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Louis de Beaufront

Louis de Beaufront, né le à Paris et mort le à Marestmontiers, de son vrai nom Louis EugÚne Albert Chevreux, est un espérantiste français et l'un des créateurs de l'ido.

Louis de Beaufront
Louis de Beaufront en 1925.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nom de naissance
Louis EugĂšne Albert Chevreux
Nationalités
Activités
Linguiste, idiste, espérantiste, espérantologue
Autres informations
Membre de
ComitĂ© linguistique d’espĂ©ranto (d)
Espéranto-France
Enregistrement vocal
signature de Louis de Beaufront
Signature

Biographie

La vie de Louis de Beaufront est mal voire non documentĂ©e[1]. Il semble avoir menti sur plusieurs points : il a affirmĂ© avoir des origines nobles anglaises, il a cachĂ© son vĂ©ritable nom et s’est dotĂ© seul d’un titre de noblesse, il a affirmĂ© avoir vĂ©cu en Inde[1].

Jeunesse

Louis de Beaufront nait le dans le 3e arrondissement de Paris[2], de Louise Armande Rose Chevreux, lavandiĂšre[1] - [3], et d’un pĂšre inconnu[2] - [1]. Il a deux petites sƓurs[1]. Le [3] - [4], Ă  la mort de sa mĂšre, il devient orphelin[4]. À partir de 1869[4], il commence ses Ă©tudes Ă  l’universitĂ© catholique de Louvain[1], oĂč il Ă©tudie la philosophie et le latin[4]. En 1874[4], Ă  l’ñge de 27 ans[5], il commence Ă  travailler comme enseignant privĂ©[4]. Le [4], il est inscrit pour rejoindre l’armĂ©e[4]. Toutefois, la visite mĂ©dicale du le juge inapte Ă  cause de sa myopie, sa frĂ©quence cardiaque et sa bronchite chronique[4]. En 1876, il contracte la fiĂšvre typhoĂŻde[4].

Origine du nom

En 1882[4], il devient enseignant privĂ© de la famille Bertrand Ă  Rumont[1] - [4]. Le , il est le parrain de Robert Louis Marie Lucien HĂ©zard, lors du baptĂȘme de l’enfant[4] - [2]. Louis de Beaufront signe l’acte de baptĂȘme avec « Mquis L. Chevreux de Beaufront »[2] - [4]. Il s’agit de la premiĂšre trace Ă©crite de l’utilisation du titre de marquis et du nom « de Beaufront »[4]. Un des membres de la famille Bertrand explique l’origine du nom[4] : au dĂ©but de l’annĂ©e 1887, lors d’un voyage en train, Louis de Beaufront aurait passĂ© la tĂȘte par la fenĂȘtre pour admirer le paysage. La perruque qu’il portait pour cacher sa calvitie se serait alors envolĂ©e, rĂ©vĂ©lant un crĂąne dĂ©garni. Les personnes voyageant avec lui se seraient alors moquĂ©s de ce beau front dĂ©garni[6].

DĂ©couverte de l’espĂ©ranto et prosĂ©lytisme

PremiĂšre sĂ©rie de l’Adresaro.

Alors qu’il est Ă  Antibes[6], au printemps 1888[6], Louis de Beaufront dĂ©couvre et apprend l’espĂ©ranto[1] - [6], moins d’un an aprĂšs la parution du premier livre sur l’espĂ©ranto. L’annĂ©e suivante, en 1889, son nom apparait dans l’Adresaro de la Esperantistoj (eo), annuaire contenant les adresses des espĂ©rantophones dĂ©clarĂ©s[6]. Il y est indiquĂ© qu’il loge toujours Ă  Rumont[6]. Il est difficile de savoir si Louis de Beaufront est le premier locuteur de l’espĂ©ranto[7]. En effet, il dispute ce titre avec diverses personnes, comme Auguste Demonget ou RaphaĂ«l Blanchard[7]. Par contre, il est vraisemblablement le premier espĂ©rantiste français de l’histoire, c’est-Ă -dire le premier français Ă  promouvoir l’usage de l’espĂ©ranto[1] - [7]. Selon ses propres mots, il aurait abandonnĂ© son projet personnel de langue, nommĂ©e Adjuvanto[1] - [7]. Toutefois, aucun document ne permet de confirmer qu’il a travaillĂ© sur un tel projet[1].

Il travaille comme enseignant privĂ© chez le comte de LavalliĂšre Ă  Saint-Sulpice-la-Pointe[1] et le comte de Maigret Ă  Épernay[1].

Son implication pour l’espĂ©ranto est importante[8]. Il collabore Ă  la revue La Esperantisto[1]. Il recrute des abonnĂ©s pour la revue et des promesses pour l’Adresaro[1].

En 1893, il propose l’étoile verte comme symbole de l’espĂ©ranto[1]. En 1892, il rĂ©Ă©crit la Unua Libro en français[1], et en 1893, il traduit un livre de prĂȘche et l’édite sous l’imprimatur de l’archevĂȘque de Reims[1].

PĂ©riode française de l’espĂ©ranto

Louis de Beaufront vers 1900.

Lorsque les mouvements espĂ©rantistes russes et allemands perdent en vitesse, il crĂ©e en janvier 1898, sous les conseils de Zamenhof, la SociĂ©tĂ© Parisienne de Propagation de l’EspĂ©ranto (SPPE), qui deviendra plus tard la SociĂ©tĂ© Française pour la Propagation de l’EspĂ©ranto (SFPE)[1], ancĂȘtre de l’actuelle EspĂ©ranto-France. Il crĂ©e Ă©galement L’EspĂ©rantiste, journal associĂ© Ă  la SPPE[1]. Il recrute alors plusieurs français cĂ©lĂšbres et influents[1]. GrĂące Ă  sa propagande ciblĂ©e, le SPPE et l’EspĂ©rantiste grandissent et s’internationalisent rapidement[1]. Pour ces raisons, Louis de Beaufront est nommĂ© « le deuxiĂšme pĂšre de l’EspĂ©ranto »[1].

Selon un contrat spĂ©cial conclu en 1901, il reprĂ©sente Zamenhof auprĂšs d’Hachette[1]. Il Ă©crit plusieurs livres d’apprentissage, ainsi que des livres sur les langues, dont la premiĂšre vraie grammaire de l’espĂ©ranto : Commentaire sur la Grammaire de la Langue Internationale Esperanto, en 1900, qui seront plusieurs fois rĂ©Ă©ditĂ©s et traduits dans plusieurs langues[1].

Lingva Komitato en 1907 (Louis de Beaufront est sur la troisiĂšme ligne, 5e en partant de la droite).

Entre 1905 et 1908, il est membre du Lingva Komitato (eo)[1].

Peu Ă  peu, des divergences l'opposĂšrent Ă  Zamenhof, et Ă  la majoritĂ© des espĂ©rantistes français : pour Zamenhof, l'utilisation d'une langue commune n'Ă©tait que l'expression d'un humanisme presque religieux ; pour Louis de Beaufront, l'espĂ©ranto n'Ă©tait qu'un outil : « lingvo kaj religio estas du » (« la langue et la religion sont deux ») ; cette divergence doit se replacer dans le contexte historique de l'Ă©poque oĂč se discutait en France la loi de sĂ©paration des Églises et de l'État. De mĂȘme, d'opinion conservatrice, il apprĂ©ciait peu ceux qui liaient l'espĂ©ranto aux luttes politiques. Des querelles de personnes intervinrent Ă©galement, notamment lorsque des espĂ©rantistes firent annuler un contrat qu'il avait nĂ©gociĂ© avec l'Ă©diteur Hachette. Sous un fallacieux prĂ©texte, il n'assista pas au premier congrĂšs espĂ©rantiste de Boulogne-sur-Mer oĂč fut adoptĂ© le Fundamento de Esperanto, c'est-Ă -dire les rĂšgles intangibles qui garantissent la stabilitĂ© de la langue.

DĂ©lĂ©gation pour l’adoption d’une langue auxiliaire internationale

Il fut nĂ©anmoins dĂ©signĂ© par Zamenhof pour reprĂ©senter l'espĂ©ranto Ă  la « dĂ©lĂ©gation pour l'adoption d'une langue auxiliaire internationale ». Selon le tĂ©moignage du linguiste danois Jespersen, il dĂ©fendit l'espĂ©ranto avec Ă©loquence. Lorsqu'il se rendit compte que la DĂ©lĂ©gation n'adopterait pas l'espĂ©ranto sans modifications, il proposa un projet dĂ©rivĂ©, baptisĂ© ido, quoique certains en aient attribuĂ© la paternitĂ© Ă  Louis Couturat. Il devint membre du ComitĂ© permanent de la DĂ©lĂ©gation qui fut chargĂ© d'Ă©laborer les modifications Ă  l'espĂ©ranto selon les idĂ©es du projet ido. La langue qui rĂ©sulta de ces travaux, bien que trĂšs diffĂ©rente du projet initial ido de Louis de Beaufront, fut nĂ©anmoins, aprĂšs bien des hĂ©sitations, Ă©galement baptisĂ©e ido. Il quitta alors les espĂ©rantistes, et resta idiste jusqu'Ă  la fin de sa vie : son action n'eut pas le mĂȘme succĂšs que pour l'espĂ©ranto, et l'ido n'atteignit pas le mĂȘme nombre de locuteurs que l'espĂ©ranto.

Sa volte-face fut considĂ©rĂ© comme une trahison de la part des espĂ©rantistes, donnant lieu en espĂ©ranto au mot bofrontido (« partisan de Beaufront »), portant le sens de traitre. Il racontait que quand, pendant la guerre, il Ă©tait revenu Ă  sa maison incendiĂ©e par des bombes allemandes, il avait retrouvĂ© au milieu des ruines fumantes un morceau de papier qui n'avait pas brĂ»lĂ© : c'Ă©tait la lettre d'un espĂ©rantiste qui le traitait de « MaĂźtre Aliboron ». Pendant la guerre Ă©galement, il aurait reçu deux fois des lettres de Zamenhof l'engageant Ă  revenir Ă  l'espĂ©ranto.

