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Ludovic Breton

Ludovic-Joseph Breton (Hénin-Liétard, - Calais, [1]) est un ingénieur civil des mines. Géologue, ingénieur-directeur exploitant de mines, il organise les travaux de percement des premiers kilomètres du tunnel ferroviaire sous la Manche à Sangatte de 1879 à 1883.

Ludovic Breton
Naissance
Hénin-Liétard (France)
DĂ©cès (Ă  72 ans)
Calais
Nationalité français
Institutions Compagnie des mines d'Auchy-au-Bois, concession d'Hardinghen, Association française du tunnel sous-marin entre la France et l’Angleterre, Société de recherches de Fresnicourt
Diplôme École des arts industriels et des mines ; École des mines de Saint-Étienne (1862)
RenommĂ© pour Travaux du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre (1879-1883 & 1906) forage de 3 km de galeries de tunnel sous-marin Ă  Sangatte.

Biographie

Il est le fils de Marie-Louis Breton, le maire de Courrières, et de Hyacinthe Hurez, ce qui fait de lui le demi-frère des peintres Jules Breton et Émile Breton. Il est par ailleurs parent d'Albert Sartiaux, directeur de l'exploitation de la compagnie des chemins de fer du Nord[2] - [3].

Élève à l'École des arts industriels et des mines (École centrale de Lille)[4] (promotion de sortie 1861) et à l'École des mines de Saint-Étienne de 1862 à 1864, il est « ingénieur des mines de Dourges du 1er octobre 1864 au 1er mai 1872, puis ingénieur-directeur des mines d'Auchy-au-Bois du 1er mai 1872 au 1er août 1879, ensuite ingénieur-directeur des travaux du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre depuis le 1er août 1879, propriétaire des mines d'Hardinghen (Pas-de-Calais) depuis le 22 août 1888[5], président de la société géologique du Nord en 1890 »[4]. Il dirige la société de recherches de Fresnicourt qui obtient deux concessions d'exploitation de mines en 1908.

Travaux du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre

Puits de Sangatte

Pour le compte de l'Association française du tunnel sous-marin entre la France et l’Angleterre, il est directeur des travaux du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre d' Ă  oĂą il est chargĂ© du forage du puits de Sangatte[6]. Pour le forage, des perforatrices sont mises au point. Le rythme de forage est d’environ 400 mètres par mois permettant d’espĂ©rer la fin du forage au bout de cinq ans. MandatĂ©s par une commission militaire anglaise en 1881, « trois officiers visitent le chantier de Sangatte, près de Calais, constatent les difficultĂ©s que rencontre la SociĂ©tĂ© française Ă  cause des failles nombreuses, s’inquiètent des moyens prĂ©vus pour noyer le tunnel en cas de danger. Pour toute rĂ©ponse, l’ingĂ©nieur en chef Ludovic Breton ouvre une vanne, qui dĂ©trempe immĂ©diatement les trois dĂ©lĂ©guĂ©s. « C’est parfait, dĂ©clarent-ils, encore faut-il un homme sĂ»r ». »[7]. La Grande dĂ©pression et l’influence des opposants au tunnel cĂ´tĂ© britannique font que le projet est abandonnĂ© en 1883. Plus de trois kilomètres de galeries ont Ă©tĂ© creusĂ©es, dont 1 839 mètres de galerie horizontale sous la mer[8]. « 18 mars 1883 : Ludovic Breton Ă©crit alors : « Cette date restera gravĂ©e dans ma mĂ©moire jusqu'Ă  ma mort. Elle indique l'arrĂŞt de la perforation de la galerie d'Ă©tude du tunnel sous-marin entre la France et l'Angleterre ». »[9].

Avec Albert Sartiaux, il organise une nouvelle tentative de projet de tunnel sous la Manche en 1906[10] - [11].

Les galeries horizontales creusées sous la mer seront réutilisées fin du XXe siècle pour le tunnel sous la Manche[6].

Exploitation des mines d'Hardinghen

La fosse Glaneuse no 1.

