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La Belle au bois dormant (ballet)

La Belle au bois dormant (en russe : Спящая красавица / Spiachtchaïa krassavitsa) est un ballet en un prologue, trois actes et cinq tableaux représenté pour la première fois le au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, avec une chorégraphie de Marius Petipa et sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski (opus 66), inspiré du conte de Charles Perrault et des frères Grimm[1].

La Belle au bois dormant
Image illustrative de l’article La Belle au bois dormant (ballet)
La première représentation du ballet de Tchaïkovski au Théâtre Mariinsky le

Genre Ballet
Nb. d'actes 3
Musique Piotr Ilitch Tchaïkovski
Sources littéraires La Belle au bois dormant, conte de Charles Perrault
Durée approximative 2 h 30 min
Dates de composition 18881889
Partition autographe Bibliothèque du Théâtre Mariinsky, Saint-Pétersbourg
Création
Théâtre Mariinsky, Saint-Pétersbourg
Représentations notables

Historique

Il existait déjà une version de Jean-Pierre Aumer représentée pour la première fois le à l'Opéra de Paris, sur une musique de Ferdinand Herold et un livret d'Eugène Scribe. Dans cette version, Marie Taglioni tenait le rôle d'une naïade, tandis que Lise Noblet remplissait celui d'Iseult.

La version de Tchaïkovski est un hommage à la France de l'Ancien Régime (la musique de l'apothéose sans parole, qui n'est donc pas un hymne, elle-même et qui clôt le ballet n'est autre qu'une variation sur la chanson Vive Henri IV ! composée par le maître de chapelle Eustache Du Caurroy sur une mélodie empruntée à un ancien noël populaire présent dans le recueil de Christophe de Bordeaux (1581) et réutilisée également dans un bransle coupé de l'Orchésographie de Thoinot Arbeau (1588) datant d'avant l'avènement d'Henri IV, puis devenue un des hymnes de circonstance de la royauté) dans laquelle Marius Petipa inscrit des mouvements d'ensemble construits avec rigueur, et des pas de solistes brillants qui figurent parmi les morceaux les plus accomplis du répertoire classique. Ce ballet s'est d'ailleurs imposé comme son chef-d'œuvre.

Composition

Fichier audio
Ouverture de La Belle au bois dormant de Tchaïkovski, Pierre Monteux dirigeant l'Orchestre symphonique de Londres (DECCA, 1958).
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Le , le directeur des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg, Ivan Vsevolojski, fit part à Tchaïkovski d'une idée au sujet d'un ballet basé sur le conte de La Belle au bois dormant de Charles Perrault. Tchaïkovski n'eut pas la moindre hésitation et accepta la mission, malgré le peu de succès de son précédent ballet, Le Lac des cygnes. Le scénario qui fut donné à Tchaïkovski pour qu'il compose était basé sur la version des Frères Grimm du conte, intitulée Dornröschen, dont la fin diffère avec les parents de la Princesse (le Roi et la Reine) ayant survécu aux cent ans de sommeil pour célébrer le mariage de leur fille. Vsevolojski ajouta des personnages d'autres contes dans le troisième acte.

Le chorégraphe Marius Petipa écrivit une liste d'instructions détaillées concernant les morceaux dont il avait besoin. Tchaïkovski travailla chez lui à Frolovskoe, où il commença quelques esquisses durant l'hiver de 1888, et l'orchestration de l'œuvre le .

Le ballet met indéniablement en évidence le conflit entre le Bien (la fée des Lilas) et le Mal (la fée Carabosse), représentés chacun par un leitmotiv repris plusieurs fois au cours du ballet, servant de fil conducteur à l'intrigue sous-jacente. Ces deux leitmotivs ne réapparaissent plus dans le troisième acte, pour laisser place aux danses des nombreux personnages. Le tsar Alexandre III et sa famille assistèrent à l'une des répétitions générales du ballet. Avant de partir, le tsar fit la simple remarque « très joli », qui sembla avoir irrité Tchaïkovski, qui s'était attendu à une réponse plus favorable.

