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Le Poste colonial

Le Poste colonial est une station de radiodiffusion généraliste française d’État en ondes courtes destinée à l'empire colonial français en activité du au .

Le Poste colonial
Description de l'image Poste Colonial.png.
Présentation
Pays Drapeau de la France France
Siège social 98 bis boulevard Haussmann 75008 Paris
Propriétaire PTT / Fédération Nationale de la Radiodiffusion Coloniale
Langue Français, anglais, espagnol, allemand, arabe, italien et portugais
Statut Généraliste internationale publique
Historique
Création
Disparition
Diffusion hertzienne
AM Ondes courtes sur 19,68 m, 25,20 m et 25,63 m
Diffusion câble et Internet

Histoire

La France possède encore dans les années 1920-1930 de nombreuses colonies formant l'empire colonial français. La radiodiffusion, qui se développe en France depuis 1922, est alors vue comme un formidable moyen de diffuser des informations, tant au niveau politique, qu’économique et éducatif, et de tenir informé les colons des nouvelles de la capitale. Ainsi, au cours du Congrès national de la radiophonie, qui se tient à Paris du 14 au , une commission des Colonies et de la Marine marchande, présidée par Alcide Delmont, sous-secrétaire d'État aux Colonies adopte le principe d'équiper le poste de la tour Eiffel pour atteindre toutes les colonies françaises, de créer un nouveau poste national d’émissions spécialisées dans la radiodiffusion coloniale, susceptible en fonctionnant en permanence de couvrir le monde entier d’émissions françaises aux heures les plus favorables à la réception, et dont le fonctionnement serait assuré en accord avec les ministères des Affaires étrangères, des Colonies et les associations coloniales, de créer un poste local d’émission fonctionnant sous le contrôle du représentant de la France dans chaque groupe de colonie où le besoin s'en ferait sentir et de concevoir ces nouveaux postes suivant un plan d’ensemble[1].

Faisant suite aux dĂ©clarations de principe, la France, qui ne dispose pas encore d'Ă©metteur ondes courtes, mène des tests de diffusion sur ondes courtes depuis la tour Eiffel entre 1929 et 1930. Le projet de crĂ©ation d'un poste de radiodiffusion coloniale se concrĂ©tise en 1930, lorsqu'AndrĂ© MallarmĂ©, secrĂ©taire d’État aux PTT et dĂ©putĂ© d'Alger, fortement encouragĂ© par le MarĂ©chal Lyautey, dĂ©cide la crĂ©ation d'un nouveau poste radiophonique d’État Ă  destination des 100 millions d’auditeurs de l'Empire colonial français. Ce poste doit utiliser le rĂ©seau des ondes courtes mis en place pour la TSF dans les colonies françaises depuis le dĂ©but des annĂ©es 1900 et qui devrait permettre de toucher tous les territoires de l'Empire. Une FĂ©dĂ©ration Nationale de la Radiodiffusion Coloniale est crĂ©Ă©e en et prĂ©sidĂ©e par l'ambassadeur en retraite Alexandre-Robert Conty. Un ComitĂ© de la Radiodiffusion Coloniale auprès du ministère des Colonies, composĂ© de dix-huit membres nommĂ©s pour 4 ans et prĂ©sidĂ© par Alcide Delmont, est mis en place par un arrĂŞt du . Pour diffuser ce nouveau poste, le gouvernement envisage d'abord l'installation d'un important site dĂ©diĂ© aux Ă©missions en ondes courtes, dont le projet est abandonnĂ© face au coĂ»t estimatif. Il en est de mĂŞme, par manque d'espace, du projet du ComitĂ© de la Radiodiffusion Coloniale prĂ©voyant un site d'Ă©mission installĂ© sur le site de l'exposition coloniale internationale prĂ©vue Ă  Paris en 1931. Finalement, le Conseil des ministres du adopte une solution intermĂ©diaire qui limite les coĂ»ts d'installation de ce nouveau poste d’État Ă  1,5 million de francs en installant ses studios au sein de l'exposition coloniale, dont l'inauguration en coĂŻncidera avec le dĂ©marrage de ses programmes, et en utilisant le site dĂ©jĂ  existant de la station tĂ©lĂ©graphique de Pontoise (Seine-et-Oise) pour y construire l'Ă©metteur ondes courtes. Les travaux de construction de ce dernier sont entrepris en et confiĂ©s aux PTT qui sont propriĂ©taires du site. Les bâtiments du centre Ă©metteur de plusieurs centaines de mètres carrĂ©s sont achevĂ©s le et les trois pylĂ´nes de 100 m de haut formant les deux Ă©metteurs de 12 kW sont montĂ©s en . Les PTT tirent un câble BF de 40 kilomètres pour acheminer la modulation entre Pontoise et les studios de l'exposition coloniale Ă  la porte DorĂ©e. Les premiers essais d'Ă©mission ont lieu le et les PTT mettent alors le centre d'Ă©mission Ă  la disposition de la FĂ©dĂ©ration Nationale de la Radiodiffusion Coloniale, chargĂ©e de l'exploitation et des programmes du nouveau poste.

