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Kōjirō Shiraishi

Kōjirō Shiraishi (白石 康次郎, Shiraishi Kōjirō) est un navigateur japonais né en 1967 à Tokyo. Il devient en 1994, à 26 ans, le plus jeune marin à boucler un tour du monde en solitaire et sans escale. Il termine deux fois 2e de la course autour du monde en solitaire, avec escales : en 2003 en Open 40, et en 2007 en Open 60. Il est en 2016, le premier Asiatique à prendre le départ du Vendée Globe. Puis il devient, au terme de l'édition suivante, le , le premier Asiatique à terminer cette course.

Kojiro Shiraishi
Image illustrative de l’article Kōjirō Shiraishi
Kojiro Shiraishi à Saint-Malo, la veille du départ
de la Route du Rhum 2018
Contexte général
Sport course au large
Période active depuis 1988[1]
Site officiel www.kojiro.jp
Biographie
Nom dans la langue maternelle 白石 康次郎
Nationalité sportive japonaise
Nationalité Japon
Naissance
Lieu de naissance Tokyo[2] (Drapeau du Japon Japon)
Équipe DMG Mori Sailing Team

Biographie

Kōjirō Shiraishi naît le à Tokyo[2], au Japon. Il grandit à Kamakura[3]. Enfant, il rêve d'aventure, il veut découvrir le monde par la mer. Il entre donc dans un lycée préparant aux métiers de la marine marchande et de la pêche[4] : l'école océanographique de la préfecture de Kanagawa[3]. En fin de scolarité, il apprend qu'un chauffeur de taxi japonais, Yukoh Tada, a gagné en classe 2 (Open 50), le premier BOC Challenge (1982-1983), course en solitaire autour du monde, par étapes, réservée aux monocoques : « Cela a été un déclic pour moi[4] », dit Shiraishi. À 18 ans[3], il sort de l'école diplômé en mécanique. Il se rend à Tokyo pour rencontrer Yukoh Tada[5]. Le garçon n'a fait qu'un peu de dériveur au lycée. L'initiation à la voile est quasi inexistante au Japon. La plaisance y est peu développée, la compétition encore moins, les sponsors sont rarissimes. Partir pour vivre une aventure est une notion inconnue[4].

Shiraishi devient pour six ans le préparateur de Yukoh Tada. Il n'est pas payé, mais il est logé, nourri[5] et formé à la voile sportive[4] - [6]. Yukoh Tada se suicide à Sydney, le [7]. Shiraishi ramène au Japon son 50 pieds, Koden VIII. Il le remet en état[5], le rebaptise Spirit of Yukoh et, en 1993, il y embarque pour un tour du monde[8]. En 1994, à 26 ans, Shiraishi devient le plus jeune marin ayant effectué le tour du monde en solitaire et sans escale. Son voyage aura duré 176 jours[9].

En 1998, il est à bord de l'Explorer de Bruno Peyron qui bat le record de traversée du Pacifique nord[4]. En 2002, sur son 40 pieds baptisé lui aussi Spirit of Yukoh, deuxième du nom[5], il prend le départ du tour du monde en monocoque, en solitaire, avec escales, devenu Around Alone. Il finit 2e de la classe 3 (Open 40)[6] - [10]. En 2006, il achète à Dominique Wavre son Imoca, le premier Temenos. Il le rebaptise Spirit of Yukoh, c'est le troisième du nom. À son bord, il prend à nouveau le départ de la course autour du monde avec escales, qui s'appelle maintenant la Velux 5 Oceans[5]. Il finit 2e de la classe 1 (Open 60), derrière Bernard Stamm[6] - [10]. En 2008, il est en tant que régleur à bord du catamaran Gitana 13 de Lionel Lemonchois, qui bat le record de traversée du Pacifique nord[11].

Vendée Globe 2016-2017

Invité par Philippe Jeantot à participer au premier Vendée Globe en 1989, Yukoh Tada n'avait pu s'aligner, faute de sponsor[4]. Shiraishi compte bien réaliser le rêve de son maître. En 2016, il achète un plan Farr mis à l'eau en 2007, l'Imoca Estrella Damm, qui a déjà pris le départ de deux Vendée Globe, mené par Sébastien Josse sous le nom de BT en 2008-2009 (abandon) et par Alex Thomson sous le nom d'Hugo Boss en 2012-2013 (3e)[4]. Le bateau devient Spirit of Yukoh IV. En mai et , Shiraishi effectue sa première course à son bord, la Transat New York-Vendée[12]. Il termine 7e[13].

Le , il est le premier marin asiatique à prendre le départ du Vendée Globe[6]. Le , alors qu'il est 12e, il casse son mât au large du cap de Bonne-Espérance. Une réparation en mer se révélant impossible, il doit abandonner[14].

