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LĂ©onard Sam

Léonard Drilë Sam est un universitaire, linguiste et homme politique anti-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, d'origine kanak, né le à Lifou. Membre du parti Calédonie ensemble, il a assuré l'intérim de la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie du 3 mars au et du 1er au .

LĂ©onard Sam
une illustration sous licence libre serait bienvenue

Un spécialiste de l'enseignement comparé drehu-français

Enseignant du primaire puis du secondaire

Neveu du pasteur Léonard Awë Sam qui a participé à la création de l'Église évangélique de Nouvelle-Calédonie et des îles Loyauté (ÉÉNCIL), Léonard Sam commence sa carrière dans les enseignements primaires puis secondaires publiques : il est instituteur-adjoint à l'école Mauricette-Devambez de Rivière-Salée à Nouméa de 1976 à 1979 puis à l'école du Vallon-Dore au Mont-Dore de 1988 à 1989. Puis il est instituteur en Collège d'enseignement général (CEG) pour le français et l'histoire-géographie au Lycée professionnel de Nouméa puis au Collège Georges-Baudoux de 1989 à 1990. Il est adjoint d'enseignement (AE) stagiaire puis titulaire au collège Jean-Mariotti de Nouméa de 1993 à 1997, puis professeur certifié stagiaire au collège de Kaméré en 1998.

Un des artisans de l'enseignement des langues kanak

Mais il s'occupe rapidement de fonctions liées à l'enseignement des langues kanak : ainsi, de 1979 à 1984 et de 1987 à 1988, il intègre le Bureau des Langues vernaculaires (BLV) du Centre territorial de recherche et de documentation pédagogique (CTRDP), dont il devient le responsable à partir de 1983. Chargé d'étudier la mise en place d'un enseignement des langues vernaculaires, il met en place une expérimentation d'une méthode d'apprentissage du drehu au collège de Rivière-Salée en 1982 puis mène des interventions aux Îles Loyauté pour l'introduction des langues maternelles à l'école. Il intègre ensuite de 1991 à 1992 la mission Langues et Cultures régionales du Vice-rectorat, chargé de coordonner l’élaboration des propositions de programmes et d'épreuves au baccalauréat reconnues comme langues vivantes optionnelles au lycée (drehu, nengone, paicî et ajië). Après six années passées à enseigner en établissement et sa titularisation en tant que professeur certifié, il revient au vice-rectorat en tant que chargé de mission pour les LCR après la mise en place du statut de l'accord de Nouméa en 1999 et est donc l'un des artisans de la création d'un DEUG puis d'une licence en langues et cultures océaniennes à l'Université de la Nouvelle-Calédonie.

Formation universitaire en linguistique

Le Territoire lui permet de parfaire sa formation en linguistique océanienne à Paris entre 1984 et 1986 : il obtient son diplôme de recherche et d'études appliquées (DREA) en langues océaniennes, option drehu, à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) et sa maîtrise en sciences du langage de l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 en 1986. Puis il passe son diplôme d'études approfondies (DEA) en linguistique générale et appliquée avec un mémoire sur « Enseigner le drehu, langue maternelle, et enseigner le français langue seconde, aux enfants de Lifou en Nouvelle-Calédonie » présenté en 1992 auprès de l'université Paris-Descartes. Enfin, il est docteur en linguistique de l'université de la Nouvelle-Calédonie en 2007 avec une thèse intitulée : Marques aspecto-temporelles et modales et structures d'actance du drehu, langue de Lifou (Nouvelle-Calédonie). Jacqueline de La Fontinelle et Claire Moyse-Faurie, entre autres, font partie de son jury qui lui décerne à l'unanimité une mention très honorable avec félicitations du jury.

Universitaire

Il intègre l'université de la Nouvelle-Calédonie en 2003 : d'abord affecté sur un poste de professeur certifié, il est depuis 2004 coresponsable avec Jacques Vernaudon de la filière « Langues et cultures régionales » (LCR, DEUG et Licence jusqu'en 2009 puis Licence unique depuis 2009, rebaptisée « Langues, Littératures et Civilisations régionales » LLCR en 2011) au sein du département Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH). Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie le nomme aussi en 2004 comme coresponsable de l’expérimentation d'enseignement des langues kanak (ELCK).

