Conseiller principal du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©rence des Nations unies sur l'environnement et le dĂ©veloppement (CNUED)[12].
  • ReprĂ©sentant spĂ©cial du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU pour la Somalie (avril Ă  )[12]. À ce poste, il atteint des rĂ©sultats remarquĂ©s[11] mais le programme de pacification de la rĂ©gion pilotĂ© par l’ONU est interrompu par l’impatience amĂ©ricaine Ă  dĂ©clencher une opĂ©ration de pacification militaire. OpposĂ© Ă  cette intervention militaire qui s’achĂšvera d’ailleurs par un dĂ©sastre, Mohamed Sahnoun dĂ©missionne de son poste[13].
  • ReprĂ©sentant spĂ©cial du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'OUA pour le Congo (1993)[12].
  • Conseiller spĂ©cial du directeur gĂ©nĂ©ral de l'Organisation des Nations unies pour l'Ă©ducation, la science et la culture (UNESCO) pour le Programme pour une culture de la paix (1995-1997)[12].
  • ReprĂ©sentant spĂ©cial des Nations unies pour la rĂ©gion des Grands lacs africains auprĂšs de l'Organisation de l'UnitĂ© africaine (1997)[12].

Travaux et rapports

  • Mohamed Sahnoun a Ă©tĂ© membre de la Commission mondiale sur l'environnement et le dĂ©veloppement (dite la Commission Brundtland) dans les annĂ©es 1980 et co-signataire du Rapport Brundtland, qui popularisera la notion de dĂ©veloppement durable.
  • Membre associĂ© (boursier Pearson) du Centre de Recherches pour le DĂ©veloppement International Ă  Ottawa au Canada (1994)[12].
  • Membre du Groupe consultatif spĂ©cial du Projet des sociĂ©tĂ©s victimes de la guerre, projet commun de l'Institut de recherche des Nations unies pour le dĂ©veloppement social (UNRISD) et de l'Institut universitaire des hautes Ă©tudes internationales de GenĂšve[12].
  • Co-prĂ©sident avec Gareth Evans de la commission Internationale sur l’Intervention et la SouverainetĂ© des États (International Commission on Intervention and State Sovereignty ou ICISS), dont le rapport, intitulĂ© « la responsabilitĂ© de protĂ©ger » (‘’The Responsibility to Protect’’), est paru en [14] avec le soutien particulier du gouvernement canadien.

Engagements au sein d’ONG

  • Membre du Conseil de l’Institut International du DĂ©veloppement durable (IISD) de 1990 Ă  1996 et de 2003 Ă  2009[15].
  • PrĂ©sident d’Initiatives et Changement International, organisation non gouvernementale basĂ©e en Suisse qui promeut la pratique du dialogue, le changement des comportements et le rĂ©tablissement de la confiance interpersonnelle afin de promouvoir la paix, la bonne gouvernance et une Ă©conomie juste et durable (2007-2008)[16].
  • PrĂ©sident du Forum de Caux sur la SĂ©curitĂ© Humaine (2008-2012)[17]
  • Vice-prĂ©sident du Conseil d’administration de l'universitĂ© pour la paix (UPEACE), organisation mandatĂ©e par les Nations unies, et conseiller senior pour les programmes UPEACE au Proche-Orient et en Afrique, et prĂ©sident du Conseil consultatif de UPEACE pour l’Afrique[18].

Publications

  • En 1994, Mohamed Sahnoun a publiĂ© un livre en anglais Somalia: The Missed Opportunities[19] (Somalie : les occasions manquĂ©es) dans lequel il analyse les raisons de l'Ă©chec de l'intervention de l'ONU en Somalie en 1992. Il montre que, entre le dĂ©but de la guerre civile en 1988 et l'effondrement du rĂ©gime de Siad Barre en janvier 1991, les Nations unies ont manquĂ© au moins trois occasions de prĂ©venir des drames humanitaires majeurs. Lorsque les Nations unies ont voulu fournir une aide humanitaire, leur performance a Ă©tĂ© largement dĂ©passĂ©e par celles des organisations non gouvernementales, dont la compĂ©tence et le dĂ©vouement ont mis en Ă©vidence par contraste la prudence excessive et l'inefficacitĂ© bureaucratique des Nations unies. Si des rĂ©formes radicales ne sont pas entreprises, concluait Mohamed Sahnoun, l'Organisation des Nations unies continuera Ă  rĂ©pondre Ă  de telles crises dans un climat d'improvisation inepte[20].
  • En 2007, Mohamed Sahnoun a Ă©galement publiĂ© un livre largement autobiographique, MĂ©moire blessĂ©e, dont le hĂ©ros, Salem, homme de foi et de dialogue, est emprisonnĂ© et torturĂ© Ă  la « Villa Blanche » en raison de ses convictions. Il est cependant secouru par des Français - civils, religieux et militaires - qui prennent de grands risques pour le protĂ©ger. L'ouvrage a valeur de tĂ©moignage du parcours personnel de son auteur (voir plus haut le paragraphe AnnĂ©es de formation et guerre d'AlgĂ©rie), mais il contient aussi un appel au devoir d'humanitĂ© solidaire et de protection des plus faibles [21].

Philosophie

Mohamed Sahnoun rencontre le pacifisme dĂšs 1952 Ă  Alger au travers du Service civil international. Il a lu le livre du Suisse Pierre Ceresole, fondateur de cette organisation, et surtout le livre de Romain Rolland sur Gandhi, « qui Ă©tait pratiquement mon livre de chevet Ă  l’époque[22]. »

Il met en Ɠuvre ces idĂ©es tout au long de sa carriĂšre professionnelle, cherchant Ă  Ă©tablir un dialogue entre les communautĂ©s lors de l’AssemblĂ©e mondiale de la Jeunesse Ă  propos du Congo, en tant que dirigeant de l'Organisation de l'unitĂ© africaine, en particulier lorsque les pays africains sont confrontĂ©s aux problĂšmes posĂ©s par les frontiĂšres hĂ©ritĂ©es de la colonisation, enfin dans ses diffĂ©rentes fonctions Ă  l’ONU.

