Jean Follain
Jean Follain, né le à Canisy et mort accidentellement le à Paris, est un écrivain et poète français.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance |
Jean René Follain |
Surnom |
Le premier des Parnassiens |
Nationalité | |
Formation | |
Activité | |
Conjoint |
Madeleine Denis (d) |
Membre de | |
---|---|
Distinctions | |
Archives conservées par |
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 4115, 13173, 2 pièces, -)[1] Institut mémoires de l'édition contemporaine (88FLL) |
Son œuvre est l'une de celles qui ont le plus contribué à l'avènement d'une poésie nouvelle, dégagée de l'empreinte du surréalisme. Dès ses premiers écrits, il est habité par la volonté de « réconcilier la parole poétique et le monde des choses les plus simples, les plus quotidiennes »[2].
Biographie
Jean Follain naît le dans le petit bourg de Canisy, au sud de Saint-Lô, dans la Manche, où il passe son enfance. Dès 1913, il fréquente le collège de Saint-Lô, où son père est professeur de sciences naturelles. En 1919, il séjourne à Leeds pour perfectionner, en vain, son anglais.
En 1921 entreprend des études de droit à la Faculté de Caen, effectuant en 1923 un premier voyage à Paris. Il est, pour raisons de santé, exempté de service militaire. En 1923-1924, il obtient le prix Desmonts, deuxième prix de droit civil[3].
Jean Follain se fixe l'année suivante à Paris, effectue un stage chez un avoué, et découvre les milieux littéraires. En 1927 il s'inscrit au Barreau de Paris, participe aux réunions du groupe “Sagesse”, fait la connaissance d'André Salmon, Pierre Reverdy, Pierre Mac Orlan, Max Jacob et Armen Lubin. Il publie en 1933 son premier recueil, "Cinq poèmes", se lie avec Eugène Guillevic et Pierre Albert-Birot. Il se marie en 1934 avec la fille du peintre Maurice Denis, Madeleine, peintre elle-même sous le nom de Dinès. La même année, il rencontre Edmond-Marie Poullain. Il reçoit en 1939 le prix Mallarmé. Malgré sa très mauvaise vue, il est mobilisé en 1940 comme canonnier dans la DCA de Châteaudun. Jean Follain, qui reçoit en 1941 le prix Blumenthal, soutient ensuite les mouvements poétiques qui refusent l'ordre de Vichy.
En 1951 il abandonne sa carrière d'avocat, continuant de résider à Paris, pour un poste de magistrat au Tribunal de grande instance à Charleville. Membre du Comité du PEN club depuis 1949 il voyage à ce titre, en 1957, en Thaïlande et au Japon, et reçoit en 1958 le prix international de Capri. Multipliant les voyages, au Brésil, au Pérou et en Bolivie (1960), plus tard aux États-Unis (1966), en Côte d'Ivoire et au Sénégal (1967), il abandonne en 1961 la magistrature, participant assidûment aux Décades culturelles de Cerisy-la-Salle, tout proche de Canisy. Il reçoit en 1970 le grand prix de poésie de l'Académie française.
Il meurt à Paris le , alors qu'il rentre d'un banquet donné sur le bateau du Touring Club, renversé par une voiture peu après minuit, au débouché du tunnel sur le quai des Tuileries. Il est enterré le à Canisy.
Il est inhumé à Canisy.
L'Ĺ“uvre
L’œuvre de Jean Follain débute avec des poèmes publiés en 1928 dans la revue Les Feuillets de Sagesse du groupe Sagesse, fondé par Fernand Marc. Sa première plaquette illustrée, Cinq poèmes avec cinq gravures à l'eau forte, est imprimée en 1932. Les Éditions Corrêa font paraître La Main chaude en 1933, Paris en 1935 et L’Épicerie d’enfance en 1938. Le Prix Mallarmé en 1939 est le début de la reconnaissance d’un jeune poète. Gallimard qui devient son éditeur attitré publie Canisy (1942) et ensuite tous ses recueils de poésie, de prose et de poèmes en prose : Usage du temps (1943) – qui regroupe ses poèmes précédents – Exister (1947), Chef-lieu (1950), Territoires (1953), Tout instant (1957), Des heures (1960), Appareil de la terre (1964), D’après tout (1967), Espaces d’instants (1971) ainsi que Collège, demeuré inachevé, en 1973, deux ans après son décès.
