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Miscanthus géant

Le miscanthus géant (Miscanthus ×giganteus) est une espèce de plante monocotylédone de la famille des Poaceae, sous-famille des Panicoideae, originaire d'Asie orientale. C'est un hybride interspécifique allotétraploïde (2n = 3 x = 57) qui résulte d'un croisement naturel rare entre une espèce diploïde, Miscanthus sinensis (2n = 2x = 38), et une espèce tétraploïde, Miscanthus sacchariflorus (2n = 4x = 76)[3] - [4] - [5] (dont il existe des formes génétiquement très différentes). Haut de près de m sur sol humide et riche s’il a bénéficié d’une température clémente, il évoque à la fois le maïs pour sa productivité, le bambou pour la finesse de ses feuilles et la canne à sucre pour sa hauteur.

Miscanthus Ă—giganteus
Description de cette image, également commentée ci-après
Miscanthus géant, port de la plante.

Hybride

Miscanthus Ă—giganteus
J.M.Greef & Deuter ex Hodk. & Renvoize, 2001[1]

Parent A de l'hybridation
Miscanthus sinensis
Ă—
Parent B de l'hybridation
Miscanthus sacchariflorus

Synonymes

  • Miscanthus floridulus 'Giganteus'[2]
  • Miscanthus sinensis 'Giganteus'[2]


Le miscanthus a trois utilisations principales : en litière animale, en paillage horticole et en Biomasse. Le Miscanthus occupe une place centrale dans divers projets de développement de produits fabriqués à partir de matières végétales renouvelables, à terme cette plante pourrait être utilisé dans les matériaux construction ou l’industrie des biopolymères. En France, l'implantation du Miscanthus giganteus remonte au milieu des années 2000. Sa culture s'est progressivement développée pour atteindre aujourd'hui environ 11 000 hectares de terres cultivées, principalement dans la moitié nord de la France bien que la culture tende à se développer également dans le sud-loire.


Culture

Miscanthus broyé après récolte, utilisable comme biomasse-énergie
DĂ©tail
Stock de Miscanthus broyé

Il est plantĂ© au printemps sur un sol bien drainĂ©, de pH de 5,5 Ă  7,5, plutĂ´t riche en humus. La première rĂ©colte se fait après 2 ans. Avec l'apparition du froid la plante entre en [sĂ©nescence], les nutriments redescendent de la canne au rhizome. Le pic de croissance est en juin-juillet (sauf sĂ©cheresse). Les feuilles se dessèchent en automne, permettant une rĂ©colte des seules cannes dĂ©but du printemps suivant (leur taux d’humiditĂ© est alors bas, infĂ©rieur Ă  15%).

Le miscanthus est coupĂ© et rĂ©coltĂ© par une ensileuse. Son rendement est d’un peu plus de 12 t/ ha pour la France[6], il peut cependant dĂ©passer les 20 t/ha dans les meilleures conditions gĂ©o-pĂ©do-climatiques[7].

En France l'INRA a fait des tests en plein champ, et étudié, avec la société Kalys (Roubaix) les moyens de réduire le coût de production des pieds de miscanthus, concluant que la culture in vitro, le bouturage et la plantation en terre étaient rentables pour l’agriculture, mais nécessitant un investissement initial financier, technique et humain importants, car pour partie non mécanisable. La plantation se fait dans la quasi-totalité des cas avec des rizhomes sur un sol dont la terre a été préparée jusqu'à environs 15cm de profondeur, et elle nécessite un désherbage fin la première année ; à la main, mécaniquement ou au désherbant chimique.

Le miscanthus est une plante pérenne, c'est à dire qu'elle repousse chaque année sans intervention de l'homme. Cependant il est important de noter que cette culture est stérile et non-envahissante[8], elle ne repousse donc que là où elle a été plantée. La destruction du miscanthus est simple, elle fait l'objet d'un protocole certifié[9]. Il faudra arracher le rhizome, qui se désechera au contact de l'air[9].

