L'Homme qui tua Don Quichotte
L'Homme qui tua Don Quichotte (The Man Who Killed Don Quixote) est un film d'aventures multinational coécrit et réalisé par Terry Gilliam et sorti en 2018. Il s'agit d'une adaptation du roman Don Quichotte de Miguel de Cervantes.
Titre original | The Man Who Killed Don Quixote |
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RĂ©alisation | Terry Gilliam |
Scénario |
Terry Gilliam Tony Grisoni |
Musique | Roque Baños |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Recorded Picture Company Tornasol Films Entre Chien et Loup Amazon Studios |
Pays de production |
Espagne Portugal Royaume-Uni Belgique France |
Genre | aventures |
Durée | 132 minutes |
Sortie | 2018 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
C'est un projet de longue date du rĂ©alisateur, qui avait commencĂ© Ă le tourner en 2000 avant de devoir l'interrompre, une premiĂšre tentative relatĂ©e dans le documentaire Lost in La Mancha (2002). Longtemps considĂ©rĂ© comme un « film maudit », il est finalement sorti en salles en France le et a fait la clĂŽture du festival de Cannes le mĂȘme jour.
Il est dédié à la mémoire de Jean Rochefort et John Hurt, qui avaient participé aux tentatives précédentes.
Synopsis
Toby, un rĂ©alisateur de pubs dĂ©sabusĂ©, se rend en Espagne pour le tournage d'une publicitĂ©. Il y rencontre un gitan qui lui offre une copie du film de jeunesse â une adaptation lyrique de l'histoire de Don Quichotte â que Toby avait rĂ©alisĂ© dans la rĂ©gion il y a une dizaine d'annĂ©es. Ămu de cette redĂ©couverte, Toby part Ă la recherche du petit village de Los Sueños oĂč il avait tournĂ© ce film. Il se trouve mĂȘlĂ© Ă toute une sĂ©rie de catastrophes.
Fiche technique
- Titre original : The Man Who Killed Don Quixote
- Titre français : L'Homme qui tua Don Quichotte
- RĂ©alisation : Terry Gilliam
- Scénario : Terry Gilliam et Tony Grisoni, d'aprÚs le roman Don Quichotte de Miguel de Cervantes
- Musique : Roque Baños
- DĂ©cors : BenjamĂn FernĂĄndez
- Photographie : Nicola Pecorini
- Montage : Lesley Walker
- Production : Jeremy Thomas, Gerardo Herrero, Gabriele Oricchio, Mariela Besuievsky, Amy Gilliam (de), Yousaf Bokhari
- Sociétés de production : Recorded Picture Company, Tornasol Films, Entre chien et loup, Ukbar Filmes, Amazon Studios
- Budget : 17 millions dâeuros
- Format : couleur - 2.35 :1 - numérique
- Pays de production : Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Belgique et France
- Genre : aventures, comédie dramatique, fantastique
- Durée : 132 minutes
- Dates de sortie :
- France : (Festival de Cannes et sortie nationale)
- Espagne :
- Belgique :
- Allemagne :
- Italie :
- Classification :
- France : tous publics
- Espagne : déconseillé aux moins de 12 ans
Distribution
- Jonathan Pryce (VF : Jean-Luc Kayser) : Don Quichotte
- Adam Driver (VF : Valentin Merlet) : Toby
- Olga Kurylenko : Jacqui
- Stellan SkarsgÄrd : le patron et mari de Jacqui
- Joana Ribeiro : Angelica
- Ăscar Jaenada : le gitan
- Jason Watkins : Rupert, l'agent de Toby
- Sergi LĂłpez : le fermier
- Rossy de Palma (VF : elle-mĂȘme) : la femme du fermier
- Jordi MollĂ : Alexei Miiskin, le cruel oligarque
- Hovik Keuchkerian : Raul
Production
GenÚse et développement
Terry Gilliam a l'idée d'adapter le Don Quichotte de CervantÚs en 1990. Il appelle alors le producteur Jake Eberts et lui tient ce discours : « J'ai deux noms pour toi : Quichotte et Gilliam, et j'ai besoin de 20 millions de dollars ». Ce n'est qu'aprÚs avoir reçu l'accord du producteur que Terry Gilliam lira le livre de CervantÚs, pour se rendre compte qu'il était infilmable[1].
