La PĂ©richole
La Périchole (prononcer « Péricole ») est un opéra bouffe de Jacques Offenbach, sur un livret de Ludovic Halévy et Henri Meilhac créé le au théùtre des Variétés dans une version en deux actes, puis dans une version remaniée en 3 actes et 4 tableaux le , toujours aux Variétés.
Genre | opéra bouffe |
---|---|
Nbre d'actes | deux ou trois actes et quatre tableaux |
Musique | Jacques Offenbach |
Livret | Ludovic Halévy et Henri Meilhac |
Langue originale |
Français |
Sources littéraires |
Prosper Mérimée : Le Carrosse du Saint-Sacrement |
Création |
théùtre des Variétés, Paris |
Versions successives
- 1868 : 1re version en deux actes
- 1874 : 2e version en trois actes et quatre tableaux
Personnages
- La PĂ©richole, chanteuse des rues
- Piquillo, chanteur des rues
- Don AndrĂšs de Ribeira, vice-roi du PĂ©rou
- Don Miguel de Panatellas, premier gentilhomme de la Chambre
- Don Pedro de Hinoyosa, gouverneur de Lima
- Guadalena, 1re cousine
- Berginella, 2e cousine
- Mastrilla, 3e cousine
- Le Marquis de Tarapote, grand chambellan
- Manuelita, Frasquinella, Brambilla, Ninetta, dames de la Cour
- Deux notaires
- Le Marquis de Satarem, vieux prisonnier (1874)
- Un geĂŽlier (1874)
Airs
- Couplets de l'Incognito - acte I
- Complainte « L'Espagnol et la Jeune Indienne » - acte I
- Air de la lettre - acte I
- Griserie ariette - acte I
- Couplets « Les femmes, il n'y a qu'ça » - acte II
- Couplets « Que les hommes sont bĂȘtes » - acte II
- Final II - « Rondo des maris récalcitrants »
- Air de Piquillo « On me proposait d'ĂȘtre infĂąme » - acte III
- Couplets de l'Aveu « Je t'adore, brigand » - acte III
L'opéra est inspiré d'une comédie de Prosper Mérimée : Le Carrosse du Saint-Sacrement. A Lima au XVIIIe siÚcle deux chanteurs ambulants indigents, réussissent aprÚs plusieurs quiproquos à se moquer du vice-roi du Pérou, impénitent phallocrate.
GenĂšse
Contexte
En , Jacques Offenbach travaille, avec Henri Meilhac et Ludovic HalĂ©vy, sur Le ChĂąteau Ă Toto crĂ©Ă© le [1], et sur Vert-Vert[Note 1] et Les Brigands qui ne seront crĂ©Ă©s respectivement que le et [2]. Il semble ne sâĂȘtre mis Ă composer La PĂ©richole que durant lâĂ©tĂ© 1868[3].
Ăcriture
Les librettistes utilisent quelques Ă©lĂ©ments de la saynĂšte de Prosper MĂ©rimĂ©e, extraite du ThĂ©Ăątre de Clara Gazul et intitulĂ©e Le Carrosse du Saint-Sacrement[4] prĂ©sentĂ©e Ă la ComĂ©die Française en 1850. Le Carrosse du Saint-Sacrement a dĂ©jĂ fait lâobjet d'une adaptation sous le nom La PĂ©richole au thĂ©Ăątre du Palais-Royal en 1835, avec Virginie DĂ©jazet dans le rĂŽle principal[5].