En Europe

À partir des années 1990, l'Europe a financé plusieurs projets de recherche sur l'espèce[10]

  • Projet FAIR1-CT92-0294 « conditions de production » (1990–1996)
  • Projet FAIR-CT96-1707 « action concertĂ©e sur le miscanthus » (1994-98) suivi d’une publication « Miscanthus pour la production d’énergie et de cellulose »
  • Projet FAIR-CT96-1392 « amĂ©lioration gĂ©nĂ©tique »
  • Projet FAIR-CT97-3571 « utilisation du miscanthus dans les centrales thermiques et corrosion »
  • Projet GRACE "Growing Advanced Industrial Crops on Margnial Lands for Biorefineries" (2017-2022)
  • Projet MAGIC "Marginal Lands for Growing Industrial Crops" (2017-2021)
  • Projet NEW-C-LAND "Projet de valorisation des sites marginaux par la production de biomasse vĂ©gĂ©tale utilisĂ©e en Ă©nergie et matière" (2018-2022)

Au Royaume-Uni, le groupe Biomass Industrial Crops Ltd (Bical), fondĂ© par des agriculteurs anglais en 1998, rĂ©colte en 2006 environ 400 000 t/an au Royaume-Uni, avec des aides gouvernementales (ex : aide Ă  l’investissement de 40%, comme pour le TCR, de 2000 Ă  2013 par le dĂ©partement de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales (DEFRA) dans le cadre de l'« Energy Crops Scheme » (ECS) ce qui a permis Ă  Bical de devenir leader parmi une dizaine de producteurs europĂ©ens (avec un chiffre d’affaires annoncĂ© de 6 millions d’euros en 2005)[10].

En France

En France, la culture du miscanthus évoquée depuis la fin des années 1980 est passée du stade expérimental (1995-2005) à une production commerciale en 2006-2007 à Bannalec (Finistère), puis à Voves (Eure-et-Loir) avec des exploitants actionnaires de la Société Bical Biomasse France, devenue NovaBiom en 2009. À cette époque, il y en avait moins de 300 ha en France et déjà plus de 20 000 (dont 5 500 dans les Midlands de l'Est au Royaume-Uni[10].

La première rĂ©colte a Ă©tĂ© de 500 tonnes rĂ©coltĂ©es sur 40 hectares (soit 12,5 t/ha) en Bretagne, au printemps 2006. Le miscanthus y avait Ă©tĂ© plantĂ© deux ans plus tĂ´t par Bical UK. Cette production a Ă©tĂ© achetĂ©e en partie par un industriel cimentier, qui teste la valorisation en cimenterie de son pouvoir calorifique supĂ©rieur qui est, comme celui de la paille de blĂ©, bien plus Ă©levĂ© que la plaquette de bois (4 500 Ă  4 700 kWh/t[10], contre 3 300 pour la plaquette, Ă  poids Ă©gal).


En 2009 est créée l'association France Miscanthus qui regroupe différents acteurs de la filière du miscanthus et cherche à développer et structurer la filière de cette culture en France [11]. Aujourd'hui France Miscanthus fait office en France de référence sur le sujet du miscanthus.

En 2014, la société Biomasse Environnement Systèmes (BES), regroupant plus d'une dizaine de producteurs, commercialise plusieurs produits à base de miscanthus en France (produits de paillage, litière…), approvisionne des chaudières industrielles[12] et la société polybiom.

En 2023, NovaBiom annonce avoir implantĂ© plus de 7 000 ha. en France et en Europe et produit plus de 150 millions de rhizomes depuis 2006[13]. En 2020, Rhizosfer a dĂ©jĂ  plantĂ© 700 hectares en France [14].

Débouchés

  • Litière pour animaux de ferme ou domestique, paillage, ce dĂ©bouchĂ© est le principal pour le miscanthus (52% de la production en 2022[15].
    Du miscanthus en litière bovine
    Le miscanthus remplace avantageusement la paille car il a une meilleure capacité d'absorption ; il reste donc sec plus longtemps[16].
  • Paillage horticole, 25% du miscanthus est destinĂ© Ă  cet usage[15]. DotĂ© d'un fort pouvoir absorbant le miscanthus retiens bien l'eau[17], il est Ă©cologique puisque cultivĂ© sans produit phytosanitaires.
  • Biomasse utilisĂ©e comme combustible pour produire chaleur et/ou Ă©lectricitĂ©, avec cogĂ©nĂ©ration possible en unitĂ©s industrielles[18]). L'utilisation du miscanthus en biomasse reprĂ©sente 20% de la production française[15].
  • Biomasse Ă  mĂ©thaniser [19]
  • Certains Ă©leveurs mettent de petites doses de miscanthus dans la ration de leurs vaches[20]. Cela reprĂ©sente environ 3% de la production de miscanthus [15].
  • Le miscanthus pourrait prochainement ĂŞtre utilisĂ© en tant que matĂ©riau biosourcĂ©[21], dans l'industrie et la construction.
    1. Production de fibres (papier, panneaux de particule, pour l'Ă©coconstruction Ă©ventuellement).
    2. Production d’éthanol[22] (agrocarburant)
    3. Production de béton pour la construction [23]
  • Contribution aux puits de carbone ;
    1. pour la partie aérienne, si elle est par exemple transformée en panneau de particule, tant que le panneau n’est pas brûlé.
    2. pour les rhizomes et la rhizosphère qui stockent une partie importante du carbone absorbé par la plante, et dont une part importante pourrait rester dans le sol après la fin des cultures.

