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Jean-Émile Anizan

Jean-Émile Anizan est un prêtre catholique français né le à Artenay (Loiret) et mort à Paris 11e le . Il est le fondateur de la congrégation religieuse catholique des Fils de la charité et le cofondateur des Auxiliatrices de la charité. La mairie de Clichy a donné à la place devant l'église Notre-Dame-Auxiliatrice le nom de « Place Jean-Émile Anizan ».

Jean-Émile Anizan
Image illustrative de l’article Jean-Émile Anizan
Biographie
Naissance
Artenay
Ordre religieux Fils de la charité
Ordination sacerdotale
Décès
11e arrondissement de Paris
Autres fonctions
Fonction religieuse
Supérieur général des Frères de Saint-Vincent-de-Paul
Fondateur des Fils de la Charité

Biographie

Enfance et formation

Jean-Émile Anizan est issu de la petite bourgeoisie de province où son père est médecin.

En juin-, il découvre la vie du Père Planchat et la vocation de la congrégation religieuse des Frères de Saint Vincent de Paul. Il rencontre à Chaville le P. Le Prévost, fondateur des Frères de Saint-Vincent-de-Paul. Il participe à l'Union des œuvres des cercles catholiques d'ouvriers[1] - [2].

Le , il est ordonné prêtre dans l'église Saint-Sulpice à Paris. Il sera le vicaire d'Olivet dans la banlieue d'Orléans entre janvier 1878 et juin 1885, puis à l'église Saint-Laurent d'Orléans (de juin 1885 à juillet 1886). Il se fait remarquer par sa ferveur, sa foi, son zèle apostolique et son amour des pauvres. Après de nombreuses années, il obtient enfin en 1886 de son évêque la permission de rentrer chez les Frères de Saint-Vincent-de-Paul.

Le quartier de Charonne

En novembre 1887 et jusqu'en janvier 1895, il exerce son ministère dans le quartier populaire de Charonne près de la place de la Bastille à Paris. Il sera aumônier du centre d'œuvres Sainte Anne de Charonne. Il y manifeste dans ces lieux une grande activité de charité apostolique auprès des jeunes du patronage, mais aussi auprès des familles pauvres et ouvrières du quartier : accompagnement de jeunes et de leurs familles, visites des malades, innovations pastorales (adaptation des horaires des messes dominicales pour s'adapter aux gens du quartier qui souvent travaillaient le dimanche matin), fondation de syndicats catholiques en pleine obéissance avec les orientations de l'encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII. En 1894, le chapitre général de sa congrégation le choisit comme premier assistant ecclésiastique, fonction qu'il occupe jusqu'en 1907. De 1895 à 1907, il est également vice-président de l'Union des Œuvres qui fédère alors les œuvres d'évangélisation dans l'ensemble des diocèses de France. La mort du P. Leclerc, supérieur général, dans la nuit du 20 au provoque la convocation d'un chapitre général par le Saint-Siège. Fin , le P. Anizan est élu supérieur général des Frères de Saint-Vincent-de-Paul.

« La Grande épreuve » et son contexte

Entre les deux guerres de 1870 et de 1914, apparaissent des conflits d’un autre genre : En ce dĂ©but du vingtième  siècle, la sociĂ©tĂ© française vit sa première expĂ©rience stable de dĂ©mocratie laĂŻque, voire laĂŻcarde (la IIIe RĂ©publique). L’Église est alors assignĂ©e Ă  distance : les congrĂ©gations religieuses doivent ĂŞtre dĂ©clarĂ©es, celles qui sont enseignantes doivent ĂŞtre autorisĂ©es, sinon leurs biens immobiliers sont expropriĂ©s, et la plupart quittent la France. Une loi instaure la sĂ©paration de l’Église et de l’État (1905). Ce conflit a des racines profondes dans la culture et la pensĂ©e : les sciences, teintĂ©es de scientisme (Auguste Comte, Renan, Loisy...) et la ferveur dĂ©mocratique agressent les habitudes de l’Église catholique et provoquent en elle des sursauts d’intransigeance. La sociĂ©tĂ© politique  et l’Église sont affectĂ©es par ces conflits jusqu'en leurs plus hautes instances.

Dans cette situation inconfortable, le Père Anizan continue son travail apostolique , anime l’Union des Ĺ’uvres sa revue et ses congrès, et dĂ©fend les biens de sa congrĂ©gation, tout cela sans se laisser guider par des critères idĂ©ologiques ou politiques.  

Mais cette crise ne cesse de provoquer des remous au sein de la congrĂ©gation entre une tendance plus conservatrice et une tendance plus libĂ©rale Ă  laquelle il appartient. Cela aboutit Ă  une visite apostolique en 1913 de la congrĂ©gation. La visite est faite par le P. Jules Saubat (congrĂ©gation des Pères de BĂ©tharam) qui est acquis Ă  la cause des majoritaires[3]. Le P. Anizan est destituĂ© de ses fonctions de supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral de sa congrĂ©gation le , pour cause de modernisme social, ses groupes syndicaux Ă©tant soupçonnĂ©s, Ă  tort, de ne pas ĂŞtre « strictement catholiques Â». Dans ce drame, que les Fils de la charitĂ© appellent « la Grande Ă©preuve Â», la moitiĂ© des frères de Saint Vincent de Paul demandent Ă  ĂŞtre relevĂ©s de leurs vĹ“ux et quittent l’Institut. Le Père Anizan se soumet, demeure en paix et communique de son mieux cette paix Ă  ses frères dĂ©sorientĂ©s. Il cherche ce que Dieu veut au  travers de « ces Ă©vĂ©nements extraordinaires Â»

Très marqué par cette épreuve, Anizan obtient l'autorisation d'aller faire une retraite à la chartreuse de Pleterje (Slovénie actuelle). Dans ses écrits de cette période, c'est véritablement un Anizan mystique que nous découvrons, il s'abandonne totalement à Dieu. À l’issue de cette retraite, il demande à être relevé de ses vœux.

Sur le front de Verdun

Pour ĂŞtre utile Ă  l’Évangile, Anizan part dès le comme aumĂ´nier volontaire et sans solde sur le front de Verdun. Il y travaillera durant un an et demi. Il a soixante et un ans. Il accomplit avec grand dĂ©vouement son ministère auprès de soldats livrĂ©s Ă  la mitraille et de la population restĂ©e sur place. Dans son Ă©preuve il continue Ă  rĂ©flĂ©chir, garde quelques liens avec quatre de ses frères,  et il entend l’appel Ă  s’ouvrir Ă  un apostolat plus large que celui des seuls patronages. Des problèmes de santĂ© lui feront quitter en janvier 1916 le front de Verdun et rentrer sur Paris.

De Pie X à Benoît XV, la naissance des Fils de la charité

Entre-temps, le pape Pie X est mort, laissant la place en 1916 à Benoît XV. Ce dernier voyant que le dossier du P. Anizan avait été mal réglé décide de reprendre les choses en main et de demander au P. Anizan de fonder une nouvelle congrégation. Le pape choisit le nom, les Fils de la charité, qui sera fondée le , grâce d'abord à l'apport des anciens membres démissionnaires des frères de Saint Vincent de Paul. Le , il recevra de Pie XI le décret de louange.

Entre 1918 et 1928 le père Anizan implante neuf communautés de prêtres et de frères dans les quartiers pauvres de la banlieue parisienne. Il amorce aussi la fondation en 1926 d'un autre institut de religieuses : les Auxiliatrices de la charité avec sœur Thérèse Joly.

En mars 1927, le P. Anizan rencontre l'abbé Cardijn, fondateur de la JOC. Via l'Union des Œuvres, le P. Anizan lui permet d'avoir une tribune importante qui permettra, lors du congrès de Reims d'introduire la JOC en France. Mais très malade et usé par une vie trépidante, le P. Anizan meurt dans la nuit du au au presbytère du Bon-Pasteur à Paris, pas très loin de ce quartier de Charonne qu'il avait tant aimé. Aujourd'hui les Fils de la charité sont présents dans 11 pays pour perpétuer l'esprit d'Anizan et faire connaître aux milieux populaires du monde qu'ils sont aimés de Dieu.

Notes et références

  1. Congrès de Bordeaux, compte rendu de la neuvième assemblée générale des directeurs d'œuvres, 21-25 août 1876 lire en ligne sur Gallica
  2. Congrès de Chartres, compte-rendu de la onzième assemblée générale des directeurs d'œuvres, 9-13 septembre 1878 lire en ligne sur Gallica
  3. Émile Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral. Un réseau secret international anti-moderniste : « La Sapinière » (1909-1921), éd. Casterman, Paris, 1969, p. 274

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Emile Anizan, Quand la charitĂ© s'empare d'un homme : Ă©crits spirituels de Jean-Émile Anizan (1853-1928) ; fondateur des Fils de la charite, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Épiphanie », (rĂ©impr. 2003), 265 p. (ISBN 978-2-204-04631-2, OCLC 299482599)
  • Jean-Yves Moy, Petite vie du Père Anizan, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, coll. « Petite vie de-- », , 153 p. (ISBN 978-2-220-04816-1, OCLC 46784466)
  • Jean-Yves Moy, Le Père Anizan, prĂŞtre du peuple, Paris, Ed. du Cerf, coll. « Histoire », , 816 p. (ISBN 978-2-204-05712-7, OCLC 264405291) - Thèse d'État
  • « La soif d’en Dieu, une vie d’un père Anizan Â» bande dessinĂ©e de Christophe Hadevis (scĂ©nario), Erwan Le SaĂ«c (dessin), VĂ©ronique Gourdin (couleur) Ă©ditions Emmanuel, 2017 (ISBN 978-2-35389-656-1)

Liens externes

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