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Les Cavaliers (Aristophane)

Les Cavaliers (en grec ancien : Ἱππεῖς / Hippeîs), anciennement éditée sous le titre Les Chevaliers, est une comédie grecque d'Aristophane, représentant majeur de la comédie classique, du Ve siècle av. J.-C. Composée vers 424 av. J.-C., il s'agit de la quatrième pièce écrite par Aristophane.

Les Cavaliers
Un vase attique représentant un cavalier, vers 500 av. J.-C. (Musée du Louvre, Paris).
Un vase attique représentant un cavalier, vers 500 av. J.-C. (Musée du Louvre, Paris).

Auteur Aristophane
Genre Comédie
Date d'Ă©criture 424 av. J.-C.
Personnages principaux
*Démosthène esclave de Dèmos.
  • Nicias esclave de Dèmos.
  • Le marchand de boudin (Agoracrite)
  • Paphlagon (ClĂ©on) esclave, intendant de Dèmos.
  • Dèmos vieil AthĂ©nien, reprĂ©sentant du peuple d'Athènes.

Figurants

  • La TrĂŞve de trente ans.
  • Esclaves.
Lieux de l'action
Hors de la maison de Dèmos, près de la Pnyx, Athènes.

Caractéristique de la comédie grecque antique, la pièce est une satire de la vie politique et sociale de l'Athènes classique, notamment pendant la période de la guerre du Péloponnèse. À la différence des autres pièces de l'auteur, elle ne comporte que peu de personnages : le récit des Cavaliers a pour figure centrale un personnage que les commentateurs identifient à Cléon, homme politique athénien et démagogue pro-guerre en conflit ouvert avec Aristophane. À l'occasion de la création d'une autre pièce d'Aristophane, Les Babyloniens (-426), Cléon l'avait poursuivi pour calomnie envers la cité. Aristophane lui avait promis qu'il se vengerait, notamment dans la pièce Les Acharniens (-425). Ce fut chose faite avec Les Cavaliers. La pièce obtient le premier prix du concours des Lénéennes en 424 av. J.-C., l'année de sa première création[1].

Intrigue

La pièce est une satire de la vie politique et sociale du Ve siècle av. J.-C. à Athènes : les personnages sont issus de la réalité et Cléon - qui n'est pas explicitement nommé par Aristophane - est clairement identifié comme l'antagoniste principal. La pièce comprend aussi une dimension allégorique en parallèle de la satire politique : un des personnages, Παφλαγόν (trans. Paphlagon),le Paphlagonien, est une forme de monstruosité comique, responsable de tous les malheurs du monde. La caricature de Cléon dans le personnage du Paphlagonien est suggérée, mais incertaine, sans qu'il soit possible pour le lecteur ou le spectateur de démêler les deux individus et leurs actions. Il s'agit bien sûr pour Aristophane de formuler une équivalence entre les deux, sans pour autant afficher sa vengeance trop ouvertement. Le spectateur se faisant une idée de la référence par la connaissance qu'il avait des pièces antérieures et du passif entre Cléon et Aristophane dans la vie réelle de la cité.

Résumé de l’œuvre

Ce résumé emploie les noms réels Cléon, Nicias et Démosthène

Résumé bref

Un marchand de boudin, Agoracrite, rivalise avec Cléon pour gagner la confiance et l'approbation de Δῆμος (trans. Dêmos) (« le peuple » en grec), un vieil homme qui symbolise les citoyens athéniens. Agoracrite sort triomphant d'une série de concours et restaure la gloire - précédemment ternie - de Dêmos.

Résumé détaillé

Nicias et Démosthène s'enfuient d'une maison à Athènes, se plaignant d'une rouste qu'ils viennent de recevoir de leur maître, Dêmos, et maudissant leur camarade esclave, Cléon, qui serait la cause de leurs ennuis. Ils font savoir aux spectateurs que Cléon s'est frayé un chemin jusqu'à la confiance de Dêmos, et l'accusent d'avoir exploité cette position privilégiée pour faire du chantage et de la corruption. Ils précisent que même les fabricants de masques sont effrayés par Cléon, et que pas un seul ne pourrait être persuadé de faire une caricature de ce dernier pour cette pièce ; ils assurent cependant que chacun sera suffisamment malin pour le reconnaître, même sans masque (ce qui a pour but d'expliciter le lien entre Cléon et Paphlagon).

Ne sachant pas comment résoudre leurs problèmes, ils dérobent du vin à leur maître, qui les pousse à un vol plus audacieux encore : un set d'oracles que Cléon a toujours laissé à l'abri des regards. À la lecture de ces oracles volés, ils apprennent que Cléon fait partie d'une suite de marchands destinés à diriger la cité, et que son destin est d'être remplacé par un marchand de boudin. Par le hasard des choses, un marchand de boudin passe justement : Démosthène l'informe de sa destinée. L'homme n'est, au départ, pas convaincu, mais Démosthène lui montre les spectateurs et garantit que ses compétences liées au boudin suffiront à les gouverner.