Ce n'est que plusieurs annĂ©es plus tard, aprĂšs avoir Ă©crit une premiĂšre mouture avec Charles McKeown, qu'il trouvera l'angle de son adaptation : il dĂ©cide de mĂȘler le personnage de Don Quichotte avec l'idĂ©e de base du roman Un Yankee Ă la cour du roi Arthur de Mark Twain : ainsi, il adjoint au personnage de Don Quichotte un acolyte venu des temps modernes. Cet acolyte, un publicitaire du nom de Toby Grosini (en rĂ©fĂ©rence Ă son coscĂ©nariste d'alors, Tony Grisoni), est censĂ© servir de contrepoint au personnage de Don Quichotte, mettant en exergue son dĂ©calage avec le monde qui l'entoure[2]. C'est cette version qui entrera en production sous le titre The Man Who Killed Don Quixote en 1999.
PremiĂšre tentative (2000) : avec Jean Rochefort et Johnny Depp
Terry Gilliam estime le budget prévisionnel du film à 60 millions de dollars. Conscient que les studios américains ne s'engageront jamais sur l'adaptation d'un roman européen du XVIIe siÚcle, le réalisateur sait qu'il ne peut faire ce film qu'en Europe, avec des fonds européens[3]. La productrice anglaise Sarah Radclyffe (en) est intéressée par le scénario et approche Pathé et Canal+ pour trouver un financement. Gilliam parvient à réunir un budget de 40 millions de dollars[3]. En plus de Pathé et Canal Plus, un producteur allemand du nom de Rainer Mockert se propose de compléter le budget en faisant appel à un fonds d'investissement privé allemand. Néanmoins, les fonds promis n'arriveront jamais, et le tournage, prévu pour débuter en , est reporté. Terry Gilliam part alors à la recherche d'autres partenaires : la compagnie @radical.media (en) s'engage à hauteur de 500 000 dollars tandis que René Cleitman, de la société Hachette PremiÚre reprend le projet des mains de Sarah Radclyffe (en)[1]. En , René Cleitman propose un budget d'environ 30 millions de dollars[2]. Les investisseurs allemands de KC Medien permettent de boucler le financement et le tournage peut commencer en .
Le dĂ©but du tournage, perturbĂ© par une infection de la prostate de Jean Rochefort, commence en , prĂšs d'une base militaire au nord de Madrid. Tout d'abord, le vol des avions militaires empĂȘche la prise de son directe. Au deuxiĂšme jour de tournage, des pluies diluviennes emportent une partie du matĂ©riel de tournage, et verdissent le dĂ©sert qui ne peut plus servir pour la suite des dĂ©cors. Deux jours plus tard, Jean Rochefort souffre d'un violent mal de dos qui l'oblige Ă consulter son mĂ©decin Ă Paris, lequel diagnostique une double hernie discale qui empĂȘche dĂ©sormais l'acteur de tenir physiquement son rĂŽle (depuis ce jour, il ne montera plus jamais Ă cheval). Jean Rochefort dĂ©clarera plus tard que le cheval jouant Rossinante avait Ă©tĂ© privĂ© de nourriture pendant quarante jours afin qu'il s'amaigrisse. Selon lui, le cheval serait mort quelques jours aprĂšs son dĂ©part[4]. Gilliam contredira cette version des faits, en dĂ©clarant plus tard : « On dit toujours que j'ai affamĂ© le cheval pour qu'il ait l'air tout maigre, mais non⊠Moi, j'y suis pour rien, et puis le cheval est mort bien aprĂšs le tournage ! »[5] et « C'est absolument faux, je n'ai jamais maltraitĂ© le moindre animal ! Le cheval Ă©tait pris en charge par un dresseur. J'ai entendu dire que l'animal Ă©tait mort, mais c'est arrivĂ© longtemps aprĂšs que le tournage a Ă©tĂ© interrompu. »[6], « Câest horrible quâon ait dit ça sur moi. (âŠ) Jâai revu Jean un an avant sa mort et il ne mâa jamais reparlĂ© de ça. »[7].
