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La Fille mal gardée

La Fille mal gardée est le titre donné à plusieurs œuvres importantes qui reprennent, autant dans leurs formes musicales, ballets, pantomimes, opéras-comiques que dans leurs compositions, des extraits plus ou moins larges des précédents.

Jean Bercher dit Dauberval
(1742-1806)
Affiche de la représentation de 1791 à Londres

La première partition connue est un opéra-comique d'Egidio Duni en 1758 au Théâtre italien de Paris. Elle est suivie d'un ballet-pantomime champêtre de Jean Bercher, dit Dauberval au titre primitif de Le Ballet de la paille ou Il n'y a qu'un pas du mal au bien. Plus ancien ballet du patrimoine classique et l'un des plus importants du répertoire actuel, il est composé de deux actes et trois tableaux et a été créé le au Grand Théâtre de Bordeaux.

Les opéras-comiques

Egidio Duni

La Fille mal gardée d'Egidio Duni, livret de Justine Favart, représenté pour la première fois par les Comédiens Italiens ordinaires du Roi le , est considéré comme le premier opéra-comique qui « donne une forme autonome au genre, dans la mesure où il s'agit d'un opéra complètement composé qui ne recueille pas de pot-pourri ou d'air à la mode »[1]. En cela, cette première œuvre est originale par rapport à toutes les versions suivantes qui intègrent systématiquement des mélodies et refrains à la mode.

Pierre Gaveaux

En 1796, Pierre Gaveaux, à partir du livret de Dauberval apporté par Eugène Hus (le créateur du rôle de Colas), compose un opéra-comique en deux actes, Lise et Colin ou la surveillance inutile, donné le 4 août à Paris au Théâtre Feydeau. Cette version renommée La Fille mal gardée, remaniée par le chorégraphe Jean-Pierre Aumer, élève de Dauberval, est reprise le à l'Académie royale de musique, puis remontée pour l'Imperialen Hoftheater nächst der Burg de Vienne le .

Les ballets

Considérée comme l'un des sommets de la pantomime et de la danse, devenu de nos jours un classique, La Fille mal gardée est une œuvre aux multiples versions chorégraphiques et musicales, son titre même est très variable d'une version à l'autre : Lise et Colin, La Précaution inutile, Les Rivaux, La Fille rétive, Méchante Lisette…

Jean Bercher, dit Dauberval

Mlle Théodore

Le ballet est donné pour la première fois le à Bordeaux sous le titre Ballet de la paille, ou Il n'y a qu'un pas du mal au bien. Dansé par Marie-Madeleine Crespé (de son nom de scène Mlle Théodore, épouse de Dauberval), qui interprète le rôle de Lison (l'actuelle Lise), Eugène Hus jouant celui de Colin (alias Colas dans les versions actuelles) et François Le Riche celui de la veuve Ragotte (actuellement Simone). Ce rôle de la veuve Simone est traditionnellement tenu par un homme dans toutes les versions.

La légende veut que l'idée du ballet vint à Dauberval en voyant une eau-forte de Pierre-Philippe Choffard (1730-1809) tirée d'une gouache de Pierre Antoine Baudouin intitulée La Réprimande. Une jeune fille querellée par sa mère. Le tableau représente une domestique en pleurs, les vêtements chiffonnés, grondée par une femme âgée dans une grange pendant que son amant monte en toute hâte les escaliers pour se mettre à l'abri dans le grenier tout en remontant sa culotte[2]. Amusé, le maître de ballet aurait imaginé un scénario mettant en scène une Lison, un Colin et une Veuve Ragotte qui, par la suite, deviendront donc Lise, Colas et Simone.

À l'origine, la partition musicale consiste en un pot-pourri de 55 airs populaires français à la mode[3] dont les auteurs ne nous sont pas connus. Ce ballet a été maintes fois repris, adapté et revisité jusqu'au XXIe siècle.

Après la représentation de Bordeaux, Dauberval change le nom du ballet pour le titre La Fille mal gardée et monte le spectacle au Pantheon Theater de Londres le . Mlle Théodore reprend le rôle de Lise. Celui de Colas est confié au danseur Charles-Louis Didelot, élève de Dauberval. La version de 1789 est boudée par les musiciens du Pantheon Theater.

