Ludmila Pagliero
Ludmila Pagliero, née le à Buenos Aires en Argentine, est une danseuse étoile du ballet de l'Opéra national de Paris.
Naissance |
Buenos Aires en Argentine |
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Activité principale | Danseuse étoile |
Style |
Danse classique Danse moderne Danse contemporaine |
Lieux d'activité | Paris |
Années d'activité | Depuis 2000 |
Formation | Instituto Superior de Arte del Teatro ColĂłn |
Maîtres |
Olga Ferri Gilbert Mayer Clotilde Vayer Florence Clerc Ghislaine Thesmar Aurélie Dupont Agnès Letestu |
RĂ©compenses |
Igor Youskevitch Award Prix de la FundaciĂłn Konex |
Distinctions honorifiques | Chevalier des Arts et des Lettres |
Scènes principales
Les débuts
Née à Buenos Aires, Ludmila Pagliero est issue d'une famille d'origine italienne, espagnole, tchèque et mapuche.
Elle a grandi dans le quartier de Palermo, à Buenos Aires, où son père était électricien et sa mère masseuse[1].
C'est parce que Ludmila ressentait une « envie de bouger », comme elle le déclara à sa mère à l'âge de 7 ans, que cette dernière l'inscrivit à un cours de danse classique[2].
Cette première expérience la déçoit. Ludmila décrit notamment une professeur assez âgée, qui utilisait un « bâton pour nos jambes » et l'absence de piano. Sa mère a alors l'idée de l'inscrire à un cours de jazz et là , « c'est le bonheur »[3].
La professeur lui trouve des prédispositions, de l'aisance et de la rapidité. Elle encourage Ludmila à retourner vers la danse classique dans la classe d'une autre professeur, pour y apprendre les bases et parce que c'est un bon complément pour la danse contemporaine[2].
C'est lors de cette seconde expérience de danse classique que Ludmila va « tomber amoureuse de cet art »[2] - [4].
Cette nouvelle professeur suggère alors à ses parents de lui faire passer les auditions pour intégrer l'Instituto Superior de Arte du Teatro Colón de Buenos Aires. Sa famille n'a aucune expérience de la danse, mais accepte tout de même de retirer le dossier et de la laisser s'engager dans cette voie.
Ludmila n'a que six mois d'expérience en danse classique et dispose de seulement trois mois pour se préparer et apprendre les pas mais aussi le vocabulaire. Malgré son retard par rapport aux autres candidates qui ont pour la plupart deux ou trois ans de pratique, Ludmila relève le défi : elle intègre l'Instituto dès sa première tentative en 1993 à l'âge de 10 ans[1] - [2].
De Buenos Aires Ă Santiago
Ă€ l'Instituto Superior de Arte du Teatro ColĂłn, Ludmila Pagliero recevra l'enseignement de professeurs de renom : Rina Valverde, Mario Gallizzi, Andrea Bengochea, HĂ©ctor Barriles, Mirta Furioso et Olga Ferri[5].
« Tous mes rêves de danseuse sont nés au Teatro Colón », dit Ludmila de cette époque[4].
Pourtant, cela faisait déjà plusieurs années que le ballet du Teatro Colón n'offrait aucune place de danseur[2].
En 1999, Ricardo Bustamante, le directeur artistique du ballet du Teatro Colón et actuel maître de ballet et assistant de la direction artistique du San Francisco Ballet[6], quitta ce dernier pour prendre la direction du ballet du Teatro Municipal de Santiago au Chili[1].
Ludmila Pagliero avait assuré quelques remplacements au sein du ballet du Teatro Colón au cours desquels Ricardo Bustamante avait eu l'occasion de la repérer. Il lui propose alors un contrat d'un an dans le corps du ballet de Santiago. Impatiente de monter sur scène, elle accepte immédiatement son offre, sans même demander l'autorisation de ses parents[2]. Elle a alors 15 ans et demi[3].
Ludmila Pagliero quitte l'Argentine et sa famille, ce qu'elle qualifie aujourd'hui de décision la « plus difficile »[4], et s'installe à Santiago. Au prix d'un travail quotidien acharné, de 9 heures du matin à 10 heures du soir[7], elle y sera promue soliste deux ans plus tard, à l'âge de 17 ans, et dansera les rôles principaux notamment la princesse Aurore dans La Belle au bois dormant de Peter Wright et le premier rôle dans Thème et Variations de George Balanchine[1].