Pendant ce temps, les soupçons de Cléon ont été éveillés, et il se précipite hors de la maison. Il trouve immédiatement un bol de vin vide, et accuse les deux autres de trahison. Démosthène appelle alors les cavaliers d'Athènes en renfort et le Chœur de cavaliers entre en scène. Ils convergent vers Cléon en formation militaire, sous les instructions de leur chef :

« Frappe-le, frappe-le, ce gredin, cet Epouvantailàdadas, ce percepteur, ce gouffre, cette Charybde de rapines, ce gredin... ce gredin, oui ! Je le dirai maintes fois, car, ça oui ! maintes fois par jour, il se montrait gredin ! »

— Les Cavaliers, lignes 247–50, trad. P. Thiercy

Cléon est appréhendé avec brutalité et le coryphée l'accuse de manipuler le système politique et légal à des fins personnelles. Cléon s'adresse au public pour demander de l'aide et le Chœur somme le marchand de boudin de crier plus fort que lui. S'ensuit une joute de cris entre Cléon et le marchand de boudin, agrémentée de fanfaronnades vulgaires et de menaces orgueilleuses émanant des deux camps, chacun voulant démontrer être un orateur avec moins de vergogne et de scrupules que l'autre. Les cavaliers déclarent vainqueur le marchand de boudin ; Cléon se précipite alors à la Boulè afin d'accuser tout le monde de trahison (en réalité un coup monté). Le marchand de boudin se lance à sa poursuite et l'action s'interrompt pour une parabase, durant laquelle le Chœur s'avance pour s'adresser au public au nom de l'auteur.

Le Chœur fait savoir qu'Aristophane a été très méthodique et précautionneux dans son approche de sa carrière de poète comique, et invite les spectateurs à l'applaudir. Les cavaliers livrent ensuite un discours en l'honneur de la génération des anciens, les hommes qui ont conféré sa grandeur à Athènes ; ce passage est suivi d'un éloge des chevaux qui ont fourni une performance héroïque lors du récent assaut amphibie de Corinthe, où l'on les imagine avoir chargé élégamment.

De retour à l'intrigue, le marchand de boudin rapporte aux cavaliers sa bataille avec Cléon pour le contrôle du Conseil - il a vaincu Cléon en offrant aux conseillers des repas aux frais de l’État. Indigné par sa défaite, Cléon se lance sur la scène et défie le marchand de boudin de se présenter contre lui devant Dêmos. Il accepte le défi. Ils appellent alors Dêmos et s'affrontent en flatteries envers lui comme le feraient des rivaux pour l'affection d'un éromène. Il accepte de les entendre et s'installe sur la Pnyx (possiblement représentée ici par un banc)[2]. Le marchand de boudin se lance dans de sérieuses accusations dans la première partie du débat : Cléon serait indifférent face aux souffrances de temps de guerre des gens ordinaires, aurait utilisé la guerre comme une opportunité pour la corruption, et prolongerait la guerre volontairement de peur d'être jugé pour ses actions au retour de la paix. Dêmos est convaincu par ces propos et balaie les implorations enjôleuses de Cléon. Par la suite, les accusations du marchand de boudin deviennent de plus en plus absurdes : Cléon est accusé de financer une campagne contre la sodomie afin d'étouffer l'opposition (car tous les meilleurs orateurs seraient concernés), et d'avoir fait baisser le prix du silphium, pour que tous les jurés en ayant acheté s'asphyxient mutuellement avec leurs flatulences.

Cléon perd le débat mais ne perd pas espoir, et il s'ensuit deux autres concours pour la faveur de Dêmos : la lecture d'oracles flattant Dêmos, et une course pour voir qui peut assouvir le plus promptement le moindre besoin de Dêmos. Le marchand de boudin remporte les deux épreuves en surpassant Cléon par son absence de vergogne. Cléon fait alors un dernier effort pour maintenir sa position privilégiée dans le foyer : il possède un oracle qui décrit son successeur, et interroge le marchand de boudin pour savoir s'il correspond à la description dans l'étendue de ses détails vulgaires. Le marchand de boudin correspond parfaitement à la description ; Cléon accepte enfin sa défaite, et se rend à son autorité. Dêmos demande son nom au marchand de boudin, qui se révèle être Agoracrite, ce qui confirme sa basse extraction. Les acteurs quittent la scène, et le Chœur reste pour une autre parabase.

