Lettres d'Iwo Jima
Lettres d'Iwo Jima (Letters from Iwo Jima) est un film de guerre américain réalisé par Clint Eastwood et sorti en 2006.
Titre original | Letters from Iwo Jima |
---|---|
Réalisation | Clint Eastwood |
Scénario | Iris Yamashita |
Musique |
Kyle Eastwood Michael Stevens |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Amblin Entertainment DreamWorks SKG Warner Bros. Malpaso Productions |
Pays de production | États-Unis |
Genre | Guerre |
Durée | 135 minutes |
Sortie | 2006 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film relate la bataille d'Iwo Jima du point de vue japonais. Il connait d'abord une sortie limitée aux États-Unis le et est sorti le en France. Il s'appuie sur le livre Picture Letters from Commander in Chief du général Tadamichi Kuribayashi (joué à l'écran par Ken Watanabe). Lettres d'Iwo Jima vient en complément de Mémoires de nos pères, également réalisé par Clint Eastwood et sorti quelques mois plus tôt. La bataille est ainsi dépeinte du côté japonais, quand le film Mémoires de nos pères présente la même bataille vue du côté américain.
Synopsis
En 2005, des archéologues japonais effectuant des fouilles dans les cavernes de l'île d'Iwo Jima trouvent des lettres de soldats.
En 1944, un nouveau général est chargé de la défense de l'île, en prévision de son invasion prochaine par l'US Navy, qui concentre ses forces à Saipan (îles Mariannes). Lorsqu'il atterrit, les soldats sont en train de creuser des tranchées dans le sable volcanique le long des plages de l'île, improbables refuges face à la puissance de feu adverse sur le point de se déchaîner. Le lieutenant général Kuribayashi n'apprend que tardivement, de la bouche du baron Nishi, la ruine de la flotte impériale japonaise à la bataille du golfe de Leyte, ce que le Mikado a soigneusement évité d'ébruiter en cherchant à minimiser le défaitisme parmi les rangs : les deux hommes perçoivent alors que tous les moyens de contre-attaque sont anéantis et que la défense de l'île appelle au sacrifice de tous.
Évaluant les possibilités de défense, Kuribayashi se trouve confronté à des officiers obtus qui parfois refusent ses ordres ou ne les comprennent pas : alors qu'il prône une défense des reliefs de l'île, ils préparent des tranchées sur les plages dans l'espoir de contenir le débarquement dès les premières heures. Ce n'est que lorsque la métropole demande le rapatriement des avions pour la défense ultérieure de la métropole que les officiers prennent conscience de la lutte à mort qui s'annonce, et de la vanité des préparatifs qu'ils ont engagés. Avant la bataille, chacun des soldats a juré d'emporter avec lui au moins dix ennemis avant de mourir.
Ces impressions se confirment lors de l'arrivée des navires, les Japonais estimant l'effectif des troupes débarquées à 20 000 alors que les États-Unis ont concentré sur cette opération les plus importantes forces des campagnes du Pacifique (100 000 marines embarqués sur 880 navires).
Fiche technique
- Titre français : Lettres d'Iwo Jima
- Titre japonais : 硫黄島からの手紙 (Iōjima kara no tegami)[1]
- Titre original Letters from Iwo Jima[1]
- Titre de travail : Red Sun, Black Sand[1]
- Réalisation : Clint Eastwood
- Scénario : Iris Yamashita, d'après une histoire d’Iris Yamashita et Paul Haggis, d'après le livre Picture Letters from Commander in Chief de Tadamichi Kuribayashi
- Conseillers :
- Culture japonaise : Kiko Ireton et Taishiro Noizumi
- Militaire : Tom Minder et Quay Terry
- Musique : Kyle Eastwood et Michael Stevens
- Direction musicale : Lennie Niehaus
- Direction artistique : Henry Bumstead et James J. Murakami
- Décors : Gary Fettis
- Construction : Michael Muscarella
- Costumes : Deborah Hopper
- Maquillage : Tania McComas
- Coiffures : Carol A. O'Connell
- Photographie : Tom Stern
- Ingénieur du son : Charles Maynes
- Effets spéciaux : Steven Riley
- Effets visuels : Michael Owens
- Sociétés d'effets visuels : Digital Domain
- Cascades : Buddy Van Horn
- Montage : Joel Cox et Gary D. Roach sur Avid
- Montage sonore : Alan Robert Murray et Bub Asman, Don Harris pour la musique et Dave Arnold pour les dialogues
- Producteurs : Clint Eastwood, Steven Spielberg, Robert Lorenz, Paul Haggis et Tim Moore
- Sociétés de production : Warner Bros., DreamWorks SKG, Malpaso Productions et Amblin Entertainment
- Distribution : Warner Bros.