La PĂ©richole sâinspire de la vie de lâactrice et courtisane pĂ©ruvienne Camila PĂ©richole, qui sâest elle-mĂȘme inspirĂ©e de la figure historique MicaĂ«la Villegas, connue sous le nom de « la perra chola » (littĂ©ralement la « chienne mĂ©tisse »), une actrice et aussi la maĂźtresse du vice-roi du PĂ©rou, Manuel de Amat y Juniet, vice-roi du PĂ©rou entre 1761 et 1776. Le nom de Perricholi est attribuĂ© au vice-roi Amat, mais il existe de nombreuses histoires Ă l'Ă©gard de la signification de ce dernier. Certaines racontent qu'Amat l'appelait « peti-xol » lorsqu'ils Ă©taient tous les deux, ce qui en catalan signifie âpetite merveilleâ; D'autres rapportent aussi que le terme « pirri » est utilisĂ© Ă cette Ă©poque comme diminutif, donc « pirri-choli » ou «petite-cholo» signifierait tendrement âjolie petite indienneâ. L'histoire la plus connue est probablement diffusĂ©e par les nombreux ennemis qu'avait le vice-roi : elle raconte que lors d'une querelle entre les amants, Amat, en colĂšre, l'aurait appelĂ© «perra chola» (chienne indigĂšne, cholo ayant, le plus souvent une connotation pĂ©jorative), et, avec son accent catalan cela aurait donnĂ© « perri choli ». L'incident est colportĂ© au palais et dans la haute sociĂ©tĂ© de Lima â qui n'apprĂ©cie pas l'actrice â et on commence Ă l'appeler « La Perricholi » pour l'humilier.
DĂšs le , la Revue et gazette musicale de Paris annonce la crĂ©ation dâune nouvelle Ćuvre de Henri Meilhac, Ludovic HalĂ©vy et Jacques Offenbach en octobre au thĂ©Ăątre des VariĂ©tĂ©s[6]. DĂ©but aoĂ»t, Jacques Offenbach remet la musique de cette nouvelle piĂšce en deux actes intitulĂ©e La PĂ©richole.
Répétitions
La lecture de lâĆuvre est effectuĂ©e par la troupe la semaine du , avec Hortense Schneider et JosĂ© Dupuis dans les rĂŽles principaux[7]. Fin aoĂ»t, lâĆuvre entre en rĂ©pĂ©tition[8].
Fin , les Ă©ditions Brandus et Dufour acquiĂšrent la partition de La PĂ©richole[9] qui avait dâabord Ă©tĂ© proposĂ©e aux Ă©ditions Heu[10].
La crĂ©ation est dâabord annoncĂ©e pour le 1er octobre[11], puis autour du [12], puis le [13]. Elle est crĂ©Ă©e le .
Création
Accueil
La musique est trĂšs bien accueillie et cinq numĂ©ros musicaux sont bissĂ©s le premier soir : les couplets du vice-roi, la complainte LâEspagnol et la Jeune indienne, lâair de la griserie Ă lâacte I, le chĆur de femme « Eh bonjour monsieur le mari », le trio « Les femmes, il nây a quâça » Ă lâacte II[4]. La Revue et gazette musicale de Paris prĂ©cise que la partition est lâ« une des meilleures bien certainement dâOffenbach »[4]. La lettre est particuliĂšrement remarquĂ©e, la Revue et gazette musicale de Paris[4] et Le Figaro[14] publient la partition dans leurs colonnes quelques jours aprĂšs la premiĂšre.
Mais les critiques sont plutĂŽt prudents sur la postĂ©ritĂ© de lâĆuvre. Le Constitutionnel fait lâĂ©cho de vagues provoquĂ©es par La PĂ©richole. La Gazette des Ătrangers pressent que lâ« on critiquera (âŠ) et [quâ]on louera et [que] tout sera pour le mieux dans lâintĂ©rĂȘt (âŠ) des auteurs ». Le Pays parle de « sĂ©vĂ©ritĂ©s [du] public » et observe que « piĂšce et musique sont incontestablement plus dĂ©licates que les prĂ©cĂ©dentes »[15]. Le MĂ©nestrel Ă©voque « des chuts, voire des sifflets, vers la fin de La PĂ©richole » en raison « de quelques effets de mauvais goĂ»t qui ont choquĂ© »[5].
Jean-Claude Yon, dans sa biographie dâOffenbach analyse : « Les critiques semblent ne pas avoir vu combien (âŠ) La PĂ©richole est diffĂ©rente des Ćuvres qui lâont prĂ©cĂ©dĂ©e. Elle atteint une noirceur qui paraĂźt Ă priori incompatible avec le genre de lâopĂ©ra-bouffe. (âŠ) Dans ce monde corrompu, le musicien a donnĂ© une fois de plus le beau rĂŽle aux femmes : (âŠ) la PĂ©richole est le seul personnage Ă agir avec dignitĂ©. [Sa] lettre (âŠ) est une merveille de tact et de simplicitĂ© et sa âgriserie-arietteâ suggĂšre lâivresse sans vulgaritĂ© »[16].