Les cavaliers s'avancent et affirment au public qu'il est honorable de se moquer des gens peu honorables. Ils continuent en se moquant d'Ariphrade, un Athénien connu pour son appétence perverse pour les sécrétions féminines. Ils narrent ensuite une conversation imaginaire entre deux armateurs respectables qui ont refusé de soutenir l'expédition à Carthage car la manœuvre était proposée par Hyperbolos, un homme qu'ils méprisent. Agoracrite revient ensuite en scène, ordonnant un silence respectueux et annonçant qu'il a rajeuni Dêmos. La porte de la maison de Dêmos s'ouvre, pour révéler d’impressionnants changements dans son apparence. Agoracrite présente son maître transformé en compagnie d'un garçon et de la Trève - une jeune femme que Cléon avait enfermée pour prolonger la guerre. Dêmos invite Agoracrite à un banquet en ville et tous sortent à l'exception de Cléon, qui est sommé de vendre du boudin à la porte de la ville en châtiment de ses crimes.

Contexte historique

Chronologie

Il est nécessaire de signaler certains événements significatifs ayant conduit à la création de cette pièce.

  • -432 : le DĂ©cret mĂ©garien, Ă©tabli par Athènes, institue un embargo commercial sur la citĂ© voisine de MĂ©gare. La guerre du PĂ©loponnèse commence peu après.
  • -430 : la peste d'Athènes dĂ©cime une partie importante de la population athĂ©nienne (plusieurs milliers), y compris des citoyens ayant des responsabilitĂ©s politiques importantes, comme PĂ©riclès (emportĂ© en -429).
  • -427 : Aristophane prĂ©sente sa première pièce, Les DĂ©taliens (qui ne nous est pas parvenue) aux Grandes Dionysies. ClĂ©on propose Ă  ce moment une loi impliquant un châtiment sĂ©vère envers une alliĂ©e rebelle d'Athènes, Mytilène, qui comprend, entre autres, l'exĂ©cution de tous ses hommes adultes et l'asservissement de tous ses femmes et enfants ; la loi est rĂ©voquĂ©e le jour suivant, malgrĂ© son opposition. Il y a Ă  cette Ă©poque un retour de la peste.
  • -426 : Les Babyloniens (pièce Ă©galement perdue) remporta le premier prix des Grandes Dionysies. ClĂ©on, Ă  la suite de cela, accusa le jeune dramaturge d'injures Ă  l'encontre de la citĂ© en prĂ©sence d'Ă©trangers.
  • -425 : Les Acharniens est jouĂ©e aux LĂ©nĂ©ennes. ClĂ©on blâme les gĂ©nĂ©raux athĂ©niens pour leur procrastination et leur incompĂ©tence, et remplace Nicias Ă  temps pour assister DĂ©mosthène dans sa victoire Ă  la Bataille de SphactĂ©rie. Il augmente plus tard le tribut des États alliĂ©s, et passe la paye des jurĂ©s de deux Ă  trois oboles par jour.
  • -424 : Aristophane remporte le premier prix aux LĂ©nĂ©ennes avec Les Cavaliers.

Cléon, les cavaliers et Aristophane

La carrière politique de Cléon était fondée sur son opposition à la stratégie militaire prudente de Périclès, et son acmé fut atteint avec la victoire athénienne à la Bataille de Sphactérie, pour laquelle il fut honoré par la majorité de ses concitoyens. Ces honneurs civiques comprenaient des repas au Prytanée (un grand prestige), et des sièges au premier rang lors de festivals majeurs, comme les Lénéennes et les Dionysies. La légitimité de Cléon au sujet de ces honneurs est continuellement tournée en dérision par Aristophane dans Les Cavaliers ; il est également probable que Cléon fut assis au premier rang lors de sa représentation. Aristophane profère de nombreuses accusations envers Cléon : si une grande partie d'entre elles relèvent du comique, certaines sont sincères. Il moque Cléon pour son pedigree discutable[3], mais des inscriptions indiquent que les origines sociales de démagogues comme Cléon n'étaient pas aussi obscures que l'impression qu'en donnent Aristophane et d'autres poètes comiques[4]. S'il semble avoir usé des cours de loi à des fins politiques et personnelles, il est possible qu'il n'ait été ni vénal, ni corrompu[5]. Il avait certes attaqué Aristophane pour une pièce antérieure, Les Babyloniens, mais une tentative de censure politique en temps de guerre n'était pas nécessairement motivée par de la malveillance ou de l'ambition personnelles - la pièce présentait les cités de la Ligue Athénienne en tant qu'esclaves broyant du grain dans un moulin[6], et jouée aux Grandes Dionysies en présence d'étrangers. Les cavaliers (des citoyens assez riches pour pouvoir posséder un cheval) étaient les alliés naturels du poète comique contre un populiste comme Cléon - selon un passage des Acharniens[7], ils avaient récemment forcé ce dernier à céder une large somme d'argent, sous-entendant qu'il l'avait obtenue à travers la corruption[8]. En tant que classe sociale éduquée, les cavaliers occupaient beaucoup des fonctions d’État qui étaient sujettes à des contrôles annuels ; Cléon se spécialisa dans l'accusation de tels fonctionnaires, usant régulièrement de ses relations avec les jurés afin d'obtenir les verdicts souhaités[9]. Cet abus du système des contrôles est l'une des plaintes faites par le Chœur quand il entre sur scène et accuse Cléon de choisir les fonctionnaires à accuser comme des figues, en fonction de leur richesse et de leur vulnérabilité psychologique. (vers 257-65). La pièce accuse également Cléon de manipuler les listes de recensement pour imposer des charges financières écrasantes à sa sélection de victimes (vers 911-25).

