Mine Principale
La mine Principale est une mine de cuivre et d’or, en opération de 1955 à 1980, située sur l’île Merrill, sur le lac Chibougamau. La mine est située à 5 km de la ville de Chibougamau, dans le Nord-du-Québec, Québec, au Canada.
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Histoire
Le gisement de l’île Merril est découvert en 1920 par prospection. En 1929, la Northern Investment Company acquiert les titres d'exploration minière sur l’île Merril. Ceux-ci sont rachetés en 1934, par la Consolidated Chibougamau Goldfield, (une filiale de la Consolidated Mining & Smelting Company), puis en 1950, par la Campbell Chibougamau Mines Limited, dirigé par le courtier financier new-yorkais E.O.D. Campbell[1].
Au printemps 1950, des sondages confirment la présence de cuivre d’or et d’argent sous le lac aux Dorés. Campbell supervise avec ses équipes l’éclaircissement des acres de la forêt peuplant l’île et procède à l’établissement des infrastructures de la mine. La pointe Campbell est aménagée pour accueillir des maisons de contremaîtres, d’employés, ainsi que des bureaux administratifs[1] - [2]. L’entreprise aménage l’île Merril en regroupant plusieurs îles naturelles pour faciliter l’extraction du cuivre et d’or. Le minerai est ensuite acheminé à la fonderie Horne de Rouyn-Noranda, puis exportés vers les États-Unis[1] - [3] - [4]. En , la construction d’un puits débute, et en , il atteint 1 230 pieds de profondeur. En 1955, la production commerciale débute[5].
Les opérations de la mine Principale se poursuivent jusqu’en 1980. Après sa fermeture toutefois, elle poursuit jusqu’en 1990 ses activités de traitement de minerais[5]. La minière termine l’ensemble de ses activités d’exploration en et son usine de traitement de minerais continue d’alimenter les mines avoisinantes jusqu’en 2008[6]. La Campbell Ressource Inc. demeure la dernière minière encore en activité sur le camp minier Chibougamau à partir de 2001, lors de sa fusion avec Ressources MSV jusqu’à la faillite de l’entreprise en 2010.
C’est à la mine Campbell que naît la première organisation syndicale à Chibougamau. Le , les 400 travailleurs s’affilient avec les Métallurgistes unis d’Amérique. En 1961, 1968, 1971 et 1972, d’importants conflits de travail éclatent. Chibougamau, ville de compagnie, se trouve divisée entre syndiqués et partisans de la mine[4].
Controverses
En 2010, la compagnie Ressource Campbell se place sous la protection de la « Loi sur la faillite », deux ans après la fin de ses activités. Elle lègue une importante dette environnementale à l’État et aux communautés de Chibougamau et d’Oujé-Bougoumou. Lors de ses années d’activité, elle a produit 19 millions de tonnes de résidus miniers, répartis dans trois aires d’accumulation de près de 170 hectares. Ses coûts de restauration s’élèvent à 150 millions de dollars. La mine Principale est l’un des sites orphelins sous la responsabilité de l’État le plus coûteux de l’histoire de la province de Québec[7].
L’établissement de la mine Principale entraîne une des 7 phases de relocalisation de la communauté crie de Chibougamau, avant qu’ils obtiennent la reconnaissance du village d’Oujé-Bougoumou, en 1992. La mine se trouve d’ailleurs sur le territoire de trappe traditionnel de membres de la communauté crie[8] - [9] - [10]. En 2001, le Grand Conseil des Cris commande une étude sur la contamination provenant des parcs à résidus miniers. Elle vise trois mines sur le territoire ancestral de la communauté d’Oujé-Bougoumou. Elle démontre que le lac aux Dorés et le lac Chibougamau ont subi des déversements de résidus miniers, dont ceux de la mine Principale. En 2002, une deuxième étude portant sur les conclusions de la première est entreprise, et pointe certaines lacunes d’interprétation d’échantillons de cheveux[11].
Au même moment, en 2001, le ministère de l’Environnement du Québec réalise une enquête qui démontre la présence d’éléments toxiques dans les sédiments, près des bassins à résidus[11]. Le ministère recommande la mise en place d’une étude d’impact environnemental incluant une évaluation de la santé des membres de la communauté d’Oujé-Bougoumou. Elle est acceptée par le Conseil de bande d’Oujé-Bougoumou, et mène le gouvernement provincial à financer une étude de trois ans (2002-2005). Celle-ci est réalisée par l’Université McMaster en partenariat avec le Centre Hospitalier Universitaire de Québec, le Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James et l’Institut national de la santé publique du Québec. Elle conclut que les résidents d’Oujé-Bougoumou ne sont pas à risque d’une exposition systémique[12].
Restauration
En 2011, le ministère des Ressources naturelles du Québec élabore un plan de restauration du site de la mine Principale. Il est soumis à l’approbation des communautés d’Oujé-Bougoumou et de Chibougamau et un comité technique est formé pour assurer le suivi du projet. Celui-ci est composé des représentants du ministères, de la communauté crie d’Oujé-Bougoumou, de la ville de Chibougamau et du ministère de l’Environnement. Le certificat d’autorisation environnementale est émis en 2014. La firme de génie WSP est en charge des travaux de réhabilitation qui devraient s’échelonner jusqu’en 2025[6] - [13].
Valeur patrimoniale
La mine Principale est étroitement liée au début et à la fin de la première phase d’exploitation du camp minier Chibougamau-Chapais. Son entrée en opération motive la fondation de la ville de Chibougamau en tant que ville de compagnie, avant d’obtenir son incorporation officielle en 1954[4].
Les infrastructures municipales et l’aménagement de la pointe Campbell par l’entreprise sont l’expression de l’urbanisme propre aux villes de compagnie. En effet, au cours des années 1950, la compagnie minière qui opère la mine Principale, la Campbell Chibougamau Mines, y fait construire une centaine de maisons afin de loger ses employés. Celles-ci sont prêtées par la compagnie à ses employés, avant d’être louées et vendues à bas prix aux employés[14].
À Chibougamau, le quartier de la mine est inventorié au répertoire du Patrimoine culturel du Québec[14].
Notes et références
- (en) Elecha, M., A Study of Chemical Variation of Certain Dykes at Chibougamau, P. Q., McGill University, .
- Larry Wilson, L'Appel du Chibougamau, Montréal, Thérien Frères, (lire en ligne).
- « Le grand nettoyage », sur La Presse+, (consulté le ).
- Réjean Girard, Histoire du Nord-du-Québec, Presses de l'Université Laval, (ISBN 978-2-7637-9581-2, 2-7637-9581-1 et 978-2-7637-9582-9, OCLC 816812006, lire en ligne).
- (en) Houle, P., Une odyssée minière centenaire: Les camps miniers de Chapais et de Chibougamau, Ressources Mines et Industries, , p. 33–43.
- WSP, « Mine Principale »
- Roio, A., « Restauration du site mine Principale », 25 ans de restauration minière au Québec - Quel bilan et quel avenir ?, Centre d’études collégiales de Chibougamau,‎ .
- Jacques Frenette, L’histoire des Cris de Chibougamau—Une bande amérindienne révèle son identité, Centre indien cri de Chibougamau, .
- (en-US) « In search of promised lands », sur canadiangeographic.ca (consulté le ).
- (en-CA) Environmental and Social Impact Review Committee, « Mine Principale restoration project in Chibougamau », sur Comex (consulté le ).
- (en) Dewailly, E. et Nieboer, E., « Exposure and preliminary health assessments of the Ouje-Bougoumou Cree population to mine tailings residues », Institut national de santé publique du Québec,‎ (lire en ligne)
- « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le ).
- Ministère de l'énergie et des ressources naturelles, Plan de travail 2021-2022 - Restauration des sites miniers abandonnés, Gouvernement du Québec, (lire en ligne [PDF]).
- Québec, « Répertoire du patrimoine culturel du Québec » (consulté le )