New York International Ballet Competition
Début 2003, Ricardo Bustamante quitte le Teatro Municipal de Santiago et le ballet reste sans directeur artistique. Un ami français lui parle alors de la New York International Ballet Competition.
Ludmila Pagliero décide d'y tenter sa chance[8]. La préparation dure un mois en studio à New York, réuni avec l'ensemble des candidats, pour présenter un solo libre et trois pas de deux[2].
À l'issue du mois de préparation, au cours duquel elle se souvient s'être beaucoup amusée[2], Ludmila Pagliero remporte la médaille d'argent de la New York International Ballet Competition[9], ainsi que le Prix Igor Youskevitch[10] qui lui donne droit à un contrat d'un an avec l'American Ballet Theatre[1].
Concours du ballet de l'Opéra national de Paris
Le même ami lui parle alors du concours du ballet de l'Opéra national de Paris.
Elle décide de le passer, sans illusion, pour mettre « les pieds au moins une fois dans ma vie à l'Opéra », « berceau historique de la danse classique ». Le concours exigeait la présentation d'une variation imposée du Lac des cygnes (Rudolf Noureev). Arrivée quelques jours avant le concours, son ami français lui présente une danseuse du ballet de l'Opéra national de Paris. Celle-ci lui montre la variation en un quart d'heure, sur un coin de trottoir devant le Palais Garnier.
Le lendemain, Ludmila présente sa variation. Afin de faire baisser la pression, elle se répète que, de toute façon, personne ici ne la connaît et que tout le monde l'aura oubliée dans quelques jours[2]. Elle n'est finalement pas admise comme titulaire et pense que c'est la fin de l'histoire avec Paris[1].
De retour en Argentine, quelques semaines plus tard, alors qu'elle s'apprêtait à quitter son domicile pour effectuer les formalités d'obtention du visa de travail à l'ambassade américaine de Buenos Aires en vue de rejoindre l'American Ballet Theater, le téléphone sonne. L'Opéra national de Paris lui propose alors un contrat de trois mois au sein du corps de ballet pour le spectacle Ivan le Terrible (Iouri Grigorovitch), à l’Opéra Bastille, offre à prendre ou à laisser[2] - [7].
Les débuts à Paris
Ludmila décide immédiatement de rejoindre la France, sans hésiter à se retrouver au niveau du corps de ballet, alors qu'elle dansait déjà des rôles d'étoile au Chili et quand bien même elle ne parlait pas la langue française.
Ascension dans le ballet de l'Opéra national de Paris
En , elle passe avec succès le concours et elle est alors titularisée comme quadrille (premier échelon) du corps du Ballet de l'Opéra national de Paris[2].
Ludmila Pagliero gravit en , le deuxième échelon de la compagnie en passant coryphée. À partir de ce moment-là , elle évolue rapidement et devient sujet (troisième échelon) l'année suivante (après avoir présenté des variations extraites de Raymonda et du Lac des cygnes). Ce nouveau titre de sujet lui permettra d'accéder de nouveau, quatre ans après avoir quitté le Chili, aux rôles de premier plan, notamment le rôle-titre de Garance dans Les Enfants du paradis de José Martinez[11].
Elle est reçue comme première danseuse en grâce à des solos tirés d'Other Dances (Jerome Robbins) et de Carmen (Roland Petit). Elle avait travaillé à cette occasion avec Aurélie Dupont, Muriel Zusperreguy et Florence Clerc. Elle se verra remettre le prix Konex de la Fundación Konex la même année[12].
Le grade de première danseuse lui permet dès lors de danser des rôles titres de manière régulière : elle incarne ainsi le personnage de Clara dans Casse-noisette (Rudolf Noureev), dès le mois de décembre 2009 puis celui de Gamzatti dans La Bayadère (Rudolf Noureev) au mois de et celui de l'Étoile dans La Petite Danseuse de Degas de Patrice Bart au mois de [11].
Lors de la saison suivante (2010-2011), elle interprète encore notamment les rôles principaux dans Paquita (Pierre Lacotte) et Le Lac des cygnes (Rudolf Noureev)[11]. En , Jean-Guillaume Bart la choisit pour sa nouvelle production La Source.
Danseuse Ă©toile
Le , l'Opéra national de Paris se trouva confronté à un sérieux problème. Dorothée Gilbert qui était prévue dans le rôle de Gamzatti dans La Bayadère (Rudolf Noureev) à l'Opéra Bastille annonça qu'elle était blessée et toutes celles qui auraient dû normalement la remplacer étaient également indisposées ou blessées. De surcroît, le spectacle devait être diffusé en direct dans de nombreux cinémas européens.