Lieux et personnalités mentionnées dans Les Cavaliers

La Comédie Ancienne est une forme de théâtre comique extrêmement ancrée dans le temps, et sa compréhension est régulièrement freinée par les multiples références à l'actualité contemporaine, les ragots et la littérature. Des siècles d'études ont dévoilé beaucoup de ces références et elles sont expliquées dans les commentaires des éditions variées des pièces. La liste suivante est dressée à partir de deux telles sources[10] - [11].

Note : Paphlagon est ici désigné par son vrai nom, Cléon.

Lieux

  • Pylos : une baie du PĂ©loponnèse, enfermĂ©e par l'Ă®le de SphactĂ©rie. Elle est associĂ©e Ă  la cĂ©lèbre victoire de ClĂ©on, et de nombreuses rĂ©fĂ©rences y sont faites dans la pièce : en tant que gâteau que ClĂ©on a volĂ© Ă  DĂ©mosthène (vers 57, 355, 1167) ; en tant que lieu dans lequel ClĂ©on, comme un colosse, pose un pied (76) ; en tant que serment que ClĂ©on prĂŞte (702) ; en tant que lieu oĂą ClĂ©on a volĂ© la victoire des gĂ©nĂ©raux athĂ©niens (702) ; en tant qu'origine de la capture des boucliers spartiates (846) ; en tant qu'Ă©pithète de la dĂ©esse AthĂ©na (1172) ; et tant qu'Ă©quivalent du lièvre qu'Agoracrite a volĂ© Ă  ClĂ©on (1201). Pylos est de nouveau mentionnĂ©e dans trois pièces ultĂ©rieures[12].
  • Paphlagonie : une rĂ©gion de la Turquie moderne. Elle est supposĂ©e ĂŞtre le lieu de naissance de ClĂ©on, puisqu'il est nommĂ© après elle. Il y a Ă©galement un jeu de mots sur le verbe paphlazĂ´ (grec ancien : παφλάζω, qui signifie "bouillonner, ĂŞtre en Ă©bullition"), rendu explicite au vers 719.
  • Chaonie : une rĂ©gion du nord-est de la Grèce. C'est lĂ -bas que ClĂ©on le colosse laisse pendre son arrière-train (vers 78). Elle est Ă©galement mentionnĂ©e dans Les Acharniens[13].L'une de ses mains est en Etolie (79).
  • Cyclobore : un torrent montagneux de l'Attique. Il est employĂ© dans la pièce comme image de la voix de ClĂ©on (vers 137), et Ă©galement dans Les Acharniens[14].
  • Carthage, ou Carchedon : une citĂ© phĂ©nicienne, qui marque la limite ouest de l'influence athĂ©nienne (vers 174), et fait figure d'endroit dans lequel les navires se refuseront Ă  aller (1303) ; la Carie marque une limite est (173).
  • Chalcidique : une rĂ©gion du nord de l’ÉgĂ©e, qui Ă©tait sous contrĂ´le athĂ©nien mais comportait des citĂ©s de plus en plus rebelles. Le bol de vin que volent les deux esclaves au dĂ©but de la pièce est de conception chalcidienne, et ClĂ©on les accuse en consĂ©quence de l'avoir volĂ© dans le but de dĂ©clencher une rĂ©volte en Chalcidique (vers 237). Ironiquement, ClĂ©on pĂ©rit plus tard au cours d'une campagne militaire qui visait Ă  rĂ©primer la rĂ©volte de la rĂ©gion.
  • Chersonèse : la pĂ©ninsule de Gallipoli. Elle est mentionnĂ©e par le ChĹ“ur comme le genre d'endroit oĂą ClĂ©on repère les gens qu'il traduira en justice Ă  Athènes (vers 262).
  • PrytanĂ©e : Le siège de gouvernement d'une citĂ© antique. C'est lĂ  que ClĂ©on obtient des repas gratuits (vers 281, 535, 766), et lĂ  oĂą Agoracrite est vouĂ© Ă  obtenir des prestiges sexuels gratuits.
  • Pergase : un dème de la tribu des Erechthides, proche d'Athènes. C'est jusqu'Ă  Pergase que DĂ©mosthène peut aller avant qu'une paire de chaussures en cuir volĂ©e Ă  ClĂ©on ne se brise.
  • Milet : l'une des citĂ©s principales d'Ionie. Elle est cĂ©lèbre pour son poisson (vers 361). ClĂ©on est imaginĂ©, au vers 932, s'Ă©touffant avec des seiches frites en contemplant un pot-de-vin de Milet.
  • PotidĂ©e : une citĂ© rebelle de Chalcidie. Elle est reprise par les AthĂ©niens en -429. ClĂ©on offre Ă  Agoracrite un pot-de-vin d'un talent, sans parler de celui de dix talents qu'il aurait rĂ©cupĂ©rĂ© Ă  PotidĂ©e (vers 438).