Le Ă  15 h, le Poste colonial est officiellement inaugurĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique Gaston Doumergue le jour de l'ouverture de l'exposition coloniale internationale et dĂ©bute sa première Ă©mission par ces mots : « Ici le Poste colonial de l'État français... ». Ses studios sont installĂ©s au sein mĂŞme de l'exposition, dans la CitĂ© des informations. Cette station de radiodiffusion en ondes courtes est destinĂ©e Ă  l'Empire colonial français et ses Ă©missions sont dirigĂ©es vers l'AmĂ©rique, l'Afrique et le Moyen-Orient/Indochine sur trois longueurs d'onde de 19,68 mètres, 25,20 mètres et 25,63 mètres[2]. Durant l'Ă©tĂ© 1931 (plusieurs mois après le lancement), des journaux nĂ©o-calĂ©doniens de NoumĂ©a et des Antilles arrivent en mĂ©tropole, datĂ©s du , relatant les principaux propos du discours inaugural de l'exposition, prononcĂ© par le marĂ©chal Lyautey et relayĂ© en direct par le Poste colonial. C'est ainsi que naĂ®t la rĂ©volution de l'information, informer dans l'immĂ©diat, toute la planète. Les ondes courtes en sont le premier vecteur.

Fin décembre, après la fermeture de l'exposition, les émissions sont maintenues et l'équipe du Poste colonial s'installe à l'Institut colonial, boulevard Haussmann à Paris. Julien Maigret, speaker très connu, lui-même ex-colonial revenu de quinze années passées en Afrique-Occidentale française, prend la direction des émissions avec lesquelles il entend affermir la présence française dans les colonies et contrecarrer la vitalité radiophonique du Royaume-Uni et de l'URSS, pays dès cette époque très actifs dans le domaine des ondes courtes.

En 1933, le ministre des PTT, Laurent Eynac, officialise la mission de cordon ombilical des ondes courtes, qui permettent de relier les Français disséminés de par le monde avec la patrie : « L'objectif [...] est d'utiliser les possibilités que donne la radiodiffusion pour relier à la mère patrie les nationaux diffusés sur les divers points du globe et ainsi, par la suppression virtuelle des distantes et du temps, les associer aux manifestations de l'activité métropolitaine sous toutes ses formes et dans tous les divers domaines »[3]. Le , apparaît la redevance pour le droit d'usage des récepteurs radios, ainsi que la taxe sur les lampes de réception, qui financent la station.

