Loïc
Loïc est un prénom français, comme le prénom Louis, il procède de l’anthroponyme germanique Hlodwig composé des éléments germaniques hlod (« renommée », « gloire ») et wig (« bataille », « combat »).
Il est issu directement de l'ancien provençal (occitan, période entre 900 et 1500) Lozoïc, Loïc correspondant aux formes françaises Loïs et Louis[1] - [2]. En effet, l'occitan conserve les consonnes finales issues du latin ou du germanique cf. amic « ami » ou l'ancien prénom et nom de famille Amalric correspondant à Amaury.
Il était particulièrement populaire en Bretagne, étant proche de l'une des formes hypocoristiques bretonnes du nom Guillaume, Gwilherm en breton, écrit également Laouig dont la prononciation est « lowik ».
En moyen néerlandais (période entre 1150 et 1500), langue issue du vieux bas francique des Francs (la langue des francs saliens dont est issue la dynastie mérovingienne, période du IVe siècle au VIIIe siècle), on trouve au XIVe s les formes Lowich et Lowic qui sont traduites en français par Louis. Ces graphies semblent permettre la prononciation « lowik » précitée. Les Mérovingiens, dont est issu Clovis Ier, roi de tous les Francs de 481 à 511, parlaient le vieux bas francique, à cette époque son prénom germanique Hlodwig est la racine commune aux prénoms Loïc et Louis. Hlodwig a été latinisé en Chlodovechus francisé en Clovis donnant (avec la perte du "C" et le "v" et "u" comme équivalents) Louis en français moderne[3]. Avec la forme "Lowic" en moyen néerlandais, langue fille du vieux bas francique contenant le nom francique Hlodwig, il pourrait s'agir d'une forme ancienne restée dans la lignée linguistique francique[4] (?) ayant pour équivalent en français moderne Louis.
"Lowich" et "Lowic" forme de "Louis" en moyen néerlandais au XIVe s[5]
L’armorial de Bavière est un armorial manuscrit du début du XVe siècle, contenant 1096 armoiries colorées à la main, avec des annotations en moyen néerlandais. Il est compilé à la cour de Hollande et achevé le 23 juin 1405 par Claes Heynenzoon (nl) (vers 1345−1414), héraut en chef des Pays-Bas vers 1400, également créateur de l'Armorial de Gelre (Gueldre).
Sous la graphie Lowich
On distingue au folio 35v l'annotation « Lowich van Sansorle » sous les armoiries de la maison de Sancerre parmi les 191 blasons de participants à un tournoi à Mons en 1310 (date non possible semble-t-il pour Louis de Sancerre, connétable connu sous le nom de "maréchal de Sancerre").
Une copie de cet exemplaire datée vers 1600, avec côte KB 79 K 16 donne pour traduction « Louis de Sansorle ».
Le folio 47r de l’armorial de Gelre porte les mêmes armoiries additionnées d’un "lambel de gueules brochant sur le tout", avec comme inscription « Die marscalc van Sansorle », le maréchal de Sancerre, soit Louis de Sancerre.
La Liste des noms de Sancerre, donne le nom et ses évolutions avec notamment :
- La forme Sansorle attestée en 1310 dans le Codex 3297, Rôle d’Armes du Tournoi de Mons, fol. 11, ouvrage situé à la Bibliothèque Nationale de Vienne, Autriche.
- La forme Sansorle attestée en 1370 dans le Ms 15652, Armorial Gelre, no 338, ouvrage situé à la Bibliothèque Royale de Bruxelles.
Par ailleurs, une fiche de la bibliothèque municipale d’Avignon, 2048, f. 021, présente les Armoiries de Louis de Sancerre en précisant : « SANCERRE (Loys de) dit Champagne qui donne la graphie de Sansorle »[6].
Lowich van Sansorle ou Louis de Sansorle signifie Louis de Sancerre.
Sous la graphie Lowic
On distingue au folio 31v l'annotation "Lowic van Quemen" et "Lowic van Harmalle", soit "Louis de Quemen" et "Louis de Harmalle" ainsi que le traduit le KB 79 K 16.
Le moyen néerlandais issu du vieux-francique des Francs
- Bas-francique occidental (Flandres, Pays-Bas)
- Bas-francique oriental (Limbourg, Niederrhein allemand)
- Haut-francique
- Francique méridional
Le moyen néerlandais utilisé pour la forme "Lowich" ou "Lowic" signifiant « Louis » est une langue fille du vieux néerlandais ou selon son nom scientifique : le vieux bas francique, qui est un ensemble de parlers régionaux, faisant partie des langues germaniques occidentales, parlées et écrites au début du Moyen Âge à partir de 500 à 1150 dans le sud des Pays-Bas actuels, la partie septentrionale de la Belgique moderne et le nord-est de la France. Vers 1150 le vieux néerlandais a donné naissance au moyen-néerlandais qui à son tour à évolué, à partir de 1500, vers le nouveau néerlandais (1500-1800).
Historiquement, le terme francique ou vieux-francique désigne la langue originelle des Francs saliens, une langue mal connue. Elle a été classée dans le groupe bas allemand, d'où son autre nom de vieux bas francique.
Les Francs saliens d'avant Charlemagne parlaient une langue (ou plusieurs dialectes) du bas francique, appelée « vieux-francique » (ou « vieux bas francique ») : ce sont eux qui avaient importé cette langue en Flandre en s’installant dans cette région avant leur conquête de la Gaule, ce qui donnera le flamand. Les Mérovingiens, dynastie qui régna sur une très grande partie de la France, de la Belgique, de l'Allemagne, de la Suisse, et des Pays-Bas actuels du Ve siècle jusqu'au milieu du VIIIe siècle sont issus des peuples de Francs saliens ; ils parlaient le bas francique, bien qu’ils eussent aussi adopté la langue et la culture des Gallo-romains.