- Budget : 19 000 000 $[2]
- Format : couleur (Technicolor par Kodak) — 35 mm — 2,39:1 — son Dolby Digital / DTS / SDDS — filmé avec du matériel Panavision
- Genre : guerre
- Durée : 135 minutes
- Pays d'origine : États-Unis
- Langues originales : japonais et anglais
- Dates de sortie[1] :
- Japon :
- , première au Nippon Budokan à Tōkyō
- sur le reste du territoire
- États-Unis : , en sortie limitée, puis le
- Belgique et France :
- Canada :
- Japon :
- Classification :
- États-Unis : R - Restricted
- France : tous publics avec avertissement
Distribution
- Ken Watanabe (VF : Bernard Alane) : le général Tadamichi Kuribayashi
- Kazunari Ninomiya (VF : Thomas Sagols) : Saigo
- Tsuyoshi Ihara : Baron Takeichi Nishi
- Ryo Kase : Shimizu
- Shidou Nakamura (VF : Stéphane Pouplard) : le lieutenant Ito
- Nagadoi Masashi (VF : Charles Borg) : l'amiral Ichimaru
- Toda Toshi (VF : Olivier Cordina) : le colonel Adachi
- Matsuzaki Yuki (VF : Fabrice Trojani) : Nozaki
- Nobumasa Sakagami (VF : Jean-Pierre Leroux) : l'amiral Ohsugi
- Hiroshi Watanabe (VF : Philippe Valmont) : le lieutenant Fujita
Production
Développement
Le projet s'est d'abord intitulé Red Sun, Black Sand[1]. Le scénario est inspiré des livres historiques "Gyokusai sōshikikan" no etegami[4] du Général Tadamichi Kuribayashi (interprété dans le film par Ken Watanabe) et So Sad To Fall In Battle: An Account of War[5] de Kumiko Kakehashi.
En développant le projet Mémoires de nos pères, Clint Eastwood a voulu également raconter l'autre point de vue : « Dans la plupart des films de guerre que j'ai vus au cours de ma jeunesse, il y avait les bons d'un côté, les méchants de l'autre. La vie n'est pas aussi simple, et la guerre non plus. Nos deux films ne parlent ni de victoire, ni de défaite. Ils montrent les répercussions de la guerre sur des êtres humains dont beaucoup moururent bien trop jeunes »[6].
Clint Eastwood et Robert Lorenz sont allés au Japon pour rencontrer les descendants des personnages évoqués dans le film : le petit-fils du général Kuribayashi et le fils du Baron Takeichi Nishi, ainsi que le directeur de l'Association des Anciens Combattants d'Iwo Jima[6].
Tournage
La production a été autorisée à tourner sur l'île d'Iwo Jima par le Gouverneur de Tokyo, Shintarō Ishihara[6]. Cependant, toutes les scènes avec des explosions ont été faites à Sandvík en Islande[6].
Plusieurs scènes sont également tournées en Californie : Malibu, Los Angeles, Santa Clarita, ainsi qu'aux studios Warner Bros. à Burbank[7].
Le réalisateur Clint Eastwood devait diriger les comédiens japonais, alors qu'il ne parlait pas leur langue : « Je connaissais très peu de ces acteurs et j'ai donc visionné quantité de films et démos. Mais "jouer" a le même sens dans toutes les cultures. Si vous êtes bon, cela passe, même si les gens ne comprennent pas ce que vous dites[6]. »
Musique
La musique est composée par Kyle Eastwood, le fils du réalisateur, et par Michael Stevens. Les deux hommes avaient déjà travaillés sur les trois précédentes bandes originales composées par Clint Eastwood lui-même (Mystic River, Million Dollar Baby et Mémoires de nos pères).