Pour Louis Oster et Jean Vermeil , Offenbach et ses librettistes raillent Napoléon III et la cour de L'Impératrice EugÚnie, l'air "Il grandira car il est espagnol, gnol, gno..." moquant l'accession rapide des hispaniques à la cour[17]. L'Opéra étant une charge politique sur les aventures de Napoléon III avec les femmes, dont Hortense Schneider, autant que celle de l'Empire au Mexique et dans différentes aventures coloniales.
Remaniements
DĂšs la deuxiĂšme reprĂ©sentation, lâĆuvre subit des remaniements. Certaines scĂšnes sont raccourcies, certains numĂ©ros musicaux sont remplacĂ©s ou supprimĂ©s, dâautres sont dĂ©placĂ©s[4].
Créateurs
RÎle | Créateur (Théùtre des Variétés, )[18] |
Créateur (Théùtre des Variétés, )[19] |
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Piquillo, chanteur des rues | José Dupuis | José Dupuis |
Don AndrĂšs de Ribeira, vice-roi du PĂ©rou | Pierre-EugĂšne Grenier | Pierre-EugĂšne Grenier |
Le comte Don Miguel de Panatellas, premier gentilhomme de la Chambre | Christian | Baron |
Don Pedro de Hinoyosa, gouverneur de la ville de Lima | Lecomte | LĂ©once |
Le marquis de Tarapote, chambellan du vice-roi | Charles Blondelet | Charles Blondelet |
Un vieux prisonnier | Daniel Bac | |
1er notaire (1er coryphée, ténor) | Bordier | Bordier |
2e notaire (1er coryphée, ténor) | Horton | Monti |
Un geĂŽlier | Coste | |
1er buveur (1er coryphée, basse) | Videix | |
2e buveur (1er coryphée, basse) | Halserc | |
La PĂ©richole, chanteuse des rues | Hortense Schneider | Hortense Schneider |
Guadalena (1re cousine, soprano) | Legrand | J. Grandville |
Berginella (2e cousine, soprano) | Carlin | Lina Bell |
Mastrilla (3e cousine, mezzo-soprano) | C. Renault | Schweska |
Manuelita (1re dame d'honneur, soprano) | Julia H. | Martin |
Ninetta (2e dame d'honneur, soprano) | Bénard | Valpré |
Brambilla (3e dame d'honneur, mezzo-soprano) | Gravier | Estelle Lavigne |
Frasquinella (4e dame d'honneur, mezzo-soprano) | A. Latour | Julia H. |
SuccĂšs
Ă Paris
La troisiĂšme reprĂ©sentation atteint 4 300 francs de recettes et se maintiennent au-dessus de 4 700 de la quatriĂšme Ă la huitiĂšme[20]. Mi-octobre, les rĂŽles sont appris en double[21]. Le succĂšs se maintenant, le directeur des VariĂ©tĂ©s dĂ©cide fin novembre de ne pas donner de revue comme câest lâhabitude pour les fins dâannĂ©es[22].
Les airs dĂ©tachĂ©s paraissent Ă la fin du mois dâ[23] et le piano-chant le mercredi [24]. La partition pour piano seul paraĂźt Ă la fin du mois de [22].
Si lâĆuvre est diversement apprĂ©ciĂ©e par la critique, sa musique est trĂšs largement reprise et diffusĂ©e : « DĂšs le lendemain de la premiĂšre reprĂ©sentation, que de refrains Ă©taient populaires! » sâexclame Henri Lavoix plusieurs annĂ©es plus tard[25]. DĂ©but , le thĂ©Ăątre de lâEldorado propose une parodie de lâĆuvre, intitulĂ©e La PĂ©ri-colle[24]. Le mardi , lors de lâinauguration des bals du Cirque de lâimpĂ©ratrice exĂ©cute des quadrilles composĂ©s sur la musique de La PĂ©richole[26]. Les revues de fin dâannĂ©e sâinspirent largement de lâĆuvre, comme par exemple au cafĂ©-concert de lâAlcazar qui la baptise La Chilpericholle[27].
Le , le prince et la princesse de Galles assistent à une représentation au théùtre des Variétés[26].