Ludmila Pagliero avait déjà interprété le rôle deux ans auparavant. Mais elle ne l'avait pas répété depuis. Elle était en outre à ce moment déjà distribuée dans deux autres productions, Appartement (Mats Ek) et Dances at a Gathering (Jerome Robbins) à l'Opéra Garnier. Laurent Hilaire (ancien danseur étoile et à l'époque maître de ballet de la compagnie) vint trouver Ludmila pour lui demander si elle se sentait en mesure d'assurer le remplacement le soir même. Après une rapide répétition avec Josua Hoffalt (Solor) et Aurélie Dupont (Nikiya), Ludmila accepta de relever le défi[2].
À la fin de la représentation, avant le baisser de rideaux, Brigitte Lefèvre, à l'époque directrice du ballet, entra sur scène et annonça qu'elle avait l'honneur de nommer Ludmila Pagliero étoile en raison « de son talent et de son courage artistique »[2].
Ludmila Pagliero est la première danseuse non-européenne à recevoir le titre d'étoile[4] - [13] - [14] ; c'est également l'une des rares danseuses à avoir été admise au Ballet de l'Opéra national de Paris sans avoir été formée dans son école de danse[1].
Sur scène
Ludmila Pagliero poursuit sa carrière de danseuse étoile à l'Opéra national de Paris où elle est appelée à jouer de nombreux rôles titres sur des pièces tant classiques : Carmen (Roland Petit), Kitri dans Don Quichotte (Rudolf Noureev), Tatiana dans Onéguine (John Cranko), Le Palais de Cristal (en) (George Balanchine), Agon (George Balanchine), Dances at a Gathering (Jerome Robbins), etc. ; que contemporaines : Appartement et La Maison de Bernarda Alba (Mats Ek), Rain (Anne Teresa De Keersmaeker), Hark! (Emanuel Gat), etc.[11]
Elle est régulièrement invitée pour des tournées et des galas internationaux, notamment au Théâtre Bolchoï (Moscou)[15], celui du Mariinsky (Saint-Pétersbourg)[16], à l'Abay National Theatre and Opera House (Almaty) ou encore à l'Opéra et Ballet national de Lituanie[17].
Saison 2014-2015
Ludmila Pagliero a interprété au cours de la saison 2014-2015 La Source (Jean-Guillaume Bart) avec Karl Paquette au mois de novembre et décembre.
Elle est à présent attendue pour[18] :
- Casse-noisette (Rudolf Noureev) en Clara au mois de décembre avec Mathieu Ganio (Le Prince / Drosselmeyer) ;
- RĂ©plique (Nicolas Paul) au mois de janvier ;
- Le Lac des cygnes (Rudolf Noureev) en Odette/Odile avec Mathias Heymann (Siegfried) et François Alu (Rothbart) au mois de mars ;
- L'Histoire de Manon (Kenneth McMillan) avec Florian Magnenet (Des Grieux) et Audric Bezard (Lescaut, Frère de Manon) au mois d'avril ;
- Paquita (Pierre Lacotte) en Paquita au Royal Danish Theater au mois de mai ;
- Les Enfants du paradis (José Martinez) en Garance également au mois de mai.
Elle s'est par ailleurs rendue au début du mois de janvier à Dubaï avec Karl Paquette et une dizaine d'autres danseurs du Ballet de l'Opéra national de Paris pour un gala intitulé Soloists from the Paris Opera Ballet organisé par la Dubaï Dance Academy où ils ont interprété un certain nombre de pièces du répertoire de l'Opéra.