Alors que les dĂ©clarations sur le tard de Jean Rochefort laissent imaginer une relation de travail impossible entre l'acteur et Terry Gilliam, d'autres entretiens peignent un portrait plus nuancĂ© de la relation entre les deux hommes, mĂȘme empreinte d'une certaine affection (pendant le tournage et ensuite). En effet, Jean Rochefort dĂ©clara notamment dans une interview Ă France Culture en 2003 que Terry Gilliam lui avait « donnĂ© en cadeau » la promesse de ne pas refaire Don Quichotte sans obtenir son accord sur l'acteur qui devait le remplacer dans le rĂŽle de Don Quichotte. Rochefort a ainsi avouĂ© que mĂȘme s'il ne comptait pas « abuser de ce pouvoir », cette attention lui a fait du bien, et a mĂȘme contribuĂ© Ă le sortir de la dĂ©pression qui l'avait frappĂ© pendant plusieurs mois aprĂšs l'annulation du tournage[8]. "CâĂ©tait un rĂŽle extraordinaire, avec un metteur en scĂšne fabuleux et des partenaires de rĂȘve.", dira-t-il dans un entretien Ă Paris Match en 2001, aprĂšs la fin du tournage[9].
Ceci, ajouté au retard pris par d'autres éléments de la production, contraint Terry Gilliam et son producteur français René Cleitman à jeter l'éponge[10]. Néanmoins subsiste de ce projet un documentaire, intitulé Lost in La Mancha, monté à partir des rushes, des images de tournages de Keith Fulton et Louis Pepe, initialement chargés du making-of du film, et d'interviews des protagonistes.
- Distribution de cette premiĂšre tentative
- Jean Rochefort : Don Quichotte
- Johnny Depp : Toby Grosini
- Vanessa Paradis : Dulcinée
- Christopher Eccleston
- Miranda Richardson
- Bill Paterson
- Rossy de Palma
2008-2010 : projet avec Robert Duvall et Ewan McGregor
AprÚs avoir récupéré les droits de son scénario en 2008[11], Terry Gilliam réécrit en partie le script avec son coscénariste Tony Grisoni et projette de tourner le film en , sous réserve d'arriver à réunir les fonds nécessaires.
Dans le nouveau scĂ©nario, Toby Grosini n'est plus un publicitaire mais un « jeune cinĂ©aste frustrĂ© » qui est attirĂ© par la quĂȘte menĂ©e par Don Quichotte pour retrouver sa bien-aimĂ©e[12].
Lors d'une interview en [13], Robert Duvall confirme qu'il a été choisi par Terry Gilliam pour reprendre le rÎle de Don Quichotte. Puis, en , durant le festival de Cannes, Terry Gilliam annonce qu'Ewan McGregor tiendra le rÎle de Toby Grosini et annonce un budget aux alentours des 20 millions de dollars[14]. Mais quelques semaines plus tard, Variety annonce qu'en fait, Gilliam a perdu son financement[15].
2011-2012 : projet avec Robert Duvall et Owen Wilson
Fin 2011, Gilliam déclare au détour d'une interview que le projet est désormais porté par un nouveau producteur (remplaçant ainsi Jeremy Thomas) et qu'il espÚre entrer en tournage au printemps 2012[16]. Pour cette version, si Robert Duvall devait toujours jouer Don Quichotte, Ewan McGregor ne faisait plus partie de la distribution[17]. Il aurait été remplacé par Owen Wilson[18]. Néanmoins le projet est une nouvelle fois annulé par manque d'argent. à la place, Terry Gilliam tourne Zero Theorem.
2014-2016 : projet avec John Hurt et Jack O'Connell
Une fois Zero Theorem terminé, Gilliam déclare vouloir à nouveau s'atteler au projet[19]. Le scénario ne fait plus mention d'un voyage dans le temps et, comme c'était déjà le cas pour le projet avec Robert Duvall et Ewan McGregor, le personnage de Toby Grosini est désormais un jeune réalisateur qui a déjà fait un film sur Don Quichotte et retourne sur les lieux du tournage pour constater que son film a détruit la vie de la plupart des gens qui y ont participé : « certains sont devenus fous, d'autres alcooliques, d'autres se prostituent »[20]. On pourra distinguer dans cette idée une certaine mise en abyme des propres mésaventures de Terry Gilliam et de ses tentatives avortées de réaliser un film autour de Don Quichotte.