La poésie de Jean Follain est pleine des réminiscences d’une enfance enchantée contée dans ses ouvrages en prose, L’Épicerie d’enfance, Canisy, Chef-lieu et Collège qui font revivre avec une douce nostalgie un monde disparu, celui de la Normandie rurale et catholique du 20e siècle.
La singulière unité de l'œuvre poétique
Les poèmes du recueil Usage du temps sont parfois fantaisistes, plus narratifs et plus longs que les textes des recueils suivants.
Exister puis Territoires, ainsi que les recueils suivants, nous livrent des poèmes concentrés, très courts, de dix à vingt vers. L’œuvre s’assombrit ensuite. Les poèmes plus austères des derniers recueils : Des heures, Appareil de la terre, D’après tout et Espaces d’instants manifestent davantage ce fond d’angoisse existentielle présent depuis l’enfance, qu’accroît la peur du vieillissement et auquel il oppose vaillamment l’émerveillement de l’instant vécu.
Dans une lettre signée mais non datée, appartenant à Joë Bousquet, intitulée « Quelques réflexions sur la chose poétique[4] », Jean Follain donne en quelques mots le dessein qu'il a formé pour sa poésie :
J'ai tenté en partant de l'anecdote et de la vue des plus simples objets de joindre, par le poème, l'éternel.
La plupart du temps et si j'obéis à mon véritable tempérament, je me sens tenu à ce que les phrases incluses dans mes œuvres gardent un sens strict et usuel perceptible à ceux-là mêmes qui ne sentiraient pas palpiter le poème enfermé dans ces phrases.
Madeleine et les recueils posthumes
Madeleine Follain-Dinès, dans l’intention de continuer à faire vivre l’œuvre de son mari après son décès, décide de « terminer » les ébauches des poèmes qu’il a laissées. Les trois recueils posthumes, Présent jour, Ordre terrestre et Comme jamais, parus donc après 1971 sont le fruit d’une réécriture de l’épouse du poète. C’est en consultant le dossier de Comme jamais déposé par Madeleine dans le fonds Doucet qu’Élodie Bouygues, l'ayant-droit du poète, fait cette constatation jamais mise en lumière avant elle.
Hommage
Un premier « prix Jean-Follain » a été fondé peu après sa mort, dans le cadre des Rencontres poétiques du Mont-Saint-Michel[5].
L’Association « Lire à Saint-Lô » et la Ville de Saint-Lô avec le concours de la Direction régionale des Affaires culturelles de Basse-Normandie, du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie, du Conseil général de la Manche, organisent depuis 1989 un concours littéraire bisannuel « prix Jean Follain de la ville de Saint-Lô »[6].
