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Louis Say

Louis Auguste Say, né le à Lyon et mort le à Paris, est un industriel français. Il est le frère de l'économiste Jean-Baptiste Say (1767-1832).

Plaquette en argent réalisée en 1901 par Oscar Roty pour la raffinerie Say.
Louis Say
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  65 ans)
Paris
SĂ©pulture
Cimetière Saint-Jean d'Elbeuf (d)
Nationalité
Activités
Famille
Père
Jean-Étienne Say (d)
Mère
Françoise Castanet (d)
Fratrie
Jean-Baptiste Say
Jean-Honoré Say (d)
Enfant
Constant André Say (d)

Biographie

Origine familiale

La famille Say est une famille protestante, issue de l'arrondissement de Florac, en Lozère. Elle quitte la région lors de la révocation de l'Édit de Nantes et se réfugie à Genève, dont elle acquiert la bourgeoisie et où naît le père de Louis Say le . Ce dernier s'installe à Lyon où il devient l'employé d'un négociant, Castanet, né de parents protestants de Nîmes et dont il épousera la fille Françoise en 1765. Il pratique alors le négoce de soieries. Louis Say est le cadet de cette famille. Ses frères aînés sont Jean-Baptiste (1767-1832), Denis (1768-1769) et Jean-Honoré dit Horace (1771-1799)[1].

Carrière

D'abord industriel à Abbeville dans une industrie de coton, après la crise cotonnière de 1813, Louis Say se fait recommander par Benjamin Delessert auprès de son cousin Armand qui possède une raffinerie de sucre de canne à Nantes. Gérant associé, puis seul dirigeant, il crée la société « Louis Say et Cie ». Pendant le blocus continental, il comprend l'intérêt de fabriquer du sucre à partir des betteraves, suivant en cela les travaux de Chaptal). Dès la Restauration, avec la reprise du trafic maritime, il fait venir la canne à sucre des Antilles, moins chère, et son entreprise prospère. En 1832, il achète le terrain de la Raffinerie de la Jamaïque alors dans Ivry (partie rattachée à Paris en 1860 et devenue une partie du 13e arrondissement de Paris[1]) derrière la barrière des Deux-Moulins et du village d'Austerlitz, un quadrilatère délimité par les actuelles boulevard Vincent-Auriol, rues Jeanne d'Arc, Clisson et Dunois. Deux à trois tonnes de sucre sortent quotidiennement des chaudrons de la raffinerie dès 1832, et sa réussite en fait une entreprise de taille mondiale avec l'avènement du sucre « indigène » produit de la betterave[2]

Succession

C'est son troisième fils, Constant Say, qui lui succède à la tête de l'entreprise familiale, puis son petit-fils Henry Say, qui délègue en général ses pouvoirs à Ernest Cronier .
Ensemble, ils acquièrent l'usine de la Sarrebourse d'Audeville et Cie, puis s'associent en 1895 à la Sucrerie d'Ardres, Delori & Cie., puis Saint-Just-en-Chaussée en 1900, Estrées Blanche dans le Pas-de-Calais, enfin Abbeville, Coulommiers et Neuilly-Saint-Front en 1904. Mais Ernest Crosnier, après avoir spéculé sur les valeurs de la société, se suicide en 1905 et celle-ci doit se restructurer.

Après la guerre de 1914-1918 subsistent essentiellement Abbeville et Pont-d'Ardres.

La boîte bleue.

S'y ajoute la dernière raffinerie construite par les descendants de Louis Say, ouverte à Nantes en 1934-1935. Cette usine est la dernière raffinerie de sucre de canne bâtie en France. Elle est située au cœur de la ville de Nantes, sur l'île du port autonome faisant face au centre-ville, près du quai Wilson.

La raffinerie fut repeinte en bleu et entièrement modernisĂ©e en 1991, d'oĂą sa nouvelle appellation de « boĂ®te bleue ». En 2008, elle employait environ 200 personnes et produisait aux alentours de 130 000 tonnes de sucre par an, soit environ 600 tonnes par jour.

La raffinerie de Nantes ferme ses portes définitivement en car elle est jugée non rentable[3].

En 1967, la société Ferdinand Béghin prend le contrôle des sucreries Say qui fusionneront en 1973 pour devenir Béghin-Say[4].

