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Kaws (artiste)

Kaws (de son vrai nom Brian Donnelly) est un artiste new yorkais né en 1974 à Jersey City[1]. Issu de la scène graffiti, il concilie les références aux icônes de la culture pop (les Simpson, les Schtroumpfs, Bob l'éponge), l'énergie frontale des peintres urbains (yeux en croix, crâne de pirate) et des moyens de production à grande échelle typiques du pop art. Ses personnages emblématiques (Chum, Accomplice, Companion) sont déclinés sous forme de jouets, de tee-shirts, de sérigraphies ou d'œuvres originales[1].

Kaws
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Brian Donnelly
Pseudonyme
Ecd
Nationalité
Domiciles
Formation
School of Visual Arts
St. Anthony High School (en)
Activités
Conjoint
Julia Chiang (d)
Autres informations
Représenté par
Galerie Emmanuel Perrotin (d), Skarstedt Gallery (d)
Site web
Le Moonman designé par KAWS pour les MTV Video Music Awards 2013.

Détournements de publicité

Brian Donnelly est diplômé de la School of Visual Arts en 1996[2].Il collabore quelque temps pour Disney, où il travaille en particulier sur les 101 Dalmatiens. Ce passage dans la vénérable maison est déterminant : on retrouvera le corps de Mickey sur les Companions, ainsi que les mains, typiques de Disney, sur plusieurs personnages. Quant à son style pictural, avec son trait très précis et ses couleurs en aplat, il rappelle clairement le style de Disney, ou tout au moins le monde de l’animation[3].

Kaws commence sa carrière en graffant son nom en lettres géantes sur les murs et les affiches de New York. Il ajoute parfois un dessin qui devient sa signature: le skully, crâne de pirate dont les os en croix sont raccourcis de manière à former des sortes d'oreilles. Kaws va ensuite se distinguer des nombreux grapheurs new yorkais en détournant des affiches publicitaires. La légende veut que ce soit un autre grapheur, Barry McGee, qui lui ait donné une clé pour ouvrir les panneaux publicitaires des Abribus. Kaws récupère alors les affiches (Calvin Klein, DKNY, Diesel, etc), recouvre les visages de crânes, signe, puis les remet en place discrètement. Il développe aussi un autre personnage : le bendy, crâne prolongé d'un corps de serpent (ou de spermatozoïde ?), qui s'enroule autour du personnage central de l'affiche. Il s'agit bien ici d'un véritable kidnapping visuel où l'artiste phagocyte les icônes de la société de consommation. Les objets du désir imposés par les multinationales deviennent alors d'étranges figures, à la fois morbides (les crânes) et sexuelles (les "bendies" qui enserrent, voir transpercent les corps). Kaws intervient sur des publicités à New York, Londres, Tokyo et Paris. Sarah, de la boutique Colette, soutient activement son travail, et publie Kaws Exposed, un petit livre sur ces détournements de publicité ("ad disruptions")[3].

Art toys et pop art

Ă€ Tokyo, Kaws Ă©dite son premier designer toy (aussi appelĂ© art toys). Le Companion a un corps de Mickey, surmontĂ© d'un crâne de pirate, les yeux en x. Le jouet est un succès immĂ©diat auprès des collectionneurs. Il Ă©dite ensuite Chum : le mĂŞme crâne est juchĂ© cette fois sur un corps qui rappelle celui du Bibendum de Michelin. Ă€ Tokyo toujours, il rencontre Nigo, le crĂ©ateur de la marque A Bathing Ape. Nigo lui permettra de rĂ©aliser le packaging des Product paintings. Une première sĂ©rie de tableaux, tous de dimension 40 Ă— 40 cm, dĂ©tourne l'imagerie de Simpson (devenus les Kimpson). La seconde sĂ©rie peint en couleur vive sur fond noir les personnages Chum, Accomplice, et des hĂ©ros dĂ©tournĂ©s inspirĂ©s d'Astroboy ou d'Hello Kitty. Chaque tableau est prĂ©sentĂ© sous un emballage plastique, comme s'il Ă©tait destinĂ© Ă  ĂŞtre vendu dans un supermarchĂ©. Avec ces deux sĂ©ries, Kaws s'inscrit profondĂ©ment dans la dĂ©marche pop art. Ce travail radical, et fondamental dans sa carrière, est regroupĂ© dans le livre C10, qui reprend le packaging des Ĺ“uvres[2].