Ferdinand HĂ©rold
(1791-1833)

Ferdinand HĂ©rold et Peter Ludwig Hertel

Devenu maître de ballet à l'Opéra de Paris, Jean-Pierre Aumer y fait jouer le , une toute nouvelle version reprenant le titre La Fille mal gardée, avec Pauline Montessu dans le rôle-titre, Ferdinand Hérold s'étant acquitté de la partition. S'il reste quelques adaptations de l'original, on y trouve de nouvelles pages d'Hérold lui-même, mais on y entend également des musiques à la mode : l'ouverture et quelques airs du Droit du Seigneur, opéra de Jean Paul Égide Martini (plus connu pour son Plaisir d'amour), quelques airs de Rossini ou de Donizetti. En 1837, faisant ses débuts sur la scène de l'opéra de Paris dans une nouvelle production d'Aumer/Hérold, la célèbre ballerine autrichienne Fanny Elssler choisit elle-même quelques-uns de ses airs préférés, dansant par exemple sur L'Elisir d'Amore de Donizetti que le copiste Aimé-Ambroise-Simon Leborne de la bibliothèque de l'opéra orchestrera spécialement pour elle.

En 1864, Paul Taglioni, oncle de la légendaire ballerine Marie Taglioni, maître de Ballet à l'Opéra Royal de Dresde (Sächsische Staatsoper Dresden) de 1852 à 1856, présente sa propre vision de l'œuvre le sous le titre allemand Das schlecht bewachte Mädchen. Pour cette production, Taglioni fait appel à Peter Ludwig Hertel, compositeur de musique de ballet au Semperoper pour une toute nouvelle partition. Cette mouture connaît un succès retentissant pendant de nombreuses années.

Les chorégraphies

Les deux compositions, celle d'Hérold et celle d'Hertel, avec bien sûr quelques extraits de la partition originale, serviront de base à une multitude d'arrangements, de réadaptations, versions longues ou courtes, chacun y retranchant ou y ajoutant des numéros suivant l'inspiration, l'engouement du public ou la mode du moment. Jusqu'à nos jours, La Fille mal gardée s'est "enrichie" d'extraits d'œuvres de Cesare Pugni, Ludwig Minkus, Mikhaïl Glinka, Léo Delibes, Riccardo Drigo, Anton Rubinstein entre autres. De nombreuses fois retouchée, remodelée, réécrite, la chorégraphie est devenue un classique du genre.

De la fin du XIXe siècle à nos jours, le ballet se présente sous quelques versions marquantes :

  • celle, sous le titre La PrĂ©caution inutile, de Marius Petipa et Lev Ivanov date de 1885 dans la capitale impĂ©riale pour le Tsar Alexandre III. Ă€ l'instar de nombreuses Ĺ“uvres faisant partie du rĂ©pertoire du Théâtre ImpĂ©rial de Saint-PĂ©tersbourg au dĂ©but du XXe siècle, la version annotĂ©e par Petipa/Ivanov/Hertel de la Fille mal gardĂ©e est conservĂ©e dans le manuel des Notations et MĂ©thodes de la ChorĂ©graphie par Vladimir Stepanov[4].
  • celle d’Achille Balbiani jouĂ©e Ă  Paris sur la scène de l’Eden-Théâtre le avec Emilia Laus (Lise), Vittorio Natta (Colin), Mme Foriani (la mère Simone) Henri Agoust (le père Mathieu), Silène de Gaspari (Janot).
  • celle provenant de la version du chorĂ©graphe Alexandre Gorski au théâtre impĂ©rial BolchoĂŻ le . Gorski ajoute une variation pour le personnage de Lise dont le dĂ©but est extrait du ballet Arlequinade de Riccardo Drigo, et la fin de Halte Ă  la cavalerie de Johann Armsheimer. Cette version est celle retenue par plusieurs compagnies en Russie, Europe, AmĂ©rique du Sud et aux CaraĂŻbes…
  • celle de 1930, oĂą un nouvel acte intitulĂ© le Mariage de Lise et de Colas est ajoutĂ© au ballet. Cette version, due au compositeur/chef d'orchestre Alexandre Mosolov, fait entendre des extraits de l'Orpheus de Glinka.
  • sept ans plus tard, au Théâtre BolchoĂŻ Ă  Moscou, celle du compositeur Pavel Feldt qui rĂ©alise un nouveau patchwork basĂ© sur des musiques traditionnelles russes du XIXe siècle.
  • en 1942, les Ballets russes de Monte Carlo montent Ă  leur tour une production de l'Ĺ“uvre et participent Ă  sa diffusion Ă  travers le monde.
  • La Fille mal gardĂ©e est produit pour diverses compagnies europĂ©ennes par Alexandra Balachova, qui a dansĂ© l'hĂ©roĂŻne Lise en Russie avant la RĂ©volution. Cette version traditionnelle est conservĂ©e dans une partition chorĂ©graphique rĂ©alisĂ©e par la chorĂ©ologue Monica Parker pour l'Institut de chorĂ©ologie, avec la collaboration de Balachova[5]. En 1946, Balashova est crĂ©ditĂ© comme chorĂ©graphe sur une production de La Fille mal gardĂ©e Ă  Londres[6]. En 1947, elle remonte, pour les Ballets russes de Monte-Carlo, dirigĂ© par Serge Lifar en exil, La Fille mal gardĂ©e, dont le rĂ´le vedette est tenu par RenĂ©e Jeanmaire[7].
  • en 1985, Claude Bessy met en scène sa version de La Fille mal gardĂ©e pour le Ballet de l'OpĂ©ra national de Paris. Une nouvelle orchestration est proposĂ©e par le compositeur/chef d'orchestre d'opĂ©ra Jean-Michel Damase.