Ĺ’uvres
- Liste non exhaustive
- Cinq poèmes, La Rose des Vents, 1933
- La Main chaude, avec une introduction d'André Salmon, Corréa, 1933
- L’Année poétique n°1, Éditions des Trois Magots, 1934
- Huit poèmes, Debresse, 1935
- Paris, Corréa, 1935; Phébus, 1978 (présenté par Gil Jouanard)
- Le Gant rouge, Sagesse, 1936
- La Visite du domaine, G. L. M., 1936
- Chants terrestres, Denoël, 1937 - Prix Mallarmé
- L’Épicerie d'enfance, Corréa, 1938
- Poètes, Éditions Beresniack, 1941
- Ici-bas, Éditions Du Journal des Poètes, 1941
- Canisy, Gallimard, 1942. Nouvelle édition, 1986. Cet ouvrage a été illustré par Pierre-Eugène Clarin de lithographies en couleurs, pour le compte des Bibliophiles de France et de Normandie 1974
- Inventaire, Cahiers de Rochefort, 1942
- Usage du temps suivi de Transparence du monde, Gallimard, 1943
- Exister, Gallimard, 1947
- Chef-lieu, Gallimard, 1950. Nouvelle Ă©dition, 1986
- Les Choses données, Seghers, 1952
- Territoires, Gallimard, 1953
- Palais souterrain, PAB, 1953
- Objets, Rougerie, 1955
- Tout instant, Gallimard, 1957
- Jean-Marie Vianney, Curé d'Ars, Plon, 1959
- Des heures, Gallimard, 1960
- Notre monde, Éditions R. Atteln, Wulfrath, 1960
- Poèmes et prose choisis, Gallimard, 1961
- Appareil de la terre, avec des lithographies de Charles Lapicque, Galanis, 1962 et Gallimard, 1964
- PĂ©rou, Rencontre, 1964
- Cheminements, Club du Poème (Genève), 1964
- Célébration de la pomme de terre, Robert Morel, 1966; Deyrolle Éditeur, 1997
- Petit glossaire de l'argot ecclésiastique, Jean-Jacques Pauvert, 1966
- D'après tout, Gallimard, 1967
- Pierre Albert-Birot, Poètes d'aujourd'hui, Pierre Seghers, 1967
- Approches, Vodaine, 1969
- Éclats du temps, Duchêne, 1971
- Espaces d'instants, Gallimard, 1971
Publications posthumes
- Pour exister encore, Société Silium, 1972
- Collège, préface de Marcel Arland, Gallimard, 1973
- Comme jamais, Éditeurs Français Réunis, 1976
- Faire valoir, Commune mesure, 1976
- Noir des carmes, Commune mesure, 1976
- Le pain et la boulange, La Feugraie, 1977
- Présent jour, avec 36 dessins originaux de Denise Esteban, Galanis/Fata Morgana, 1978
- Les Uns et les Autres, Rougerie, 1981
- "L'érotisme d'avant 1914", "Pierre Reverdy", "Maurice Denis", dans "Poésie Présente" - Cahiers trimestriels de poésie no 39 - Rougerie,
- Cérémonial bas-normand, Fata Morgana, 1982
- La Table, Fata Morgana, 1984
- Canisy suivi de Chef-lieu, Gallimard, 1986 (ISBN 2070707520)
- Ordre terrestre, préface d'André Frénaud, Fata Morgana, 1986
- Agendas 1926-1971, Édition établie et annotée par Claire Paulhan, Seghers, 1993, reprise, sous nouvelle couverture rempliée vert mousse, par les Éditions Claire Paulhan, 1999. (ISBN 2232102904)[7]
De nombreuses plaquettes de Jean Follain ont été illustrées de dessins, gravures et lithographies.
Trois recueils de Jean Follain ont été réédités dans la collection de poche Poésie/Gallimard :
Sur Jean Follain
- André Dhôtel, Jean Follain, Poètes d'aujourd'hui, Pierre Seghers, 1956
- Jean Follain, (textes notamment de Raymond Queneau, Jean Tardieu, Eugène Guillevic, André Frénaud…), La Nouvelle Revue Française, no 222, Paris, juin 1971
- "Visages de Jean Follain" avec des inédits - "La Barbacane" numéros 11/12 - 1971 - tirage 500 exemplaires.
- « Hommage à Jean Follain », Les Cahiers bleus, no 4, printemps 1976
- Jean Follain, Sud, printemps 1979
- Lire Follain, sous la direction de Serge Gaubert, textes de Lucette Czyba, Jean-Yves Debreuille, Robert Fabre, Serge Gaubert, Eugène Guillevic, Pierre Michel, René Plantier et Jean Rousselot, Presses Universitaires de Lyon, 1981 (ISBN 2-7297-0124-9)
- Guillevic, Jean Follain, en collaboration avec Lucie Albertini, PAP, 1993 (ISBN 2-88366-022-0)
- Jean-Yves Debreuille, Jean Follain, Un monde peuplé d'attente, Éditions Autres Temps, 1995
- Françoise Rouffiat, Jean Follain le même, autrement, Éditions Champ Vallon, collection « Champ poétique », 1996 (ISBN 2-87673-224-6)
- Joseph Rouffanche, Jean-Follain et la Passion du Temps, (d'après une thèse d'État), Rougerie, 2001.