Parallèlement, Nigo l'aide Ă  ouvrir Original Fake, une boutique qui s'inspire du Pop Shop de Keith Haring. Kaws va alors dĂ©cliner ses personnages et dessins sous forme de tee-shirts, baskets, Ă©charpes, etc. Ses art toys sont Ă©galement vendus sur le site. Kaws produit toujours en sĂ©rie très limitĂ©e, et chaque objet devient rapidement Ă©puisĂ©. Les art toys, gĂ©nĂ©ralement fabriquĂ©s Ă  500 ou 1 000 exemplaires, sont vendus en quelques heures. Kaws a aussi collaborĂ© Ă  divers marques dont A Bathing Ape, Comme Des Garçons, Marc Jacobs, Vans, ou encore Nike, et a participĂ© Ă  la pochette de l'album 808s & Heartbreak du rappeur Kanye West. Ă€ partir de 2008, Kaws semble pris d'une frĂ©nĂ©sie productiviste et dĂ©cline ses symboles sur des objets aussi futiles que des porte-clĂ©s, des cendriers et des tapis de bains!

Lauréat du prix Pernod en 1998, Kaws a exposé à la galerie Parco à Tokyo et Elms Lester à Londres en 2001, à Vancouver en 2002, et lors de l'exposition collective itinérante Beautiful Losers en 2004[4]. Proche de Nigo et Pharrell Williams qui le présente à Emmanuel Perrotin, galeriste de Takashi Murakami et de toute la bande de Kaikai-Kiki, c'est en à Miami qu'il présente Saturated, une exposition qui décline les figures de Bob L'éponge (rebaptisé Kawsbob) sur des toiles de grand format. Toutes les œuvres de l'exposition sont vendues dès le premier jour, tout comme celles présentées à la galerie Gering & Lopez en à New York. L'exposition The Long Way Home, présentée à la galerie Honor Fraser à Los Angeles en . Il s'inspire de Keith Haring, Andy Warhol, Jeff Koons et Takashi Murakami[4].

Le bestiaire de Kaws : jouets pour adultes ou sculptures pop ?

L’univers de Kaws est peuplĂ© de personnages rĂ©currents. S’inspirant d’icĂ´nes de la culture populaire, ils sont Ă  la fois familiers et Ă©tranges, voire dĂ©rangeants. Existant Ă  l’origine sous forme de croquis ou de dessins, ces personnages se sont matĂ©rialisĂ©s en 3 dimensions grâce au fabricant Medicom. Produits en Ă©ditions limitĂ©es (gĂ©nĂ©ralement 500 ou 1 000), ces designers toys ou art toys sont considĂ©rĂ©s par certains comme des jouets pour adultes, par d’autres comme de vĂ©ritables sculptures. Il faut aussi noter que Kaws a toujours portĂ© une grande attention au packaging. Les figurines, qui s'Ă©changent aujourd'hui sur Ebay jusqu’à dix fois leur prix d’origine, perdent beaucoup de leur valeur si elles sont vendues sans leur boĂ®te.

  • Companion (1999) : la dĂ©marche des « ad disruptions » est reprise en 3 dimensions : le corps de Mickey est « kidnappĂ© », agrĂ©mentĂ© d'une tĂŞte de pirate aux yeux en xx.
  • Accomplice (2002) : comme il l'a expliquĂ© dans le magazine ANP Quarterly, Kaws souhaitait saper sa propre « street credibility ». Il a donc crĂ©Ă© un personnage le plus doux, et le plus ridicule possible : en l'occurrence, le Companion semble s'ĂŞtre glissĂ© dans un costume de lapin !
  • Chum (2002) : toujours la tĂŞte de pirate aux yeux en xx sur un corps qui rappelle cette fois le bonhomme Michelin.
  • Bendy (2003) : la tĂŞte de pirate sur un corps de spermatozoĂŻde.
  • Companion 5 Years Later (2004) : le corps du personnage de 1999 Ă©volue : il devient plus Ă©pais, les jambes plus droites.
  • OF Dissected 5YL Companion (2006) : une moitiĂ© verticale est celle du Companion 5YL, l'autre est celle du personnage dissĂ©quĂ©, muscles et boyaux apparents.
  • JPP (2008) : la mascotte de la police japonaise avec les yeux en xx

Expositions

Le musée d'art moderne de Fort Worth présente KAWS : WHERE THE END STARTS du au [5].