La production de Frederick Ashton pour le Royal Ballet

En 1959, le chorégraphe Frederick Ashton crée une version entièrement inédite de La Fille mal gardée pour le Royal Ballet de Londres. La première a lieu le . Lise est dansée par la ballerine Nadia Nerina. David Blair tient le rôle de Colas. Cette production déchaîne l'enthousiasme. D'un avis unanime, elle est considérée comme la version définitive de l'œuvre. Depuis lors, cette mise en scène est devenue un classique du répertoire de différents ballets dans le monde.

Ashton confie Ă  John Lanchbery, chef d'orchestre et compositeur au Royal Opera House (Covent Garden) le soin d'orchestrer la partition.

Ashton et Lanchbery ressuscitent le pas du ruban au cours duquel Lise et Colas exécutent un délicieux « pas » intriqué mettant en œuvre un ruban en satin de couleur rose. Ashton a adapté cette figure du pas de deux de Fanny Elssler en inventant un spectaculaire dessin aérien. Ashton conserve également la séquence de mime connue sous le nom de Lorsque je serai mariée, passage que toutes les grandes ballerines de l'ancien temps ont interprété lorsqu'elles tenaient le rôle de Lise.

Ils introduisent également une fameuse « danse des claquettes ». Lanchbery se sert du leitmotiv de la veuve Simone tiré de la partition d'Hertel. Avec le concours d'Ashton naît un numéro humoristique interprété par Simone accompagnée de quatre ballerines : Lise chausse sa mère avec une paire de claquettes. Celle-ci ne peut résister et part dans un numéro aussi célèbre qu'endiablé au cours duquel les danseurs utilisent les chaussures sur pointes.

Cette production a été filmée en 1984 au Royal Opera House et, plus récemment, en 2005 avec Marianela Nuñez et Carlos Acosta dans les rôles principaux.

Lanchbery concocte un savant mélange musical pour la version d'Ashton. Conservant des extraits de la partition originale de 1789 comme matériau de base, il utilise des extraits de la partition d'Hérold de 1828 ainsi que des extraits d'œuvres d'autres compositeurs.

Liste des danses de la version de 1960 par Lanchbery :