Dans les annĂ©es 1930, la radio devient un moyen de propagande. Conscient de ces enjeux, Georges Mandel, le nouveau ministre des PTT Ă  partir de 1934, souhaite que le Poste colonial diffuse lui aussi vers les pays Ă©trangers, car cet instrument de propagande du gouvernement français doit suivre le mouvement international de crĂ©ation de radios vers l'Ă©tranger : Radio Moscou a inaugurĂ© ses Ă©missions vers l'Ă©tranger en , Radio Vatican a fait de mĂŞme en , BBC Empire Service fonctionne depuis 1932, l'Allemagne nazie a lancĂ© ses premières Ă©missions en ondes courtes vers l'Europe et l'AmĂ©rique du Nord en 1933, ainsi que l'Italie. En , Mandel fait voter par le Parlement un projet de construction d'un centre d'Ă©missions d'ondes courtes Ă  Noyant-d'Allier près de Moulins, constituĂ© de six Ă©metteurs de 100 kW, avec une mise en service prĂ©vue pour . En , le Front populaire arrive au pouvoir, et ne considère pas Le Poste colonial comme une prioritĂ©. Le nouveau ministre des PTT, Robert Jardillier, abandonne la construction du centre qu'il juge trop coĂ»teuse (60 millions de francs), alors que le terrain choisi est dĂ©clarĂ© inapte Ă  accueillir un centre d'Ă©mission. Cette dĂ©cision provoque la protestation des parlementaires et en , le gouvernement dĂ©cide de procĂ©der Ă  la construction d'un nouveau centre Ă©metteur ondes courtes aux Essarts-le-Roi (Seine-et-Oise) afin de remplacer l'Ă©metteur de Pontoise. Le , l'Ă©metteur de 25 kW des Essarts-le-Roi est inaugurĂ©. Le Poste colonial est alors renommĂ© Paris-Ondes courtes, puis une semaine plus tard Paris-Mondial[4].

Identité sonore et visuelle

Indicatif

L'indicatif sonore du Poste colonial est le chant du coq, animal symbole de la France.

Logos

Le Poste colonial utilise différentes vues de l'Exposition coloniale internationale de 1931 pour assurer sa promotion. Son logo le plus courant montre le pavillon de la Côte française des Somalis avec un cartel en losange dans lequel est inscrit le nom du poste, sa bande de diffusion et sa date de fondation. Une autre version montre la Cité des informations.

  • Logo du Poste colonial du 6 mai 1931 au 22 mars 1938.
    Logo du Poste colonial du au .

Organisation

Dirigeants

Président
Directeur
  • Julien Maigret : -

Comme pour tous les postes d’État, le Poste colonial est confié à une association gestionnaire, la Fédération nationale de la radiodiffusion coloniale, qui rend compte directement au Service de la radiodiffusion du ministère des PTT.

Mission

La Cité des Informations.

La mission dévolue au Poste colonial est de transmettre des informations de la métropole aux colons et de répandre la culture française à travers le monde.

Sièges

Le siège et les studios du Poste colonial sont installés dans la Cité des informations de l'exposition coloniale internationale qui comprend un grand hall de commodités regroupant la Poste, les billetteries maritimes et ferroviaires, une librairie, la radiophonie et la presse française, coloniale et étrangère.

Après la fermeture de l'exposition coloniale le , Le Poste colonial installe ses studios à l'Institut colonial au 98 bis, boulevard Haussmann[5] à Paris, fin .

Programmes

Le Poste colonial émet d'abord 11 heures par jour en français des programmes destinés aux colons français expatriés en Asie, Afrique et Amérique du Sud. Les premiers programmes diffusés sont les cours de la bourse et des programmes culturels de Radio PTT comme des pièces de théâtre.