Une fois sa thèse de doctorat passée en 2007, il obtient l'année suivante sa qualification en tant que maître de conférences par le Conseil national des universités (CNU) en 15e section (Langues et littératures arabes, chinoises, japonaises, hébraïques, d'autres domaines linguistiques).

Il est membre du Centre des nouvelles études sur le Pacifique (CNEP) de l’université de la Nouvelle-Calédonie, laboratoire enregistré en tant qu'équipe d'accueil (EA) 4242.

Bibliographie universitaire

  • avec Lercari C., Ifejicatre, Recueil 1 (textes bilingues drehu-français), Ă©d. CTRDP, coll. Langues canaques no 3, NoumĂ©a, 1984.
  • Dictionnaire drehu-français (suivi d’un lexique français-drehu), Ă©d. CTRDP, NoumĂ©a, 1995, 238 p.
  • Contes et lĂ©gendes ocĂ©aniens (textes bilingues drehu-français), Ă©d. CDP, NoumĂ©a, 1999, 89 p.
  • un cĂ©dĂ©rom de textes en langue drehu d'1 heure a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© pour le Centre culturel Tjibaou en 2000.
  • avec Lercari C., Vernaudon J. et GowĂ©, Langue de Lifou. Qene drehu. MĂ©thode d’initiation, Ă©d. CDP/Laboratoire Transcultures, UniversitĂ© de la Nouvelle-CalĂ©donie, NoumĂ©a, 2001 [2 tomes + cassettes].
  • « La mĂ©taphore en drehu, langue mĂ©lanĂ©sienne de Lifou (Nouvelle-CalĂ©donie) », in Correspondances ocĂ©aniennes, Ă©d. L’image, 3, NoumĂ©a, 2004, p. 24-25.
  • La leçon du bĂ©nitier - Tha tro kö a pitru. Album de jeunesse bilingue drehu-français, Ă©d. ADCK, NoumĂ©a, 2006.
  • « Les langues kanak, 1863-2005 : Des idiomes indigènes au statut de langues d'enseignement », in Annales d'histoire calĂ©donienne, 2, Ă©d. Les Indes Savantes, Paris, 2006, p. 393-406.
  • Avec Nocus I., Pineau-SalaĂĽn M., Fillol V., Vernaudon J., « La prise en compte des langues maternelles kanak favorise-t-elle l’appropriation du français ? Bilan d’étape d’une expĂ©rimentation en Nouvelle-CalĂ©donie », in C. Noyau (dir.), Actes du colloque « Appropriation du français et construction de connaissances en situation diglossique », 24-, Ă©d. Paris X, document multimĂ©dia sur cĂ©dĂ©rom, 2007.
  • Avec Vernaudon J., « Les langues kanak et l'Ă©cole rĂ©publicaine : histoire et perspectives d'un enseignement controversĂ© », in L'OcĂ©anie et la mondialisation, Ă©d. du CNRS, Paris, 2008.
  • Avec Vernaudon J., « La rĂ©forme plurilingue de l'Ă©cole en Nouvelle-CalĂ©donie, en PolynĂ©sie française et Ă  Wallis-et-Futuna », in V. Fillol & J. Vernaudon (Eds), Vers une Ă©cole plurilingue en OcĂ©anie francophone, Ă©d. L’Harmattan, Paris, 2009.

Homme politique non-indépendantiste

LĂ©onard Sam s'engage en politique sous les couleurs du parti anti-indĂ©pendantiste CalĂ©donie ensemble pour les Ă©lections provinciales du . Il est prĂ©sentĂ© en troisième position de la liste avancĂ©e par cette formation dans le Sud et emmenĂ©e par le prĂ©sident sortant de l'AssemblĂ©e provinciale, Philippe Gomès. Elle obtient le deuxième meilleur score avec 14 293 voix (23,6 % des suffrages exprimĂ©s) et 11 conseillers provinciaux sur 40, dont 9 des 32 Ă©galement envoyĂ©s au Congrès. LĂ©onard Sam est donc Ă©lu au sein de ces deux institutions. Pendant la campagne, il met en avant la notion de « duologue », mot-valise unissant « duo » et « dialogue » et qu'il dĂ©finit ainsi : « C’est Ă©changer pour construire quelque chose de commun, sans imposer un point de vue »[1]. Il est par ailleurs membre de l'association politique mont-dorienne « Droit de citĂ© » de Xavier Vergès, proche de CalĂ©donie ensemble et qui compte deux Ă©lus au conseil municipal de cette commune de la banlieue noumĂ©enne[2].

Il est depuis le l'un des deux coprésidents de la commission intérieure de la Législation et de la Règlementation relatives aux Affaires coutumières au Congrès, aux côtés successivement de Rock Wamytan (jusqu'au ) puis de Sylvain Pabouty (à partir du ), tous deux élus indépendantistes issus du groupe du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Léonard Sam a aussi présidé la commission intérieure de l'Enseignement et de la Culture au sein de cette même assemblée du 12 mai au .

Mais il a surtout été le 1er vice-président du Congrès du au et du 1er au . À ce titre, il exerce l'intérim de la présidence du Congrès du 3 mars au , à la suite de l'élection du titulaire de cette fonction, Harold Martin, à la présidence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Il s'agit alors d'une position stratégique, Calédonie ensemble ayant adopté à l'époque une stratégie de blocage des institutions (notamment en faisant démissionner systématiquement ses membres à chaque renouvellement de l'exécutif local afin de le faire chuter) dans le but de pousser l'État à provoquer des élections provinciales anticipées. Dans cette logique, Léonard Sam, en tant que président par intérim du Congrès, annonce le vouloir reporter l'élection du nouveau président de l'assemblée prévue pour le lendemain après-midi[3]. Et lors de la session du 1er avril au matin, organisée pour désigner pour la troisième fois en un mois un nouveau gouvernement (immédiatement démissionnaire, comme ses deux prédécesseurs), il déclare à trois reprises « suspendre » la séance avant de quitter la salle des délibérations, comme l'ensemble des groupes Calédonie ensemble et UNI ainsi que leurs alliés respectifs (le RPC, le LKS ainsi que deux sans étiquettes). Toutefois, les élus du FLNKS, du Parti travailliste, du Rassemblement-UMP et de l'Avenir ensemble-Mouvement de la diversité (soit 34 des 54 membres du Congrès) ont refusé cette suspension et ont donc continué à siéger sous la présidence de Rock Wamytan, en sa qualité de 2e vice-président. Il fait procéder alors à un vote à main levée pour confirmer le maintien de l'élection au perchoir l'après-midi, qu'il finit par remporter avec le soutien de son groupe (FLNKS) et de ses alliés indépendantistes du Parti travailliste mais aussi des anti-indépendantistes du Rassemblement-UMP et de l'Avenir ensemble.

CalĂ©donie ensemble et LĂ©onard Sam contestent la lĂ©galitĂ© de cette Ă©lection. Le Conseil d'État leur donne raison le en l'annulant. Cette dĂ©cision est notifiĂ©e Ă  Rock Wamytan, et prend donc officiellement effet, le 1er aoĂ»t suivant, et LĂ©onard Sam redevient alors prĂ©sident par intĂ©rim jusqu'Ă  la dĂ©signation du nouveau titulaire de la fonction. Celle-ci a lieu le et LĂ©onard Sam se porte candidat mais se fait battre assez nettement par Rock Wamytan, avec 15 voix sur 53 votants (soit les 10 de CalĂ©donie ensemble mais aussi les 2 de l'Union pour un destin calĂ©donien UDC, les 2 LMD et la seule du RPC), contre 32 Ă  son adversaire indĂ©pendantiste (faisant une nouvelle fois le plein des suffrages du Rassemblement-UMP, du FLNKS tendance UC, de l'Avenir ensemble-MoDem et du Parti travailliste)[4]. PlacĂ© en tĂŞte de la liste CalĂ©donie ensemble pour l'Ă©lection du reste du bureau du Congrès qui a lieu le mĂŞme jour, il obtient la 3e vice-prĂ©sidence, la 1re revenant au Rassemblement-UMP Pierre Bretegnier et la 2e Ă  la FLNKS-UC Caroline Machoro. Le , alors que GĂ©rard Poadja, autre membre de CalĂ©donie ensemble, a gagnĂ© la prĂ©sidence du Congrès, LĂ©onard Sam passe de la 3e Ă  la 4e vice-prĂ©sidence. Il redevient 3e vice-prĂ©sident le , Ă  la suite du retour de Rock Wamytan au « perchoir Â».