  • BĂ©otie : une rĂ©gion voisine d'Athènes (au nord), mais un alliĂ© de Sparte. Elle est cĂ©lèbre pour ses fromages. ClĂ©on accuse Agoracrite de faire du fromage avec les BĂ©otiens (vers 479). La BĂ©otie est abondamment mentionnĂ©e dans Les Acharniens, et dans deux autres pièces[15].
  • Argos : une citĂ©-État du PĂ©loponnèse, restĂ©e neutre tout au long de la guerre. Agoracrite avance que ClĂ©on aurait utilisĂ© les nĂ©gociations avec Argos comme l'opportunitĂ© d'obtenir un pot-de-vin de la part des Spartiates (vers 465), et il assassine plus loin une citation d'Euripide dans laquelle la citĂ© est apostrophĂ©e (vers 813). Argos est mentionnĂ©e dans quatre autres pièces[16].
  • Cap Sounion et Geraestus : les sites de deux temples de PosĂ©idon (aux pointes sud de l'Attique et de l'EubĂ©e). Ils sont mentionnĂ©s dans une invocation au dieu pour dĂ©fendre la citĂ© (vers 560-1). Sounion est Ă  nouveau mentionnĂ© dans Les NuĂ©es[17].
  • Corinthe : une ville du PĂ©loponnèse. Au moment de la pièce, elle a Ă©tĂ© rĂ©cemment attaquĂ©e par les marins sous le commandement de Nicias. La cavalerie a jouĂ© un rĂ´le prĂ©pondĂ©rant dans cette expĂ©dition. Les chevaux ont mĂŞme attaquĂ© les navires, et leur comportement a Ă©tĂ© mĂ©ritoire au fil de la campagne (vers 604). Corinthe est de nouveau mentionnĂ©e dans deux pièces ultĂ©rieures[18].
  • Pnyx : la colline sur laquelle se rassemblaient les citoyens athĂ©niens afin de dĂ©battre des problèmes de l’État. Selon Agoracrite, elle produit un effet nĂ©faste sur Dèmos - d'ordinaire l'homme le plus intelligent du monde, il reste souvent coi sur la plateforme de l'orateur, comme quelqu'un qui ficelle des figues sauvages pour les cultiver (vers 749-55).
  • CĂ©ramique : le quartier des artisans en poterie et du cimetière de la ville. Agoracrite offre, comme garantie de l'amour qu'il porte Ă  Dèmos, d'ĂŞtre traĂ®nĂ© Ă  travers le quartier Ă  l'aide d'un croc de boucher accrochĂ© Ă  ses parties gĂ©nitales. (vers 772).
  • Marathon : ici comme ailleurs[19], c'est un nom qui connote la fiertĂ© patriotique et le respect des anciennes coutumes (vers 781, 1334).
  • Salamine : un autre nom Ă©vocateur, liĂ© Ă  la bataille de Salamine. C'est dans cette bataille que Dèmos aurait hĂ©ritĂ© d'un arrière-train douloureux (ce qui laisse supposer un certain âge), pour lequel Agoracrite lui procure gentiment un coussin (vers 785). L'Ă®le est Ă  nouveau mentionnĂ©e dans Lysistrata[20].
  • Arcadie : une rĂ©gion reculĂ©e et sauvage au cĹ“ur du territoire ennemi. C'est lĂ  que, selon l'un des oracles de ClĂ©on (vers 798), Dèmos s'assiĂ©ra en qualitĂ© de juge pour cinq oboles par jour.
  • PirĂ©e : Le principal port athĂ©nien. Il recouvre la tarte athĂ©nienne par l'action de ThĂ©mistocle (vers 815), et est devenu son Ă©pithète (885). Il est Ă  nouveau mentionnĂ© dans La Paix[21].
  • Kopros : un dème de l'ancienne Athènes, de la tribu des Hippoontides. Son nom signifie Ă©galement « excrĂ©ments ». Un homme originaire de ce dème a fait connaĂ®tre Ă  Dèmos le complot ourdi par ClĂ©on, qui consistait Ă  assassiner des jurĂ©s en masse en provoquant des flatulences (vers 899).
  • Cyllène : un port pĂ©loponnĂ©sien. Également un jeu de mots avec le terme kylle, qui signifie « main de mendiant ». Apollon conseille Ă  Dèmos de l'Ă©viter, et il est suggĂ©rĂ© que la main appartient Ă  un fanatique religieux et vendeur d'oracles, Diopeithès (vers 1081-85).
  • Ecbatane : le siège des rois perses. Selon un oracle, la ville sera un autre lieu dans lequel Dèmos un jour viendra juger (vers 1089). Ectabane est Ă  nouveau mentionnĂ©e dans deux pièces ultĂ©rieures[22].
  • HĂ©phaĂŻsteion : un temple et refuge pour les fugitifs. C'est lĂ  que les vaisseaux de la flotte athĂ©nienne envisagent de fuir pour Ă©chapper Ă  Hyperbolos (bien que le temple soit au cĹ“ur des terres). Un sanctuaire des EumĂ©nides est considĂ©rĂ© sous le mĂŞme angle (vers 1312).