  • Descente du chenal, le jour du départ du Vendée Globe 2016-2017
  • Vu de profil, le bateau bleu et gris descend le chenal. Shiraishi est près du mât en vêtement noir d'arts martiaux. Il y a foule sur les quais et aux fenêtres.
  • Debout sur le pont, en kimono noir et hakama noir (pantalon large et plissé), Kiraishi salue la foule. Un sabre de bois (bokutō, ou bokken, en japonais) est passé dans sa ceinture.
  • Debout sur le pont, en kimono noir et hakama noir, Kiraishi salue la foule. Un sabre de bois est passé dans sa ceinture.

Vendée Globe 2020-2021

Côté bâbord de la « casquette » noire du bateau, sur laquelle figure le drapeau japonais blanc à gros point rouge, à droite duquel on peut lire en blanc « Kojiro Shiraishi » et, en dessous, ce même nom en caractères japonais.
DMG Mori Global One à Lorient, en septembre 2019, peu après sa mise à l'eau.

« Je veux achever ce que j'ai entrepris, dit Shiraishi. C’est un grand honneur d’être devenu le premier Asiatique à participer au Vendée Globe. Maintenant, je veux devenir le premier à le terminer. C’est la seule course qui me rend plus fort, qui me donne envie de me surpasser[15]. » Il trouve un sponsor : l'entreprise germano-nippone DMG Mori. En 2018, il constitue son équipe, le DMG Mori Sailing Team[16]. En vue du Vendée Globe 2020, il fait construire un Imoca sur plan VPLP. Le chantier démarre en chez Multiplast, à Vannes[17]. Le bateau est un sister-ship du Charal de Jérémie Beyou. Cependant, Shiraishi va garder les foils d'origine pour le Vendée Globe, tandis que Beyou prévoit de remplacer ceux de Charal par des foils courbes[18].

Vue arrière du cockpit et du tableau arrière. Sur ce dernier on peut lire, en blanc sur noir : « Spirit of Yukoh V ». En dessous : « Global One ». Enfin, en dessous : « LO »n qui désigne le port d'attache, Lorient.
Tableau arrière où figure le « nom officiel » de DMG Mori Global One : Spirit of Yukoh V.

DMG Mori va être « un bateau simple et fiable[15] », mais un foiler, un bateau puissant, comme Charal. Aussi, en février et , Shiraishi s'entraîne-t-il à naviguer à grande vitesse, à Cascais, sous la conduite de Roland Jourdain, sur le premier Imoca qu'on avait doté de foils, l'ex-Safran II de Morgan Lagravière[15].

Bateau avançant sous voile, vu de devant. Le skipper est debout à l'avant. On voit la côte en arrière-plan.
DMG Mori Global One en 2019.

Le nouveau bateau de Shiraishi a pour nom de course la devise de son sponsor, DMG Mori Global One[16], et l'on peut lire sur le tableau arrière « son nom officiel » : Spirit of Yukoh V[19]. Mis à l'eau à Vannes le [20], il rejoint le jour même Lorient, son port d'attache[17].

Mais le calendrier de préparation accuse des retards de plus en plus inquiétants. En septembre, le bateau n'est pas prêt pour le Défi Azimut. En octobre et novembre, il ne court pas la Transat Jacques-Vabre, qualificative pour le Vendée Globe. La raison de cette préparation tronquée, Shiraishi ne la révélera que le , à l'arrivée de son tour du monde : « Je ne l'avais pas encore annoncé mais un an avant mon Vendée Globe, j’ai subi une grosse opération de chirurgie cardiaque[21]. »

L'année 2020 est marquée par le début de la pandémie de covid-19. Deux autres courses qualificatives, The Transat et la New York-Les Sables, sont annulées. Pour permettre à certains coureurs de se qualifier pour le Vendée Globe, une nouvelle course est organisée en juillet, la Vendée-Arctique-Les Sables-d'Olonne[22]. Cette fois, Shiraishi est bien au départ. Aux prises avec de nombreux problèmes techniques dans les six premiers jours[23], il termine 10e[24].

Son Vendée Globe 2020-2021 est marqué, le septième jour, par une avarie majeure. Il est en 20e position. Alors qu'il contourne la tempête Theta, une panne de pilote automatique provoque trois empannages incontrôlés. La grand-voile est déchirée au-dessus de la deuxième latte. Quatre lattes sont endommagées[25]. Devinant Shiraishi quelque peu guetté par le découragement, Masahiko Mori, président de DMG Mori, lui dit : « Essaie juste de finir[26]. » Son équipe prodigue à Shiraishi conseils et encouragements. Il coupe la partie haute de sa voile pour la raccorder à la partie basse, et coupe le premier ris. Il ne peut donc plus avoir de grand-voile haute[27]. La réparation prend six jours. Shiraishi se remet en course. Il est maintenant 31e et avant-dernier. Il a perdu en performance, mais la réparation tient. « C’était un petit exploit d’avoir réussi à réparer cette voile[28] », savoure-t-il.