- Yves Dodeman, « Le poète Jean Follain aurait 100 ans », Revue généalogique normande, no 92,‎ (ISSN 0294-7382)
- "Contrordre" no 3 ; avec 4 poèmes inédits de Jean Follain (date non précisée) - tirage 600 exemplaires.
- Élodie Bouygues, Genèse de Jean Follain, Éditions Classiques Garnier, (d'après une thèse d'état), 2009. (ISBN 978-2812400209).
- Pierre-Alain Tâche, Pourquoi Follain ?, Revue Nunc, Éditions de Corlevour, Clichy, 2020. (ISBN 978-2-37209-073-5).
- René Boulanger et Jean-Pierre Heule, avec des poèmes inédits, Jean Follain. Tout fait événement / pour qui sait frémir, Éditions Wapica, 2023. (ISBN 978-2-87561-041-6)
Jugements
« Décrits, saisis dans ses poèmes, une scène, un événement du présent sont comme s'ils nous avaient déjà échappé; le temps les déborde de toutes parts ; leur rayonnement discret, mais unique, nous parvient à travers une glace infranchissable, et nous les voyons avec les yeux de ceux qui viendront après nous ; ce sont des pans demeurés debout d'une réalité déjà détruite. Pour Jean Follain, tout événement, toute vision appartient à un passé virtuel, comme s'il ne pouvait vivre et voir qu'à reculons. »
« C'est durant la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement en 1942 et 1943, que se sont révélés les trois principaux poètes de l'objet : Francis Ponge, Eugène Guillevic et Jean Follain. (…) Jean Follain – comme Guillevic – remettait en cause les rapports de l'homme avec son univers ambiant. Cette intériorisation faisait de lui un philosophe de l'imaginaire et un poète ennemi des grandes démonstrations romantiques. »
- Alain Bosquet, dans Le Monde, Paris,
« De sa génération, Follain a été le premier à écrire en dehors du surréalisme, sinon contre lui. Peut-être parce que, comme moi, il avait vécu longtemps à la campagne. Et la campagne d'abord, c'est le silence. Le surréalisme a produit beaucoup de bruit. Le silence nous a donné une approche des mots. Pour nous, le mot se détache du silence. »
- Eugène Guillevic, dans Lire Follain, Presses Universitaires de Lyon, 1981
« Il est à la fois le Jean-Henri Fabre du souvenir méticuleux et le Wang Wei de l'immobilité contemplative, celui qui livre les choses sans les commenter ni les enjoliver (…) Lui, grand consignateur, n'interprète pas : il délivre. »
- Gil Jouanard, dans D'après Follain, Deyrolle, 1997
Notes et références
- « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom FOLLAIN Jean (consulté le )
- Jean-Pierre Bertrand, « L’épicerie et la poésie : Jean Follain », Études françaises, vol. 33, no 2,‎ , p. 21-33 (lire en ligne)
- Jean Follain (préf. Claire Paulhan), Agendas (1926-1971), Paris, Seghers, coll. « Agora », (1re éd. 1993), 944 p. (ISBN 978-2-266-28632-9), p. 14.
- Boulanger et Heule, Jean Follain. Tout fait événement/pour qui sait frémir, Tournai, Wapica, , 302 p. (ISBN 978-2-875-610409), p. 32-33
- Bibliographie de la France, Biblio : journal officiel de la librairie, Le Cercle de la librairie, 1977, p. 159 — sur Gallica.
- Le Prix Jean Follain de la ville de Saint-LĂ´, site officiel de Lire Ă Saint-LĂ´.
- « Jean Follain • Agendas 1926-1971 », sur www.clairepaulhan.com (consulté le ).
Liens externes
- Ressources relatives à la littérature :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Delarge
- (de + en) Artists of the World Online
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :