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Lunar Crater Observation and Sensing Satellite

Lunar CRater Observation and Sensing Satellite (LCROSS) est une sonde spatiale lunaire américaine de la NASA lancée le à 21 h 32 TU par un lanceur Atlas V depuis la base de lancement de Cap Canaveral, en même temps que la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO). La mission de LCROSS est d'analyser les débris de Lune soulevés par l'impact de l'étage Centaur de son lanceur sur le sol lunaire dans une zone de la région polaire située en permanence à l'ombre en y recherchant la présence d'eau. L'impact a lieu le vendredi . Les données recueillies permettent de confirmer la présence d'eau distribuée de manière irrégulière dans les régions situées en permanence à l'ombre.

Lunar Crater Observation and Sensing Satellite
Description de l'image LCROSS - Shepherding Spacecraft.jpg.
Données générales
Organisation NASA
Programme Lunar Precursor Robotic
Domaine Étude de la Lune
Type de mission Impacteur
Statut Mission terminée
Lancement 18 juin 2009 Ă  21 h 32 TU
Lanceur Atlas V 401
Durée de vie 4 mois (mission primaire)
Identifiant COSPAR 2009-031B
Site
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 891 kg
Principaux instruments
VIS Caméra lumière visible
NIC x 2 Caméra proche infrarouge
MIR x 2 Caméra infrarouge moyen
TLP Photomètre luminance
VSP Spectromètre en lumière visible
NSP x 2 Spectromètre en proche infrarouge
Éclaté de LCROSS.
Trajectoire suivie par la sonde entre son lancement et sa collision avec le sol lunaire.
La sonde LCROSS et l'étage Centaur peu avant leur séparation.
L'étage Centaur s'est séparé de la sonde et va percuter la surface lunaire.

Contexte

Le sol lunaire est éclairé par le Soleil avec une périodicité liée à la durée du jour lunaire (29 jours terrestres). Lorsque le Soleil est au zénith, le sol atteint une température de 233 °C. L'eau, qui peut être présente à l'origine ou apportée par des météorites, s'est depuis longtemps évaporée. De fait, les roches ramenées par les missions Apollo sont quasi anhydres. Elles ne contiennent quasiment pas d'eau libre, ni de groupements hydroxyles (OH) dans des minéraux hydroxylés comme les amphiboles, micas, argiles et serpentines. Les infimes traces d'eau identifiées sont généralement interprétées comme le résultat de contaminations durant le transit vers la Terre : les échantillons sont rangés dans le module lunaire puis dans la capsule Apollo pendant le retour vers la Terre, et ce de façon non étanche. Il existe toutefois des régions près des pôles où le flanc des cratères d'obscurité éternelle, soit des cratères créent des zones d'ombre permanentes qui ne sont jamais frappées par le Soleil parfois depuis des milliards d'années[1].

En 1999, la sonde Lunar Prospector, placée en orbite autour de la Lune, détecte des traces d'hydrogène sur notre satellite au niveau des zones polaires au-dessus des cratères situés en permanence à l'ombre[2]. Ces mesures peuvent indiquer la présence d'eau. Celle-ci, si elle est confirmée, a un impact important sur les plans d'exploration de la Lune par des missions habitées. Mais des observations effectuées depuis la Terre à l'aide de radars ne permettent pas de confirmer la présence d'eau ; toutefois, cette absence de détection peut avoir une explication scientifique.

L'eau détectée peut être apportée par les météorites au cours des centaines de millions d'années et être piégée dans les zones situées en permanence à l'ombre là où la température descend en dessous de 100 kelvins[3].

Objectifs de la mission

La mission de la sonde lunaire LCROSS développée par la NASA est de confirmer ou d'infirmer la présence d'eau grâce à l'analyse par ses instruments des matériaux soulevés par l'impact d'un étage de son lanceur avec le sol lunaire dans la zone polaire où des traces d'hydrogène sont détectées.

Les objectifs détaillés de la mission de LCROSS sont[4] :

  • Confirmer la prĂ©sence ou l'absence d'eau sous forme de glace dans les rĂ©gions de la Lune situĂ©es en permanence Ă  l'ombre.
  • Identifier l'origine des traces d'hydrogène dĂ©tectĂ©es au niveau des pĂ´les lunaires.
  • DĂ©terminer la quantitĂ© d'eau prĂ©sente dans le sol lunaire.
  • DĂ©terminer la composition du rĂ©golithe dans un des cratères situĂ©s dans la zone en permanence Ă  l'ombre.

Description de la sonde

La sonde mesure 2 mètres de haut et a un diamètre de 2,6 mètres. Elle pèse 891 kg dont 306 kg de carburant (hydrazine). Les panneaux solaires fournissent 600 watts d'Ă©nergie Ă©lectrique stockĂ©e dans des accumulateurs lithium-ion. Les tĂ©lĂ©communications transitent par deux antennes Ă  gain moyen autorisant un dĂ©bit nominal de 1,5 Mo par seconde et deux antennes omnidirectionnelles de 40 ko et un transpondeur radio fonctionnant en bande S de 7 watts[5].

Les instruments scientifiques embarqués comprennent[6] :

LCROSS est une mission à coût et à délai réduits (79 millions de dollars américains) qui utilise des composants choisis dans le commerce. La sonde est construite par Northrop Grumman Aerospace Systems tandis que le laboratoire Ames Research Center de la NASA assure la conduite générale de la mission et développe les instruments scientifiques.

DĂ©roulement de la mission

Après son lancement, la sonde LCROSS reste solidaire du dernier Ă©tage Centaur, car ce dernier joue un rĂ´le essentiel dans la mission. L'ensemble est injectĂ© sur une orbite qui lui fait survoler la Lune au bout de 4 jours. Lors de ce survol, par effet d'assistance gravitationnelle, cette trajectoire est transformĂ©e en une orbite polaire très allongĂ©e autour de la Terre de 36 jours de pĂ©riode. Après trois orbites, l'ensemble doit percuter la Lune près du pĂ´le sud, au niveau du cratère Cabeus, le Ă  11 h 30 TU[7]. La sonde et l'Ă©tage Centaur se sĂ©parent environ 9 heures et 40 minutes avant l'impact Ă  une distance de 87 000 km de la surface de la Lune. Après la sĂ©paration, la sonde se retourne de 180° pour que ses instruments soient face au sol lunaire et rĂ©duit sa vitesse pour s'Ă©carter du corps de l'Ă©tage Centaur afin de ne s'Ă©craser que 4 minutes après l'Ă©tage Centaur.

Le lieu visĂ© est un cratère situĂ© en permanence Ă  l'ombre dans la rĂ©gion du pĂ´le sud lunaire. Son emplacement exact est dĂ©terminĂ© 30 jours avant l'impact. Pour remplir sa mission, la sonde doit s'Ă©craser Ă  moins de 10 km du point visĂ© mais les concepteurs pensent atteindre une prĂ©cision d'un kilomètre[8]. Au moment de l'impact, les deux engins ont une vitesse de 2,5 km/s et leur trajectoire fait un angle compris entre 60 et 70 ° avec le sol lunaire. L'Ă©tage Centaur pèse environ 2,3 tonnes tandis que la sonde doit peser entre 621 et 866 kg. En s'Ă©crasant, l'Ă©tage Centaur doit soulever une masse de 350 m3 de matĂ©riau lunaire en crĂ©ant un cratère de 28 mètres de diamètre et de 6,5 mètres de profondeur. La sonde LCROSS traverse les dĂ©bris soulevĂ©s, les analyse avec ses instruments et retourne les informations Ă  la station de contrĂ´le Ă  Terre avant de s'Ă©craser elle-mĂŞme. Ce deuxième impact doit soulever 150 m3 de matĂ©riau en crĂ©ant un cratère de 18 mètres de diamètre et de 3,5 mètres de profondeur.

La majoritĂ© du matĂ©riau lunaire projetĂ© doit ĂŞtre soulevĂ© Ă  une hauteur infĂ©rieure Ă  10 km. Les satellites orbitant autour de la Lune, tels que LRO, ainsi que plusieurs des grands observatoires basĂ©s Ă  Terre et en orbite terrestre (tĂ©lescope spatial Hubble) observent l'impact et le panache[9]. Les donnĂ©es fournies par ces nombreuses sources sont utilisĂ©es. Lorsque les dĂ©bris soulevĂ©s du cratère sont exposĂ©s au Soleil, la glace d'eau, les hydrocarbures et les autres composĂ©s organiques doivent se vaporiser et se dĂ©composer en Ă©lĂ©ments simples. Ces Ă©lĂ©ments sont mesurĂ©s d'abord par les spectromètres fonctionnant dans l'infrarouge et le visible. Le spectromètre dans le proche infrarouge et dans l'infrarouge moyen doivent dĂ©terminer le volume total d'eau et sa distribution dans le panache. La camĂ©ra fonctionnant dans le visible dĂ©termine le lieu d'impact et le comportement du panache tandis que le photomètre mesure l'Ă©clair lumineux crĂ©Ă© par l'impact.

RĂ©sultats

Éclair de l'impact de l'étage Centaur pris par LCROSS.

Après analyse des données recueillies par différentes sondes lunaires et par les observatoires terrestres et évaluation par les spécialistes de la Lune, la NASA sélectionne le le cratère Cabeus près du pôle sud lunaire comme cible pour la sonde LCROSS[10]. L'impact n'a pas créé le panache visible attendu. La caméra infrarouge embarquée a, par contre, bien repéré le cratère créé par l'écrasement de l'étage Centaur sur le sol lunaire[11]. Le responsable du projet, Dan Andrews, estime que les simulations effectuées avant l'écrasement de LCROSS exagèrent l'importance du panache créé par LCROSS (certaines d'entre elles n'ont pas été faites par la NASA). Il est possible également que les conditions d'éclairage n'ont pas été favorables à la mise en évidence du panache ce qui peut être en partie résolu en retraitant les photos effectuées. La profondeur du cratère Cabeus est peut-être également trop importante : cela doit être confirmé par l'instrument d'altimétrie laser embarqué par Chandrayaan-1 ou Kaguya[12]. Le co-investigateur du télescope spatial Hubble Alex Storrs déclare : « les premières analyses du spectre fourni par l'instrument STIS ne font apparaître aucune trace évidente d'hydroxyle mais les dépouillements ne sont pas achevés.»[13].

Le , la NASA annonce[14] que la présence d'eau est détectée dans les éjectas (confirmée entre autres par la présence d'hydroxyle, molécule formée à partir de l'eau). Les matériaux soulevés contiennent environ 20 % de volatils dont du méthane, de l'ammoniac, de l'hydrogène, du dioxyde et du monoxyde de carbone,

Notes et références

  1. « Press kit LRO LCROS », NASA, p. 28
  2. « Press kit LRO LCROS », NASA, p. 7
  3. « LCROSS.Astronomer.Justification.v4 », NASA, p. 6
  4. « LCROSS.Astronomer.Justification.v4 », NASA, p. 28
  5. « Press kit LRO LCROS », NASA, p. 7-8
  6. « Press kit LRO LCROS », NASA, p. 30
  7. (en) NASA LCROSS Observation campaign, campagne d'observation LCROSS NASA (visité le ).
  8. (en) « Press kit LRO LCROS », NASA, p. 29
  9. « LCROS : Strategy & Astronomer Observation Campaign », NASA
  10. « NASA'S LCROSS Reveals Target Crater for Lunar South Pole Impacts », (consulté le )
  11. (en) George Musser, « LCROSS strikes Earth's moon as other moons continue to puzzle: Fourth dispatch from the annual planets meeting », Scientific American,  : « Shortly before the spacecraft itself hit, word came through that the infrared camera had indeed seen a thermal signature of the booster's crater. This comment was barely audible, though, over the bemused laughter as images of the mission control center showed one controller conspicuously failing to respond to another's high five »
  12. (en) Seth Borenstein, « NASA probes give moon a double smack », Associated Press, (consulté le )
  13. (en) « Hubble Observes LCROSS Impact Event », (consulté le )
  14. (en) « LCROSS Impact Data Indicates Water on Moon »,

Documents de référence

NASA

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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