En , John Hurt dĂ©clare que Terry Gilliam lui a demandĂ© de jouer Don Quichotte[21] et en , Variety rĂ©vĂšle que le rĂŽle principal de Toby sera tenu par Jack O'Connell[22]. Le budget du film est alors estimĂ© Ă 21 millions de dollars[23] mais, en dĂ©pit d'un partenariat avec Amazon Studios, les producteurs chargĂ©s de cette version, l'Anglaise Denise O'Dell et l'Espagnol AdriĂĄn Guerra, Ă©chouent Ă trouver les fonds nĂ©cessaires, avec un trou dans leur budget de 3 millions d'euros[24]. Par ailleurs, John Hurt est diagnostiquĂ© d'un cancer du pancrĂ©as Ă l'Ă©tĂ© 2015, ce qui, mĂȘme aprĂšs rĂ©mission, l'empĂȘche d'ĂȘtre assurĂ© pour le film et le met hors d'Ă©tat de participer au projet. Cette nouvelle mouture Ă©choue donc comme les prĂ©cĂ©dentes et le projet change de producteur en passant dans les mains de Paulo Branco en 2016.
2016 : projet avec Michael Palin et Adam Driver
Alors que, depuis 2008, Tony Grisoni et Terry Gilliam rĂ©Ă©crivent rĂ©guliĂšrement le scĂ©nario Ă raison d'environ deux fois par an[25], le projet est rĂ©cupĂ©rĂ© en par le producteur Paulo Branco[26], qui s'engage Ă faire le film pour un budget de 16 millions d'euros minimum. Les rĂŽles de Toby et de Don Quichotte seront repris par Adam Driver et Michael Palin[27] et, lors du festival de Cannes, Paulo Branco et Terry Gilliam annoncent un tournage de onze semaines commençant en , dans le but avouĂ© de prĂ©senter le film lors du 70e festival de Cannes en 2017[28]. Cependant, la relation entre les deux hommes s'envenime vite, Gilliam reprochant Ă Branco sa volontĂ© de mainmise sur le processus crĂ©atif (le producteur veut imposer sa sĆur au poste de costumiĂšre, fait pression pour tourner en numĂ©rique plutĂŽt qu'en pellicule, ou veut rĂ©cuser l'assistant rĂ©alisateur choisi par Gilliam ainsi que Michael Palin), tandis que Branco reproche au rĂ©alisateur son comportement d'« enfant gĂątĂ© »[29]. Alors que plusieurs financiers (Amazon et Kinology) quittent le projet, Ă©chaudĂ©s par la rĂ©putation de Paulo Branco, Gilliam s'impatiente et demande des garanties financiĂšres Ă son producteur, qui, devant le manque de moyens, plaide maintenant pour une rĂ©duction du budget. Les points de vue des deux hommes deviennent si irrĂ©conciliables que Branco dĂ©cide d'annuler la prĂ©production du film le . Elle ne pourra reprendre que si Gilliam accepte de lui donner les pleins pouvoirs sur le film[30]. Le rĂ©alisateur refuse et se considĂšre donc libre d'aller chercher un autre partenaire pour monter le projet.
2017-2018 : concrétisation du projet avec Jonathan Pryce et Adam Driver
à la suite du report du tournage, Michael Palin préfÚre se concentrer sur de nouveaux projets de documentaires et d'essais[31]. Il est remplacé par un autre habitué de l'univers de Terry Gilliam en la personne de Jonathan Pryce. Olga Kurylenko, Stellan SkarsgÄrd, Rossy de Palma et Sergi López complÚtent la distribution[32].
Tornasol Films, les coproducteurs espagnols trouvés par Paulo Branco, deviennent les producteurs principaux du long-métrage et réutilisent le montage financier mis en place par Denise O'Dell en 2015 (voir section « 2014-2016 : projet avec John Hurt et Jack O'Connell ») : Amazon et Kinology prennent donc bien part au financement du film, et les 3 millions d'euros manquants de la précédente version sont finalement apportés par Alessandra Lo Savio de Alacran Pictures, qui devient productrice exécutive sur le film[24].
Le film est une coproduction entre lâEspagne, le Portugal, le Royaume-Uni, la France et la Belgique. Amazon Studios acquiert les droits pour distribuer le film en AmĂ©rique du Nord (en salles puis en VOD). En , on apprendra nĂ©anmoins qu'Amazon s'est retirĂ© du projet en tant que distributeur, par peur notamment d'hypothĂ©tiques futurs conflits lĂ©gaux avec Paulo Branco, qui pourraient compliquer la sortie du film[33]. C'est finalement le distributeur Screen Media (en) qui annoncera fin 2018 avoir acquis les droits du film pour une sortie amĂ©ricaine prĂ©vue pour [34].
Le tournage peut ainsi débuter en Espagne continentale le [35] - [36], il passe ensuite par le Portugal du au [37], pour se finir aux Canaries fin mai.
Fragilisé par une attaque cérébrale en 2016[38] - [24], à la suite de l'annulation du projet avec Paulo Branco, Gilliam a apparemment traversé la production dans un état de santé relativement précaire, devant notamment porter un cathéter pendant les trois derniÚres semaines du tournage[39] avant de subir une opération de la prostate au début de la post-production[40].
NĂ©anmoins, le , Terry Gilliam annonce la fin du tournage sur sa page Facebook[41].
Poursuivant le travail effectuĂ© sur le tournage avortĂ© de 2000, Keith Fulton et Louis Pepe, les rĂ©alisateurs de Lost in La Mancha, ont suivi la production â rĂ©ussie cette fois â du long-mĂ©trage pour en tirer un nouveau film making of. Ce film intitulĂ© He Dreams of Giants (en) se concentrera plus particuliĂšrement sur Terry Gilliam lui-mĂȘme, son processus crĂ©atif et « les conflits internes qui ont lieu dans l'esprit d'un artiste »[42]. Fulton et Pepe ont ainsi rĂ©alisĂ© plusieurs sĂ©quences en utilisant ce qu'ils appellent une technique d'« Ă©cran mental », oĂč ils restent focalisĂ©s sur le visage de Gilliam, rĂ©vĂ©lant ainsi ses rĂ©actions Ă ce qui se passe autour de lui. Ces plans sont au cĆur de leur nouveau film. La premiĂšre projection de He Dreams of Giants a lieu au festival du documentaire DOC NYC Ă New York le [43].
ProblĂšmes juridiques avec Paulo Branco
ParallĂšlement au tournage et Ă la post-production du film, l'ex-producteur Paulo Branco veut faire valoir devant la justice les droits qu'il estime toujours avoir sur le scĂ©nario. S'ensuivent de nombreux procĂšs devant diffĂ©rents tribunaux : ainsi, en , alors que le tournage entre dans sa derniĂšre semaine, le tribunal de grande instance de Paris proclame la validitĂ© du contrat unissant Gilliam et Branco. Le producteur estime alors que le film ne pourra ĂȘtre exploitĂ© sans son accord[44] - [45]. AprĂšs deux jugements Ă Paris et Ă Londres donnant raison Ă Paulo Branco[29], l'affaire est portĂ©e devant la cour d'appel de Paris[5]. Dans un communiquĂ©, les producteurs et distributeurs estimeront nĂ©anmoins qu'aucune procĂ©dure judiciaire ne peut entraver la sortie du film, prĂ©cisant que le contrat au cĆur du conflit stipule qu'« aucun conflit juridique ne peut avoir pour effet de retarder, de quelque maniĂšre que ce soit, la production ou l'exploitation du film »[46]. De fait, Paulo Branco a tentĂ© de faire annuler le tournage en mais s'est vu dĂ©boutĂ© de ses demandes (« Dans ces conditions, les demandes reconventionnelles tendant Ă la suspension du tournage et Ă la production du dossier destinĂ© au fonds europĂ©en Eurimages ne sont pas suffisamment justifiĂ©es et doivent ĂȘtre rejetĂ©es » dixit le jugement du tribunal de grande instance de Paris[47]) et l'exploitation du film se poursuit donc de maniĂšre normale.
Le , la cour d'appel de Paris proclame la validitĂ© du contrat unissant Terry Gilliam et Paulo Branco. Alors que Paulo Branco proclame son intention d'engager des poursuites pour demander des dommages et intĂ©rĂȘts[48] et estime que ce jugement signifie que « le film appartient Ă Alfama [sociĂ©tĂ© de production crĂ©Ă©e par Paulo Branco, ndlr]"[49], les producteurs espagnols de Tornasol Films estiment au contraire dans un communiquĂ© que « le juge a considĂ©rĂ© le que le contrat [entre Terry Gilliam et Paulo Branco] n'avait pas Ă©tĂ© rĂ©siliĂ© proprement par M. Gilliam, et c'est la seule chose dont le jugement parle. Jamais il n'Ă©tablit que les droits du film appartiennent Ă Paulo Branco[50]. » En effet l'arrĂȘt[51] se contente de dĂ©bouter Gilliam de sa « demande de caducitĂ© » relative Ă son contrat avec Branco, et le condamne aux dĂ©pens d'appel ainsi qu'Ă rĂ©gler 10 000 euros de frais d'appel Ă la sociĂ©tĂ© Alfama Films. La sortie du film en France et dans le monde n'est pas affectĂ©e.
Cette dĂ©cision sera ensuite confirmĂ©e au Royaume-Uni et en Espagne, sans que la validitĂ© des droits d'exploitation du film ne soit remise en cause pour autant, la productrice Mariela Besuievsky allant mĂȘme jusqu'Ă prĂ©ciser dans un communiquĂ© que « Alfama et Leopardo n'ont pas contribuĂ© financiĂšrement au film, et n'en sont donc pas producteurs. Tous les contrats signĂ©s par les coproducteurs de L'Homme qui tua Don Quichotte sont valides pour l'exploitation. Les producteurs Tornasol, Entre Chien et Loup, Kinology et Ukbar sont responsables du financement du film, aux cĂŽtĂ©s d'autres financiers. Alfama doit arrĂȘter de propager des interprĂ©tations malveillantes des jugements français, anglais et espagnols[52]. »
Le , un tribunal portugais spĂ©cialisĂ© en propriĂ©tĂ© intellectuelle saisi par Paulo Branco refuse de lui accorder des droits sur le film et conclut que la sociĂ©tĂ© de production portugaise Ukbar Filmes, attaquĂ©e par Branco, peut exploiter le film de plein droit sur le territoire portugais[53]. Branco annonce qu'il fera appel, mais cette dĂ©cision juridique est un coup dur pour sa stratĂ©gie d'indemnisation puisque la cour reconnaĂźt qu'il n'est ni crĂ©ateur ni producteur de lâĆuvre et ne peut donc prĂ©tendre Ă de quelconques droits d'auteur relatifs Ă celle-ci.
Allant dans le mĂȘme sens, le , la justice française condamne Paulo Branco Ă 60 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts envers les sociĂ©tĂ©s de distribution Kinology, Star Invest et OcĂ©an Films, et dĂ©clare que Branco n'a aucun droit sur le film et n'en a jamais Ă©tĂ© producteur[54].
Le , Paulo Branco est dĂ©boutĂ© de sa demande de dommages et intĂ©rĂȘts Ă la sociĂ©tĂ© de production Recorded Picture Company devant la cour de droit de la propriĂ©tĂ© intellectuelle de Londres, le jugement concluant Ă l'incapacitĂ© manifeste de Branco Ă produire le film comme le voulait Terry Gilliam[55].Branco, Ă travers sa sociĂ©tĂ© Alfama, est condamnĂ© au remboursement des frais de justice engagĂ©s par Recorded Picture Company[56].
Accueil
Festival et sorties
Le , le Festival de Cannes annonce que le film est sĂ©lectionnĂ© en tant que film de clĂŽture pour une projection le . Il sortira en salles en France le mĂȘme jour. Le film est dĂ©diĂ© Ă la mĂ©moire de Jean Rochefort et de John Hurt.
ProblĂšmes avec Paulo Branco lors du festival de Cannes
Moins d'une semaine aprĂšs l'annonce de la sĂ©lection cannoise, Paulo Branco conteste de nouveau la validitĂ© de l'exploitation du film et assigne le festival de Cannes en rĂ©fĂ©rĂ© pour demander l'interdiction de la projection du long-mĂ©trage dans le cadre du festival[57], une demande sur laquelle se prononcera le Tribunal de Grande Instance de Paris le [58]. La polĂ©mique pousse le festival de Cannes Ă publier un communiquĂ© le pour apporter son soutien Ă Terry Gilliam et condamner la dĂ©marche de Paulo Branco[59] (extraits : « Branco laisse son avocat procĂ©der Ă des intimidations ainsi quâĂ des affirmations diffamatoires aussi dĂ©risoires que grotesques, dont lâune vise lâancien PrĂ©sident dâune manifestation dont il sâest servi toute sa carriĂšre pour Ă©tablir sa propre rĂ©putation. [âŠ] Le Festival de Cannes respectera la dĂ©cision de justice Ă intervenir, quelle quâelle soit, mais nous tenons Ă redire quâil se tient du cĂŽtĂ© des cinĂ©astes et en lâespĂšce du cĂŽtĂ© de Terry Gilliam dont on sait lâimportance quâa pour lui un projet qui a connu tant de vicissitudes »).
Le , les producteurs et le distributeur français signent un nouveau communiquĂ© de presse contestant les accusations de Paulo Branco[60]. Ils y pointent « l'interprĂ©tation spĂ©cieuse » faite par Paulo Branco des dĂ©cisions de justice relatives au film, concluant qu'« il nâexiste donc aucune reconnaissance des droits de M. Branco par la justice ». En effet, Paulo Branco n'aurait jamais acquis les droits du scĂ©nario du film, car « sâil a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune option pour acquĂ©rir ces droits auprĂšs de leur titulaire, la sociĂ©tĂ© anglaise RPC, il ne lâa jamais levĂ©e car il Ă©tait dans lâincapacitĂ© dâen payer le prix de 250 000 euros ». Il se serait par ailleurs Ă©cartĂ© lui-mĂȘme de la production en reconnaissant par courrier Ă Terry Gilliam en : « Notre collaboration est impossible. Bonne chance avec un autre producteur ». Selon les signataires du communiquĂ©, la menace d'annulation de la projection cannoise du film serait donc uniquement la consĂ©quence d'un ultimatum posĂ© par Paulo Branco le : « Pourquoi en est-on arrivĂ© lĂ ? Parce que, le , les producteurs ont refusĂ© lâultimatum non nĂ©gociable de M. Branco transmis en prĂ©sence de tiers : cet ultimatum, câest 3,5 M⏠pour lui, qui se rĂ©partiraient en 2 millions dâeuros cash immĂ©diatement et 1,5 million dâeuros sur les recettes Ă venir ». Ce communiquĂ© cinglant, intitulĂ© « Pourquoi M. Branco nâa pas Ă©tĂ©, nâest pas et ne sera jamais le producteur du Don Quichotte de Terry Gilliam ? » recueillera pour tout commentaire du camp adverse ce tweet de Juan Branco, avocat et fils de Paulo Branco : « Cute » (mignon)[61].
Le , Le tribunal de Grande Instance de Paris donne raison aux producteurs du film et au festival de Cannes contre Paulo Branco et autorisent la projection du film en clĂŽture du festival de Cannes[62].
Avec cette dĂ©cision, le Centre National du CinĂ©ma estime que plus rien ne s'oppose Ă la sortie du film dans les salles françaises, et attribue au film un visa d'exploitation « tout public » le jeudi . Dans un communiquĂ©[63], l'organisme prĂ©cise : « Ce visa doit ĂȘtre demandĂ© par le producteur du film, c'est-Ă -dire celui qui prend la responsabilitĂ© du financement et de la rĂ©alisation de l'Ćuvre. La sociĂ©tĂ© Kinology, avec des coproducteurs espagnols, portugais et belges, a assurĂ© la production effective du film et est la seule Ă avoir dĂ©posĂ© une demande de visa d'exploitation. Le contentieux qui oppose par ailleurs M. Branco (Alfama Films) Ă M. Gilliam, porte sur les conditions dans lesquelles il a Ă©tĂ© mis fin Ă leur collaboration, et sur les droits dont M. Branco serait encore titulaire en application de la convention conclue entre eux. La dĂ©cision du juge des rĂ©fĂ©rĂ©s d'hier a confirmĂ© qu'il serait disproportionnĂ© d'empĂȘcher la diffusion de l'Ćuvre en raison de ce conflit, lequel sera tranchĂ© dĂ©finitivement par la juridiction judiciaire ».
Ă la suite de l'obtention de ce visa, plus rien n'empĂȘche la sortie du film sur les Ă©crans français le samedi , en mĂȘme temps que sa projection au festival de Cannes. De fait, la veille de la sortie, le tribunal de grande instance de Paris dĂ©boute Paulo Branco de sa nouvelle demande de suspension de l'exploitation du film[64].
Accueil critique
Site | Note |
---|---|
Metacritic | 56/100 |
Rotten Tomatoes | 61% |
En France, le site AllocinĂ© recense une moyenne des critiques de presse de 3,3â5[65].
Parmi les critiques les plus positifs en France, on trouve Pierre Eisenreich pour Positif, qui Ă©voque « un spectacle cinĂ©matographique correspondant totalement Ă l'idiosyncrasie de l'imaginaire de Gilliam ». Thomas Sotinel pour Le Monde, pour qui « LâHomme qui tua Don Quichotte vibre dâune Ă©nergie, dâun plaisir de faire du cinĂ©ma communicatifs » ou encore François Forestier qui parle de « folie cinĂ©matographique » et de « feu d'artifice » pour L'Obs[65].
Ă l'inverse, les critiques les plus nĂ©gatives viennent de Luc Chessel pour LibĂ©ration, pointant un spectacle « tournant Ă vide dans une grosse machine Ă produire de la mise en abyme », et d'Ăric Neuhoff pour Le Figaro, qui regrette un film qui « engendre l'effarement et la gĂȘne »[65].
Au niveau international, l'accueil est également divisé mais positif, l'agrégateur de critiques Rotten Tomatoes faisant état d'une « moyenne » de critiques positives de 65 % (recensées en ). Ce « score » fait de L'homme qui tua Don Quichotte le film de Terry Gilliam le plus apprécié par la critique anglo-saxonne depuis L'armée des 12 singes (L'Imaginarium du docteur Parnassus cumule 64 % de critiques positives recensées, Zero Theorem en cumule 50 %, Tideland 30 % et Las Vegas Parano 49 %).
Box-office
Ăditions vidĂ©o
Le film devait initialement sortir en DVD et Blu-Ray le en France mais cette sortie a été annulée. Le site Amazon indique une date de sortie du film en DVD et blu-ray avec sous-titres et version française au mais il s'agit de l'édition belge.
Distinctions
En 2019, en vertu de son statut de coproduction européenne, le film concourt pour les prix du cinéma Belge et Espagnol. Aux prix Goya, le film est nommé dans les catégories meilleurs costumes, meilleurs décors, meilleurs maquillages et coiffures, meilleure direction de production et meilleure chanson originale. Le film sera lauréat de 2 prix sur ces 5 nominations.
RĂ©compenses
- Prix Goya
- Meilleurs maquillages et coiffures
- Meilleure direction de production
Annexes
Bibliographie
- Pierre Eisenrich, « Immortel don Quichotte », Positif, no 688, Paris, Institut LumiÚre/Actes Sud, , p. 36-37, (ISSN 0048-4911)
Articles connexes
- Lost in La Mancha, le documentaire sur le tournage inachevé de la premiÚre tentative
- Don Quichotte, autre tentative inachevée, d'Orson Welles en 1959
- Film contenant un film
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) British Film Institute
- (it) Cinematografo.it
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (en) Metacritic
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
Notes et références
- (en) « My latest is a disaster movie », sur Guardian, .
- (en) Phil Stubbs, « Dreams: The Man Who Killed Don Quixote », sur Dreams.
- L'Année du cinéma, Calmann-Lévy, , p. 19.
- « Le cheval de « Don Quichotte » avait été affamé à mort pour les besoins du film », sur Sud Ouest, .
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