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Loi de Kopp

La loi de Kopp[1] ou loi de Kopp-Neumann[2] a pour énoncé : « La capacité calorifique d'un composé chimique à l'état solide est la somme des capacités calorifiques des éléments qui le composent ».

Elle donne une estimation de la capacité calorifique des composés chimiques des métaux, ainsi que de celle des alliages, à partir de celle des éléments.

D'aprĂšs la loi de Dulong et Petit, la contribution de chaque atome Ă  la capacitĂ© calorifique molaire Cp est environ Ă©gale Ă  3R (R est la constante des gaz parfaits) d'oĂč, pour un composĂ© chimique comportant m atomes, la loi de Kopp : Cp = 3 m R.

En complément de la loi de Dulong et Petit, elle a été utilisée par Cannizzaro pour étayer la théorie atomique.

Historique

Pendant la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle de nombreux savants[3] ont perfectionnĂ© la calorimĂ©trie et mesurĂ© les capacitĂ©s calorifiques des Ă©lĂ©ments[4] et de nombreux composĂ©s et alliages[5]. Leur conclusion est que la capacitĂ© calorifique reste approximativement conservĂ©e lorsqu’à l'Ă©tat solide on passe des Ă©lĂ©ments Ă  un alliage[6] ou Ă  un composĂ© chimique. En 1865, Kopp[1] apporte de nouveaux rĂ©sultats expĂ©rimentaux et les ajoute aux nombreuses donnĂ©es antĂ©rieures. Surtout, lorsqu'elle est applicable, il gĂ©nĂ©ralise la loi de Dulong et Petit aux composĂ©s chimiques. Il s'agit donc d'une mise au point globale sur le sujet, ce qui explique que l'on donne en prioritĂ© son nom aux divers aspects de la conservation des capacitĂ©s calorifiques.

Jaeger et Bottema[3] (1933) intitulent cette loi « loi de Neumann-Joule-Kopp-Regnault » et en donnent l'énoncé suivant pour l'état solide : « Les atomes des éléments conservent leur propre chaleur spécifique et atomique aprÚs qu'ils se sont combinés pour former une combinaison chimique. ».

Applications et limites

Pour estimer la capacitĂ© calorifique molaire Cp d'un composĂ© il suffit d’additionner les contributions des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments. Leurs valeurs Ă  25 °C sont tabulĂ©es dans l'article capacitĂ© calorifique. L'indice p signifie que les valeurs sont mesurĂ©es Ă  pression constante. Par exemple pour le ferrosilicium FeSi, les valeurs respectives de Cp du fer et du silicium sont 25,1 et 20,0 J K−1 mol−1. En les additionnant, on obtient Cp = 45,1 J K−1 mol−1 pour FeSi, en accord avec la valeur expĂ©rimentale 45 J K−1 mol−1.

La plupart des Ă©lĂ©ments Ă  l'Ă©tat solide suivent la loi de Dulong et Petit. Celle-ci indique que la capacitĂ© calorifique molaire Cp d'un Ă©lĂ©ment solide est voisine de 3R oĂč R est la constante des gaz parfaits (R = 8,314 J K−1 mol−1) d'oĂč Cp≈ 25 J K−1 mol−1.

Pour un composĂ© chimique comportant m atomes, la contribution Ă  Cp de chaque atome est donc supposĂ©e Ă©gale Ă  3R d'oĂč la formulation simplifiĂ©e usuelle[7] de la loi de Kopp : Cp = 3 m R.

Le tableau donne les valeurs de Cp de différents composés du fer[8]. La seconde ligne indique les valeurs de Cp/(3R) qui seraient égales à m si la loi de Kopp était exactement suivie.

L'accord entre les valeurs estimĂ©es et expĂ©rimentales est assez bon sauf pour Fe2O3 oĂč l'on obtient 4,1 au lieu de 5. Pour FeSi, la valeur de Cp calculĂ©e ainsi est moins proche de la valeur expĂ©rimentale que dans le calcul prĂ©cĂ©dent car le silicium dĂ©vie nĂ©gativement par rapport Ă  la loi de Dulong et Petit. Celle-ci n'est pas applicable aux Ă©lĂ©ments gazeux ou liquides[9] (oxygĂšne, fluor, chlore et brome). Par contre la loi de Kopp donne des rĂ©sultats satisfaisants pour les combinaisons de ces Ă©lĂ©ments. Kopp a cependant notĂ© que les composĂ©s oxygĂ©nĂ©s (tableau) donnent souvent des valeurs trop basses comme aussi les borures et les carbures. Cette dĂ©viation est bien plus importante s'il y a des anions complexes comme l'ion sulfate.

Composé FeSi FeO Fe2O3 FeOCl FeF2 FeCl2 FeCl3 FeBr2 FeI2 Fe3C
Cp (J K−1 mol−1) 45 49,9 103,4 77 66,1 76,7 96,6 80,2 83,7 105,9
Cp/(3R) 1,8 2,0 4,1 3,1 2,7 3,1 3,9 3,2 3,4 4,2

Références et notes

  1. Hermann Kopp, Philosophical Transactions of the Royal Society of London, Vol. 155, 1865, p. 71-202.
  2. F.E. Neumann, Annalen der Physik und Chemie (Poggendorf), vol. 23, 1831, p. 32.
  3. Jaeger et Bottema, Recueil des travaux chimiques des Pays-Bas, vol. 52, No 2, 1933, p. 89-111.
  4. A. T. Petit et P. L. Dulong, Annales de chimie et de physique, vol. 10, 1819, p. 395–413.
  5. V. Regnault, Annales de chimie et de physique, série 3, vol. 1, 1841, p. 129.
  6. Pour une expression mathématique de la loi adaptée aux alliages, consulter l'article anglais Kopp's law.
  7. Martial Chabanel et Bertrand Illien, Thermodynamique chimique, Cours et exercices corrigés, Ellipses, 2011, p. 50
  8. Ihsan Barin, Thermochemical Data of Pure Substances, vol. 1, VCH, 1999.
  9. PrĂšs de leur point de fusion, les Ă©lĂ©ments solides prĂ©sentent une dĂ©viation positive de Cp par rapport Ă  la loi de Dulong et Petit (prĂšs de 30 % pour le cĂ©sium). C'est le cas du mercure solide oĂč Cp/(3R) = 1,14 Ă  −39 °C au lieu de 1 mais dont les composĂ©s suivent bien la loi de Kopp.
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