Politiciens athéniens et généraux

  • ClĂ©on, Nicias et DĂ©mosthène : voir Analyse.
  • ThĂ©mistocle : le chef visionnaire d'Athènes pendant les guerres mĂ©diques. Il est mentionnĂ© en tant que modèle en ce qui concerne le suicide (vers 84), comme une rĂ©fĂ©rence risible pour la propre grandeur de ClĂ©on (812-19), et comme quelqu'un qui n'a jamais donnĂ© de cape Ă  Dèmos (884).
  • Simon et Panaetius : des officiers de la cavalerie. L'on suppose qu'ils font partie du ChĹ“ur. DĂ©mosthène les dirige lors des manĹ“uvres des cavaliers contre ClĂ©on pendant la parodos - un indice supplĂ©mentaire de son assimilation avec le gĂ©nĂ©ral (vers 242-43).
  • Eucrates : un vendeur de chanvre. Il fait partie d'une suite de dirigeants populistes mentionnĂ©s dans les oracles de ClĂ©on (vers 129). Il se serait cachĂ© dans une pile de son de blĂ© (254).
  • PĂ©riclès : l'un des plus cĂ©lèbres dirigeants athĂ©niens. S'il Ă©tait blâmĂ© dans Les Acharniens pour avoir initiĂ© la guerre du PĂ©loponnèse[23], il est ici fait de lui un lĂ©ger Ă©loge pour n'avoir pas, contrairement Ă  ClĂ©on, volĂ© de la nourriture au PrytanĂ©e (vers 283). Il est Ă  nouveau mentionnĂ© dans deux pièces ultĂ©rieures[24].
  • Archeptolemos (fils d'Hippodamus) : une figure influente parmi les opposants de ClĂ©on. Il est dit pleurer devant l'effronterie de ClĂ©on (vers 327), et avoir participĂ© Ă  des nĂ©gociations pour la paix par la suite contrariĂ©es par ce dernier (794). Treize ans après la pièce, il devint un personnage influent dans la rĂ©volte oligarchique de - 411 des Quatre Cents.
  • AlcmĂ©onides : un puissant clan aristocratique, que l'on croyait subir une malĂ©diction en raison de meurtres sacrilèges commis durant le VIIe siècle av. J.-C. ClĂ©on y fait allusion en la mentionnant comme la race pĂ©cheresse de laquelle descendrait Agoracrite (vers 445).
  • Phormion : un amiral qui avait assurĂ© le contrĂ´le maritime athĂ©nien plus tĂ´t dans la guerre. Il mourut probablement juste avant la reprĂ©sentation des Cavaliers, et est ici mentionnĂ© dans un hymne Ă  PosĂ©idon (vers 562). Il est mentionnĂ© dans deux autres pièces[25].
  • ThĂ©oros : il est citĂ© lui-mĂŞme citant la complainte d'un crabe corinthien contre les chevaux athĂ©niens (vers 608). L'on ne sait pas s'il s'agit du mĂŞme ThĂ©orus qu'Aristophane raille ailleurs pour sa qualitĂ© d'assistant de ClĂ©on[26].
  • Hyperbolos : un associĂ© de ClĂ©on rĂ©gulièrement ridiculisĂ© dans d'autres pièces[27]. Il y est ici fait allusion Ă  travers l'un des vendeurs de lampes qui achète les affections de Dèmos (vers 739), et est mĂ©prisĂ© des bateaux (1304, 1363).
  • Lysiclès : un politicien de premier rang tuĂ© pendant son service actif Ă  peu près en mĂŞme temps que la mort de PĂ©riclès. C'est le vendeur de moutons mentionnĂ© dans l'oracle Ă©nonçant la succession de dirigeants athĂ©niens qui conduira Ă  Agoracrite (vers 132) et est une rĂ©fĂ©rence pour ClĂ©on, qui s'y compare (765).
  • Phanos : un autre associĂ© de ClĂ©on, mentionnĂ© ici comme son secrĂ©taire dans les tribunaux (vers 1256). Il est Ă  nouveau mentionnĂ© dans Les GuĂŞpes[28].
  • Phaeax : une Ă©toile montante dans le firmament politique. Ses capacitĂ©s, selon Dèmos, sont admirĂ©es de dandies dĂ©cadents (vers 1377)..