2020 Retrospective National Gallery of Victoria de Melbourne [1] - [6]

2021 Brooklyn Museum, Ă  New York[1]

Record

En 2015, CONTROL devient l'Ĺ“uvre de graffiti la plus chère du monde, 218 800 â‚¬[7], et dĂ©trĂ´ne les prĂ©cĂ©dents records de JonOne, en 2007, Seen et Banksy.

En 2019 sa cote sur le marché de l'art atteint de nouveaux sommets, avec la vente de[8] :

  • The Walk Home (2012), 4,5 millions d’euros,
  • In the Woods (2002), version dark de Blanche-Neige, 3,4 millions d’euros.
  • Kurf (2008), inspirĂ© des Schtroumpfs, 2,3 millions d’euros.
  • Kaws Album, un de ses tableaux inspirĂ© par l’univers des Simpson Ă©tant adjugĂ© 14,7 millions de dollars Ă  Hong Kong[9] - [10] - [11] - [8].

Collaborations

L'artiste Kaws collabore régulièrement avec des marques[12] - [13] - [14].

sélection de collaborations

Collections

Son travail est dans les collections suivantes

Notes et références

  1. « Les figurines virtuelles de Kaws flottent au-dessus du marché de l’art », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Kaws. Oeuvres et biographie de l'artiste », sur www.djtfa-paris.com (consulté le )
  3. « Focus sur KAWS, un des artistes les plus influents de la street culture », sur NOBODY CARES, (consulté le )
  4. « Biographie de KAWS – KAWS sur artnet », sur www.artnet.fr (consulté le )
  5. « KAWS | Modern Art Museum of Fort Worth », sur www.themodern.org (consulté le )
  6. (en-GB) Steph Harmon, « 'It has created a sense of hostility': how Kaws made the art world pay attention », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  7. « Urban Art | Vente n°2468 | Lot n°117 | Artcurial », sur www.artcurial.com (consulté le )
  8. « L’envolée de Kaws, miroir de son époque », sur Le Quotidien de l'Art (consulté le )
  9. « Les bonnes affaires de Kaws », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en-US) « Sotheby’s Was Hoping This KAWS Painting of 'The Simpsons' Would Sell for $1 Million. It Just Went for $14.7 Million », sur artnet News, (consulté le )
  11. « The Most Expensive KAWS Art Pieces in Auctions », sur Widewalls (consulté le )
  12. (en) « KAWS XX - 10 of His Best Collaborations », sur TheArtGorgeous, (consulté le )
  13. (en-US) « The Top 5 Best KAWS Collaborations », sur StockX News, (consulté le )
  14. (en) « KAWS, L’ARTISTE QUE LES GRANDES MARQUES S’ARRACHENT », sur www.perrier.com (consulté le )
  15. « Card Holder Black Smooth Calfskin with DIOR x KAWS Print - products | DIOR », sur www.dior.com (consulté le )
  16. « Modern Art Museum of Fort Worth », sur www.themodern.org (consulté le )
  17. « Brooklyn Museum », sur www.brooklynmuseum.org (consulté le )
  18. (en) « Untitled », sur collection.mcasd.org (consulté le )
  19. (en) « New Kaws statue in Campus Martius gains fans and critics », sur Detroit Free Press (consulté le )

Bibliographie

  • Kaws Exposed (Aro Space/Colette, 1999)
  • Kaws One (Little More, 2001)
  • Kaws : C10 (Neverstop, 2002)
  • Kaws, Monica Ramirez-Montagut (Skira Rizzoli, 2010)

Liens externes

Articles connexes

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