PropriĂ©taire-directeur des mines d'Hardinghen[4] le pour le prix de 17 100 francs, y compris le chemin de fer aboutissant en gare de Caffiers, mais Ă  l'exclusion des maisons ouvrières, il y ouvre une fosse d'extraction (Glaneuse no 1), et y exĂ©cute quelques autres travaux (fosses Glaneuse no 2 et de la rue des MarĂ©chaux).

« Le 22 aoĂ»t 1888, les concessions, les fosses, le chemin de fer, etc., furent revendus Ă  M. Ludovic Breton, frère du peintre Jules Breton, pour la somme dĂ©risoire de 16 500 francs. Le 29 mars 1889, le nouveau propriĂ©taire rĂ©trocĂ©da les maisons d’ouvriers, bâtiments et terrains Ă  Mme Magnier et autres pour 7 800 francs et entreprit l’exploitation seul.

Les anciens exploitants avaient bien fouillĂ© cette rĂ©gion, mais ils avaient oubliĂ© sur la concession d’Hardinghen un lambeau houiller de quelques hectares. M. Ludovic Breton, gĂ©ologue distinguĂ©, habitant le pays et le connaissant bien, n’ignorait pas certainement cette particularitĂ© : c’est lĂ  qu’il a installĂ© sa première et unique fosse qu’il a nommĂ©e La Glaneuse, nom assez original en la circonstance et indiquant bien qu’il n’entend ici que recueillir ce qui reste d’une rĂ©colte dĂ©jĂ  faite. Cette exploitation, qui date du 22 aoĂ»t 1888, comprend deux puits : l’un pour l’extraction, l’autre pour l’aĂ©rage et la circulation des ouvriers. Le fonçage a Ă©tĂ© commencĂ© le 4 septembre, et comme il n’y avait dans le pays que des manĹ“uvres et des maçons, tous les boisages ont Ă©tĂ© supprimĂ©s et on a maçonnĂ© mètre par mètre, au fur et Ă  mesure de l’approfondissement. Deux mois après l’ouverture des travaux, le puits d’extraction atteignait le terrain houiller Ă  54,20 mètres de profondeur et six mètres plus bas une veine de houille de 60 centimètres d’épaisseur. Un accrochage au niveau d’exploitation est maintenant ouvert Ă  42 mètres de profondeur. Le puits d’aĂ©rage est rectangulaire, le puits d’extraction est carrĂ©. Les dĂ©penses sont aussi restreintes que possible. Les frais d’administration et de direction s’élèvent Ă  0,22 franc par jour, les indemnitĂ©s d’occupation Ă  0,28 franc, les frais d’extraction Ă  0,85 franc ; le matĂ©riel roulant est louĂ© Ă  la Compagnie du chemin de fer sous-marin. Le charbon extrait est vendu soit en gros aux usines de la rĂ©gion, soit en dĂ©tail dans les rues de Calais et communes environnantes. En rĂ©sumĂ©, M. Breton est entrĂ© en extraction n’ayant pas dĂ©pensĂ© 5 000 francs, ce qui reprĂ©sente Ă  peine deux jours de perte de la Compagnie dĂ©funte. La production de 1889 a Ă©tĂ© de 1 154 tonnes ; celle de 1890 parait devoir atteindre 5 000 tonnes. L’étendue qui reste Ă  exploiter est de deux Ă  trois hectares seulement pour chaque veine et la valeur du charbon Ă  extraire par la fosse la Glaneuse est de deux Ă  trois millions de francs. Cette exploitation d’une mine de houille par le propriĂ©taire, mineur et ingĂ©nieur en mĂŞme temps, est, croyons-nous, unique en son genre en France. Elle nous a paru intĂ©ressante Ă  signaler[12]. »

La fosse Glaneuse no 1 est mise en chĂ´mage le , après avoir fourni 23 000 tonnes de charbon[13].

Exploitation des mines de Gouy-Servins et Fresnicourt

Les deux puits de la fosse no 1 - 1 bis en cours de fonçage en 1910.

