Jerrie Cobb
Geraldyn Menor Cobb[1], dite Jerrie Cobb, née le à Norman dans l'Oklahoma[2] et morte le à Sun Center City en Floride[3], est une aviatrice américaine ayant détenu plusieurs records mondiaux.
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Geraldyn Menor Cobb |
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University of Science and Arts of Oklahoma (en) |
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Elle a également fait partie du programme Mercury 13, un groupe de femmes qui ont suivi des tests physiologiques identiques à ceux des astronautes de Mercury Seven dans les années 1960, mais dans un programme indépendant de la NASA. Elle est ensuite reconnue pour son investissement dans la cause humanitaire.
Biographie
Jeunesse
Jerrie Cobb est la fille du lieutenant-colonel William Harvey Cobb et de Helena Butler Stone Cobb. Enfant, elle grandit dans l'Oklahoma où elle découvre l'aviation, grâce notamment à l'encouragement de son père, lui-même pilote. Elle vole pour la première fois à l'âge de 12 ans, dans le cockpit ouvert du biplan Waco 1936 de ce dernier[4]. À 16 ans, elle réalise de la voltige aérienne dans les Grandes Plaines avec un Piper J-3 Cub, lâchant des prospectus au-dessus des petites villes annonçant l'arrivée du reste de l'escadrille. Elle dort sous l'aile de son avion afin d'économiser de l'argent et se payer plus de kérosène pour améliorer son pilotage en promenant des touristes. Enfin à 17 ans, alors qu'elle étudie au Classen School of Advanced Studies d'Oklahoma City, Jerrie Cobb obtient sa licence de pilote privé, puis sa licence de pilotage commercial l'année suivante[5].
Début de carrière et records
À l'âge de 19 ans, Jerrie Cobb enseigne le pilotage et à 21, elle livre des chasseurs et des bombardiers quadrimoteurs aux armées de l'air étrangères partout dans le monde[6]. Elle a une relation pendant trois ans avec l'homme d'affaires et pilote vétéran de la Seconde Guerre mondiale Jack Ford, qu'elle a rencontré à Miami quand elle travaillait dans un hangar de maintenance mais leur histoire est interrompue brutalement deux ans après leurs fiançailles quand son avion explose au-dessus du Pacifique[5] - [7].
Confrontée à la discrimination sexuelle et au retour de beaucoup de pilotes très qualifiés après la guerre, elle doit se contenter d'emplois moins prisés, comme assurer la surveillance aérienne de pipelines ou faire de l'épandage aérien sur des cultures. Pas découragée, elle obtient successivement ses qualifications pour piloter des avions multi-moteurs, pour voler aux instruments, être instructrice en vol et au sol et enfin décroche sa licence de pilote de ligne.
Jerrie Cobb établit plusieurs nouveaux records de vitesse, de distance et d'altitude avant ses trente ans sur avion à hélice. Quand elle devient la première femme à voler au salon du Bourget, ses pairs la nomment pilote de l'année et la récompensent de la Amelia Earhart Gold Medal of Achievement, Life Magazine la place alors parmi les neuf femmes présentes dans son classement des 100 personnes de la jeunesse les plus importantes aux États-Unis[6] - [7]. Pour économiser de l'argent et s'acheter un Fairchild PT-23 des surplus de guerre, et ainsi pouvoir s'auto-employer, Cobb joue au softball féminin dans une équipe semi-professionnelle, les Oklahoma City Queen[5].
En 1958, à 28 ans, elle est pilote et manager pour la Aero Design and Engineering Company, qui fabrique les avions Aero Commander qu'elle a utilisé pour battre ses records. Cobb est alors une des rares femmes cadres dans ce domaine. En 1960, elle atteint les 7 000 heures de vol et détient toujours 3 records mondiaux d'aviation : celui de la plus longue distance parcourue sans escale (1959), de vitesse sur avion léger (1959), et d'altitude à 37 010 pieds, toujours sur avion léger (1960)[8]. En , elle devient consultante pour le programme spatial de la NASA à la demande de son administrateur James Webb[6].