Le nom francique mérovingien "Hlodwig" à l'origine des prénoms Loïc et Louis
Parmi les mérovingiens, on remarque le prénom Clovis (Ier) , dont l’étymologie est la suivante :
La seule forme contemporaine écrite attestée de son nom est le latin Chlodovechus, rendant probablement son nom francique reconstitué en alphabet runique ou futhark[7] ᚺᛚᛟᛞᛟᚹᛁᚷ : *Hlodowig,, que l'on suppose prononcé [xlod(o)wɪk] ou [xlod(o)wɪç], signifiant « glorieux au combat », Chlodowig, étant composé des racines hlod (« renommée », « illustre », « gloire ») et wig (« bataille », « combat »), c'est-à-dire « illustre dans la bataille » ou « combat de gloire ».
Fréquemment utilisée par les Mérovingiens, la racine hlod est aussi à l'origine de noms tels que Clotaire (Lothaire) et Clodomir, Clodoald ou encore Clotilde. L'appellation du roi franc dérive ensuite de « Hlodovic » puis « Clodovic » qui, latinisé en Chlodovechus, donne Chlodweg, Hlodovicus, Lodoys, Ludovic, « Clovis » et « Clouis », dont est né en français moderne le prénom Louis, porté par dix-sept rois de France. Il donne aussi Loïc[8] et Ludwig en allemand. Comme tous les Francs du début de l'ère chrétienne, Clovis parlait une ou des langue(s) germanique(s) du sous-groupe linguistique dit bas francique.
Le prénom germanique Hlodwig est donc à l'origine du prénom Clovis dont un dérivé donnera le prénom « Louis » en français[3] moderne , une version en moyen néerlandais au XIVe s semble prendre la forme "Lowic" ou "Lowich", ce moyen néerlandais ayant pour racine le bas francique parlé notamment par les mérovingiens dont le prénom germanique Hlodwig pourrait être à l’origine de ces variantes.
Au sujet de la lettre "W" présente dans la forme "Lowic" qui semble permettre la prononciation « lowik », l'article wikipédia indique: "C’est une ancienne ligature datant du Moyen Âge, réunion de deux V (d'où le nom en français, double v) ou de deux U (en anglais : double u). Chilpéric (vers 525 - 584, petit-fils de Clovis) ajouta à l'alphabet quatre caractères de son invention, parmi lesquels un affecté à la prononciation qu’on a depuis rendue par le double v. Les noms propres d'origine germanique devaient ainsi recevoir, dans les textes écrits en latin, une orthographe exacte et fixe. En réalité, il s'agit non seulement d’orthographe, mais aussi de phonétique, le v latin initial originellement prononcé comme une semi-consonne s'était consonnantisé en [v], alors que les migrations germaniques ont réintroduit le phonème /w/ noté w".
Variantes
- Loïc
- Loïck
- Loyck
- Loyk
- Loïk
- Loïch
- Loïc'h
- Loïg (forme armoricaine de Guilherm, attestée dès le XIIIe s)
- Laouig (forme hypocoristique bretonne du prénom Guillaume)
- Lowic (forme de Louis en moyen néerlandais)
- Lowich (forme de Louis en moyen néerlandais)
- Lowik
- Lovic
- Lawic
- Loïque
- Loïq
- Louis
Personnalités portant ce prénom
- Pour l'ensemble des articles sur les personnes portant ce prénom, consulter :
- la liste des articles dont le titre commence par ce prénom
- les listes produites par Wikidata : Liste des personnes de prénom « Loïc » — même liste en incluant les éventuels prénoms composés qui contiennent « Loïc ».
Références
- Albert Dauzat (préface de Marie-Thérèse Morlet), Noms et prénoms de France, éditions Larousse 1980, p. 398a.
- Julie MILBIN, Le guide des prénoms 2017, edi8, (lire en ligne)
- L'histoire du français et des francophones est celle de la rencontre et de l'échange entre de nombreux peuples. Le français est une variété de la langue d'oïl, un groupe de langues romanes parlées originellement dans la partie septentrionale du domaine gallo-roman sur le territoire des actuelles Suisse, France et Belgique et qui résultent de l'évolution, sous l'influence de langues germaniques telles que le vieux-francique des Francs, du latin populaire parlé en Gaule par les Gallo-romains, un ensemble de peuples d'origines principalement celtes qui furent progressivement romanisés à la suite de la conquête romaine de la région terminée aux alentours de 52 av. J.-C.
- Hypothèse: Forme non latinisée et francisée ? La forme "Lowic" semble pouvoir se rapprocher d'une mutation de la forme prononcée supposée de Hlodwig : [xlod(o)wɪk] > [lodwɪk] > [lowɪk]. Cette forme ancienne aurait pu se diffuser avec les conquêtes franques (ou ultérieurement) et se serait intégrée dans des formes locales que l'on pourrait prendre pour origine du prénom : Bretagne, Provence...?
- La section "Lowich" et "Lowic" forme de "Louis" en moyen néerlandais au XIVe s est issue des articles wikipedia : Armorial de Bavière, Armorial de Gelre, Liste des noms de Sancerre, Moyen néerlandais, Vieux néerlandais, Vieux-francique, Bas francique, Français, Louis (prénom), Clovis Ier
- « Avignon, BM, 2048, f. 021 (Armoiries de Louis de Sancerre) - Fichier héraldique de l'IRHT », sur https://bibale.irht.cnrs.fr/
- Le vieux futhark serait le système d'écriture correspondant au vieux-francique.
- Christian Settipani, Les ancêtres de Charlemagne, les 2048 quartiers du premier empereur franc, , 347 p., p. 58