Michèle Sibony
Michèle Sibony, née le à Rabat (Maroc)[1] - [2], est une militante française œuvrant en faveur du processus de paix israélo-palestinien dans la mouvance de l'organisation UJFP.
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Biographie
Issue d'une famille juive marocaine traditionaliste, Michèle Sibony a vécu en Israël où elle a fait des études de lettres et de cinéma dans les années 1972-1977, à l’université de Haïfa[3]. Elle y a maintenu des contacts étroits avec des amis contre l'occupation israélienne[4] - [5]. Elle est aussi membre du bureau de l’Alternative Information Center (Jérusalem Beit Sahour)[6].
Michèle Sibony participe « avec enthousiasme » à une rencontre de militants pro-palestiniens avec des représentants des diverses organisations palestiniennes sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne[7].
Pour Marc Hecker : « Le fait d’habiter pendant quelques années en Israël et de côtoyer des Palestiniens a permis à Michèle Sibony d’effectuer ce qu’elle appelle un « détricotage » idéologique et a déclenché chez elle la volonté de s’engager en faveur de la cause palestinienne. »[7].
Prises de positions
Elle a été vice-présidente de l’Union juive française pour la paix (UJFP)[8] qu'elle a rejointe lors de la deuxième Intifada[9]. Elle signe alors l'appel lancé dans Le Monde « En tant que Juifs… »[10].
Sur l'antisémitisme
En 2004, elle conteste les analyses de Jean-Christophe Rufin dans le rapport dit « rapport Rufin »[11] qui accorde une prééminence à l'antisémitisme :
« L’antisémitisme, écrit Michèle Sibony, commence toujours par distinguer — exclure — les [J]uifs du corps social en leur conférant des travers ou des vertus particuliers […]. Dans ce modèle d’affrontement, il semblerait que les [J]uifs soient placés — instrumentalisés, avec la participation de certains d’entre eux, mais pas tous, loin de là — en première ligne et servent de bélier, avant de pouvoir servir de bouc émissaire[12]. »
Elle dénonce l’antisémitisme de Dieudonné ou d'Alain Soral, mais explique pourquoi ils ont du succès :
« Cette émotion à deux vitesses devant les actes racistes, la solidarité systématique exprimée à la communauté juive, alors que rien de tel ne se produit devant les attentats racistes visant la population arabe, la présentation du conflit israélo-palestinien qui fait toujours l’impasse sur le rapport de domination d’un État contre un peuple occupé et colonisé, ont fini, associées à la crise sociale qui frappe les quartiers populaires où vivent une grande partie de ces descendants d’indigènes, par développer chez une partie d’entre eux rancœur et révolte. Ce sentiment en a rendu certains réceptifs aux thèses antisémites d’un Dieudonné, puis aux thèses du complot développées par des Soral et pire encore parfois[13]. »
Sur la situation politique française
En 2015, elle s'investit dans la construction d'un « antiracisme politique et décolonial » et intervient pour l’UJFP au meeting contre l’islamophobie du à la bourse du travail de Saint-Denis[14].
En , elle signe avec une vingtaine d'intellectuels une tribune de soutien à la militante des Indigènes de la République Houria Bouteldja[15] dans le journal Le Monde, un texte décrit par le journaliste Jack Dion du magazine Marianne comme étant « ahurissant d’allégeance à une dame qui a exposé son racisme au vu et au su de tous »[16]. Michèle Sibony et les autres cosignataires de la tribune y affirmaient que les auteurs d'attaques contre Houria Bouteldja « n'avaient pas lu son livre Les Blancs, les Juifs et nous [ La Fabrique, 2016], et s'étaient arrêtés à son titre sans le comprendre ou à quelques extraits cités à contre-emploi[17] ».
Publications
- À contre chœur : les voix dissidentes en Israël[18], avec Michel Warschawski, collection Essais et documents, Textuel, 2003 (ISBN 978-2845970731)
Notes et références
- Georges Bensoussan, Un exil français : un historien face à la justice, Paris, L'Artilleur, , 377 p. (ISBN 978-2-8100-1062-2 et 2-8100-1062-5, OCLC 1285234213, lire en ligne)
- Ariette Khoury, « Michèle Sibony: Israël exerce un fascisme violent sur les Palestiniens », Arab News en français, (consulté le )
- Propos recueillis le 27 novembre 2014 Ă Bruxelles par Baudouin Loos du quotidien belge Le Soir.
- Elle ramène de ses nombreux séjours en Israël des chroniques amères et révoltées.
- La participation de Michèle Sibony à l'un de ces voyages en Palestine est raconté par Youssef Boussoumah dans Stéphanie Latte Abdallah, Cédric Parizot, Israelis and Palestinians in the Shadows of the Wall: Spaces of Separation and Occupation, Routledge, mars 2016, p. 208.
- Tinghir-JĂ©rusalem, les Ă©chos du Mellah :
- Marc Hecker, Intifada Française ? : De l'importation du conflit israélo-palestinien, Paris, Ellipses, , 506 p. (ISBN 978-2-7298-7259-5 et 2-7298-7259-0, OCLC 80083467)
- Le rôle de Michèle Sibony est évoqué par Daniel Bensaïd, Une lente impatience, Stock, p. 36.
- Voir sur ujfp.org.
- Le texte de cet appel et les principaux signataires est publié dans Leila Shahid, Michel Warschawski, Dominique Vidal, Les Banlieues, le Proche-Orient et nous, Éditions de l'Atelier, mars 2006, p. 77-79.)
- Rapport Rufin, le monde Ă l'envers, novembre 2004.
- Cité par Nacira Guénif-Souilamas, La République mise à nu par son immigration, éditions La Fabrique, 2006.
- Interview dans L'Anticapitaliste no 274, 29 janvier 2015.
- Intervention du 6 mars 2015.
- De H. Bouteldja il est possible de consulter en ligne « Racisme (s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ? », allocution de Houria Bouteldja à la Maison de la Littérature à Oslo, le 3 Mars 2015,
- Jack Dion, Touche pas Ă ma raciste ! (ces intellectuels qui soutiennent Houria Bouteldja), marianne.net, 20 juin 2017
- « Vers l’émancipation, contre la calomnie. En soutien à Houria Bouteldja et à l’antiracisme politique », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- Voir sur lemonde.fr.
- Michel Warschawski, Au pied du mur : De notre correspondant Ă JĂ©rusalem, Ă©ditions Syllepse, janvier 2011.