Fin de vie

Il passe les 27 derniĂšres annĂ©es de sa vie Ă  Grivesnes[1]. Il meurt d’une congestion pulmonaire le Ă  ThĂ©zy-Glimont, dans sa maison rue du Marais[1] - [2]. Son acte de dĂ©cĂšs le nomme « Pierre Josselin GĂ©rald EugĂšne Albert Louis de Beaufront »[2]. Il est enterrĂ© le Ă  Marestmontiers, Ă©galement dans la Somme[1]. Sa tombe ne porte pas de nom, mais seulement la mention « Ci-gĂźt » et un crucifix[9]. Selon Ric Berger, il Ă©tait alors tellement isolĂ© qu'on n'apprit sa mort que par un exemplaire de la revue occidentaliste Cosmoglotta qui fut renvoyĂ©e avec la mention : « dĂ©cĂ©dĂ©, hĂ©ritiers inconnus ».

ƒuvres

En français

  • Langue universelle Esperanto : Manuel complet avec double dictionnaire traduit sur l’ouvrage russe du Dr. L. Zamenhof,
  • Commentaire sur la Grammaire de la Langue Internationale Esperanto, (lire sur Wikisource)
  • Dictionnaire Esperanto-Français,
  • SupplĂ©ment au dictionnaire Esperanto-Français,
  • Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto, (lire sur Wikisource)
  • Texte synthĂ©tique des rĂšgles, prĂ©fixes, suffixes, expressions de l’Esperanto,
  • CorrigĂ© de grammaire et exercice,
  • L’Esperanto seule vraie solution de la Langue internationale auxiliaire,
  • La langue internationale peut-elle ĂȘtre le latin ?,
  • ThĂšmes d’application, lexicologie, syntaxe, formation des mots de l’Esperanto,
  • Structure du dictionnaire Esperanto. RĂ©ponse Ă  beaucoup d’objections,
  • La langue internationale Esperanto : Ses raisons d’ĂȘtre, sa structure, ses services, sa diffusion,
  • CorrigĂ© de l’ “Ekzercaro de la lingvo internacia Esperanto” de L.-L. Zamenhof,
  • Un bien beau leurre. Tre bela tromplogilo : La comprĂ©hensibilitĂ© immĂ©diate dans la langue Internationale,

En espéranto

  • (eo) Preĝareto por katolikoj,
  • (eo) Ekzercoj de aplikado, leksikologio, sintakso, vortfarado Esperantaj,
  • (eo) Louis de Beaufront et Gaston Moch, Pri tri Projektoj prezentitaj al la Boulogne’a Kongreso,
  • (eo) Klariga libreto de l’Delmas’aj helpaj bildoj por la praktika instruado de l’modernaj lingvoj per la senpera metodo kaj bildaro,

Notes et références

  1. Gorecka et Korzhenkov 2018, p. 30.
  2. SAT AMIKARO, « Sep dokumentoj pri la identeco de Bofronto », sur SAT AMIKARO, (consulté le )
  3. « Acte de décÚs no1663, V4E 1031 », p. 11
  4. Amouroux 1988, p. 1.
  5. Lettre à Bourlet du 18 décembre 1901.
  6. Amouroux 1988, p. 2.
  7. (eo) La redakcio, « Louis de Beaufront, la dua patro de Esperanto », sur La Ondo de Esperanto, (consulté le )
  8. Jean-Claude Lescure, « La crĂ©ation d'un rĂ©seau culturel transnational : les dĂ©buts de l'espĂ©ranto », Relations internationales, no 116,‎ , p. 515–533 (ISSN 0335-2013, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. Jossinet 1998.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • (eo) Ivan ChiriaĂŻev, Lajos KökĂ©ny et Vilmos Bleier, Enciklopedio de Esperanto, vol. 1, Budapest, Literatura Mondo, , 271 p.
  • (eo) IstvĂĄn Szerdahelyi, Krestomatio de Esperanta Literaturo, vol. 3,
  • (eo) Jean Amouroux, La Franca Periodo de Esperanto, Eldonejo Ludovikito, , 229 p.
  • (eo) Roland Jossinet, « La franca savinto de Esperanto : Louis de Beaufront », Franca Esperantisto, no 498,‎ , p. 42-48 (lire en ligne AccĂšs libre)
  • (eo) Josip Pleadin, Ordeno de Verda Plumo : Leksikono pri Esperantlingvaj Verkistoj, Đurđevac, Grafokom, , 272 p. (ISBN 953-96975-5-7)
  • (en) Geoffrey Sutton, Concise Encyclopedia of the Original Literature of Esperanto, New York, Mondial, , 728 p. (ISBN 978-1-59569-090-6)
  • (eo) Carlo Minnaja et Giorgio Silfer, Historio de la esperanta literaturo, , 748 p. (ISBN 3-906595-21-8)
  • (eo) Halina Gorecka et Alexander Korzhenkov, Nia diligenta kolegaro, Sezonoj et association lituanienne d’espĂ©ranto, , 320 p. (ISBN 609-95087-6-7), p. 30-31. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

Liens externes

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