Ludovic Breton initie des prospections gĂ©ologiques dès 1896 et devient mandataire de la sociĂ©tĂ© de recherches de Fresnicourt[14] qu'il a constituĂ© avec d'ancien administrateurs de la Compagnie de Blanzy. L'une des premières pĂ©titions soumises par Ludovic Breton au nom de la sociĂ©tĂ© de recherches de Fresnicourt date du , après sa dĂ©couverte de « terrain bouiller Ă  Fresnicourt, au sud de la concession de NĹ“ux ». « M. Ludovic Breton y voit la chute de la falaise d'un fjord qu'il baptise de son propre nom. (...). On peut voir que la profondeur du fjord Ludovic Breton, de 1 800 mètres environ sur la concession d'Ablain-Saint-Nazaire, n'a plus que 1 500 mètres de profondeur sur la concession de Fresnicourt, remontant ainsi de trente mètres par kilomètre vers l'ouest[15] ». D'autres demandes sont effectuĂ©es notamment le [14], qui doivent subir la concurrence des demandes d'autres sociĂ©tĂ©s, telles que la Compagnie des mines de BĂ©thune, pour obtenir l'une des six concessions prĂ©vues dans la zone houillère qu'il a dĂ©couverte. Il obtient la concession des mines de houille de Fresnicourt le et la concession de Gouy-Servins le [16], après avis favorable du ministre des travaux publics Armand Gauthier le , face aux grandes sociĂ©tĂ©s mĂ©tallurgiques formant le consortium de Longwy[17].

Notes et références

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Calais, n° 1503, vue 465/521.
  2. Philippe Gallois, L'histoire du tunnel : les grandes Ă©tapes du lien fixe de transmanche, Wissant, Syndicat d'initiative de Wissant Site des Deux caps et CETE Nord-Picardie, (BNF 35725901)
  3. Laurent Bonnaud, Le modèle ferroviaire à l'épreuve : les sociétés du tunnel sous la Manche 1872-1900 : Railway Management and Its Organisational Structure : Its Impact on and Diffusion Into the General Economy, Universidad de Sevilla, (ISBN 84-472-0450-2 et 9788447204502, lire en ligne), p. 71-72
  4. Information issue de l'Étude sur le mode de formation de la houille du bassin franco-belge (théorie nouvelle), par Ludovic Breton, reprise dans l'annuaire de l'Association des anciens élèves de l'Institut industriel du Nord, édition de 1892, qui inclut une notice biographique de Ludovic-Joseph Breton (BNF 32695987)
  5. Ludovic-Joseph (Ludovic) Breton, ancien élève de l'École des arts industriels et des mines (École centrale de Lille promotion 1861), a un associé nommé Ludovic-Eugène (Eugène) Breton, ingénieur IDN (École centrale de Lille promotion 1890), sous-directeur des mines d'Hardinghen - Sources : Annuaires de l'École centrale de Lille éditions 1892 et 1902.
  6. Pierre Duffaut et Patrick Margron, Le Tunnel sous la Manche : géologie et géotechnique : actes des journées d'études organisées par l'École nationale des ponts et chaussées, Paris, 31 mai-1er juin 1989, Paris, Presses de l'École nationale des ponts et chaussées, , 326 p. (ISBN 2-85978-137-4 et 9782859781378, lire en ligne)
  7. Laurent Bonnaud, Le tunnel sous la Manche : deux siècles de passions, Paris, Hachette, , 389 p. (ISBN 2-01-235094-1)
  8. Stanislas Meunier, Le Tunnel sous la Manche, Revue La Nature, 1882.
  9. Alain Coursier, Le dossier du tunnel sous la Manche, Tallandier, (ISBN 2-235-01638-3, BNF 34986659), p. 91-92-97
  10. Bertrand Lemoine, Le tunnel sous la Manche, Paris, Le Moniteur, , 199 p. (ISBN 2-281-19080-3 et 9782281190809, lire en ligne)
  11. Lyne Cohen-Solal et Bernard Sasso, Histoire du tunnel sous la Manche : chronique d'une passion franco-anglaise, Paris, Lieu Commun, , 231 p. (ISBN 2-86705-188-6 et 978-2867051883)
  12. Alfred Renouard, La plus petite exploitation houillère de France : La concession d’Hardinghen (Pas de Calais) : Revue La Nature no 882 - 26 avril 1890, (lire en ligne)
  13. Albert Olry, Topographie souterraine du bassin houiller du Boulonnais ou bassin d'Hardinghem : Études des gĂ®tes minĂ©raux de la France, publiĂ©es sous les auspices de M. le Ministre des travaux publics par le Service des topographies souterraines, Paris, Impr. nationale, (BNF 31036334), iii, 15, 45. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  14. Eugène Breton, M. Ludovic Breton, demandeur en concession de mines de houille dans le Pas-de-Calais et comme mandataire de la Société de recherches de Fresnicourt, Calais, Imp. J. Peumery, , 24 p. (lire en ligne)
  15. Comptes-rendus mensuels des réunions de la Société de l'industrie minérale - Les méandres du fjord Ludovic Breton sur les concessions de Fresnicourt - 1915
  16. « Mines de Gouy-Servins et Fresnicourt Réunies, Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais », sur http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/ (consulté le )
  17. Marcel Gillet, Les charbonnages du Nord de la France au XIXe siècle, Paris, École pratique des Hautes Études, Mouton, (BNF 41609589), p. 71-77