Le ballet fut représenté pour la première fois le au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg, où il reçut un accueil plus favorable que Le Lac des cygnes auprès de la presse, mais Tchaïkovski n'eut pas la satisfaction de voir le succès immédiat de son œuvre dans les théâtres hors de Russie. Il meurt en 1893.

En 1903, le ballet est classé deuxième des ballets les plus représentés du répertoire du Ballet impérial (derrière La Fille du Pharaon de Cesare Pugni et Marius Petipa) et a été représenté environ 200 fois en dix ans.

La Belle au bois dormant est le ballet le plus long de Tchaïkovski : il dure presque quatre heures et est donc souvent abrégé lors des représentations.

Orchestration

Instrumentation de La Belle au bois dormant
Cordes
Premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses, 1 harpe, 1 piano
Bois
1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes (en si bémol et la), 2 bassons
Cuivres
4 cors (en fa), 2 cornets (en si bémol et la), 2 trompettes (en si bémol et la), 3 trombones (2 ténors et 1 basse), tuba
Percussions
timbales, cymbales, grosse caisse, caisse claire, tambourin, triangle, tam-tam, glockenspiel

Rôles

Représentation

Carlotta Brianza et Paul Gerdt lors de la représentation de 1890 au Mariinsky
Première de Saint-Pétersbourg (Première mondiale)
Première de Moscou
Interprètes originaux
Rôle Saint-Pétersbourg 1890 Moscou 1899
Florestan XIV Feliks Krzesinski
La Reine Giuseppina Cecchetti
Princesse Aurore, la Belle au bois dormant Carlotta Brianza Lioubov Roslavleva
Fée des lilas Marie Petipa M. Gratchevskaïa
Fée Carabosse Enrico Cecchetti Vassili Helzer
Prince Désiré Pavel Gerdt Ivan Khlioustine
L'Oiseau bleu Enrico Cecchetti
Princesse Florine Varvara Nikitina
Fée Canari Anna Johansson

Synopsis

L'histoire du ballet n'est pas exactement la même que celle du conte La Belle au bois dormant.

Prologue

Le roi Florestan XIV et sa femme, la reine, déclarent qu'il y aura un baptême en l'honneur de la naissance de leur fille Aurore. Toutes les fées du royaume sont conviées et apportent chacune leur don pour la princesse. Alors que les fées lui offrent la beauté, la générosité et la grâce, elles sont interrompues par l'arrivée inattendue de l'horrible et méchante fée Carabosse, furieuse de ne pas avoir été invitée au baptême. Avec malveillance et rage, elle jette une malédiction sur la princesse Aurore : Avant l'aube de ses 16 ans, elle se piquera au doigt et en mourra. Heureusement, la Fée des lilas n'avait pas encore offert son don à la princesse. Le pouvoir de la fée Carabosse est trop grand pour qu'elle puisse annuler la malédiction. Néanmoins, elle annonce que la princesse se piquera le doigt, certes, mais qu'elle ne mourra pas : elle sera plongée dans un profond sommeil de cent ans et sera réveillée par le baiser d'un prince.

Acte I

C'est le seizième anniversaire de la princesse Aurore. Elle reçoit des cadeaux et des roses. Mais accidentellement, elle se pique en tenant un bouquet que Carabosse a ensorcelé.

La maudite fée apparaît un court instant puis disparaît à nouveau devant les yeux ébahis et horrifiés des invités. Au même moment, la Fée des lilas apparaît comme promis. Aurore est transportée dans un brancard. La princesse et la cour dormiront pendant cent ans jusqu'à l'arrivée d'un prince. Le château se couvre de ronces, la forêt l'entourant devient impénétrable, tout ceci sous les yeux de la Reine, du Roi et de la Fée des lilas.

Acte II

Cent ans plus tard, le Prince Désiré, allant chasser en forêt avec ses compagnons, a soudain une vision d'Aurore et charmé par sa beauté, supplie la Fée des lilas de l'emmener voir la princesse Aurore : elle y consent. Le prince découvre le château, envahi par les ronces et les vignes. Il réveille la princesse Aurore d'un baiser, lui déclare son amour et la demande en mariage.