Mercury 13
Le projet Mercury 13 avait pour but de sélectionner des femmes pilotes dans l'éventualité de les faire participer au programme Mercury et de les envoyer dans l'espace. Entre 1959 et 1961, le docteur William Randolph Lovelace II, qui avait organisé pour la NASA la sélection des 7 astronautes de ce programme, reproduit le même processus sur 25 femmes identifiées avec l'aide de Jerrie Cobb, qui passe avec douze d'entre elles les tests d'évaluations physiques et psychologiques. À leur issue, Jerrie Cobb et Wally Funk réussissent les 3 phases d'évaluation successives (identiques à celles de leurs homologues masculins), mais l'expérience ne sera jamais utilisée par la NASA pour un vol spatial[8].
En effet, Jerrie Cobb n'arrivera pas à rallier suffisamment de soutien au Congrès pour les faire accepter comme astronautes. En 1963, le Congrès l'appelle pour témoigner devant une audition concernant la possibilité de femmes astronautes. À celle-ci, John Glenn (3e Américain dans l'espace), déclare que « Les hommes partent et combattent à la guerre et donc pilotent les avions » et qu'ainsi l'ordre social américain veut que les femmes ne soient pas astronautes[4]. Quelques mois plus tard, l'URSS envoie la première d'entre elles, Valentina Terechkova. Dans la presse soviétique, Terechkova saluera le courage de Cobb mais se moquera de ses manières religieuses, se demandant comment on peut « combiner le pilotage d'un avion supersonique et la prière ». Elle déplora également l'attitude trompeuse du gouvernement américain qui, tout en parlant sans arrêt de leur démocratie, faisait preuve d'une inégalité flagrante envers les femmes[9].
Jerrie Cobb demanda, comme d'autres participantes de Mercury 13, à pouvoir s'entrainer avec les hommes, à cette époque elle avait piloté 64 avions à hélice différents et détenait plusieurs records mondiaux[6] mais n'avait réalisé qu'un seul vol sur avion à réaction, en siège passager. Or les exigences de la NASA pour postuler comme astronaute demandaient d'être pilote d'essai militaire, expérimenté au pilotage à grande vitesse, et d'avoir des compétences d'ingénieur permettant de prendre en charge les commandes d'une capsule spatiale si la situation le demandait. Aucune exception n'a été faite pour Cobb[10]. L'assistante du Vice-président des États-Unis Lyndon Johnson, Liz Carpenter, avait préparé une lettre à l'attention de James Webb pour l'interroger sur ces exigences, mais Johnson ne l'envoya jamais, à la place il écrivit dessus « Arrêtez cela maintenant[11] ! »[8] - [12]. Ce n'est que 20 ans plus tard qu'une Américaine, Sally Ride, pourra aller dans l'espace.
Activités postérieures
Par la suite, Jerrie Cobb travaille pendant 30 ans pour des missions humanitaires en Amérique du Sud, notamment en approvisionnant par air des tribus indigènes, et en étudiant de nouvelles voies aériennes vers des régions reculées. Elle est récompensée par les gouvernements brésilien, colombien, équatorien, français et péruvien[6] - [13], et en 1981, elle est sélectionnée au prix Nobel de la paix pour cette implication[5]. Elle a par ailleurs reçu de nombreux prix d'aviation pour ses performances[6]. En 1999, elle fait de nouveau l'objet d'une campagne pour être envoyée dans l'espace, organisée par la National Organization for Women, dans le but d'étudier les effets du vieillissement dans l'espace (comme ce fut le cas pour John Glenn lors de la mission STS-95), l'entreprise échoue de nouveau[5].
