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Jean-Honoré de Trogoff de Kerlessy

Jean-Honoré de Trogoff, seigneur de Kerlessy, né le à Lanmeur et mort en en rade de Portoferraio, est un officier de marine français.

Jean-Honoré de Trogoff
Seigneur de Kerlessy
Naissance
Ă  Lanmeur
DĂ©cès (Ă  42 ans)
en rade de Portoferraio (île d'Elbe)
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Contre-amiral
Années de service 1764 – 1792
Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
Faits d'armes Bataille des Saintes
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Famille

Il a combattu pendant la guerre d'indépendance des États-Unis sous le comte de Grasse. Il aurait livré la flotte française de Toulon aux Anglais en 1793.

Biographie

Origines et famille

Fils de Marc Louis de Trogoff, seigneur de Kerlessy[1] (1694-1773) et de Jeanne Eléonore Bourel de Kermès (née en 1721), Jean-Honoré de Trogoff naît le à Lanmeur dans le diocèse de Dol, enclave de Tréguier.

Carrière dans la marine royale (1764-1792)

Il intègre la Marine royale en tant que volontaire en 1764 et participe à la campagne de 1765 contre les pirates salétins. Il entre dans la compagnie des gardes de la Marine de Brest en 1767. De 1773 à 1774, il accompagne le fameux Kerguelen au cours de son second voyage aux terres australes pendant lequel il est promu au grade d'enseigne de vaisseau.

Guerre d'indépendance des États-Unis

Commandant ensuite, à Saint-Domingue, le brigantin le Victor, dans la guerre de l'indépendance, il enlève à l'abordage un corsaire anglais et à cette occasion, il est élevé, en , au grade de lieutenant de vaisseau. Après avoir fait campagne avec l'amiral d'Estaing, il est nommé second sur le Glorieux, 74 canons, commandé par le baron des Cars, qui appareille dans l'escadre du comte de Grasse en et remporte en la victoire de la Chesapeake.

La Bataille des Saintes, 12 avril 1782

Toujours sur le Glorieux, il combat vaillamment à la bataille des Saintes, remportée, le , par l'amiral Rodney sur le comte de Grasse. Lorsque Rodney coupe la ligne française, le Glorieux se retrouve soumis aux tirs d'enfilade successifs d'une demi-douzaine de vaisseaux de ligne britannique, rapidement, son commandant est tué et Trogoff prend en charge la direction du bâtiment désemparé, après une résistance acharnée de plus de six heures et ayant perdu une bonne partie de ses hommes, tués et blessés, il amène son pavillon. Fait prisonnier en même temps que le comte de Grasse, il est libéré en 1783, son héroïque défense lui vaut d'être acquitté par le conseil de guerre de Lorient, qui rend sur Trogoff le verdict suivant :

« Le conseil décharge de toute accusation le sieur Jean-Honoré de Trogoff de Kerlessy, lieutenant de vaisseau, ayant pris le commandement du Glorieux à la place du sieur baron des Cars, tué ledit jour, 12 avril, à neuf heures du matin ; a loué et loue la conduite dudit sieur de Trogoff et son opiniâtreté dans la défense dudit vaisseau; sa résistance, sa valeur, ses ressources et sa résolution sont des titres qui lui méritent les grâces du Roi et lui assurent l'estime du corps. »

Le roi n'avait pas, du reste, attendu l'arrêt du conseil de guerre pour rendre hommage à Trogoff, et il lui avait adressé dans les prisons d'Angleterre le brevet de chevalier de Saint-Louis. Promu, en 1784, au grade de capitaine de vaisseau, sa bonne connaissance des Antilles, lui valent de recevoir plusieurs commandements à destination de Saint-Domingue, notamment sur l'Active en 1786. Il passe quelques années à Saint-Domingue où sa famille avait des propriétés, et y retourna en 1791, commandant le vaisseau le Duguay-Trouin et apportant des troupes chargées d'apaiser les troubles sanglants qui secouaient cette colonie[2]. En relâche à Brest, le , il prête à la République le nouveau serment qu'un décret de la Convention exigeait des officiers, et remet à la voile, avec le même commandement, à la fin de 1792, dans la division de La Touche-Tréville, expédiée à Naples pour venger les insultes faites à Monsieur de Sémonville, ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte.

Commandant de la Marine Ă  Toulon

La division, après avoir obtenu la réparation demandée, rallie devant Cagliari la flotte du contre-amiral Truguet. Promu contre-amiral le , Trogoff prend part, les 15 et , à l'attaque générale contre la ville italienne, où le Duguay-Trouin, particulièrement engagé, soutient presque seul l'honneur de son nom et la réputation de son commandant, grièvement blessé pendant l'action.

Il est nommé commandant en chef de l'armée navale de l'Océan à compter du , avant de rejoindre la Méditerranée et en , il prend à Toulon le commandement de toutes les forces navales dans la Méditerranée et s'occupe avec activité du réarmement des vaisseaux qui avaient considérablement souffert dans l'expédition de Sardaigne.

Il fait reprendre la mer à plusieurs d'entre eux, les uns pour protéger les convois qui apportaient des blés du Levant, d'autres pour bombarder Oneglia, d'autres enfin pour croiser et entretenir des communications avec l'armée d'Italie.