La derniĂšre est prĂ©sentĂ©e Ă Paris le lundi [28] - [Note 2], le lendemain, le thĂ©Ăątre des VariĂ©tĂ©s reprend La Grande-Duchesse de GĂ©rolstein pour quelques reprĂ©sentations[29]. « Le mauvais dĂ©part du premier soir sera largement rattrapĂ© mais jamais opĂ©ra-bouffe dâOffenbach, Meilhac et HalĂ©vy nâaura connu une carriĂšre aussi courte aux VariĂ©tĂ©s » note lâhistorien Jean-Claude Yon[16].
En province et Ă lâĂ©tranger
La PĂ©richole est rapidement mise Ă lâĂ©tude Ă Bruxelles, Marseille, Bordeaux, Nice (premiĂšre le jeudi [30]), Avignon, ChĂąlons, Dunkerque, Valenciennes, Cambrai, GenĂšve, New-York (premiĂšre en français le [31]) et Rio-de-Janeiro[32].
Elle est crĂ©Ă©e en 1869 Ă Saint-PĂ©tersbourg dans une orchestration locale malgrĂ© les interdictions des auteurs et de lâĂ©diteur[33]. Hortense Schneider prĂ©sentera lâĆuvre elle-mĂȘme en janvier 1872 dans cette ville[34] avec un succĂšs phĂ©nomĂ©nal : « Dans La PĂ©richole, mademoiselle Schneider a dĂ» rĂ©pĂ©ter tous ses morceaux (âŠ). Ajoutez Ă ce triomphe douze rappels dans le courant de la piĂšce ou Ă la chute du rideau. » Elle ira prĂ©senter lâĆuvre Ă Londres en [35].
La Périchole est représentée à Toulon[36], à Avignon[31].
Seconde version
Création
Une seconde version « dont le troisiÚme acte serait complÚtement refait » est annoncée en [37]. La lecture, par les librettistes, de ce nouveau troisiÚme acte en deux tableaux a lieu le mercredi [38]. Jacques Offenbach dont la santé est trÚs chancelante assiste à la répétition du jeudi [39].
Dâabord prĂ©vue pour le , la seconde version est crĂ©Ă©e le au thĂ©Ăątre des VariĂ©tĂ©s, en raison dâ« une indisposition du maestro Offenbach »[40].
Le public et la critique sont trĂšs sensibles Ă la prestation dâHortense Schneider qui nâĂ©tait pas remontĂ©e sur la scĂšne du thĂ©Ăątre des VariĂ©tĂ©s depuis La PĂ©richole, Ă lâexception de lâopĂ©ra-bouffe La Veuve de Malabar de HervĂ© prĂ©sentĂ© du [41] au [42] et quelques reprises de Barbe-Bleue et dâextraits de La Grande-Duchesse de Gerolstein fin [43]. Le Figaro note ainsi : « Elle a fait de la virtuose de place publique, devenue la maĂźtresse dâun vice-roi, lâun de ses meilleurs rĂŽles de comĂ©dienne et de chanteuse. Câest avec un sentiment exquis, une passion dĂ©solĂ©e, et toutes les nuances de la grĂące et de lâattendrissement, que la PĂ©richole fait au public, gagnĂ© par lâĂ©motion, la lecture de sa lettre dâadieu »[44].
Si Ludovic HalĂ©vy note peu avant la premiĂšre « Nous avons refait un troisiĂšme acte en deux tableaux (âŠ). Il paraĂźt gai et la musique dâOffenbach me semble trĂšs gentille »[45], les librettistes nâont pas rendu lâĆuvre plus lĂ©gĂšre avec des couplets comme « Cela vous met la mort dans lâĂąme / De voir le monde comme il va⊠», ou encore par le sort du vieux prisonnier condamnĂ© Ă retourner en prison parce quâil ignore la raison de sa condamnation !
DĂšs la premiĂšre reprĂ©sentation, cette nouvelle version, et sa musique, est particuliĂšrement bien accueillie : « Nous nâavons pas un choix Ă faire parmi les morceaux qui composent le troisiĂšme acte ; tous ont Ă©tĂ© trĂšs-bien reçus et quelques-uns ont Ă©tĂ© bissĂ©s. Ajoutez Ă cela les morceaux de lâancienne partition qui ont Ă©tĂ© bissĂ©s comme les couplets des femmes, la griserie-ariette, et nous pouvons constater quâavec la reprise de la PĂ©richole, le thĂ©Ăątre des VariĂ©tĂ©s tient un succĂšs de plus »[25].