Descendance

De ses treize petits-enfants, trois petites-filles s'allièrent avec des membres de l'aristocratie française et espagnole, mais eurent des destins différents :

  • Sa petite-fille aĂ®nĂ©e, Jeanne-Marie Say ( - ), fille de Constant Say, Ă©pousa le , Roland de CossĂ©-Brissac (1843-1871), marquis de Brissac (dont elle eut 2 enfants), puis, veuve Ă  22 ans, le vicomte Christian de TrĂ©dern, dont elle eut trois enfants et divorça. Son premier beau-père lui ayant donnĂ© le château de Brissac (Maine-et-Loire), elle revint y vivre et y crĂ©a un théâtre particulier qui fut inaugurĂ© le et restaurĂ© vers 1983 [5]). Actionnaire majoritaire de la raffinerie familiale mais ne parvenant pas Ă  obtenir des comptes de son directeur gĂ©nĂ©ral, Ernest Crosnier, elle cĂ©da discrètement toutes ses participations deux ans avant sa faillite frauduleuse en 1905, et prĂ©serva ainsi sa fortune et ses biens, dont sa rĂ©sidence angevine de l'Isle-Briand et son hĂ´tel parisien du 14, place VendĂ´me, reçu de son père, que ses hĂ©ritiers vendirent en 1918 Ă  la banque Morgan. Parmi les mots de cette forte personnalitĂ©, on cite sa rĂ©partie Ă  Charles de Morny, demi-frère de NapolĂ©on III, qui venait de tuer un homme en duel et, voyant des gouttes de confiture sur sa robe, lui dit :

« Madame, le sucre tache [claire allusion à la mésalliance commise par son époux] - Moins que le sang, Monsieur[6]. »

  • sa cadette, Baptistine Say ( - ), fille d'Achille-Hippolyte Say, cousine de Jeanne-Marie et Marie Say, Ă©pousa le Ă  Nantes, Henri Louis Marie DieudonnĂ©, comte de Ghaisne de Bourmont, petit-fils du marĂ©chal de Bourmont.
  • sa benjamine, Marie-Charlotte-Constance Say (1857 - 1943), fille de Constant Say, qui acquit Ă  17 ans le , pour 1 706 500 francs-or payĂ©s paraĂ®t-il sur ses Ă©conomies de jeune fille, le château et le domaine de Chaumont (Loir-et-Cher)[7], et Ă©pousa le suivant le prince Henri-AmĂ©dĂ©e de Broglie (1849-1917). Le couple y mena pendant 40 ans un train de vie d'un luxe inouĂŻ, sans entamer pour autant le capital de cette immense fortune. Veuve depuis 1917 et âgĂ©e de 73 ans, le , elle se remaria avec le prince Louis-Ferdinand d'OrlĂ©ans (1888-1945), Infant d'Espagne, qui dilapida son patrimoine, amoindri dès 1905 par le « krach Crosnier », ce qui la contraignit Ă  vendre son hĂ´tel parisien de la rue de SolfĂ©rino et, en 1938, son domaine de Chaumont Ă  l'État pour 1 800 000 francs ; celle qui fut une des femmes les plus riches de France mourut ruinĂ©e Ă  86 ans dans un appartement de la rue de Grenelle Ă  Paris.

Notes et références

  1. Danièle Poublan, Say, S'écrire au XIXe siècle, Jean-Baptiste (1767-1832), son frère Louis, et leurs familles, correspondance familiale [En ligne], Compléments historiographiques, Biographies, S, site de l’École des hautes études en sciences sociales, mis à jour le 04/12/2014, consulté le 1er juin 2017
  2. Panneau Histoire de Paris
  3. Ouest-France, 13/11/2008, Fermeture de l'usine Beghin-Say
  4. « Ferdinand Béghin », sur geni.com (consulté le )
  5. Françoise Teynac, Théâtres de châteaux, les éditions du Mécène, 1996, p. 108 à 119
  6. Citée par son petit-fils Jean de Beaumont, Au hasard de la chance - l'amour de vivre, Julliard, 1987, p. 16-18.
  7. Histoire du château de Chaumont, Jacques de Broglie, Éditions Balzac 1944.

Sources

  • Émilien Maillard, Nantes et le dĂ©partement au XIXe siècle : littĂ©rateurs, savants, musiciens, & hommes distinguĂ©s, 1891.

Liens

Articles connexes

Liens externes

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