Il remonte peu à peu l'arrière de la flottille. Au cap de Bonne-Espérance, il est 23e. Au cap Horn, il est 20e. Le , il devient le premier Asiatique à terminer un Vendée Globe. Il se classe 16e, sur 33 participants. Son temps est de 94 jours, 21 heures, 32 minutes et 56 secondes. Il a parcouru sur l'eau 29 067,67 milles, à 12,76 milles de moyenne[28].

Faire découvrir la voile au Japon

Le , Shiraishi annonce officiellement qu'il participera aux courses du circuit Imoca à partir de 2022, jusqu'au Vendée Globe 2024-2025. Il garde son DMG Mori Global One, qui va être optimisé. Masahiko Mori lui demande de terminer cette fois dans les huit premiers[26].

Deux voiliers noirs à l'étrave arrondie, amarrés l'un devant l'autre au ponton. « DMG Mori » est écrit en grandes lettres blanches sur la coque. L'un a le numéro 1046, et l'autre le numéro 1048.
Les prototypes Mini 6.50 DMG Mori Sailing Academy 2 et DMG Mori Sailing Academy 1 à Lorient, en avril 2022.

« Il y a eu un gros engouement autour de mon projet après le Vendée Globe, dit Shiraishi, notamment grâce à la diffusion hebdomadaire d’une émission consacrée au Vendée Globe sur TV Asahi, chaîne nationale japonaise[29]. » Cependant, remarque Olivier Bourbon, « il reste encore beaucoup de travail pour que la course au large gagne en renommée et en attractivité dans le pays[30]. » Tout comme son maître Yukoh Tada, « Kojiro veut entrer dans une logique de transmission[30] ». Avec son sponsor, il lance « un programme ambitieux visant à accroître de manière significative l'intérêt et la participation à la course au large au Japon[26] ». En mai 2021, son bateau est donc transporté dans son pays[29], où il effectue une tournée des ports permettant aux Japonais, et notamment aux jeunes, de découvrir la culture de la voile. Et, à Lorient, le DMG Mori Sailing Team se partage désormais entre la préparation du bateau de Shiraishi et un programme Mini 6.50, en vue d'une participation à la Mini Transat 2023[28]. Soutenue par le Team[31], une DMG Mori Sailing Academy sélectionne quatre jeunes marins, et fait construire pour eux deux prototypes Mini de type scow (c'est-à-dire à étrave arrondie), sur plan David Raison[16]. Au Japon, elle se dote d'un Mini de série, un Ofcet 6.50[32]. Pour l'Académie, il s'agit de former non seulement des coureurs au large, mais aussi des ingénieurs, des préparateurs et des techniciens[32]. En outre, des bateaux destinés aux Jeux olympiques et paralympiques sont construits[26].

Vendée Globe 2024-2025

En février 2022, l'Imoca DMG Mori Global One est de retour en France[33]. En mai, Shiraishi termine 14e de la Bermudes 1000 Race[34]. En juin, il termine 20e de la Vendée-Arctique-Les Sables-d'Olonne[35].

