Accueil🇫🇷Chercher

Jean-Pierre-Henri Élouis

Jean-Pierre-Henri Élouis nĂ© le Ă  Caen oĂą il est mort le est un peintre, miniaturiste et conservateur de musĂ©e français.

Jean-Pierre-Henri Élouis
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  85 ans)
Caen
Nationalité
Formation
Activités
Peintre miniaturiste, peintre, conservateur de musée
Période d'activité
Autres informations
Membre de
Maîtres
Genres artistiques

Biographie

Portrait d’Augustus Fricke (vers 1795), Washington, Smithsonian American Art Museum.
Portrait d’Arthur St. Claire (1795), Washington, National Portrait Gallery.

Jean-Pierre-Henri Élouis est issu d’une famille d’origine allemande dont l’aĂŻeul, qui habitait Worms et s’appelait Von Ludwig, avait traduit son nom par celui d’Élouis en se faisant naturaliser français, sa mère, Anne Dutrou de La BĂ©nardière, Ă©tait d’une famille du pays d'Auge. Le destinant Ă  la mĂ©decine, les parents du jeune Élouis lui avaient fait faire ses Ă©tudes au collège du Bois, mais il fut entraĂ®nĂ© d’une manière irrĂ©sistible par son goĂ»t pour la peinture. Sa vocation s’était rĂ©vĂ©lĂ©e en voyant peindre son père qui Ă©tait douĂ© d’un assez remarquable talent d’amateur, et ses premiers essais n’avaient pas Ă©tĂ© ceux d’un Ă©lève ordinaire. EntrĂ© dans l’atelier de Robert Lefèvre, il fut ensuite acceptĂ© en par Restout, qui lui apprit Ă  peindre Ă  l’huile et en miniature, genre auquel il se livra d’abord. BientĂ´t il Ă©gala les meilleurs disciples de Restout, dont il devint l’un des bons Ă©lèves.

En 1783, Henri Élouis passa en Angleterre, commençant, par ce pays, cette suite de longs voyages qui devaient faire de sa vie une des plus aventureuses carrières d’artiste. Après s’être fait admettre Ă  l’AcadĂ©mie royale de Londres, oĂą il remporta une mĂ©daille d’argent, et s’être liĂ© d’amitiĂ© avec Joshua Reynolds, Thomas Lawrence et Francesco Bartolozzi, il visita la Hollande, l’Allemagne, avant de revenir se marier Ă  Calais. Puis, fuyant les guerres de la RĂ©volution qui pouvaient entraver son goĂ»t pour les arts, il s’embarqua pour l’AmĂ©rique. C’est alors que son esprit dĂ©sireux de tout connaĂ®tre se dĂ©veloppa pleinement. Il parcourut le Nouveau Monde depuis Terre-Neuve jusqu’à Buenos Aires, explorant les États-Unis, le Mexique, les Florides, les Antilles, la Guyane, le BrĂ©sil, le PĂ©rou, la Plata, s’inspirant Ă  la vue des forĂŞts vierges, des grands fleuves et des lacs immenses, et confiant Ă  des aquarelles, qui ont Ă©tĂ© perdues, ses souvenirs et ses impressions.

Henri Élouis avait su se faire, du savant naturaliste Alexander von Humboldt, qu’il accompagnait souvent dans ses voyages scientifiques, un ami dĂ©vouĂ© ; bien des fois, depuis, ils Ă©voquèrent les fatigues qu’ils avaient supportĂ©es ensemble. Souvent aussi Élouis voyageait seul et se livrait alors Ă  toute la fougue de son caractère hasardeux. Rien ne lui faisait obstacle, ni les dĂ©serts sans fin, ni les Ă©lĂ©ments, ni la fureur mĂŞme des hommes. Un jour qu’il accompagnait des arpenteurs europĂ©ens sur un terrain nouvellement envahi par eux et enlevĂ© aux indigènes, il Ă©chappa seul, et comme par miracle, Ă  la hache des Indiens revenus en plus grand nombre. Les arpenteurs et leur escorte furent massacrĂ©s jusqu’au dernier. Quelque temps auparavant, il avait voulu passer de Baltimore Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans au moment oĂą la guerre Ă©clatait de toutes parts. Le vaisseau sur lequel il s’était embarquĂ© fut capturĂ© par les Anglais. EnvoyĂ© prisonnier aux Antilles, Henri Élouis s’arrĂŞta plusieurs mois dans l’île Providence, auprès du prince proscrit le duc d’OrlĂ©ans, futur roi des Français Louis-Philippe Ier qui, cherchant dans les arts une compensation aux ennuis de l’exil, cultivait la peinture avec un certain succès et le consultait sur le mĂ©rite de ses propres Ĺ“uvres. Après ĂŞtre passĂ© par Baltimore, Alexandria, Annapolis, il sĂ©journa plus longtemps que partout ailleurs Ă  Philadelphie, oĂą il peignit en miniature, genre qu’il affectionnait particulièrement, les portraits de plusieurs personnages illustres de la rĂ©volution amĂ©ricaine, entre autres ceux du juge Wilson, du gĂ©nĂ©ral Wayne ainsi que de George et Martha Washington.

Élouis revint en France dans le courant de l’annĂ©e 1807, laissant en AmĂ©rique un grand nombre de miniatures, principalement Ă  la Havane et Ă  Philadelphie. Ă€ Paris, Élouis suivit les conseils de ses amis Robert Lefèvre, Friedrich Wilhelm von Steuben et Pierre-Narcisse GuĂ©rin, et ceux de son protecteur Vivant Denon, qui estimaient son talent de portraitiste, en abandonnant tout Ă  fait la miniature pour adopter exclusivement la peinture Ă  l’huile. Il ne tarda pas Ă  sentir les avantages de la dĂ©cision qu’il venait de prendre : la place de conservateur du musĂ©e de la Ville de Caen s’étant trouvĂ©e vacante en 1811 Ă  la mort de François-Pierre Fleuriau, Henri Élouis l’obtint au concours dont l’épreuve consistait en une tĂŞte d’étude, un dessin et une copie. La tĂŞte d’étude, conservĂ©e au musĂ©e des Beaux-Arts de Caen, fut seule soumise Ă  l’examen des juges qui la trouvèrent de beaucoup supĂ©rieure Ă  celles des autres concurrents. Très recherchĂ© comme portraitiste, il s’est distinguĂ© par la puretĂ© du dessin et par une couleur agrĂ©able.

Dans le privĂ©, Henri Élouis Ă©tait de mĹ“urs douces et faciles ; son esprit vif, caustique et un peu voltairien, Ă©tait encore rehaussĂ© par une instruction littĂ©raire rare chez les peintres. Il savait le grec et parlait avec facilitĂ© le latin, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’italien. Conteur, comme tous les voyageurs, il captivait l’attention de ceux qui l’écoulaient, par des rĂ©cits animĂ©s, par des histoires dramatiques, par des anecdotes plaisantes, dont il avait toujours Ă©tĂ© le tĂ©moin ou le hĂ©ros. Henri Élouis s’était mariĂ© deux fois et avait eu de ces deux mariages quatre enfants auxquels il ne laissa aucune fortune. Il avait vĂ©cu avec toute l’insouciance de l’artiste et travaillĂ©, non pour acquĂ©rir, mais pour la peinture elle-mĂŞme. D’ailleurs, l’esprit aventureux et l’amour des arts qui le caractĂ©risaient paraissent avoir Ă©tĂ© une tendance dans sa famille : son frère qui se voua Ă  la musique et Ă©tait d’un talent supĂ©rieur Ă  la harpe, avait visitĂ© l’Italie, l’Allemagne, la Russie, l’Écosse et l’Angleterre avant de se fixer dĂ©finitivement Ă  Londres. Ses deux nièces, qui ont aussi acquis une rĂ©putation comme harpistes, parcoururent Ă©galement une partie de l’Europe. De plus, le patrimoine d’Élouis avait Ă©tĂ© perdu pendant la RĂ©volution, et les Anglais, en le faisant prisonnier, l’avaient dĂ©pouillĂ© des 80 000 francs qu’il emportait avec lui. C’était tout son avoir, et Ă  son retour en France, l’éducation de sa nombreuse famille l’empĂŞcha de rien amasser de nouveau. Ă€ 85 ans, sa vue Ă©tait encore la mĂŞme et sa main Ă©tait aussi sĂ»re que dans sa jeunesse. Peu de jours avant de rendre le dernier soupir, il signa un portrait d’enfant, aussi remarquable qu’aucune autre de ses Ĺ“uvres. Ses portraits se recommandent par la puretĂ© du dessin et par une couleur agrĂ©able. Il excellait aussi par l’exactitude et la fidĂ©litĂ© de ses copies. On assure que François GĂ©rard, en voyant la copie qu’il avait faite de son Louis XVIII, dit qu’il signerait volontiers un tel travail. Un portrait d'Henri Élouis, propriĂ©tĂ© de la Ville de Caen, peint en 1835 par Alfred Guillard, son Ă©lève et successeur au musĂ©e de Caen, a Ă©tĂ© dĂ©truit[1].

Ĺ’uvres dans les collections publiques

  • Caen, musĂ©e des Beaux-Arts :
    • Portrait d'un officier anglais, vers 1783-1787, miniature Ă  l'aquarelle et gouache sur ivoire ;
    • Portrait du docteur James Church, 1798, miniature Ă  l'aquarelle et gouache sur ivoire[2].

Notes et références

  1. « Alfred Guillard », sur Joconde (consulté le ).
  2. Christophe Marcheteau de Quinçay, notice « Élouis. “Portrait du docteur James Church” », La Revue des musées de France. Revue du Louvre, 2012, no 2, p. 64-65, no 36, repr.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.