La durée quotidienne d'émission est étendue à 20 heures (de 13 h à 9 h) à partir de 1932 et le Poste colonial diffuse alors principalement de la musique, retransmet des concerts et des représentations théâtrales. En effet, le Poste colonial possède un orchestre de 40 musiciens dirigé par Henri Tomasi et une troupe de théâtre qui animent tous deux l'antenne de manière hebdomadaire. Julien Maigret nomme un jeune comédien du théâtre de l'Odéon, Louis Seigner, pour diriger la troupe du Poste colonial, réunissant une vingtaine d'acteurs. Cette troupe diffuse une œuvre dramatique chaque semaine pour que le répertoire français parvienne aux colonies. Au double plan musical et théâtral, le répertoire du Poste colonial est en tous points comparable à celui des orchestres et troupes entendus dans la métropole (de Mozart à Richard Wagner et Claude Debussy, de Molière à Racine et Edmond Rostand), à telle enseigne que, lorsque s’inscrit bientôt, en 1932, le système des émissions dites fédérales, le Poste colonial contribue à l’alimenter, ce qui assoit sa réputation en métropole et concourt à la notoriété des participants à ces émissions artistiques. Le Journal Parlé tient informé le vaste auditoire du Poste colonial de ce qui fait l'actualité en métropole. Il est rédigé par les journalistes, sous les ordres du chef de l'information, au fur et à mesure que les dépêches des agences de presse leur parviennent, mais c'est aux speakers, et non aux journalistes que revient la responsabilité de lire les informations devant le micro. Julien Maigret décide de diffuser, chaque jour et selon les fuseaux horaires concernés, de brèves informations en espagnol et en anglais, traduites des informations en français. Celles en espagnol sont traduites par un jeune médecin, Jaramillo. D'un poste s'adressant uniquement aux colonies françaises, le Poste colonial s'internationalise peu à peu.

En , le Poste colonial émet 24 heures sur 24 et, dans l'esprit du rapport Mandel, un service d'émissions spécialement destinées à l'étranger se structure progressivement de 1935 à 1938 avec l'ajout d'émissions en arabe à destination des colonies françaises du Grand Liban, de la Syrie et du Maghreb, ainsi qu'en portugais pour toucher toute l'Amérique du Sud, mais surtout en allemand et italien afin de contrer la propagande de ces deux pays. L'auditoire s'élargit. La guerre d'Espagne a pour conséquence l'augmentation de la diffusion de nouvelles en espagnol à partir d'. À mesure que s'étoffent les services en langues étrangères, les sections recrutent des speakers et journalistes parmi les réfugiés politiques européens fuyant les exactions fascistes allemandes et italiennes.

Diffusion

Le site d'Ă©mission du Poste colonial, installĂ© Ă  Pontoise (Seine-et-Oise), comporte deux Ă©metteurs ondes courtes de 12 kW reliĂ©s Ă  une paire d'antennes en rideaux du type Chirex-Mesny, dont l'installation technique a Ă©tĂ© supervisĂ©e par le gĂ©nĂ©ral FerriĂ©. Les deux Ă©metteurs diffusent sur trois longueurs d’onde de 19,68 mètres, 25,20 mètres et 25,63 mètres Ă  destination du Moyen-Orient et de l'Indochine française, de l'Afrique et des AmĂ©riques afin de couvrir tout l'Empire colonial français.

En 1936, le site s'enrichit d'un Ă©metteur ondes courtes de 50 kW construit par la Compagnie française pour l'exploitation des procĂ©dĂ©s Thomson Houston (CFTH), qui remplace un des deux Ă©metteurs de 12 kW.

Notes et références

  1. « Histoire de la TSF », Dieppe Radio-Club.
  2. Jacqueline Baudrier, Si RFI m'était conté, RFI, 2004 (Consulter en ligne).
  3. Laurent Eynac, « Éditorial », Annuaire de la Radiodiffusion française, ministère des PTT, Paris, 1933, page 315.
  4. Thierry Vignaud, « Les ondes courtes en France : les origines (1935-1938) », Émetteurs de radiodiffusion et télévision.
  5. Façade du 98 bis, boulevard Haussmann à Paris sur meilleursagents.com.

Voir aussi

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