Accueil
Analyse
Forme
Alors que le film symétrique Mémoires de nos pères était formé d'allers-retours incessants des combats sur l'île aux vies des soldats en Amérique après la guerre[9], Lettres d'Iwo Jima utilise une structure linéaire ; les seuls moments qui rompent cette linéarité sont les réminiscences des soldats, montrées par des séquences qui évoquent la façon dont ils ressentent le conflit contre les Américains. Le tout s'appuie sur une musique de piano.
Fond
Outre leur structure, les deux films de Clint Eastwood sur Iwo Jima se distinguent par le message qu'ils font passer :
- le premier montrait l'avènement d'une stratégie de propagande « en cours de constitution » basée sur l'exploitation par le politique de la photo des marines hissant le drapeau sur le mont Suribachi. Le contraste consistait pour Eastwood à faire apparaître le désarroi vécu par les protagonistes, provenant du décalage entre l'épreuve du feu lors de la prise de l'île et les témoignages de bravoure qui leur sont demandés au pays afin de susciter une levée de fonds par souscription populaire pour financer la guerre ;
- le second montre, chez les individus japonais civils comme militaires, l'effet qu'a produit une propagande « déjà installée » et orchestrée par l'État sur plusieurs années, appuyée par le nationalisme, l'exaltation impériale et le sentiment de supériorité. Ces éléments réductibles au gimmick « la victoire ou la mort » prennent un sens prégnant à la veille de l'arrivée des envahisseurs sur le sol national[10], sens tout à fait précis dans le contexte culturel japonais : il appelle au sacrifice personnel par seppuku ou tout autre moyen pour éviter la honte de n'avoir su défendre sa position. Cette fois, sur le plan individuel des protagonistes, le conflit est aussi intérieur puisqu'ils doivent se situer par rapport à ce poids collectif sollicitant leur suicide ou une charge à l'ennemi droit sur une mort certaine ; peu surmontent la honte de la reddition afin de tenter de survivre à ces instants critiques.
Originalité
La mise en scène de deux films donnant les perspectives adverses sur le plan subjectif est sans précédent parmi les productions hollywoodiennes. Le point de jonction des deux films a bien sûr lieu au moment de tension lors de la scène clé du débarquement, lorsqu'au bout des jumelles du général Kuribayashi retranché, c'est l'autre film qui se déroule[11].
Vanité de la guerre
Le développement des deux personnages, le général Kuribayashi et le baron Nishi, par le biais de leurs histoires antérieures, illustre la vanité de cette situation de guerre qui va les voir périr. Tous deux ont eu des liens étroits avec les États-Unis : l'un lors des rapprochements des deux états-majors de part et d'autre du Pacifique dans les années trente, l'autre à l'occasion de sa participation aux jeux olympiques de Los Angeles de 1932, et le souvenir de son cheval de concours hippique, Uranus. Sans renier leur engagement envers l'Empire[12], ils ne trouvent aucun objectif à cette opposition à leurs amis d'hier.
Hommages
Le film est dédié à la mémoire de Phyllis Huffman, directrice de casting avec laquelle Clint Eastwood travaillait depuis les années 1980 - décédée le à New York ; ainsi qu'à la mémoire du chef décorateur Henry Bumstead, décédé le , qui a créé les décors de Lettres d'Iwo Jima et de ceux de plusieurs films de Clint Eastwood[6].