RĂ©pertoire
- Ballet de Santiago du Chili
- La Belle au Bois dormant : Aurore / Peter Wrigth
- Giselle : Myrtha / Ivan Nagy
- Casse-noisette : la Fée Dragée, la Reine des Neiges / Ricardo Bustamante
- Le Corsaire : Gulnare / Ricardo Bustamante
- A Midsummer Night's Dream : Hippolyte, Helena / George Balanchine
- Don Quichotte : Mercedes, Dulcinée / Jaime Pinto
- Theme and Variations de George Balanchine
- Serenade de George Balanchine
- In the Night de Jerome Robbins
- Le Sacre du printemps de Glen Tetley
- Ballet de l'Opéra de Paris[11]
- Casse-noisette : Clara, Danse arabe, La Pastorale / Rudolf Noureev
- Le Lac des cygnes : Odette/Odile / Rudolf Noureev
- La Belle au bois dormant : Aurore / Rudolf Noureev
- La Bayadère : Gamzatti, Première Variation de l'Ombre / Rudolf Noureev
- Giselle : Myrtha, Pas de deux des Vendangeurs, une Wili / Rudolf Noureev
- Cendrillon : l'Hiver, l'une des deux sœurs / Rudolf Noureev
- Carmen : Carmen / Roland Petit
- Le Loup : la Jeune fille / Roland Petit
- Proust ou les Intermittences du cœur : Pas de deux en blanc / Roland Petit
- Paquita : Paquita / Pierre Lacotte
- La Sylphide : la Sylphide / Pierre Lacotte
- Les Enfants du paradis : Garance, Rigolette / José Martinez
- Serait-ce la Mort ? : la Mort / Maurice BĂ©jart
- La Dame aux camélias : Prudence, Manon / John Neumeier
- La Petite Danseuse de Degas : l'Étoile / Patrice Bart
- La Source : La Source / Jean-Guillaume Bart
- Rain : Rosalba / Anne Teresa De Keersmaeker
- La Maison de Bernarda Alba : la Sœur Aînée / Mats Ek
- Appartement : Grand Pas de Deux / Mats Ek
- Dances at a Gathering : Demoiselle en Rose / Jerome Robbins
- Serenade de George Balanchine
- Palais de Cristal : rôle-titre premier mouvement, rôle-titre Deuxième Mouvement, rôle-titre Troisième Mouvement / George Balanchine
- Agon : Pas de Deux / George Balanchine
- Jewels : Diamants / George Balanchine
- Apollon Musagète : Polymnie / George Balanchine
- Onéguine : Tatiana / John Cranko
- Amoveo de Benjamin Millepied
- Ballet du Théâtre Mariinsky[19]
- La Sylphide : La Sylphide / Auguste Bournonville (30 mai 2014)
Notes et références
- (en) « Capturing Paris - Ludmila Pagliero, the Paris Opéra Ballet’s newest étoile, has a bona fide Cinderella story » [archive du ], sur Pointe Magazine, (consulté le )
- « Confession d'une Danseuse Etoile », sur Grazia Magazine, (consulté le )
- « Rencontre avec Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt », sur Les Chroniques d'un Petit Rat Parisien, (consulté le )
- « Ludmila Pagliero débute comme danseuse étoile ce lundi soir », sur France TV Info - Culture Box, (consulté le )
- « Ludmila Pagliero », sur Stage de Danse - Marie Doutrepont (consulté le )
- (en) « Artistic Staff: San Francisco Ballet », sur San Francisco Ballet (consulté le )
- (es) « Ludmila Pagliero - Una Argentina en el Ballet de la Opera de ParĂs » [archive du ], sur Balletin Dance - La Revista Argentina de Danza, (consultĂ© le )
- (en) « NYIBC Class of 2003 » [PDF], sur New York International Ballet Competition (consulté le )
- (en) « NYIBC 2003 », sur New York International Ballet Competition (consulté le )
- (en) « NYIBC 1996 », sur New York International Ballet Competition (consulté le )
- « Memopera - Ludmila Pagliero », sur Memopera - Toute la programmation lyrique et chorégraphique du Palais Garnier, de la grande salle de l'Opéra Bastille et de la Salle Favart depuis 1980 (consulté le )
- (es) « Ludmila Pagliero - Fundación Konex », sur Fundación Konex, (consulté le )
- (en) « French Ballet company broadens its scope », sur SBS Television, (consulté le )
- (es) « La France a sus pies », sur Cronista Comercial, (consulté le )
- (en) « Paquita », sur Bolshoi (consulté le )
- (en) « La Sylphide », sur Mariinsky Theatre (consulté le )
- (en) « New Year's Gala Evening », sur Lithuanian National Opera and Ballet Theater (consulté le )
- « Saison 2014-2015 - Ballet », sur Opéra national de Paris (consulté le )
- (ru) « Lumila Pagliero (Opéra de Paris) », sur http://mariinsky.tv/, (consulté le )
Liens externes
- Site officiel
- Fiche de Ludmila Pagliero sur le site de l'Opéra national de Paris
- Fiche de Ludmila Pagliero sur MEMOPERA, les archives de toute la programmation lyrique et chorégraphique du Palais Garnier, de la grande salle de l'Opéra Bastille et de la Salle Favart depuis 1980
- Ludmila Pagliero, naissance d'une danseuse étoile, vidéo, 2 min 03