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Bibendum

Bibendum, aussi appelé Bonhomme Michelin, est la mascotte de Michelin, la manufacture française des pneumatiques. Créé en 1898, il est devenu emblématique de la marque ainsi qu'un élément familier du sport automobile, au même titre que le dirigeable Goodyear et les passerelles Dunlop[1].

Bibendum Michelin en 2010.

Un sens de la publicité

En 1893, le slogan de la manufacture est : « Le pneu Michelin boit l’obstacle ! », précédé de la maxime latine Nunc est bibendum (« Maintenant il faut boire »).

Genèse du personnage

Première affiche représentant Bibendum par O’Galop 1898

En 1894, le stand Michelin est installé à l'Exposition universelle, internationale et coloniale de Lyon. Une pile de pneumatiques en signale l’entrée. À sa vue, Édouard Michelin dit à son frère André : « Regarde, avec des bras, cela ferait un bonhomme ! »[2].

Quelque temps après, le dessinateur O'Galop vient montrer à André Michelin ses projets d’affiches publicitaires. C’est une image refusée par une brasserie qui retient l’attention de l’industriel. On y voit un homme d’un bel embonpoint, supposé être Gambrinus, qui brandit une chope de bière en s’exclamant, d'après une expression du poète antique Horace[N 1] : « Nunc est bibendum ! » (« C’est maintenant qu’il faut boire ! »)[3]. Ce buveur lui rappelle l'observation faite par son frère Édouard.

Une esquisse voit le jour en avril 1898 : le gros personnage est constitué de pneus, la chope est remplacée par une coupe remplie de débris de verre et de clous, la phrase latine a été conservée, on voit les autres convives qui se « dégonflent », et le slogan maison est repris : « Le pneu Michelin boit l'obstacle ».

En juin de la même année, un imposant « bonhomme Michelin » fait des débuts remarqués au Salon de l'automobile de Paris. En juillet, lors de la course Paris-Amsterdam-Paris, un jeune mécanicien de 18 ans bientôt coureur illustre — Léon Théry — voit s’approcher André Michelin et il s’écrie aussitôt : « voilà Bibendum, vive Bibendum »[3]. L’interpellation est peut-être désinvolte, mais l’industriel sait qu’il tient là le nom de son personnage.

Un symbole

Dans les rues de Berlin, en 1931.

C’est le début d’une longue et fructueuse collaboration avec le dessinateur O’Galop. Une première publicité est publiée dans la presse en 1899. Soutenu par une série d’affiches de 1901 à 1913, Bibendum ne tarde pas à devenir populaire et à être adopté comme emblème publicitaire des pneumatiques de la marque.

Représenté en pied, avec lorgnons et cigare à la bouche, il est décliné sous d’innombrables représentations. Au départ, armé d'un couteau, il apparaît sur les affiches terrassant ses concurrents ensanglantés ; mais cette approche est rapidement oubliée afin de se diriger vers une publicité davantage paisible. Même la caricature politicienne s’en empare vers 1906. Juché sur des véhicules publicitaires, il est présent sur les circuits automobiles et cyclistes (Tour de France) et parade au défilé du carnaval de Nice et de celui de Paris. Dès la fin des années 1900, des mannequins à son effigie défilent lors d'évènements sportifs. En 1908, un bureau du tourisme est créé et Bibendum devient omniprésent dans la presse et les divers ouvrages édités par la maison clermontoise (Guides, cartes routières, itinéraires, prospectus, cartes postales…). Sa notoriété ne tarde pas à franchir les frontières. À partir de 1927, son effigie est partout : chez les garagistes, dans les voitures, dans les maisons et sous forme de chocolat pour les enfants. En 1930, l’entreprise met un frein à cette prolifération de l’image qui la dépasse. Elle ne garde que les cartes routières et les guides de voyages. Pendant les années 1960, Bibendum arrête de fumer son cigare et perd du poids.

L’ambassadeur

Passant d’un dessinateur à l’autre, son apparence évolue considérablement au cours du temps et des modes graphiques. Il investit la planète et fait l’objet de multiples métamorphoses. À partir de 1963 et tout au long des années 1970, des caravanes Michelin visitent un grand nombre de stations balnéaires de France et d’Europe pour organiser des jeux de plages avec des animateurs costumés en Bibendum. Il est l’ambassadeur idéal pour faire connaître dans le monde entier les pneus, cartes routières, guides hôteliers et guides touristiques de la firme de Clermont-Ferrand.

Logo de Michelin de 1997 Ă  2017[4]

Pour fêter le centenaire de leur illustre mascotte, un nouveau logotype a fait son apparition en 1997 sous l'impulsion d'Édouard Michelin, après une relative absence. Le bonhomme a perdu un peu de ses rondeurs. Sa silhouette est maintenant plus élancée. En 2000, Bibendum est élu meilleur logo du siècle par un panel de professionnels interrogés par le Financial Times[5].

En 2003, la mascotte se numérise et passe de la 2D à la 3D sous la responsabilité du studio InEffecto de Montpellier et de Pierre Lergenmüller ainsi que Raoul Carbo Perea[6].

Le centenaire de 1998 voit aussi la création d'un Challenge Bibendum Michelin, organisé chaque année depuis (sauf 1999). À partir de 2009, des spots télévisés animés mettant le Bibendum en scène sont mis au point. En référence à sa genèse, il extrait notamment de son ventre des pneus pour venir en aide à des automobilistes[7].

Bibendum dans tous ses Ă©tats

  • Il porte aujourd’hui le diminutif de « Bib » dans l’entreprise auvergnate.
  • Par extension, dans l’argot de la sociĂ©tĂ© Michelin, les employĂ©s sont surnommĂ©s « Les bibs ».
  • Devenues objets de collection, ses diffĂ©rentes effigies sont très recherchĂ©es par les collectionneurs.

Dans la culture populaire

Monument Ă  Jerez de la Frontera.
  • Dans Coke en Stock, un album des aventures de Tintin sorti en 1958, le capitaine Haddock laisse « Ă©clater » sa colère en traitant d’« espèce de Bibendum » un aviateur adverse, portant une bouĂ©e, qu'il vient de repĂŞcher.
  • La bande dessinĂ©e Le Bibendum cĂ©leste (3 tomes, 1994-2002), de Nicolas de CrĂ©cy, emprunte son nom au bonhomme Michelin pour dĂ©signer son hĂ©ros Diego le phoque, Prix Nobel de l'Amour.
  • Dans la bande dessinĂ©e Aristote et ses Potes, le restaurant reçoit rĂ©gulièrement la visite dĘĽun enquĂŞteur du guide Michelin, qui apparaĂ®t sous les traits de Bibendum.
  • Une des chansons du groupe Tryo s'intitule Monsieur Bibendum. Elle figure sur l’album Grain de sable, sorti en 2003.
  • Dans le roman de William Gibson, Identification des schĂ©mas, le personnage principal, Cayce, est affectĂ© d'une phobie du Bibendum Michelin.
  • Bibendum serait une des inspirations du personnage du Bibendum "Chamallow" ("Stay Puft Marshmallow Man"), mascotte d'une marque de bonbons fictive dans le film SOS FantĂ´mes[8].
  • C'est un des personnages principaux dans le court-mĂ©trage Logorama, rĂ©compensĂ© de l'oscar du meilleur court-mĂ©trage d'animation 2010.
  • L'arrière-petit-fils d'O'Galop a rĂ©alisĂ© un documentaire animĂ© de 52 minutes, diffusĂ© sur France TĂ©lĂ©visions, rendant hommage au crĂ©ateur graphique du Bibendum. Le film s'intitule O'Galop[9].
  • Le site BIB image rĂ©fĂ©rence toute l'iconographie en relation avec l'histoire du Bibendum Michelin.[BIB image] [10].
  • En crĂ©ole rĂ©unionnais, un « baba michelin » dĂ©signe un extraterrestre qu'aurait vu un homme, dans les annĂ©es 60[11].
  • Dans la sĂ©rie animĂ©e Les Simpson se trouvent Ă©galement quelques rĂ©fĂ©rences Ă  la mascotte. On en aperçoit d'ailleurs quelques-unes dans l'Ă©pisode Souvenirs de Paris, auxquelles Homer montre une vidĂ©o du feu de pneus de Springfield, choquant alors les mascottes.
  • Dans la bande dessinĂ©e Docteur Schtroumpf, l’un des Schtroumpfs avertit le Schtroumpf gourmand : « Si tu continues comme ça, tu ne seras bientĂ´t plus qu'un gros Bibenschtroumpf et tu seras la risĂ©e de tous les Schtroumpfs ! » (planche 9, page 11).
  • Dans Ă€ l'est d'Eden d'Elia Kazan, on peut apercevoir une publicitĂ© avec le Bibendum au minutage 46 min 24 s.
  • En 2011, le plasticien Terry Lawrie crĂ©e une sĂ©rie de sculptures figurant Bibendum dans des scènes parodiques inspirĂ©es du Discobole de Myron, de la PietĂ  de Michel-Ange, du Penseur de Rodin ou encore de la subway dress de Marilyn Monroe[12].

Notes et références

Notes

  1. Horace, Odes [détail des éditions] [lire en ligne], I, 37, vers 1.

Références

  1. Erik Bielderman, « La passerelle Dunlop - Mythique et pas qu'un pneu », Passionnemans.free.fr,
  2. (fr) L'histoire de Bibendum, site Michelin.
  3. Marketing Michelin: Advertising and Cultural Identity in Twentieth-Century France (Stephen L. Harp, Ă©d. Johns Hopkins University, 2001, 376 p. (pages 23-24) (ISBN 978-0801866517)).
  4. (en-US) « New Michelin logo », Tyrepress,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Geneviève Colonna d'Istria, « Le triomphe de Bibendum », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Parlons d'innovation avec … Raul Carbo Perea, de In Efecto », sur AFJV, (consulté le )
  7. Elsa Bembaron, « Bibendum, 114 ans de service et pas une ride », lefigaro.fr, mercredi 8 août 2012.
  8. (en) Brand Designs The Guardian, 28 juillet 2007.
  9. (fr) « O'Galop un film de Marc Faye », sur web.me.com (consulté le ).
  10. (fr) « BIBimage,Images publicitaires du Bibendum Michelin », sur www.bibimage.com (consulté le ) .
  11. E.A. Avec Sophie Person, « Il y a 50 ans les "Babas Michelin" débarquaient à La Réunion... », sur la1ere.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  12. Des parodies du Bibendum de Michelin

Annexes

Bibliographie

  • Olivier Darmon, Le Grand Siècle de Bibendum, Éditions HoĂ«beke, Paris, novembre 1997 (ISBN 978-2842300371).
  • Michelin, Bibendum Ă  l'affiche. Cent ans d'images Michelin, Éditeur Michelin, Paris, janvier 1999 (ISBN 2-06-049901-1).

Documentaire

Liens externes

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