Fin , le théùtre des Variétés annonce les derniÚres de La Périchole[46]. La derniÚre représentation a lieu le [47]. Elle sera ensuite reprise « 44 fois du au »[48].
Costumes
- Le vice-roi Ă l'acte I
- Le vice-roi Ă l'acte II
- Piquillo Ă l'acte II
- Tarapote
- Le geĂŽlier
- Le vieux prisonnier
Argument
Acte I
Versions de 1868 et de 1874.
Ă Lima, sur une place de la ville, le vice-roi du PĂ©rou sort de son palais incognito « afin de savoir un peu par lui-mĂȘme ce que lâon pense de son administration ». Il compte bien aussi profiter de la fin de journĂ©e pour « conduire quelque sĂ©millante manola » dans une petite maison lui appartenant. AprĂšs le dĂ©part du vice-roi, deux chanteurs des rues, la PĂ©richole et son fiancĂ© Piquillo, viennent sur cette place chanter leurs chansons mais ne rencontrent guĂšre de succĂšs. Et pourtant, « ça coĂ»te quatre piastres pour se marier ». La PĂ©richole, fatiguĂ©e et affamĂ©e, laisse Piquillo quĂȘter un peu plus loin et s'endort. Le vice-roi revient et, subjuguĂ© par sa beautĂ©, lui propose de devenir demoiselle d'honneur de la vice-reine. La PĂ©richole, au comble de la faim, accepte et rĂ©dige une lettre d'adieu Ă Piquillo lui rappelant qu'elle l'« aime de tout [son] cĆur » mais qu'il « [peut] compter sur [sa] vertu ». Cette lettre plonge Piquillo au dĂ©sespoir et il veut se pendre. Heureux hasard, il est sauvĂ© par le premier gentilhomme de la cour qui cherche un mari Ă la future favorite du vice-roi pour respecter les rĂšglements. AidĂ©s par les alcools, le mariage est cĂ©lĂ©brĂ©, sans que Piquillo n'ait rĂ©alisĂ© l'identitĂ© de son Ă©pouse.
Acte II
Versions de 1868 et de 1874.
Le lendemain, dégrisé, Piquillo fait savoir qu'il en aime une autre et veut la retrouver. Il doit préalablement présenter officiellement son épouse au vice-roi. Quand il découvre que la Périchole est la maßtresse de celui-ci, il éclate de fureur et est aussitÎt expédié au cachot des maris récalcitrants.
Versions de 1868 uniquement.
La Périchole, dans une feinte colÚre, obtient du vice-roi qu'il soit libéré. Le soir, devant le vice-roi, ils chantent leurs malheurs. Il s'attendrit et, magnanime, il les laisse s'en aller.
Fin de la version de 1868.
Acte III
Version de 1874 uniquement.
Premier tableau
La Périchole vient visiter son Piquillo en prison. AprÚs un mouvement d'humeur de sa part, elle l'informe qu'elle n'a pas cédé aux avances du roi, et qu'elle va corrompre le geÎlier. Celui-ci se présente mais n'est autre que le vice-roi déguisé, qui les fait enfermer tous les deux. Une fois ces derniers laissés seul, un vieux prisonnier les fait évader par le tunnel qu'il a creusé.
Second tableau
Les trois évadés se retrouvent en ville, mais sont identifiés par une patrouille et le vice-roi se présente aussitÎt. La Périchole et Piquillo chantent leurs malheurs, ce qui attendrit le vice-roi qui, magnanime, les laisse se marier et avoir des enfants qui grandiront, car ils sont espagnols.
Numéros musicaux
Version de 1868[18] | Version de 1874[49] | ||||
Acte I | |||||
Ouverture | idem. | ||||
1. a. | ChĆur de fĂȘte | Du vice-roi c'est aujourd'hui la fĂȘte | idem. | ||
1. b. | Chanson des Trois-Cousines | Promptes Ă servir la pratique | idem. | ||
1 bis. | Reprise du chĆur | Ah ! qu'on y fait gaiement glou, glou | idem. | ||
2. a. | ChĆur | C'est lui, c'est notre vice-roi | idem. | ||
2. b. | Couplets de l'Incognito | Sans en rien souffler Ă personne | idem. | ||
3. | Marche indienne et entrée des chanteurs | idem. | |||
4. | Complainte : « L'Espagnol et la jeune Indienne » | Le conquérant dit à la jeune Indienne | idem. | ||
5. | Séguedille « Le muletier et la jeune personne » | Vous a-t-on dit souvent | idem. | ||
6. | ChĆur des saltimbanques | Levez-vous et prenez vos rangs | |||
7. | La lettre de la PĂ©richole | Ă mon cher amant | idem. | ||
7 bis. | MĂ©lodrame | idem. | |||
8. a. | ChĆur et duetto des notaires | HolĂ , eh ! holĂ de lĂ -bas | idem. | ||
8. b. | Griserie-Ariette | Ah, quel dĂźner je viens de faire | idem. | ||
8. c. | Duetto du mariage | Je dois vous prévenir, Madame | idem. | ||
8. d. | Final et marche de palanquins | Qu'on se hĂąte et qu'on les marie | idem. | ||
Acte II | |||||
9. | Entr'acte | idem. | |||
10. | ChĆur des dames de la cour | Cher Seigneur, revenez Ă vous ! | idem. | ||
11. | Cancans-Couplets | On vante partout son sourire | idem. | ||
12. | ChĆur des seigneurs | Quel marchĂ© de bassesse | idem. | ||
13. | Couplets : « Les femmes, il n'y a qu'ça » | Eh là , maintenant que nous sommes | idem. | ||
14. a. | ChĆur de la prĂ©sentation | Nous allons donc voir un mari | idem. | ||
14. b. | Couplets : « Ah ! que les hommes sont bĂȘtes ! » | Que veulent dire ces colĂšres | idem. | ||
14. c. | Rondo de bravoure | Ăcoute, ĂŽ Roi, je te prĂ©sente | idem. | ||
14. d. | Galop de l'arrestation | Sautez dessus ! sautez dessus ! | idem. | ||
14. e. | Rondo des maris⊠ré | Conduisez-le, bons courtisans | idem. | ||
15. | Duo des bijoux | Monsieur le marchand | |||
16. | Couplet | Aie donc confiance | |||
17. | Le Couvert du roi, chĆur | Son Altesse, Ă l'heure ordinaire | |||
17 bis. | Entrée des chanteurs | ||||
18. | Séguedille : « Le Chanteur et la Chanteuse » | Un roi se promenant, trouva certaine femme | |||
Acte IIIPremier tableau | |||||
Entr'acte | |||||
15. | Couplets-BolĂ©ro | Les maris courbaient la tĂȘte | |||
16. | Air | On me proposait d'ĂȘtre infĂąme | |||
16 bis. | MĂ©lodrame | ||||
17. a. | Duo | Dans ces couloirs obcurs | |||
17. b. | Couplets de l'Aveu | Tu n'es pas beau, tu n'es pas riche | |||
18. | Trio du Joli GeĂŽlier | Je suis le plus joli geĂŽlier | |||
19. | Trio de la prison | Roi pas plus haut qu'une botte | |||
19 bis. | MĂ©lodrame | ||||
20. | Finale | Je t'adore si je suis folle | |||
DeuxiĂšme tableau | |||||
Entr'acte | |||||
21. a. | ChĆur des Patrouilles | En avant, en avant ! soldats | |||
21. b. | Ariette-Valse des Trois Cousines | Pauvres gens, oĂč sont-ils ? | |||
21. c. | Ensemble | Les bandits sont partis | |||
21 bis. | MĂ©lodrame | ||||
22. | Complainte des amoureux | Ăcoutez, peupl' d'AmĂ©rique | |||
19. | Final | Tous deux au temps de peine | 23. | Finale | Tous deux au temps de peine |
Analyse de la version de 1868
La version de 1868 compte 19 numéros, dont 4 disparaßtront dans la nouvelle version.
L'acte I est identique à la seconde version, bien que la Séguedille (n°5 « Le Muletier et La Jeune Personne ») soit mentionnée alors comme « passée au théùtre » (non jouée). La premiÚre partie de l'acte II, inchangée, constitue le deuxiÚme acte de la version de 1874. Elle s'achÚve sur le n°14, l'ensemble des « Maris récalcitrants » (qui devient ainsi un finale, alors qu'il est le morceau central de l'acte II dans la version de 1868) identique, si ce n'est la ritournelle sur laquelle tombe désormais le rideau.