Poètes et autres artistes

  • Euripide : l'un des trois grands tragiques grecs (avec Eschyle et Sophocle). Il est la cible de plaisanteries et moqueries dans beaucoup des pièces d'Aristophane, et il apparaĂ®t mĂŞme en tant que personnage dans trois d'entre elles (Les Acharniens, Les Thermosphorieuses et Les Grenouilles). Il est ici mentionnĂ© comme un modèle de crĂ©ativitĂ© artistique (vers 18), et il est fait allusion Ă  sa mère en tant que vendeuse de lĂ©gumes renommĂ©e (vers 19). La pièce comporte des citations de ses pièces Hippolyte (16)[29], BellĂ©rophon (1249) et Alceste (1252), mais aussi deux adages mal assortis tirĂ©s de ses Ĺ“uvres (813).
  • Cratinos : un poète comique de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente. Il Ă©crivait encore des pièces qui connaissaient un certain succès. Le ChĹ“ur prĂ©fĂ©rerait encore lui servir de couverture plutĂ´t que d'ĂŞtre ami avec ClĂ©on (400), dĂ©plore son triste dĂ©clin de poète vieillissant et alcoolique et cite certains de ses vieux chants (526-36). L'annĂ©e suivant Les Cavaliers (-423), il gagna le premier prix des Grandes Dionysies avec La Bouteille, une satire de son alcoolisme, la mĂŞme annĂ©e oĂą Aristophane finit troisième et dernier avec Les NuĂ©es.
  • Morismos : un poète tragique. Il est mentionnĂ© avec dĂ©goĂ»t par Aristophane dans d'autres pièces[30]. Le ChĹ“ur prĂ©fĂ©rerait chanter l'une de ses tragĂ©dies plutĂ´t que d'ĂŞtre ami avec ClĂ©on (vers 401).
  • Simonide : Un Ă©minent poète lyrique. Aristophane cite l'une de ses odes cĂ©lĂ©brant une victoire dans une course de chars (vers 406).
  • Magnès : un autre poète comique. Sa situation dĂ©licate de poète dĂ©passĂ© est plainte par le ChĹ“ur, et allusion est faite Ă  cinq de ses pièces : Le Luth, Les Lydiens, Les Oiseaux, Les Mouches, Les Grenouilles (vers 520-25).
  • Connas : un musicien laurĂ©at de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Il est dit qu'il se complaĂ®t toujours dans les chapelets de ses anciennes victoires, aussi assoiffĂ© que Cratinos (vers 534).
  • Cratès : un poète comique de la comĂ©die ancienne, Ă©galement plaint pour son statut dĂ©passĂ© (vers 537).
  • Aristophane : l'auteur exprime son approche dĂ©licate de sa propre carrière et mentionne sa calvitie (vers 507-50).
  • Ariphrade : potentiellement un poète comique, il est mentionnĂ© plus tard dans Les GuĂŞpes comme l'un des trois fils d'AutomĂ©nès, l'autre Ă©tant musicien et peut-ĂŞtre acteur[31] - [32]. Selon le ChĹ“ur, son obscĂ©nitĂ© est ingĂ©nieuse, sa barbe est pleine de sĂ©crĂ©tions amassĂ©es dans des maisons closes et il est aussi vile qu'Oenichos et Polymneste (des collègues dans l'obscĂ©nitĂ© comme dans les arts), mais son frère Arignotos est un homme bon et un ami de l'auteur (1276-89). Ariphrade est Ă  nouveau mentionnĂ© dans La Paix et L'AssemblĂ©e des Femmes[33].
  • Pindare : poète lyrique renommĂ©, il est citĂ© dans un Ă©loge d'Athènes (vers 1323, 1329).