Distinctions
Récompenses
année | Cérémonie | Récompense | Lauréat(s) |
---|---|---|---|
2006 | Chicago Film Critics Association Awards | Meilleur film en langue étrangère | |
Dallas-Fort Worth Film Critics Association Awards | Meilleur film en langue étrangère | ||
Los Angeles Film Critics Association Awards | Meilleur Film | ||
National Board of Review Awards | Meilleur film | ||
Phoenix Film Critics Society Awards | Meilleur film en langue étrangère | ||
San Diego Film Critics Society Awards | Meilleur film | ||
Meilleur réalisateur | Clint Eastwood | ||
2007 | Oscars | Meilleur son | Alan Robert Murray Bub Asman |
Broadcast Film Critics Association Awards | Meilleur film en langue étrangère | ||
Golden Globes | Meilleur film en langue étrangère | ||
Kansas City Film Critics Circle Awards | Meilleur film en langue étrangère | ||
Golden Reel Awards | Meilleur montage d'effets sonore pour un film | Alan Robert Murray Bub Asman Michael Dressel Jason W. Jennings Jason King Steve Mann Shawn Sykora Christopher Flick Robin Harlan Sarah Monat | |
Meilleur montage des dialogues pour un film | Alan Robert Murray Bub Asman David A. Arnold Juno J. Ellis Lucy Coldsnow-Smith Gloria D'Alessandro Karen Spangenberg Nicholas Vincent Korda | ||
Nikkan Sports Film Awards | Meilleur film étranger | ||
World Stunt Awards | Meilleure cascade avec du feu | Simon Rhee pour la scène où un soldat japonais est piégé par le feu d'un lance-flamme venu du haut de la galerie | |
2008 | Japanese Academy Awards | Meilleur film étranger | |
Bodil | Meilleur film américain | Clint Eastwood |
Nominations
année | Cérémonie | Nomination | Nommé(s) |
---|---|---|---|
2006 | Chicago Film Critics Association Awards | Meilleur réalisateur | Clint Eastwood |
Meilleur scénario original | Iris Yamashita | ||
Meilleure photographie | Tom Stern | ||
Meilleure bande originale | Kyle Eastwood Michael Stevens | ||
2007 | Oscars | Meilleur film | Clint Eastwood Steven Spielberg Robert Lorenz |
Meilleur réalisateur | Clint Eastwood | ||
Meilleur scénario original | Iris Yamashita Paul Haggis | ||
Saturn Awards | Meilleur film international | Clint Eastwood Steven Spielberg Robert Lorenz | |
Broadcast Film Critics Association Awards | Meilleur film | ||
Meilleur réalisateur | Clint Eastwood | ||
Prix David di Donatello | Meilleur film étranger | Clint Eastwood | |
Golden Globes | Meilleur réalisateur | Clint Eastwood | |
World Stunt Awards | Meilleure cascade avec du feu | Simon Rhee Steven Ito pour la scène où 2 soldats japonais sont piégés par le feu d'un lance-flamme en essayant de s'échapper de leur cachette de tir | |
2008 | Premios Cóndor de Plata | Meilleur film étranger | |
Prix du Cercle des critiques de film de Londres | Meilleur film étranger |
Notes et références
- (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database.
- (en) « Box-office Letters from Iwo Jima », sur Box Office Mojo (consulté le ).
- sur 20 000 soldats japonais engagés dans la bataille.
- Kuribayashi, T. (Yoshida, T., editor) "Gyokusai Soshireikan" no Etegami. Shogakukan, Tokyo, April 2002, 254p, (ISBN 4-09-402676-2) (ja).
- Kakehashi, K. So Sad To Fall In Battle: An Account of War (Chiruzo Kanashiki). Shinchosha, Tokyo, July 2005, 244p, (ISBN 4-10-477401-4) (ja) / Presidio Press, January 2007, 240p, (ISBN 0-89141-903-9) (en).
- Secrets de tournage - AlloCiné.fr.
- (en) Locations sur l’Internet Movie Database.
- « Lettres de Iwo Jima (Letters from Iwo Jima) », sur JP's box-office (consulté le ).
- Mélange rendant difficile à identifier ce qui relève du flashback du flashforward, puisque l'exposé de l'histoire joue sur ces deux temps.
- L'île est japonaise, et de surcroît présentée comme la future base d'envol des bombardiers ennemis si elle est perdue.
- Scène de débarquement des Marines hors du feu japonais, et leur étonnement initial de l'absence de résistance lors des premières minutes.
- Puisqu'ils meurent au champ d'honneur.
Annexes
Articles connexes
- Caractéristiques portraitisées :
- Banzai, Longue vie au moment du sacrifice individuel à l'Empereur
- Kempeitai, le corps de police militaire
- Senninbari, la ceinture porte-bonheur confectionnée par une mère ou une épouse
- Mémoires de nos pères
Liens externes
- (en) Site officiel
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- (en) AllMovie
- (en) American Film Institute
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- (en) Metacritic
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :