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Jean Baptiste Royet

Jean Baptiste Royet, communément appelé le Colonel Royet, né le à Paray-le-Monial, en Saône-et Loire, et mort le à Épernay, département de la Marne[1], est un militaire français qui participe à huit campagnes militaires sous le Second Empire et demeure toujours actif sous la Troisième République, en présidant notamment un conseil de guerre.

Biographie

Origines et formation

Jean Baptiste Royet naît le à Paray-le-Monial de l'union de Bénigne Royet, cordonnier et cafetier et d'Anne Joséphine Faure[2]. En 1849, le ministère de l'instruction publique lui octroie une demi-bourse d'études nationale, obtenue à l'issue du concours du département de Saône-et-Loire[3]. En 1853 il termine son instruction à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en étant classé 148e sur les 228 élèves que compte la « promotion de l'Aigle »[4].

Guerre de Crimée

Le , Royet est nommé sous-lieutenant au 62e régiment d’infanterie[5]. À son arrivée, le régiment est choisi pour rejoindre le corps de réserve en Crimée. Le , il embarque à Toulon sur le Napoléon pour rejoindre le camp de Maslack, à dix kilomètres au nord de Constantinople où il parvient le . Durant un mois, le régiment demeure au camp où aux conditions climatiques défavorables, s'ajoute la maladie. Royet contracte le choléra au camp où plusieurs de ses compagnons d'armes trouvent la mort en raison de l'épidémie[6].

En , le 62e participe à la Bataille de la Tchernaïa où il essuie quelques pertes, mais n’a pas d’autres engagements par la suite de la campagne. La bataille de la Tchernaïa réduit l'armée russe de secours à l'impuissance et condamne Sébastopol à tomber aux mains des assiégeants[7]. Royet reçoit à l'issue de la bataille la médaille de Crimée comme tout son régiment. Royet demeure en Orient jusqu'au [1].

Occupation française de Rome

Le , Jean Baptiste Royet est promu lieutenant au 62e[8]. Au mois d', le 62e, le 7e de ligne et le 3e bataillon de chasseurs forment une brigade destinée à renforcer le corps français d'occupation de Rome et placée sous les ordres du général Théodore Ridouel. Ces trois bataillons de guerre sont mis en route par les voies ferrées, pour se rendre à Toulon et y embarquer pour l'Italie[9]. Entre le et le , Royet sert donc au corps d’occupation de Rome[1]. À partir d', il est nommé officier d'ordonnance du général Théodore Ridouel, commandant alors la 1re brigade de la 1re division d'infanterie du corps d'armée d'occupation de Rome[10]. Cependant, le , le régiment, dans lequel sert Royet, est rappelé en France et rentre à Lyon le suivant[11].

Expédition du Mexique

Marche sur Puebla : le général Forey au bivouac de San Agostino del Palmar.

Revenu en France, le 62e reçoit l’ordre de renforcer les premières troupes françaises envoyĂ©es au Mexique. Sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Élie-FrĂ©dĂ©ric Forey qui commande Ă©galement deux divisions d'infanterie et une brigade de cavalerie comprenant au total 28 000 hommes, les renforts français quittent Cherbourg en direction du Mexique[12]. Le , Royet embarque vers le Mexique oĂą il dĂ©barque le de la mĂŞme annĂ©e Ă  Veracruz[13].

Pour la première fois, le , le 62e combat lors d'un engagement Ă  Cerro-Gordo oĂą 2 000 guĂ©rilleros ont coupĂ© la route en Ă©levant une sorte de retranchement afin d'y attendre les troupes françaises. Ces dernières se dĂ©ploient sur les hauteurs, mettant en fuite l'armĂ©e juáriste. Le 62e s'installe, sept jours plus tard, sans rĂ©sistance Ă  Jalapa[14], avant de faire marche sur Puebla. De janvier Ă  , Royet et les hommes du 62e, dĂ©sormais commandĂ©s par Bazaine, participent au Siège de Puebla[6]. Le , Royet est nommĂ© capitaine. Après la prise de Puebla, le 62e est le premier Ă  entrer, le , Ă  Mexico puis fait campagne autour de la ville[15]. En , Royet est stationnĂ© avec une garnison de plus de mille hommes Ă  Orizaba, dans l'État de Veracruz, avant leur retour en France[16]. En , Royet quitte le Mexique pour rejoindre le 74e rĂ©giment d’infanterie.

Guerre franco-allemande

Capitaine de 1re classe depuis 1869[17], Jean Baptiste Royet est promu le , adjudant-major. Lors du dĂ©clenchement de la Guerre franco-allemande de 1870, il contribue Ă  organiser un 4e bataillon composĂ© de rĂ©servistes Ă  la compagnie de dĂ©pĂ´t de Neuf-Brisach. Le , Royet se signale Ă  la tĂŞte d’un dĂ©tachement de 70 Ă  100 hommes, lors d’une reconnaissance ayant pour but d’enlever Ă  l’ennemi le poste de Muntzenheim, il rentre Ă  quatre heures du matin avec 19 prisonniers, 18 chevaux et trois voitures de bagages[18] - [19]. Deux mois plus tard, la place tenue par les Français, capitule en [20]. Royet est retenu prisonnier de guerre le [1].

« Un fort poste ennemi est signalĂ© au village de Muntzenheim, Ă  deux lieues de la ville. Vers minuit, 70 hommes du 74e, sous le commandement du capitaine Royet, quittent la place, montĂ©s dans des voitures couvertes, et s'arrĂŞtent Ă  150 m du village. Descendre de voiture, surprendre les sentinelles et enlever le village fut l'affaire d'un instant. L'ennemi laissa entre nos mains une douzaine de prisonniers, des chevaux et une grande quantitĂ© d'armes »

— Action du [18].

Fin de carrière

RentrĂ© de captivitĂ© en France depuis le [1], le capitaine adjudant-major Jean Baptiste Royet est fait chevalier de l’ordre national de la LĂ©gion d’honneur le [21]. Il compte alors 16 ans de services et huit campagnes militaires. Il est ensuite affectĂ© au 129e rĂ©giment d'infanterie le [1]. Promu chef de bataillon le dans son rĂ©giment, il fait le choix au mĂŞme jour de rejoindre le 24e rĂ©giment d’infanterie en remplacement du chef de bataillon Victor-Charles HervĂ© promu lieutenant-colonel[22], puis la mĂŞme annĂ©e retourne au 74e rĂ©giment d’infanterie. Le , il est nommĂ© lieutenant colonel au 72e rĂ©giment d’infanterie et prĂ©sidera notamment le conseil de guerre de juillet 1885[23].

En , une loi créée 18 nouveaux régiments d'infanterie dont le 146e régiment d’infanterie[24]. Ce nouveau régiment est formé par l'amalgame d'un bataillon du 51e, d'un du 67e et de celui du 72e commandé par Royet[25]. Sept des nouveaux régiments sont commandés par des colonels, les onze autres sont confiés au commandement d'un lieutenant-colonel dont le 146e aux ordres de Royet[26] - [27].

Le , le froid avait gelĂ© les fossĂ©s des fortifications de Toul et la bonne sociĂ©tĂ© de la ville venait faire du patinage sur la glace au son de la musique militaire prĂŞtĂ©e pour l'occasion. Soudainement, la glace rompt sous mademoiselle Lanty, fille du gĂ©nĂ©ral gouverneur de Toul et avec elle deux autres personnes sombrent. Sans hĂ©siter, le colonel Royet (âgĂ© de 54 ans), le lieutenant Lalouette et les sous-lieutenants Brongniart, Pierron et ClanchĂ© s'Ă©lancent Ă  leurs secours, se retrouvent aussi dans ces eaux glacĂ©es et avec le concours d'autres militaires parviennent Ă  sauver les « naufragĂ©s »[28] - [29]. Quatre mois plus tard, le , il est nommĂ© colonel au 146e rĂ©giment d’infanterie qui reste cantonnĂ© Ă  Toul[30]. Le , il est fait commandeur de l’ordre national de la LĂ©gion d’honneur. Il rejoint la rĂ©serve en 1893 puis se voit dĂ©cerner une pension de retraite de 6 000 francs par dĂ©cret pour ses 52 annĂ©es, 6 mois et 26 jours de services[31]. En juillet 1897, alors qu'il est en activitĂ© hors cadre, il est dĂ©signĂ© comme chef du 4e bureau de l'Ă©tat-major de l'armĂ©e[32].

Sur le plan privé, il avait épousé en 1865 à Saint-Malo Marie Blanche Peral (1844-1903)[2]. Son fils Maximin-Léonce Royet (1866-1947), également officier dans l'armée française, est l'auteur de plusieurs publications exaltant le patriotisme[33].

Jean Baptiste Royet meurt, Ă  74 ans, le chez son gendre Georges Wachter, Ă  Épernay[34] - [30]. Ses obsèques se dĂ©roulent Ă  l'Ă©glise Notre-Dame d'Épernay, les cordons du poĂŞle sont tenus par le gĂ©nĂ©ral Nussard (commandant la 7e brigade de dragons), M. Lalo, M. Lortat-Jacob et M. Charles Dubois, et avec les honneurs militaires rendus par le 31e rĂ©giment de dragons aux ordres du colonel Dezaunay[35] - [34].

Honneurs

Notes et références

  1. Base LĂ©onore
  2. « Jean Baptiste Royet », sur Geneanet.org, (consulté le ).
  3. Ministère de l'instruction publique, Journal général de l'instruction publique et des cultes : Arrêté du 30 septembre 1849, vol. 18, Paris, , 623 p. (lire en ligne), p. 451.
  4. voir : Historique de la 35e promotion de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr
  5. Armée Française, Annuaire militaire de l'Empire français, Strasbourg, Librairie militaire de Berger-Levrault, , 1182 p. (lire en ligne), p. 299.
  6. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 212.
  7. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 216.
  8. Ministère de la Guerre, Annuaire officiel des officiers de l'Empire français : Sur les documents communiqués par le Ministère de la Guerre, , 1208 p. (lire en ligne), p. 311.
  9. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 220.
  10. Ministère de la Guerre, « Mutations dans les états-majors », Le moniteur de l'armée, no 23,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 221.
  12. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 222-223.
  13. Faucher de Saint-Maurice 1880, p. 40.
  14. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 224-225.
  15. Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot 1899, p. 226-260.
  16. Faucher de Saint-Maurice 1880, p. 32-33.
  17. Ministère de la guerre, « Bulletin des nominations et promotions », Journal militaire officiel, no 3,‎ , p. 44 (lire en ligne, consulté le ).
  18. Émile Coste 1890, p. 161.
  19. « Le coup de main de Montzelheim », Le Petit Journal, vol. Cinquième année, no 185,‎ , p. 5
  20. Émile Coste 1890, p. 162.
  21. « Au grade de Chevalier », Journal officiel de la République française, Paris, vol. 3e année, no 209,‎ , p. 2
  22. « Actes et documents officiels », Le Soleil, Paris, vol. 2e année, no 524,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Conseil de guerre », Le Progrès de la Somme, Amiens, vol. 18e année, no 4528,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  24. Simond 1889, p. 13.
  25. « Les nouveaux régiments », Le Petit Caporal, Paris, vol. 12e année, no 3897,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le )
  26. « Bulletin Maritime et militaire », Le XIXe siècle, Paris, A.-E. Portalis, vol. 18e année, no 5719,‎ , p. 3
  27. « Nos Régiments - 146e », La Patrie, Paris, vol. 47e année,‎ , p. 2
  28. « Toul », La Petite République, Paris, vol. 3e année, no 4344,‎ , p. 3.
  29. « Le danger du patinage », Le Progrès de la Côte-d'Or, Dijon, vol. 20e année, no 60,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  30. « Nouvelles militaires », Le Gaulois, Paris, vol. 42e année, no 10961,‎ , p. 3.
  31. « Pensions », La France Militaire, vol. Quatorzième année, no 2809,‎ , p. 2
  32. « La vie militaire », Gil Blas, Paris, vol. 19e année, no 6453,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. « Maximin-Léonce Royet », sur Gallica.fr, (consulté le ).
  34. « Nécrologie », Le Soleil, Paris, vol. 34e année, no 292,‎ , p. 3.
  35. « Nécrologie », La France Militaire, Paris, Lavauzelle, vol. 28e année, no 7153,‎ , p. 2.

Voir aussi

Bibliographie

  • Capitaine Gaillard et Lieutenant Fleuriot, Historique du 62e RĂ©giment d'Infanterie, Paris, Berger-Levrault, , 340 p. (lire en ligne).
  • Faucher de Saint-Maurice, Deux ans au Mexique, QuĂ©bec, C. Darveau, , 222 p., p. 40.
  • Émile Coste, Historique du 74e rĂ©giment d'infanterie, Paris, Librairie militaire de L. Baudoin, , 211 p. (lire en ligne).
  • Emile Simond, Historique des nouveaux rĂ©giments crĂ©Ă©s par la loi du 25 juillet 1887, Paris, Librairie Militaire de L. Baudoin et C, , 291 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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