La frĂ©quentation pendant plusieurs annĂ©es du milieu trĂšs international et mixte religieusement du Service civil international joue aussi un rĂŽle dans sa comprĂ©hension des sources des conflits et l’amĂšne Ă  s’investir dans la rĂ©paration des blessures de mĂ©moire rĂ©sultant des conflits[22].

Il renforce encore cette rĂ©flexion en fin de carriĂšre avec son engagement marquĂ© en faveur de la sĂ©curitĂ© humaine. Celui-ci s’exprime d’une part au travers du rapport « la responsabilitĂ© de protĂ©ger » (The Responsibility to Protect), paru en [14] et d’autre part dans l’organisation par ses soins de 2008 Ă  2012 du Forum de Caux pour la sĂ©curitĂ© humaine.

RĂ©unissant chaque annĂ©e quelque 300 acteurs de la sĂ©curitĂ© humaine (hommes politiques, diplomates, militants d’ONG, communicants
) Ă  Caux (Suisse) avec l’appui de l’ONG Initiatives et Changement, le Forum de Caux pour la sĂ©curitĂ© humaine a provoquĂ© un vaste Ă©change d’expĂ©rience autour de la construction de la confiance et des conditions Ă  remplir pour la sĂ©curitĂ© humaine. Les cinq thĂšmes de travail sont bien reprĂ©sentatifs de la philosophie de Mohamed Sahnoun : guĂ©rir les mĂ©moires, dialogue interculturel, bonne gouvernance, dĂ©veloppement durable et Ă©conomie inclusive.

TrĂšs attachĂ© au dialogue et Ă  la mixitĂ© religieuse, Mohamed Sahnoun s’est Ă©levĂ© avec force contre l’idĂ©e du choc des civilisations, dĂ©clarant par exemple : « Comme je le disais Ă  Samuel Huntington lors d'une discussion Ă  Washington, il n'y a pas de tel choc. Prenez la Somalie : d'un point de vue religieux, les Somaliens sont plus ou moins sur la mĂȘme longueur d'onde. Mais en raison d'une insĂ©curitĂ© totale, ils se rangent en sous-clans. C'est pourquoi je veux dĂ©velopper le dialogue interculturel et inter-religieux. » [16]

Distinctions

  • Mohamed Sahnoun ne fait jamais Ă©tat des dĂ©corations ou distinctions qui lui ont Ă©tĂ© accordĂ©es.

Notes et références

  1. https://www.un.org/press/fr/1997/19970127.BIO3058.html
  2. https://prabook.com/web/mohamed.sahnoun/664948
  3. Chlef s'est appelée anciennement Orléansville pendant la colonisation française, Al Asnam de 1962 a 1980, puis Chlef depuis 1980.
  4. État civil sur le fichier des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es en France depuis 1970
  5. « DĂ©cĂšs de Mohamed Sahnoun, ancien ambassadeur d’AlgĂ©rie en France », www.alg24.net,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Henry Clement-Moore, L'Ugema (1955-1962) : tĂ©moignages, Casbah Éditions, Alger, 2011
  7. Sybille Chapeu, Des ChrĂ©tiens dans la Guerre d’AlgĂ©rie: l'action de la mission de France, Éditions « Atelier Ed De L'», Paris, 2004
  8. Les ennemis complĂ©mentaires: guerre d'AlgĂ©rie, par Germaine Tillion, Éditions TirĂ©sias, 2005, p. 216
  9. (en) Katherine Marshall, « Healing Memories: An Exchange With Peacemaker Mohamed Sahnoun », sur HuffPost, .
  10. Rupture des relations diplomatiques de la quasi-totalitĂ© des États arabes avec la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Allemagne Ă  la suite de l'affaire des livraisons d'armes gratuites de la RFA Ă  l'État d'IsraĂ«l, rĂ©vĂ©lĂ©e en 1964.
  11. Phillip C. Naylor, Historical Dictionary of Algeria, Scarecrow Press, Oxford, 2006 ; p. 400
  12. Source : communiqué des Nations-Unies
  13. Interview de Mohamed Sahnoun et Cornelio Sommaruga par Richard Werly et François d’Alançon, dans le mook Oser la Paix, Éditions Autrement, Paris, 2011, (ISBN 978-2-7467-3053-3), p. XVI.
  14. Voir article Wikipedia en anglais International Commission on Intervention and State Sovereignty
  15. Voir site de l'IISD
  16. « Un musulman Ă  la tĂȘte du centre de Caux », article paru dans le quotidien Le Temps (GenĂšve) mercredi 6 dĂ©cembre 2006.
  17. Voir le site du Forum de Caux sur la Sécurité Humaine (en anglais)
  18. Voir site UPEACE en anglais
  19. USIP Press Books, octobre 1994, (ISBN 978-1-878379-35-1)
  20. Revue du livre par Gail M. Gerhart dans le mensuel américain Foreign Affairs de mars/avril 1995
  21. Mémoire blessée, Algérie, 1954, aux Presses de la Renaissance, Paris, 2007, (ISBN 9782750902988)
  22. Interview paru dans Breaking down barriers 1945-1975, 30 years of voluntary service for peace with Service Civil International, Olivier Bertrand, Paris, 2008

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