Avant les derniers excès de la Convention, avant surtout la mort du Roi, il semble pas que Trogoff ait vu la RĂ©volution d'un mauvais Ĺ“il ; mais, lorsque les exĂ©cutions se multiplient, le gouvernement passe tout entier dans les clubs, l'amiral Trogoff devient plus critique. Ă€ Toulon, tous les efforts qu'il dĂ©ploie pour sauver de la mort un grand nombre d'habitants notables Ă©chouent, parmi lesquels figuraient plusieurs de ses compagnons d'armes, dĂ©noncĂ©s par le « club des Adorateurs de la libertĂ© et de l'Ă©galitĂ© Â», auprès duquel il Ă©tait lui-mĂŞme suspect. Cependant, pendant trois mois, il continue Ă  informer le ministre de ses dĂ©marches, en provoquant toutes les mesures qui pouvaient contribuer Ă  la sĂ»retĂ© de la ville et de la flotte. Mais, Ă  propos de la promulgation de la Constitution de juin 1793, les habitants de Toulon, de nouveau menacĂ©s par les clubistes, se dĂ©cident Ă  en finir avec la tyrannie d'une minoritĂ© sanguinaire. Après avoir arrĂŞtĂ© les principaux membres du club, ils Ă©lisent, le , pour conduire leur procès, un comitĂ© gĂ©nĂ©ral composĂ© de dĂ©lĂ©guĂ©s de chaque section, auxquels, pour ne pas se mettre en lutte avec le gouvernement central, on adjoint Trogoff et d'autres chefs militaires, avec voix consultative uniquement. En mĂŞme temps on rĂ©tablit l'exercice public du culte catholique tout en conservant la forme et les couleurs rĂ©publicaines.

Le , Trogoff signe avec le comité des sections une adresse à tous les citoyens de France, pour expliquer le changement opéré dans l'administration de la ville et une seconde adresse au Conseil exécutif et à Dalbarade, ministre de la Marine, pour demander les fonds nécessaires à la solde de la garnison et de l'armée navale. Rien, dans ces adresses sagement rédigées n'annonçait de projets de trahison, lorsque le Comité de salut public répond aux Toulonnais par la mise hors la loi de la ville et l'ordre à l'armée du général Carteaux de marcher rapidement pour en faire le siège.

[non neutre]

Le siège de Toulon et la livraison de la flotte aux Anglais

Vaisseaux français brûlant dans le port de Toulon, 1793. Gravure de 1890

Dans cette extrémité, le comité général des sections, qui craignait la vengeance de la Convention, se décide à proclamer Louis XVII et à remettre la place en dépôt, pour le compte de ce prince, à la flotte anglo-espagnole qui croisait devant la rade. Trogoff livre la flotte et le port et l'arsenal de Toulon aux Anglais. Un de ses adjoints, Jean René César de Saint-Julien de Chabon, refuse cette reddition et rejoint le camp républicain avec 300 marins.

Voici comment son attitude est jugée à l'époque :

« Il fallait flĂ©chir devant la Montagne ou la flotte anglaise, se livrer Ă  la merci de Robespierre et de FrĂ©ron ou de l'amiral Hood. Ceux-lĂ  nous apportaient des Ă©chafauds, celui-ci promettait de les briser ; les uns nous donnaient la famine, l'autre s'engageait Ă  nous fournir des grains… Une portion des habitants eut la faiblesse de prĂ©fĂ©rer le pain Ă  la mort ; la Constitution de 1791 au Code anarchique de 1793 ; le rĂ©gime ancien mitigĂ©, au rĂ©gime nouveau de la Terreur, la tyrannie future des princes Ă  la tyrannie prĂ©sente de FrĂ©ron et Ă  la dictature de Robespierre. Quel que soit ce crime, la Montagne et FrĂ©ron doivent se le reprocher : leur usurpation, leur cruautĂ©, leurs crimes, en furent la seule cause. »

— Isnard à Fréron, Paris, An IV[3] - [4]

Le , il est mis hors la loi. Le , à la reprise de la ville par Dugommier et Bonaparte, il embarque avec la flotte britannique, émigre et meurt d'une épidémie en à bord du Commerce de Marseille, en rade de Porto-Ferraro. Ce même jour, William Sidney Smith, l'un des commandants de la flotte anglaise met le feu au magasin général et à huit vaisseaux de ligne française.

Mariage et descendance

Il a épousé le Claude-Louise l'Honnoré de Trévigon, sans descendance.

Notes et références

  1. Petit fief situé dans la paroisse de Plougasnou (département du Finistère).
  2. Saint-Domingue est alors en proie Ă  des Ă©meutes des colons blancs qui protestent contre l'abolition de l'esclavage.
  3. Isnard, est député du Var à la Convention et régicide, dont le patriotisme ne peut être suspecté
  4. Fréron, le « Missionnaire de la Terreur », et instigateur de la répression de Toulon fin 1793

Bibliographie

  • Georges Six, Dictionnaire biographique des gĂ©nĂ©raux et amiraux de la RĂ©volution et de l'Empire, Georges Saffroy Ă©diteurs, Paris 1934.
  • Luc CorlouĂ«r et Pierre Gagnaire, L'Amiral de Trogoff - Marin et Gourmet (essai), Le Cormoran, 2021.
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