Acte 1
  • N° 1 : Introduction, extrait empruntĂ© par HĂ©rold Ă  l'ouverture de l'opĂ©ra de Jean Paul Egide Martini Le Droit du Seigneur
  • N° 2 : Danse du Coq et des Poules
  • N° 3 : Lise et le Ruban (pas du ruban), empruntĂ© par HĂ©rold Ă  l'Introduction, Pianissimo de l'opĂ©ra de Rossini Le Barbier de SĂ©ville
  • N° 4 : Colas
  • N° 4a : Solo de Colas
  • N° 5 : Colas et Simone
  • N° 6 : Villageois
  • N° 7 : Simone et Lise
  • N° 8 : Lise et Colas (pas du ruban), extraits de l'opĂ©ra de Martini Le Droit du Seigneur
  • N° 9 : Villageoises
  • N° 10 : Thomas et Alain, numĂ©ro incluant la danse exĂ©cutĂ©e en solo par Alain, composĂ© par Lanchbery
  • N° 11 : DĂ©part pour la Moisson, composĂ© par Lanchbery Ă  partir d'Ă©lĂ©ments rĂ©arrangĂ©s
  • N° 12 : Colas, rĂ©arrangement du n° 4
  • N° 13 : Picnic, empruntĂ© Ă  la mise en scène originale de 1789, pas de Monsieur Albert, adaptĂ© par Lanchbery). Le pas de trois pour Lise, Colas, et Alain, est composĂ© par Lanchbery
  • N° 14 : Danse de la FlĂ»te (empruntĂ© Ă  la version originale de 1789, pas des moissonneurs, adaptation Lanchbery
  • N° 15 : Dispute, de Lanchbery Ă  partir du n° 14
  • N° 16 : Le Pas de deux de Fanny Elssler, extraits de l'opĂ©ra de Donizetti L'elisir d'amore, adaptĂ©s pour la ballerine Fanny Elssler par le copiste du théâtre AimĂ©-Ambroise-Simon Leborne Ă  l'occasion de la reprĂ©sentation de La Fille mal gardĂ©e qu'elle donne au Théâtre de l'AcadĂ©mie Royale de Musique en 1837. Orchestration Lanchbery
  • N° 17 : Simone, une introduction composĂ©e par Lanchbery pour les numĂ©ros suivants
  • N° 17a : Danse des Claquettes, le seul thème musical empruntĂ© par Lanchbery Ă  la version de Peter Ludwig Hertel de 1864. Le thème de ce numĂ©ro sert de leitmotiv Ă  la mise en scène de la veuve Simone dans la version de Hertel (1864)
  • N° 18 : Danse du mai, emprunt Ă  l'original de 1789, pas de M. Albert, arrangement Lanchbery
  • N° 19 : Orage et Finale, transcription musicale d'un orage utilisĂ©e par Lanchbery, quasiment sans modification, Ă  partir de l'opĂ©ra La Cenerentola de Rossini

Acte 2

  • N° 20 : Ouverture
  • N° 21 : Lise et Simone
  • N° 22 : Filage, empruntĂ© au ballet original de 1789, y compris pour les thèmes rĂ©arrangĂ©s et adaptĂ©s par Lanchbery
  • N° 23 : Danse au tambour de basque (Aria con variazioni), emprunts Ă  la version originale de 1789 adaptĂ©s par Lanchbery
  • N° 24 : Les Moissonneurs
  • N° 25 : Lorsque je serai mariĂ©e, aria Bell'alme generose extraite de l'opĂ©ra de Gioachino Rossini Elisabetta, regina d'Inghilterra. Il s'agit du seul emprunt fait Ă  la version d'HĂ©rold de 1828 qui n'ait pas Ă©tĂ© rĂ©orchestrĂ© par Lanchbery
  • N° 26 : Retour de Simone
  • N° 27 : Thomas, Alain et le Notaire
  • N° 28 : Consternation et Pardon
  • N° 29 : Pas de deux, une rĂ©adaptation et un rĂ©arrangement du n° 25
  • N° 30 : Finale, composĂ© par Lanchbery

Lanchbery a enregistré des extraits de sa musique tirée de la version d'Hérold en 1962 et en 1983. Il a également enregistré la totalité de son travail. Ce dernier n'a été publié qu'en 1991 par Decca (comme le précédent).

La version d'Ashton de 1960 a été interprétée par de nombreux corps de ballet à travers le monde. Elle est devenue la version « interprétée » par de nombreuses compagnies.

Productions ultérieures

En 2007, l'Opéra de Paris demande à Alec Grant de superviser une mise en scène à partir de celle d'Ashton. La première a lieu à l'Opéra Garnier le avec la distribution suivante :

Reprise du ballet original de 1789 par le Ballet de l'Opéra de Nantes

En 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, le Ballet de l'Opéra de Nantes reprend la production d'origine par Dauberval exécutée en 1789. La mise en scène est d'Ivo Cramér, un spécialiste du théâtre dansé de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe, avec Jean-Paul Gravier à la direction artistique. Ils ont recherché assidument des éléments décrivant la production originale, dont des passages mimés, localisés à Stockholm. La mise en scène est restaurée à l'identique et la musique réorchestrée par les soins du chef d'orchestre Charles Farncombe. Le décorateur Dominique Delouche crée les décors et les costumes d'après les dessins originaux. La chorégraphie de Dauberval n'ayant pas été retrouvée, Cramér a redécrit les mouvements des danseurs d'après des danses de l'époque. Cramér a également réinséré le final original du ballet au cours duquel les interprètes chantent le refrain Il n'est qu'un pas du mal au bien. Cette production est présentée sous son titre original Le Ballet de la paille. Elle sera reprise en 1993 par le Ballet du Rhin basé à Mulhouse, sous la direction de Jean-Paul Gravier.