Acte III

On fête le mariage. Les fées sont invitées. D'autres personnages (comme le Chat botté, ou Cendrillon) sont présents. Le prince et la princesse sont mariés, bénis par la Fée des lilas. Le ballet se termine avec une apothéose.

Programme du ballet de Tchaïkovski

Introduction
Prologue
1. Marche
2. Scène dansante
3. Pas de six
I. Candide
II. Coulante et Fleur de farine
III. Miettes qui tombent
IV. Canari qui chante
V. Violente
VI. La Fée des lilas
Coda
4. Scène finale
Acte I
5. Scène
6. Valse
7. Scène
8. Pas d'action
I. Adagio
II. Danse des demoiselles d'honneur et des pages
III. Variation d'Aurore
Coda
9. Scène finale
Acte II
10. Entracte et scène
11. Colin-Maillard
12. Scène
I. Danse des duchesses
II. Danse des baronnes
III. Danse des comtesses
IV. Danse des marquises
13. Farandole
I. Scène
II. Danse
14. Scène
15. Pas d'action (Scène d'Aurore et de Désiré)
I. Adagio-allegro
II. Variation d'Aurore
Coda
16. Scène
17. Panorama
18. Entracte
19. Entracte symphonique (Le Sommeil) et scène
20. Finale
Acte III
21. Marche
22. Polacca
23. Pas de quatre
I. La fée-Or
II. La fée-Argent
III. La fée-Saphir
IV. La fée-Diamant
Coda
24. Pas de caractère (Le Chat botté et la Chatte Blanche)
25. Pas de quatre (Cendrillon, le Prince Fortuné, l'Oiseau Bleu et la Princesse Florine)
I. Cendrillon et Fortuné
II. L'oiseau Bleu et La Princesse Florine
Coda (plus connu sous le nom du Pas de deux de l'Oiseau Bleu)
26. Pas de caractère (Le Petit Chaperon Rouge et le Loup, Cendrillon et Fortuné)
27. Pas berrichon (Le Petit Poucet, ses frères et l'Ogre)
28. Pas de deux
I. Entrée
II. Adagio
III. Desiré
IV. Aurore
Coda
29. Sarabande
30. Finale et apothéose[2]

Programme original

Les titres sont ceux du scénario original de Petipa et du libretto de 1890.