Le n°15 de la version de 1868 est un duo entre la PĂ©richole et le Vice-Roi, le « Duo des bijoux » et dont le « Ah ! que j'aime les diamants » est un clin dâĆil au « Ah ! que j'aime les militaires » de la Grande-duchesse. Le n°16 est une reprise, par la PĂ©richole, de l'air « Les Femmes il n'y a qu'ça » et dans laquelle elle chante Ă Piquillo qu'il vaut mieux se laisser conduire par sa bien-aimĂ©e lorsqu'elle sait oĂč elle va. Le n°17 est un morceau choral, le « Couvert du Roi », durant lequel on sert son dĂźner Ă Don AndrĂšs (ce dernier ne mangera rien par peur qu'on l'empoisonne)[50]. Le n°18 est une reprise intĂ©grale de la sĂ©guedille du premier acte mais avec de nouvelles paroles rĂ©sumant la piĂšce. Don AndrĂšs pardonne, autorise la PĂ©richole Ă garder ses diamants et le Final (n°19) reste inchangĂ© par rapport au finale de l'acte III actuel, Ă savoir une reprise de « l'Espagnol et la jeune Indienne » avec de nouvelles paroles.
Citations et emprunts
- Le personnage de la Périchole apparaßt en 1825 dans une piÚce de théùtre de Prosper Mérimée : Le Carrosse du Saint-Sacrement. Il est inspiré de la comédienne péruvienne Micaela Villegas (1748-1819).
- Dans le N° 7, les librettistes mettent dans la lettre que la Périchole adresse à Piquillo au premier acte la teneur de celle que Manon Lescaut, dans le roman homonyme de l'abbé Prévost, laisse à son amant, le chevalier des Grieux :
- Au N° 12, avec « Quel marchĂ© de bassesse ! / Câest trop fort, sur ma foi, / DâĂ©pouser la maĂźtresse, / La maĂźtresse du roi ! », Jacques Offenbach cite le texte et la musique du N° 13 de La Favorite de Gaetano Donizetti crĂ©Ă© Ă Paris en 1840.
- Dans le N° 14, avec le couplet « Dans son palais ton roi tâappelle, / Pour te couvrir de honte et dâor ! / Son amour te rendra plus belle, / Plus belle et plus infĂąme encor ! », les librettistes citent cette fois le N° 17 de La Favorite de Gaetano Donizetti.
- Quand Piquillo tente de se pendre, on entend l'annonce de la flûte de Papageno extrait de La flûte enchantée de Mozart.
- Le couplet de l'Aveu qui se termine par « Et caetera ! Et caetera ! Felicita ! Felicita !» est une parodie des duos d'amour de Rossini.
Reprises notables
En 1969, la piÚce obtient un vif succÚs plusieurs mois durant, avec Jane Rhodes, Jane Berbié puis Suzy Delair dans le rÎle-titre et Jean Le Poulain dans celui du Vice-roi au théùtre de Paris.
Plus rĂ©cemment, JĂ©rĂŽme Savary s'en est emparĂ© Ă plusieurs reprises, d'abord sous sa forme traditionnelle, puis adaptĂ©e en comĂ©die musicale en 1999 au ThĂ©Ăątre national de Chaillot et en 2000 au ThĂ©Ăątre national de l'OpĂ©ra-Comique oĂč elle fut reprise fin .
Discographie
- Igor Markevitch (dir.), Suzanne Lafaye, Raymond Amade, Louis Noguéra, Orchestre de l'Association des Concerts Lamoureux, 1958
- Alain Lombard (dir.), RĂ©gine Crespin, Alain Vanzo, Jules Bastin, Orchestre Philharmonique de Strasbourg, ChĆurs de l'OpĂ©ra du Rhin, 1976
- Michel Plasson (dir.), Teresa Berganza, JosĂ© Carreras, Gabriel Bacquier, ChĆur et Orchestre du Capitole de Toulouse, 1981
- Pierre Jourdan (dir.), Ălodie Mechai, Antonio Pereira, Paul Medioni, Orchestre Ostinato, Ensemble vocal Intermezzo, 2000
- Ernst Theis (dir.), Staatsoperette Dresden, 2013 (version en allemand)
- Marc Minkowski (dir.), Aude Extremo, Stanislas de Barbeyrac, Alexandre Duhammel, Les Musiciens du Louvre, Choeur de l'Opéra National de Bordeaux, « La Périchole », 2019, Bru Zane.