Pour les Ă©lections municipales de , il est pressenti pour mener la liste de CalĂ©donie ensemble au Mont-Dore, mais c'est finalement une nouvelle venue en politique, Monique Jandot, jusque-lĂ  prĂ©sidente de la confĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale des petites et moyennes entreprises (CGPME) nĂ©o-calĂ©doniennes, qui est choisie. LĂ©onard Sam arrive alors en deuxième position, et s'implique fortement dans la campagne pour ravir cette commune de la banlieue noumĂ©enne Ă  son maire Éric Gay, membre du Rassemblement-UMP et fidèle de son prĂ©sident Pierre Frogier[5]. Cette liste prouve une assise croissante de ce parti dans l'Ă©lectorat mont-dorien, forçant le maire sortant (qui avait Ă©tĂ© rĂ©Ă©lu au premier tour en 2008) Ă  un ballotage tout en restant assez nettement distancĂ©e par celui-ci. En effet, Monique Jandot, LĂ©onard Sam et leurs colistiers arrivent second du premier tour le , avec 3 600 votes (32,4 %), soit un rĂ©sultat en nombre de voix lĂ©gèrement meilleur que celui de Philippe Gomès au premier tour des lĂ©gislatives de 2012 (+186) et largement plus important que celui de la liste Avenir ensemble de 2008 (+1531 votes et +7,77 points). Éric Gay est rĂ©Ă©lu au second tour le , dans une triangulaire avec 5 636 voix (+ 821 votes par rapport au premier tour) et 48,64 % des suffrages (+ 5,3 points) pour 27 Ă©lus sur 35, contre 4 120 votes (+ 520) et 35,56 % (+ 3,16 points) ainsi que 6 sièges pour la liste CalĂ©donie ensemble. LĂ©onard Sam devient ainsi conseiller municipal d'opposition du Mont-Dore.

Il s'engage dans un autre scrutin en 2014, mais cette fois avec l'Ă©tiquette nationale de l'Union des dĂ©mocrates et indĂ©pendants (UDI, parti du centre et centre droit que Philippe Gomès et Sonia Lagarde, Ă©lus dĂ©putĂ©s, ont rejoint en 2012 sans que CalĂ©donie ensemble y soit officiellement affiliĂ©), pour les Ă©lections europĂ©ennes du . En effet, le parti CalĂ©donie ensemble, qui soutient sa candidature, annonce le qu'il a Ă©tĂ© choisi comme tĂŞte de liste pour la section Pacifique (qui, outre la Nouvelle-CalĂ©donie, comprend Ă©galement la PolynĂ©sie française et Wallis-et-Futuna, pour un siège Ă  pourvoir) de la circonscription Outre-Mer par « Les EuropĂ©ens - L'Alternative Â» (alliance entre l'UDI et le Mouvement dĂ©mocrate, ou MoDem)[6]. Ses principaux concurrents dans cette section sont tous nĂ©o-calĂ©doniens et Kanaks : le dĂ©putĂ© europĂ©en sortant Maurice Ponga (du Rassemblement-UMP) pour l'UMP, et la veuve de l'ancien chef indĂ©pendantiste Jean-Marie Tjibaou, Marie-Claude Tjibaou, pour le PS.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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