Récompenses
- Amelia Earhart Gold Medal of Achievement
- Nommée Femme de l'année en aviation
- Nommée Pilote de l'année par la National Pilots Association
- 4e pilote de nationalité américaine à recevoir les Ailes d'Or de la Fédération aéronautique internationale
- Nommée Captain of Achievement par l'International Academy of Achievement
- Consultante pendant 5 ans à la Federal Aviation Administration
- Récompensée par le gouvernement équatorien pour avoir ouvert de nouvelles routes aériennes au-dessus des Andes et de la jungle
- Harmon Trophy 1973 [14] - [15] pour la "meilleure pilote dans le monde" remis par Richard Nixon lors d'une cérémonie à la Maison-Blanche.
- Incorporée à l'Oklahoma Hall of Fame comme « l'aviatrice américaine la plus remarquable »
- Reçue le Pioneer Woman Award pour sa « mentalité courageuse et volontariste » en volant au-dessus de la jungle amazonienne pour approvisionner les tribus amérindiennes.
- Bishop Wright Air Industry Award de 1979 pour sa « contribution humanitaire à l'aviation moderne »[16].
- Introduite en 2000 au Women in Aviation International Pioneer Hall of Fame[17].
- Docteur honoris causa en science de l'université du Wisconsin à Oshkosh en 2007[18].
Postérité
- Dans la série télévisée For All Mankind, le personnages de Molly Cobb est une ancienne membre des Mercury 13 et est directement inspirée de Jerrie Cobb[19].
Publications
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jerrie Cobb » (voir la liste des auteurs).
- (pt) « Fiche d'immigration de Geraldyn Menor Cobb en tant que touriste au Brésil en 1960 », sur FamilySearch (consulté le )
- Weitekamp 2004, p. 73
- (en) « Jerrie Cobb, one of the most gifted female pilots in history, has died »,
- Cobb 1997
- Hargrave, The Pioneers Monash University, Australia (consulté le 12 mars 2010)
- Internet Encyclopedia of Science, Aviation Pioneers (consulté le 12 mars 2010)
- John Shepler "Astronaut Jerrie Cobb, The Mercury 13 Were NASA's First Women Astronauts" johnshepler.com (consulté le 12 mars 2010)
- Kelli Gant Women in Aviation The [Ninety-Nines]Inc., (consulté le 12 mars 2010)
- « Girl Cosmonaut Ridicules Praying of U.S. Woman Pilot », The Racine Journal-Times, , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Tanya Stone (préf. Margaret A. Weitekamp), Almost astronauts : 13 women who dared to dream : The true story of the "Mercury 13" women, Somerville, Mass, Candlewick Press, , 133 p. (ISBN 978-0-7636-3611-1, 978-0-763-64502-1 et 978-0-329-70080-5), p. 64.
- Lyndon Johnson« Let's stop this now! »
- Stephanie Nolen. "Promised the Moon: The untold story of the first women in the space race". Penguin Books Canada, Toronto, 2002. p. 300.
- ,"UW Oshkosh Mercury 13 biography" University of Wisconsin–Oshkosh
- Jerrie Cobb jerrie_cobb_facts.html Jerrie Cobb, Facts(Autobiography) jerrie-cobb.org-Facts (consulté le 13 mars 2010)
- Albin Krebs (September 21, 1973)5 Top Pilots Cited, New York Times, (consulté le 13 mars 2010)
- Jerrie Cobb Factsheet Jerrie Cobb Foundation
- "Women in Aviation-Pioneers" Women in Aviation (consulté le 3 mars 2010)
- Commendation-Cobb University of Wisconsin–Oshkosh (consulté le 12 mars 2010)
- (en) Erin Carson, « Apple TV Plus launches For All Mankind on a meandering space race », sur Cnet.com, (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- (en-US) Martha Ackmann, The Mercury 13 : the untold story of thirteen American women and the dream of space flight, New York, Random House, , 239 p. (ISBN 0-375-50744-2, OCLC 51266180)
- (en-US) Margaret A. Weitekamp, Right Stuff, Wrong Sex : America's First Women in Space Program, Baltimore, Johns Hopkins University Press, , 232 p. (ISBN 0-8018-7994-9, OCLC 55124275, lire en ligne)