Notes et références
Notes
- Ludovic Halévy ne sera pas crédité comme librettiste pour Vert-Vert.
- Dans sa biographie Offenbach, en page 374, Jean-Claude Yon parle dâune « derniĂšre et soixante-treiziĂšme reprĂ©sentation (âŠ) le 10 janvier 1869 » alors que dans le programme du Figaro, la derniĂšre apparaĂźt le 28 dĂ©cembre.
Références
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 128.
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 126.
- Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 140.
- Revue et gazette musicale de Paris, 11 octobre 1868
- Le MĂ©nestrel, dimanche 11 octobre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 5 juillet 1868
- Revue et gazette musicale de Paris, 9 août 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 23 août 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 30 août 1868.
- Jacques Offenbach, correspondance avec Meilhac et Halévy, Séguier, p. 133.
- Le Figaro, vendredi 25 septembre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 27 septembre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 4 octobre 1868.
- Le Figaro, mercredi 14 octobre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 18 octobre 1868.
- Jean-Claude Yon, Offenbach, Gallimard, , p.374.
- Louis Oster et Jean Vermeil, Guide raisonné de l'Opéra-comique et de l'opérette, Fayard, 2008
- La PĂ©richole, opĂ©ra-bouffe en 2 actes, partition chant et piano arrangĂ©e par LĂ©on Roques, Ădition G. Brandus et S. Dufour, Paris.
- La Périchole, opéra-bouffe en 3 actes in Théùtre de Meilhac et Halévy, Calmann-Lévy, 1900.
- Le Figaro, vendredi 16 octobre 1868.
- Le Figaro, mercredi 21 octobre 1868
- Revue et gazette musicale de Paris, 29 novembre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 25 octobre 1868
- Revue et gazette musicale de Paris, 1er novembre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 3 mai 1874.
- Revue et gazette musicale de Paris, 22 novembre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 10 janvier 1869.
- Le Figaro, 28 décembre 1868
- Le Figaro, 29 décembre 1868.
- Revue et gazette musicale de Paris, 3 janvier 1869.
- Revue et gazette musicale de Paris, 7 février 1869.
- Revue et gazette musicale de Paris, 6 décembre 1868.
- Le Figaro, mardi 4 janvier 1870.
- Le Figaro, lundi 22 janvier 1872.
- Le Figaro, samedi 6 juillet 1872.
- Le Figaro, dimanche 7 février 1869.
- Le Figaro, mardi 2, mercredi 3 avril 1872.
- Le Figaro, vendredi 3 avril 1874.
- Le Figaro, samedi 25 avril 1874.
- Le Figaro, dimanche 26 avril 1874.
- Le Figaro, 27 avril 1873.
- Le Figaro, 16 juin 1873.
- Le Figaro, 17 juin 1873.
- Le Figaro, mardi 28 avril 1874.
- Carnets du 13 avril 1874 reproduits dans la Revue des Deux Mondes, livraison du 15 février 1937, p. 818 in Yon 2000, p. 488.
- Le Figaro, jeudi 28 mai 1874.
- Le Gaulois, 4 juin 1874.
- Yon 2000, p. 489.
- La PĂ©richole, opĂ©ra-bouffe en 3 actes, partition chant et piano arrangĂ©e par LĂ©on Roques, Ădition Brandus et Cie, Paris.
- Inséré de façon tronquée par Michel Plasson pour son enregistrement chez EMI Classics avant le final de l'acte II ; on peut l'entendre en intégralité - tout comme les autres numéros de la version de 1868 - dans l'enregistrement du concert au Théùtre impérial de CompiÚgne chez Mandala.
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- Ressource relative au spectacle :
- Caricature des créateurs par Achille Lemot (1868)
- Partition de la version de 1868 sur Internet Archive
- Dossier de présentation pédagogique à l'attention des enseignants pour leurs élÚves