Chiffres de la fillière miscanthus en France

En France les surfaces de miscanthus et le nombre d’exploitations ont doublés depuis 2017 on prévoit en 2023 à 11 000 ha. On estime la production française à 57 440 tonnes en 2019[24]. En moyenne le miscanthus produit environs 12.7 tonnes de matière sèche par ha. Le miscanthus est utilisé à hauteur de 52% comme litière animale, 25% de la production sert de paillage horticole et 20% comme combustible[15].

Rentabilité

Selon une étude de FranceAgriMer de 2020 le prix de vente moyen du miscanthus des producteurs de l’échantillon s’élève à 207 €/tonne. Le prix varie fortement en fonction des conditionnements, de 158 €/tonne en vrac à 466 €/tonne en sac. Le prix diffère selon le débouché, celui qui présente le plus haut niveau de valorisation est le paillage, c’est également le débouché ayant la plus grande part de produits conditionnés en sac[25].

Avantages Ă©cologiques

Le Miscanthus giganteus présente plusieurs intérêts écologiques significatifs. Tout d'abord il ne nécessite aucun intrant à partir de sa deuxième année et n’a pas besoin d’être traité avec des produits phytosanitaires (la chute des feuilles forme un tapis qui empêches la pousse des mauvaises herbes) ce qui contribue à préserver la qualité des sols[26].

De plus, cette plante a une capacité élevée à absorber le dioxyde de carbone de l'atmosphère, contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à atténuer le changement climatique. Le miscanthus stocke durablement le carbone dans les sols[27] a hauteur de 2t/ha/an. Le Miscanthus est une plante pérenne qui peut être cultivée pendant plusieurs années sans nécessiter de labour ou de retournement des sols, permettant ainsi de réduire l'érosion des sols et de préserver la biodiversité.

Le miscanthus peut être utilisé comme biocombustible et ainsi remplacer des énergies fossiles pour faire fonctionner une chaudière[28]. Dans le futur le miscanthus pourrait être utilisé dans la construction et d’industrie en tant que produit biosourcé.

Grâce a ses vertus écologique la culture du miscanthus peut apporter des points pour obtenir les aides des écorégimes de la Politique agricole commune de 2023, notamment par la voie de la certification HVE (haute valeur environnementale)[29] (également par la voie de diversification des cultures).

Paysage, biodiversité et chasse

Le miscanthus en culture modifie le paysage et la biodiversité du sol et du territoire concerné selon Karp et Shield, 2008, qui considèrent que les effets pour la faune sont neutres à légèrement positifs (pour certains oiseaux et insectes notamment)[30] si elle remplace une parcelle d'agriculture intensive.

Les premières cultures peuvent servir de « refuge » à quelques espèces animales (chassées ou non), qui ont le temps de nicher sans souffrir de la récolte qui se fait en mars, sur sol sec ou gelé, en phase initiale du nouveau cycle de pousse, selon Semere & Slater (2007)[31].


Le programme Phytener a étudié son impact sur la biodiversité végétale (sur 6 parcelles expérimentales dont 4 plus ou moins polluées par des métaux lourds) pour apprécier son intérêt écologique sur sols contaminés[32].

Au Royaume-Uni, « les plantations ne sont pas autorisées sur les terres communales. Sur les sites protégés (Sites of Special Scientific Interest (SSSIs), Scheduled Monuments (SMs), Local Nature Reserves, National Nature Reserves, Registered Battlefields, Special Areas of Conservation (SAC), Special Protection Areas (SPA), World Heritage Sites et Ramsar sites), ou près de ceux-ci, une autorisation est nécessaire »[10]