Les personnages

Anna Pavlova (1881-1931)
Dans La Fille mal gardée (1912)
Personnage Rôle Interprète de la création (1789) Interprète de la version de 1984
LiseLa fille mal gardéeMlle ThéodoreLesley Collier
ColasAmoureux de LiseEugène HusMichael Coleman
La veuve SimoneMère de Lise (traditionnellement interprétée par un homme)François Le RicheBrian Shaw
AlainPrétendant éconduit.Garry Grant
ThomasPère d'Alain.Leslie Edwards
Un notaire...
FermiersAmis de Lise et de Colas..
Un coq et trois poules...

Argument

Lise, l'héroïne et fille unique de Simone, une veuve propriétaire d'une ferme prospère, est amoureuse de Colas, un jeune berger désargenté. Cela contrarie sa mère qui a pour elle d'autres ambitions. Simone voudrait la marier à Alain (parfois nommé Nicaise) fils d'un vigneron cossu, l'opulent Thomas. Espiègle et tenace, elle finit par triompher après mille ruses et détours. Colas l'enlève tandis que gronde l'orage et que Nicaise s'envole emporté par son ombrelle.

Acte I

La cour de ferme

Le coq chante et sort du poulailler accompagné de ses poules. Il annonce l'aube d'une nouvelle journée bien remplie à la ferme. Lise, déçue de ne pas voir Colas, laisse un ruban noué dans un lacs d'amour en gage de sa loyauté. Colas le trouve et l'attache à son bâton de berger. Les amoureux se retrouvent mais sont interrompus par Simone qui occupe sa fille en lui faisant battre du beurre. Colas entre en catimini et se cache au grenier. Il rejoint Lise dès Simone partie. Ils se partagent le travail mais l'oublient alors qu'ils se déclarent leur amour.

Les filles de ferme invitent Lise à jouer avec elles mais la fille de Simone a manifestement l'esprit ailleurs. Sa mère, méfiante et vigilante, la prend par le bras et la gronde. Sur ces entrefaites arrive le riche et ostentatoire Thomas, riche propriétaire de vignobles. Il est accompagné de son fils Alain. Simone qui connaît la nature de leur mission congédie Lise. Thomas demande la main de cette dernière pour son fils. Alain, maladroit et faussement timide, montre ce dont il est capable et se livre à une série de pitreries. Lise se montre à la fois amusée et choquée et ne s'intéresse absolument pas au fils du vigneron. Ils partent faire la moisson.

Acte II

Le champ de blé

C'est l'époque de la moisson. Après les travaux des champs, les moissonneurs, Colas à leur tête, se détendent en dansant joyeusement. Lise et Alain dansent lorsque Colas intervient. La jeune fille exprime alors nettement sa préférence. L'un des moissonneurs joue de la flûte pour le plus grand plaisir de tous. Alain veut jouer à son tour. Il s'attire les quolibets des moissonneurs. C'est son père, indigné, qui vient le sauver du chahut. Colas a maintenant le champ libre et danse avec Lise sous l'œil de Simone. Tous sont interrompus par un orage qui les éparpille.

Intérieur de la ferme

La mère et la fille, trempées par l'orage, sont de retour à la ferme. Elles s'assoient pour filer. La mère pense que le travail devrait calmer Lise. Elle est gagnée par le sommeil et Lise, qui a aperçu Colas au portail essaye de lui en subtiliser la clef. Simone se réveille et, pour ne pas se rendormir, joue du tambourin pour faire danser sa fille. Les coups de tambourin faiblissent, deviennent anarchiques; la tête dodeline et Simone s'endort. Lise court au portail et murmure quelque chose à Colas. Le bruit des moissonneurs qui viennent se faire payer réveille Simone. Elle dit à sa fille de continuer ses travaux et va servir à boire aux moissonneurs. Lise, se croyant seule, rêve aux délices de la vie conjugale. Colas ne peut plus résister et, sortant de sa cachette, surprend Lise. Les deux amoureux se déclarent mutuellement leur flamme. Ils échangent un foulard comme gage. Simone réapparaît sur ces entrefaites. Lise pousse Colas dans sa chambre. La mère, toujours méfiante, se rend compte que les amoureux se sont rencontrés et enferme Lise à double tour dans sa chambre. Alain et son père arrivent avec un notaire pour signer le contrat lorsque Colas et Lise sortent de la chambre. Les amoureux demandent pardon à Simone et implorent sa bénédiction. En dépit de la fureur d'Alain et de son père, elle finit par céder dans la réjouissance générale.