Prologue — Le baptême de la Princesse Aurore
1-a. Introduction
1-b. Marche de salon
2-a. Entrée des fées
2-b. Scène dansante
3. Grand pas ensemble (Pas de six)
I. Grand adage suave ; Petit allégro
II. Variation - Candide
III. Variation - Coulante ; Fleur de farine
IV. Variation - Miettes qui tombent
V. Variation - Canari qui chante
VI. Variation - Violente ; échevelée
VII. Variation - La Fée des lilas ; voluptueuse
Coda générale
4. Scène et final
a. Entrée de Carabosse
b. Scène mimique de Carabosse
c. Scène mimique de la Fée des lilas
Acte I — Les Quatre Fiancés de la Princesse Aurore
5-a. Introduction
5-b. Scène des tricoteuses
6. Grande valse villageoise (La valse des guirlandes)
7. Entrée d'Aurore
8. Grand pas d'action
a. Grand adage à la rose (L'introduction à la harpe a été rallongée par Riccardo Drigo à la demande de Petipa)
b. Danse des demoiselles d'honneur et des pages
c. Variation d'Aurore (La fin du morceau fut modifiée par Riccardo Drigo à la demande de Petipa)
d. Coda
9. Scène et final
a. La danse d'Aurore avec le fuseau
b. Le charme
c. L'arrivée de la Fée des lilas
Acte II (scène 1) — La Chasse du Prince Désiré
10-a. Entr'acte
10-b. Scène de la chasse royale
11. Colin-Maillard
12. Danses des demoiselles nobles
a. Scène
b. Danse des duchesses
c. Danse des baronnes (Coupée par Petipa de la représentation originale)
d. Danse des comtesses (Coupée par Petipa de la représentation originale)
e. Danse des marquises (Coupée par Petipa de la représentation originale)
13. Coda ; Farandole
14-a. Scène et départ des chasseurs
14-b. Entrée de la Fée des lilas
15. Pas d'action
a. Entrée de l'apparition d'Aurore
b. Grand adage suave (L'introduction à la harpe fut rallongée par Riccardo Drigo à la demande de Petipa)
c. Valse des nymphes ; Petit allégro coquet
Interpolation : 4 mesures de transition à la fin de 15-c composées par Riccardo Drigo pour introduire la variation de Brianza
Interpolation : Variation de Mlle. Brianza (23-b Variation de la fée-Or de l'acte III)
c. Variation d'Aurore (Coupée par Petipa de la représentation originale)
d. Petite coda
16. Scène
17. Panorama
Interpolation : 3 mesures de transition à la fin de 17 composées par Tchaikovsky pour introduire 19, car 18 fut coupé de la représentation originale
18. Entr'acte symphonique (Coupé par Petipa de la représentation originale)
Acte II (scène 2) — Le Château de la Belle au Bois Dormant
19. Scène du château dans le sommeil
20. Scène et final ; Le réveil d'Aurore
Acte III — Les Noces de Désiré et d'Aurore
21. Marche
22. Grande polonaise dansée (La Procession des Contes de Fées) ; Grand divertissement
23. Pas de quatre
I. Entrée
II. Variation de la fée-Or (Transférée par Petipa à l'acte II pour la Variation de Carlotta Brianza dans la représentation originale)
III. Variation de la fée-Argent (Changée par Petipa dans la représentation originale ; Pas de trois pour les Fées d'Or, d'Argent et de Saphir)
IV. Variation de la fée-Saphir (Coupée par Petipa de la représentation originale)
V. Variation de la fée-Diamant
Coda
Interpolation : Entrée de chats ; Introduction de 10 mesures composée par Tchaikovsky pour 24
24. Pas de caractère ; Le Chat botté et la Chatte Blanche
25. Pas de quatre (Changé par Petipa dans la représentation originale ; Pas de deux de l'Oiseau Bleu et la Princesse Florine)
a. Entrée
b. Variation de Cendrillon et Prince Fortuné (Changée par Petipa dans la représentation originale ; Variation de l'Oiseau Bleu)
c. Variation de l'Oiseau Bleu et la Princesse Florine (changée par Petipa dans la représentation originale ; Variation de la Princesse Florine)
d. Coda
26. Pas de caractère ; Le Petit Chaperon Rouge et le Loup
Interpolation : Pas de caractère ; Cendrillon et Prince Fortuné
27. Pas berrichon ; Le Petit Poucet, ses frères et l'Ogre
28. Grand pas de deux classique
a. Entrée
b. Grand adage
c. Variation du Prince Désiré
d. Variation d'Aurore (Modifiée par Riccardo Drigo pour la représentation originale à la demande de Petipa)
e. Coda
29. Sarabande ; quadrille pour Turcs, Éthiopiens, Africains et Américains
30-a. Coda générale
30-b. Apothéose ; Apollon en costume de Louis XIV, éclairé par le soleil entouré des fées

Extraits vidéo

Acte III de la reconstitution de la représentation originale de 1890 de Petipa par le Kirov/Mariinsky.

Voir aussi

Annexes

Notes et références

  1. Encyclopaedia Universalis, La Belle au bois dormant (chorégraphie Marius Petipa - 1890), coll. « Les Fiches Spectacle d'Universalis », , 25 p. (ISBN 978-2-341-00508-1, lire en ligne)
  2. L'apothéose est une variation orchestrale sur l'un des airs populaires les plus célèbres de la monarchie d'Ancien régime : Vive Henri IV

Articles connexes

Liens externes

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