Palmarès

Notes et références

  1. « Kojiro Shiraishi », sur imoca.org (consulté le ).
  2. Certaines sources le disent né à Kamakura. Son site officiel, le Japan Times et Ouest-France le disent né à Tokyo. (ja) « Profile », sur kojiro.jp (consulté le 2 avril 2022). — (en) Kaz Nagatsuka, « Sailor Shiraishi prepares for prestigious global odyssey », sur japantimes.co.jp, (consulté le ). — « Kojiro Shiraishi », sur ouest-france.fr (consulté le 27 février 2023).
  3. « Kojiro Shiraishi, conseiller de Seiko, prend la mer pour la plus dure des courses, le Vendée Globe », sur seikowatches.com, (consulté le ).
  4. Serge Messager, « Kojiro Shiraishi : « Le principal : avoir toujours le sourire ! » sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, (consulté le ).
  5. Jean-Louis Le Touzet, « Quand l'élève vogue pour le maître japonais », sur liberation.fr, 21 octobre 2006 (consulté le 4 septembre 2019).
  6. « Portrait - Kojiro Shiraishi », sur vendeeglobe.org (consulté le 3 septembre 2019).
  7. (en) « Japanese Sailor Is Dead », sur nytimes.com, 10 mars 1991, section 8, p. 7.
  8. « C23 KODEN VIII, JPN 8 », sur histoiredeshalfs.com (consulté le 4 septembre 2019).
  9. « Kojiro Shiraishi, pionnier japonais du Vendée Globe », sur franceinter.fr, 5 novembre 2016 (consulté le 3 septembre 2019).
  10. Denis Horeau, « Shiraishi et le souffle de Yukoh », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 17 novembre 2016 (consulté le 5 septembre 2019).
  11. « Gitana 13 pulvérise le record du Pacifique », sur courseaularge.com, 10 avril 2008 (consulté le 3 septembre 2019).
  12. « Premiers enseignements de la Transat New York-Vendée », sur vendeeglobe.org, 10 juin 2016 (consulté le 3 septembre 2019).
  13. « Une première de costauds », sur adonnante.com, 15 juin 2016 (consulté le 3 septembre 2019).
  14. Rodolphe Ryo avec AFP, « Vendée Globe : le Japonais Kojiro Shiraishi abandonne », sur lexpress.fr, 4 décembre 2016 (consulté le 3 septembre 2019).
  15. « Kojiro Shiraishi fait construire un Imoca : « Je veux être le premier Asiatique à terminer le Vendée Globe », sur scanvoile.com, 21 février 2019 (consulté le 3 septembre 2019).
  16. « Le sponsor du Japonais Kojiro Shiraishi a recruté des jeunes marins pour courir la Mini Transat 2023 », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 22 janvier 2022 (consulté le 2 avril 2022).
  17. « DMG Mori, le nouvel Imoca de Kojiro Shiraishi », sur courseaularge.com, 31 août 2019 (consulté le 13 septembre 2019).
  18. Dominic Bourgeois, « Sortie de chantier pour l’Imoca DMG Mori, sister-ship du Charal de Jérémie Beyou », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, (consulté le 2 septembre 2019).
  19. « Kojiro Shiraishi : « Être à la hauteur de la confiance qu’on m’accorde », sur vendeeglobe.org, 13 septembre 2019 (consulté le 25 novembre 2019).
  20. Nicolas Émeriau, « Le 60 pieds DMG Mori mis à l’eau ce lundi matin », sur ouest-france.fr, 2 septembre 2019 (consulté le 2 septembre 2019).
  21. « Kojiro Shiraishi a témoigné sa gratitude à son équipe, son coach Bilou et son bateau », sur vendeeglobe.org, 11 février 2021 (consulté le 27 février 2021).
  22. « La Vendée-Arctique-Les Sables-d'Olonne : née un 4 juillet », sur imoca.org, 11 juin 2020 (consulté le 13 juin 2020).
  23. « Une marque et ça repart », sur imoca.org, (consulté le ).
  24. « Les arrivées du 6e au 10e », sur imoca.org, (consulté le ).
  25. « Le Japonais Shiraishi déchire sa grand-voile dans la tempête », sur lefigaro.fr, 14 novembre 2020 (consulté le ).
  26. « Kojiro Shiraishi repart pour un tour en 2024 ! » sur vendeeglobe.org, 31 mars 2021 (consulté le ).
  27. « Kojiro Shiraishi : « C'est un petit exploit d'avoir réussi à réparer cette voile », sur figaronautisme.meteoconsult.fr, 24 novembre 2020 (consulté le ).
  28. « Kojiro Shiraishi, premier Asiatique à terminer le Vendée Globe », sur imoca.org, 11 février 2021 (consulté le ).
  29. « Interview. Kojiro Shiraishi : « Nous avions à cœur de faire découvrir cet univers aux Japonais », sur imoca.org, 10 mars 2022 (consulté le 2 avril 2022).
  30. Olivier Bourbon, « Vendée Globe. Le Japonais Kojiro Shiraishi reviendra en 2024 », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 6 avril 2021 (consulté le ).
  31. « DMG Mori Sailing Academy : Federico Sampei et Laure Galley retenus comme skippers stagiaires », sur seasailsurf.com, 24 janvier 2022 (consulté le 5 avril 2022).
  32. Thibaud Vaerman, « Interview. Premier anniversaire de l’académie DMG Mori : bilan avec le team manager de l’équipe », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 27 février 2023 (consulté le 27 février 2023).
  33. « A42 Spirit Of Yukoh V, JPN 11 », sur histoiredeshalfs.com, février 2022 (consulté le 4 avril 2022).
  34. « Les enseignements de la Guyader Bermudes 1000 Race 2022 », sur imoca.org, 16 mai 2022 (consulté le 2 juillet 2022).
  35. « Vendée Arctique - 2022 », sur imoca.org (consulté le 2 juillet 2022).

Voir aussi

Articles connexes

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