Michelle Martin (affaire Dutroux)
Michelle Martin, née le à Waterloo, est une ancienne institutrice. Elle est notamment connue pour avoir été la femme et la complice de Marc Dutroux dans « l'affaire Dutroux », en 1996, qui connaît un retentissement international.
Naissance | |
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Nationalité | |
Domiciles |
Waterloo (- |
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Activités |
Institutrice (- |
Conjoint |
Marc Dutroux (de Ă ) |
Condamnée pour |
Complicité (en) (), viol (), séquestration (), association de malfaiteurs (en) () |
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Elle est arrêtée en 1996 et condamnée en 2004 à 30 ans de prison. Dans le cadre d'une libération conditionnelle en 2012, elle est hébergée au sein d'un couvent de religieuses avant d'être accueillie à Floreffe par un ancien juge[1]. En 2020, elle est diplômée en droit et cherche un travail[2].
Biographie
Michelle Martin obtient un diplôme d'institutrice en 1981 et rencontre Marc Dutroux à Forest la même année. Dès 1983, elle partage sa vie et devient son épouse en 1988. Ils auront trois enfants[3]. En 1989, elle est condamnée une première fois à 5 ans de prison pour complicité dans l'enlèvement et le viol de jeunes filles mineures commis par Marc Dutroux, mais n'en purgera que deux[4]. En 2003, elle divorce de Marc Dutroux[5].
Condamnations dans le cadre de l'affaire Dutroux
Elle a été condamnée le à 30 années de prison par la cour d'assises de Luxembourg pour les faits relatifs à l'affaire Dutroux, c'est-à -dire les enlèvements, séquestrations, viols et meurtres de mineurs (notamment pour sa participation à la séquestration de six fillettes et adolescentes, An Marchal, Eefje Lambrecks, Julie Lejeune, Mélissa Russo, Sabine Dardenne et Laetitia Delhez), avec la circonstance aggravante, pour Julie et Mélissa, que la détention a été accompagnée de tortures ayant entraîné la mort[4] (pour avoir laissé mourir de faim Mélissa Russo et Julie Lejeune dans la cave de leur maison à Marcinelle pendant que Marc Dutroux était en prison).
En 2004, également, elle a été condamnée comme coauteur du viol par Marc Dutroux de la citoyenne slovaque Yancka Mackova, mineure au moment des faits. Elle a en effet versé dans la tasse de café de Mackova le neuroleptique haldol qui a endormi la victime[6].
Plainte pour organisation d'insolvabilité
En , alors que la polémique sur sa libération fait rage, la question de l'absence d'indemnisation des victimes[7] met en lumière le fait que la mère de Michelle Martin, décédée en 2000, avait légué par testament tous ses biens à ses petits-enfants et non à sa fille, qui avait quant à elle renoncé à sa part réservataire (soit la moitié vu qu'elle était fille unique)[8].
Jean Lambrecks, père d'Eefje, une des victimes de l'affaire Dutroux, estime que Michelle Martin a de la sorte organisé son insolvabilité de manière frauduleuse, ce qui est un délit punissable de deux ans de prison[9] et pourrait donc remettre en cause la libération conditionnelle de Martin en la renvoyant en prison[10]. Dès lors, le , il dépose une plainte contre Michelle Martin pour insolvabilité frauduleuse[11]. Alors que certains analystes considèrent que la plainte a peu de chance d'aboutir[12], le parquet de Bruxelles ouvre, le , une enquête sur le patrimoine de Michelle Martin afin de déterminer si elle n'a pas des moyens dissimulés[13].
Libération anticipée
Michelle Martin a été libérée de prison le et a rejoint le couvent des sœurs clarisses à Malonne, près de Namur[14]. Parmi les conditions de sa libération conditionnelle, on peut citer l'obligation d'éviter tout contact avec les médias[15].
L'annonce de sa libération anticipée a provoqué de nombreuses manifestations d'opposants avant sa libération conditionnelle, dont celle du député fédéral Laurent Louis ou du mouvement Nation le 1er septembre[16].
Le soir de sa libération au , plusieurs centaines de manifestants encerclaient le couvent de Malonne, criant des slogans très hostiles à Michelle Martin[17].
Le même soir, le député flamand Jurgen Verstrepen (ex-LDD et ex-VB) suggère, sur Twitter, d'engager un tueur à gages pour supprimer l'ex-épouse de Dutroux : « Si nous nous cotisons (cotisation publique), nous pouvons trouver un Albanais et le payer pour qu'il zigouille Michèle Martin »; « Nettoyée à peu de frais, beaucoup moins cher que de garder un couvent »[18].