Les grands interprètes

  • Eau-forte de Choffard qui aurait inspirĂ© Dauberval pour Ă©crire La Fille mal gardĂ©e
    Eau-forte de Choffard qui aurait inspiré Dauberval pour écrire La Fille mal gardée
  • Pavel Gerdt dans le rĂ´le de Colas. ReprĂ©sentation de La Fille mal gardĂ©e au Théâtre BolchoĂŻ Kamenny, Saint-PĂ©tersbourg, Russie, circa 1865
    Pavel Gerdt dans le rôle de Colas. Représentation de La Fille mal gardée au Théâtre Bolchoï Kamenny, Saint-Pétersbourg, Russie, circa 1865
  • La ballerine Anna Prikhounova dans le rĂ´le de Lise. Mise en scène de Jules Perrot. Saint PĂ©tersburg, Russie, circa 1865
    La ballerine Anna Prikhounova dans le rôle de Lise. Mise en scène de Jules Perrot. Saint Pétersburg, Russie, circa 1865
  • Vassili Gueltzer dans le rĂ´le de la Veuve Simone. Mise en scène de Jules Perrot. Saint-PĂ©tersbourg, circa 1865.
    Vassili Gueltzer dans le rôle de la Veuve Simone. Mise en scène de Jules Perrot. Saint-Pétersbourg, circa 1865.
  • Olga Preobrajenska dans le rĂ´le de Lise. Production de Petipa et Ivanov. Saint-PĂ©tersbourg, Russie, 1899
    Olga Preobrajenska dans le rĂ´le de Lise. Production de Petipa et Ivanov. Saint-PĂ©tersbourg, Russie, 1899
  • Anna Pavlova dans le rĂ´le de Lise. Mise en scène de Petipa et Ivanov. Saint-PĂ©tersbourg, circa 1910.
    Anna Pavlova dans le rôle de Lise. Mise en scène de Petipa et Ivanov. Saint-Pétersbourg, circa 1910.
  • Anna Pavlova dans le rĂ´le de Lise et Nikolai Legat dans celui de Colas. Le Pas du Ruban dans la mise en scène de Petipa et Ivanov. Saint-PĂ©tersbourg, circa 1910
    Anna Pavlova dans le rôle de Lise et Nikolai Legat dans celui de Colas. Le Pas du Ruban dans la mise en scène de Petipa et Ivanov. Saint-Pétersbourg, circa 1910
  • Vladimir Riabtzev dans le rĂ´le de la Veuve Simone (ru: Marceline), Mikhail Mordkin dans le rĂ´le de Colas, et Sofia Fedorova dans celui de Lise. Mise en scène d'Alexandre Gorsky. Moscou, circa 1915.
    Vladimir Riabtzev dans le rôle de la Veuve Simone (ru: Marceline), Mikhail Mordkin dans le rôle de Colas, et Sofia Fedorova dans celui de Lise. Mise en scène d'Alexandre Gorsky. Moscou, circa 1915.

Discographie

CD

Ă€ ce jour (juillet 2008 il n'existe que des enregistrements du travail de Lanchbery de 1960 (qui est une transcription et une adaptation de la version d'HĂ©rold) ainsi que quelques extraits de la version d'Hertel (1864).

  • Pas de deux - L'expĂ©rience du ballet plus une autre version du Pas de deux extrait de la version Hertel-1864 ; Boris Spassov ; Orchestre de l'OpĂ©ra national de Sofia. CD Capriccio 67 012 paru en 2002.
  • Orchestre du BolchoĂŻ - Ballet de Gala ; Georgi G. Zhemchushin ; Orchestre du Théâtre du BolchoĂŻ. Cet enregistrement renferme le traditionnel La Fille mal gardĂ©e, pas de deux de Hertel, familier Ă  la plupart des danseurs. La variation fĂ©minine est tirĂ©e du ballet de Riccardo Drigo, Les Millions d'Arlequin(1900). La coda est tirĂ©e de la version de Johann Armsheimer d'après La Halte de la Cavalerie de Marius Petipa (1896). Ce CD fait partie d'une collection de 10 vendue sous le titre de Original BolshoĂŻ Theater Orchestra, CD PILZ.
  • La Fille mal gardĂ©e - Extraits ; John Lanchbery ; Orchestre du Royal Opera House. Ce CD contient des extraits de la version Lanchbery-1960 (adaptation de la version d'HĂ©rold-1828. Cet enregistrement est apprĂ©ciĂ© des mĂ©lomanes pour son exceptionnelle qualitĂ© sonore. Initialement publiĂ© sur disque « vinyle » en 1962 (DECCA SXL 2313), l'enregistrement est maintenant disponible sur CD depuis 1993. DECCA 430 196-2.
  • La Fille mal gardĂ©e - Extraits du ballet : Barry Wordsworth ; Orchestre Philharmonique Royal de Liverpool. Contient Ă©galement des extraits de la version Lanchbery-1960. Ă€ l'origine publiĂ© sur disque « vinyle » en 1983, ce titre est maintenant disponible sur CD depuis 1988 chez EMI Digital CDC
  • HĂ©rold - La Fille mal gardĂ©e / Lecocq - Mam'zelle Angot ; Orchestre du Royal Opera House ; John Lanchbery. Cet enregistrement est le seul qui contienne la partition complète de La Fille mal gardĂ©e dans sa version John Lanchbery, 1960 (adaptation de celle de HĂ©rold, 1828). Ce CD contient en outre l'enregistrement de Mam'zelle Angot de Charles Lecocq dans l'arrangement qu'en a fait Gordon Jacob. Richard Bonynge est Ă  la tĂŞte du National Philharmonic Orchestra. Édition princeps sur disque « vinyle ». Disponible depuis 1991 sur CD, DECCA 430 849-2.


DVD
  • NVC Arts (DVD) : Lesley Collier, Michael Coleman ; The Royal Ballet Covent Garden ; John Lanchbery, Orchestre du Royal Opera House ; ASIN B00005AR0A.
  • Deutsche Grammophon (DVD) : Valentina Kozlova, Chris Jensen ; Basle Ballet, John Lanchbery, Wiener Symphoniker ; ASIN B000E5KOJ8.
  • Opus (DVD) : Marianela Nuñez, Carlos Acosta ; Anthony Twiner, Royal Opera House.
  • ABC : Fiona Tonkin, David Mc Allister ; The Australian Ballet.
  • La Fille mal gardĂ©e ou Il n'est qu'un pas du mal au bien, chorĂ©graphie d'Ivo CramĂ©r, real. Dominique Delouche, OpĂ©ra de Nantes, Ă©d. Doriane Films, 2013

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Egidio Duni sur musicologie.org.
  2. Illustration
  3. Il est courant, tout au long du XVIIIe et au début du XIXe siècles que la musique de ballets soit issue de danses, chants et même d'opéras. Ces extraits sont arrangés et adaptés soit par le directeur musical soit par le premier violon qui servait parfois de chef d'orchestre. Quinze de ces partitions sont actuellement conservés à la Bibliothèque municipale de Bordeaux. Le manuscrit original de 1789 n'existe plus et aucun écrit contemporain connu ne mentionne un compositeur. Il est probable que Dauberval lui-même ait procédé à l'arrangement de la partition en tant que violoniste compétent, à moins qu'il n'ait confié ce travail à Franz Beck, à l'époque « Maître de Musique en Chef » du Grand Théâtre de Bordeaux. Il est également possible que l'orchestration ait été écrite par Lempereur, un autre violoniste du Grand Théâtre.
  4. Ces notations sont actuellement détenues au département Théâtre de la Librairie Universitaire de Harvard sous le nom de Sergeyev Collection. À ce jour, aucune compagnie de ballets n'a utilisé ces notations ni la version pour piano de Hertel pour réécrire la chorégraphie de la Fille mal gardée.
  5. (en) Mike Davis, The world of ballet and dance, Feltham, Hamlyn, (ISBN 978-0-600-03980-8, lire en ligne), p. 18
  6. (en) J. P. Wearing, The London Stage 1940-1949: A Calendar of Productions, Performers, and Personnel, Rowman & Littlefield, (ISBN 9780810893061), p. 384
  7. « La danseuse Alexandra Balachova », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
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