Personnalités athéniennes

  • ClĂ©nètos : le père de ClĂ©on. Il est ici mentionnĂ© comme un exemple type d'un temps oĂą les gĂ©nĂ©raux ne demandaient jamais de repas gratuits au PrytanĂ©e (vers 574).
  • Cynna et Salabacche : deux courtisans. Ils sont considĂ©rĂ©s par ClĂ©on comme d'excellents exemples de services rendus Ă  Athènes (vers 765). Cynna est mentionnĂ© dans deux pièces supplĂ©mentaires[34] et Salabacche est mentionnĂ© Ă  nouveau dans Les Thermosphorieuses[35].
  • Gryttos : un homme homosexuel notable. Sa citoyennetĂ© a Ă©tĂ© rĂ©voquĂ©e par ClĂ©on sur des bases morales (vers 877).

Analyse

Aristophane dénonce notamment le poids de certains impôts, dont la triérarchie. L'un des personnages menace ainsi l'un de ses ennemis :

« Moi, je te ferai dĂ©signer pour l'Ă©quipement d'un navire. Toute ta bourse y passera : car tu n'auras qu'un vieux rafiot
et il te faudra sans répit payer d'autres rafistolages. Et je saurai me débrouiller pour que te soit attribuée une voile toute pourrie ! »

Aristophane accuse également le démagogue Cléon de s'être attribué la victoire à la bataille de Sphactérie, à la place du général Démosthène.

Le stratège Lysiclès y est décrit avec mépris en « marchand de moutons » (vers 132).

Bibliographie

Éditions de la pièce

  • Aristophane, ComĂ©dies, tome 1, texte Victor Coulon et traduit par Hilaire Van Daele, Paris, Belles Lettres, Collection des UniversitĂ©s de France, 1923. (Texte grec et traduction française)
  • Aristophane, Théâtre complet, texte prĂ©sentĂ©, Ă©tabli et traduit par Pascal Thiercy, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la PlĂ©iade, 1997. (Traduction française seule)

Notes et références

  1. Marc Baratin et Alain Billault, La Littérature grecque, Hachette Éducation Technique, , 288 p. (ISBN 978-2-01-181453-1, présentation en ligne)
  2. (en) D. Barrett et A. Sommerstein, Aristophanes : Birds and Other Plays, Penguin Classics, , p. 64
  3. e.g. Les Cavaliers, lignes 447–9
  4. 'Greece:The History of the Classical Period' S.Hornblower, in The Oxford History of the Classical World J.Boardman, J.Griffin, O.Murray (eds), Oxford University Press 1986, page 139
  5. Aristophanes:Wasps D.MacDowell, Oxford University Press 1971, page 4
  6. 'Greek Drama' P.Levi in The Oxford History of the Classical World J.Boardman, J.Griffin, O.Murray (eds), Oxford University Press 1986, page 177
  7. Les Acharniens, lignes 5–8
  8. Aristophanes:The Birds and Other Plays by D. Barrett and A. Sommerstein (eds.), Penguin Classics 1978, page 33
  9. Aristophanes:Wasps D.MacDowell, Oxford University Press 1971, pages 1–4
  10. Aristophanis Comoediae Tomus II F.Hall and W.Geldart (eds), Oxford University Press 1907, Index Nominum
  11. Aristophanes:The Birds and Other Plays by D. Barrett and A. Sommerstein (eds.), Penguin Classics 1978, pages 315–22
  12. Clouds lines 186; Peace 219, 665; Lysistrata 104, 1163
  13. Acharnians lines 604, 613
  14. Acharnians line381
  15. Peace lines 466, 1003; Lysistrata lines 35, 40, 75, 702
  16. Peace line 475; Thesmophoriazusae 1101; Frogs 1208; Wealth II 601
  17. The Clouds line 401
  18. Birds line 968; Wealth II 173, 303
  19. Acharnians lines 181, 697; Clouds 986; Wasps 711; Birds 246; Thesmophoriazusae 806; Frogs 1296
  20. Lysistrata lines 59, 411
  21. Peace lines 145, 165
  22. Acharnians line 64, 613; Wasps 1143
  23. Acharnians line 530
  24. Clouds lines 213, 859; Peace 606
  25. Peace line 347; Lysistrata 804
  26. Acharnians line 134, 155; Clouds 400; Wasps 42, 47, 418, 599, 1220, 1236
  27. Acharnians line 846; Clouds 551, 557, 623, 876, 1065; Wasps 1007; Peace 681, 921, 1319; Thesmophoriazuase 840; Frogs 570
  28. Wasps line 1220
  29. Hippolytus line 345
  30. Peace 801; Frogs 151
  31. Aristophanes:Wasps D.MacDowell, Oxford University Press 1971, pages 297–8
  32. Wasps lines 1275–83
  33. Peace line 883; Ecclesiazusae 129
  34. Wasps line 1032; Peace 755
  35. Thesmophoriazusae line 805

Voir aussi

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