Le , l'écrivain Xavier Deutsch cosigne une carte blanche dans La Libre Belgique intitulée « Michelle Martin, vous n'êtes pas seule » dans laquelle il souligne, à propos de la libération anticipée de Michelle Martin, que « la justice doit s’exercer de manière impartiale, à l’abri de toute pression »[19]. Les signataires de cette carte blanche s'adressent aussi directement à Michelle Martin : « Nous voulons dire à Michelle Martin qu'elle non plus n'est pas seule. Nous croyons à la possibilité de reconstruction pour chacun et, si tel est son projet, nous sommes à ses côtés. »[20].
Le , le père Gabriel Ringlet s'exprime, lors d'un entretien accordé à La Libre Belgique, en faveur de cette libération conditionnelle, expliquant que « si notre société se veut encore démocratique […] elle doit absolument résister à la tentation d’une justice d’exception »[21].
Le 15 et le , deux lettres contenant de la poudre blanche suspecte arrivent au couvent de Malonne, la première adressée aux Clarisses et la deuxième adressée à Michelle Martin elle-même. Les deux enveloppes ont été saisies pour être analysées par le laboratoire de la police fédérale afin de déterminer si elles contiennent de l’anthrax (ou bacille du charbon). Le , le procureur du Roi de Namur annonce que les résultats sont négatifs pour la première enveloppe.
Le , le Tribunal d'application des peines de Mons autorise une entrevue entre Michelle Martin et Jean-Denis Lejeune.
Le , en début de soirée, l'entrevue entre Michelle Martin et Jean-Denis Lejeune a eu lieu pendant près de quatre heures, en la présence de médiateurs.
Il a été constaté une recrudescence des apostasies au sein de l'Église catholique, à la suite de l'accueil de Michelle Martin dans un couvent[22].
À la suite du déménagement des sœurs Clarisses de Malonne vers Bruxelles en , Michelle Martin est hébergée par l'ancien juge Christian Panier[1].
Bibliographie
- Nicole Malinconi, Vous vous appelez Michelle Martin, Paris : Denoël, 2008 (ISBN 2207260038)
Documentaire télévisé
- Devoir d'enquête, premier reportage : Faut-il brûler Michelle Martin ?, diffusé le et le sur la Une (RTBF).
Notes et références
- « L'ancien juge Christian Panier accueille Michelle Martin chez lui », rtbf.be, (consulté le )
- « Michelle Martin, l’ex-femme de Marc Dutroux, diplômée en droit et prête à chercher du travail », sur LA VDN, (consulté le )
- « Michelle Martin, celle qui se disait sous l'emprise de Dutroux », 7s7
- Les nourrir ? C'Ă©tait me rendre complice, 10/05/2011
- « Belgique : Michelle Martin, l'ex-femme de Marc Dutroux, libérée », MYTF1NEWS,
- Annick Hovine, « Aucune pitié pour Michelle Martin », sur lalibre.be
- Michelle Martin n'a jamais indemnisé ses victimes, 7 sur 7, 10 août 2012
- Michèle Martin renonce à son héritage: les victimes n'auront rien, TRL Info, 13 août 2012
- « Article 490 bis », sur eJustice
- « Jean Lambrecks peut-il renvoyer Michèle Martin en prison? », La Nouvelle Gazette,
- « Jean Lambrecks porte plainte contre Michelle Martin pour insolvabilité frauduleuse », La Nouvelle Gazette,
- Les dessous de l’héritage refusé par Martin, Le Soir, 22 août 2012
- Belga, « Michelle Martin: le parquet enquête sur son patrimoine », RTBF, et Het Laatste Nieuws, « Parket onderzoekt of Michelle Martin spaargeld achterhoudt », RTBF,
- « Belgique : Michelle Martin, l'ex-femme de Marc Dutroux, est libre », sur Le Point.fr, Le Point, magazine
- « Belgique : quelle vie au couvent pour Michelle Martin, ex-femme de Dutroux ? », MYTF1NEWS,
- « Actualité - Belgique - lesoir.be », lesoir.be
- Belga, « "Je suis venu voir où habite le monstre" », sur lalibre.be
- « Après son tweet, Jurgen Verstrepen convoqué par la police », La Libre Belgique / agence Belga, (consulté le )
- « Des citoyens soutiennent Michelle Martin: Nous sommes à vos côtés », RTBF, (consulté le )
- Journal télévisé de la RTBF, 29 août 2012
- « Ringlet salue le "geste prophétique" des Clarisses », La Libre Belgique, (consulté le )
- « Débaptisations: un "effet Michelle Martin' », sur http://www.7sur7.be, (consulté le )