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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  • Étude gĂ©ologique du terrain houiller de Dourges, par Ludovic Breton ; Lille : impr. de L. Danel, 1873 (BNF 30159488)
  • Étude stratigraphique du terrain houiller d'Auchy-au-Bois : thĂ©orie sur le prolongement au sud de la zone houillère du Pas-de-Calais, et comparaison des terrains houillers d'Auchy-au-Bois et du Boulonnais, par Ludovic Breton, Lille, impr. de Danel, (BNF 30159489, lire en ligne)
  • Étude sur le mode de formation de la houille du bassin franco-belge (thĂ©orie nouvelle), par Ludovic Breton, Paris, Savy, (BNF 30159490, lire en ligne)
  • Ludovic Breton, Paul Gaillet et Ernest Bosker, Phosphates dans la Somme : Travaux des membres de l'association amicale des anciens Ă©lèves de l'Institut du Nord : AnnĂ©e 1887 - Tome X : Bulletin n3, vol. 3, t. X, Lille, Imprimerie L. Dane, coll. « Institut industriel du Nord », , 160 p. : Ill., couv. ill. ; 26 cm (prĂ©sentation en ligne)
  • Étude sur l'Ă©tage carbonifère du Bas Boulonnais, par Ludovic Breton ; Bulletin de la SociĂ©tĂ© de l'industrie minĂ©rale (SIM) ; 3e sĂ©rie, tome V ; 1891
  • La Houille en Lorraine, en Champagne et en Picardie, par M. Ludovic Breton ; Calais, impr. de J. Peumery, 1903 (BNF 31870868)
  • Seconde vue du bassin houiller du Pas-de-Calais, du Nord et de la Belgique, par Ludovic Breton ; Saint-Etienne : impr. J. Thomas, 1906-1907; Extrait des «Comptes rendus mensuels de la SociĂ©tĂ© de l'industrie minĂ©rale», - (BNF 35399745)
  • CĂ©sar-Élie Gruyelle, 1832-1895. (SignĂ© : Ludovic Breton.) ; Lille : impr. de L. Danel, 1895 (BNF 30159487)
  • Jean-Joseph Promper, un des premiers directeurs de mines du dĂ©but du bassin du Pas-de-Calais, par Ludovic Breton ; Paris : Impr. de J. Royer, 1910 (BNF 31870869).
  • Ludovic Breton, Les principaux Ă©vĂ©nements de ma vie agrĂ©mentĂ©s d'anecdotes et l'art de savoir rester jeune, Lille, Imprimerie Jules Royer, coll. « BML Magasin 2 Cote: 119648 », 1912-1914, 4 vol. ; 8° (prĂ©sentation en ligne)
  • MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, Lille, (lire en ligne), p. 735
  • « Ludovic Breton, l’ancien Ă©lève qui creusa le tunnel sous la Manche ».
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