Notes et références

  1. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 29 avril 2018
  2. BioLib, consulté le 29 avril 2018
  3. (en) Emily Heaton, Allison Snow, Maria Mariti & Catherine Bonin, « Miscanthus: biofuels, invaders or both? », université d'État de l'Iowa - département d'agronomie (consulté le ).
  4. Greef, J.M. und Deuter, M. (1993) Syntaxonomy of Miscanthus Ă—giganteus GREEF et DEU. Angewandte Botanik 67, 87-90
  5. Deuter, M. und Abraham, J. 2000. Wissensstand in der Miscanthus-Züchtung. In: Miscanthus – Anbau und Vermehrung, Bonn, 8-14.
  6. Selon une étude menée par France AgriMer /https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/65064/document/Etude%20miscanthus%20rapp%20final%202020%20VF.pdf?version=5 page 17
  7. chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://normandie.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Normandie/506_Fichiers-communs/PDF/ENERGIES/innobioma-f1-miscanthus_web.pdf
  8. Linde-Laursen IB. 1997. Cytogenetic analysis of Miscanthus `Giganteus', an interspecific hybrid. Hereditas ;119:297-300
  9. Lien du protocole de destruction : /https://www.bioeconomie-hautsdefrance.fr/wp-content/uploads/2020/08/fiche_cultures_destruction_switchgrass-1.pdf
  10. « Les impacts environnementaux et paysagers des nouvelles productions énergétiques sur les parcelles et bâtiments agricoles », Rapport final SOLAGRO/Agence Paysages, pour le Ministère de l’Agriculture, (consulté le ), p. 44.
  11. « L'association France Miscanthus », sur France Miscanthus (consulté le ).
  12. « Biomasse Environnement Systèmes SAS », sur bes-site.fr (consulté le ).
  13. « Novabiom : le spécialiste des nouvelles biomasses végétales », sur Novabiom (consulté le ).
  14. « RHIZOSFER : un exploitant agricole en recherche de soutien participatif », sur ardennes-developpement.com, (consulté le ).
  15. « Les chiffres de la filière française », sur France Miscanthus (consulté le ).
  16. « [Litière] Du miscanthus pour remplacer la paille », sur Web-agri.fr (consulté le ).
  17. « Paillage miscanthus : pourquoi l'adopter ? », sur jardindeco.com (consulté le ).
  18. {{https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230425-en-alsace-une-commune-se-chauffe-au-miscanthus-une-plante-%C3%A9colo}}
  19. Carrère, H., Pot, D., Brancourt, M., Dumas, C., Sambusiti, C., Bonnal, L., ... & Höfte, H. (2015, February). Développement de nouvelles variétés de biomasse ligno-cellulosique adaptées aux filières de valorisation: potentiel méthanogène de différentes variétés de sorgho et miscanthus et prétraitements. In Journées Recherche Industrie Biogaz-Méthanisation (JRI2015) (p. np).
  20. piquer le rumen
  21. « Produits biosourcés », sur France Miscanthus (consulté le ).
  22. Arnoult, S. (2014). Contribution à la définition d’idéotypes de miscanthus valorisables pour la production de bioéthanol de 2e génération et perspectives en sélection (Doctoral dissertation, Lille 1).
  23. « Le bloc porteur en béton de miscanthus, un matériau biosourcé dédié à la Construction Durable », sur Ciments Calcia (consulté le ).
  24. Selon une Ă©tude de France AgriMer /https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/65064/document/Etude%20miscanthus%20rapp%20final%202020%20VF.pdf?version=5 page 17
  25. étude menée par FranceAgriMer/https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/65064/document/Etude%20miscanthus%20rapp%20final%202020%20VF.pdf?version=5 page 33
  26. « Intérêts agronomiques et écologiques du miscanthus », sur France Miscanthus (consulté le ).
  27. (en) « Soil carbon accrual in particle-size fractions under Miscanthus x. giganteus cultivation », Biomass and Bioenergy, vol. 78,‎ , p. 80–91 (ISSN 0961-9534, DOI 10.1016/j.biombioe.2015.04.006, lire en ligne, consulté le ).
  28. https://normandie.chambres-agriculture.fr/conseils-et-services/preserver-lenvironnement/energies/produire-de-lenergie/biomasse-energie/chaudieres-biomasse/le-miscanthus-pour-remplacer-le-fuel/
  29. https://france-miscanthus.org/2023/03/31/le-miscanthus-dans-lecoregime-de-la-pac-2023/
  30. Karp, A; Shield, I (2008). Bioenergy from plants and the sustainable yield challenge. New Phytologist 179:15-32.
  31. Semere T., Slater F.M., 2007 - Ground flora, small mammal and bird species diversity in Miscanthus (Miscanthus x giganteus) and reed canary-grass (Phalaris arundinacea) fields. Biomass & Bioenergy 31 : 20-29.
  32. Hayet, A., de Foucault, B., Douay, F., & Deram, A. Impact du Miscanthus sur la biodiversité végétale de sols contaminés par des éléments traces métalliques ; étude et Gestion des Sols, Volume 20, 2, 2013 - pages 151 à 161.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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