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Union des œuvres ouvrières catholiques de France

L'Union des œuvres ouvrières catholiques de France qui deviendra l'Union des œuvres catholiques de France (UOCF) est créée en 1871 sur l'initiative de prêtres directeurs d'œuvres. Elle se manifeste au départ surtout par ses réunions annuelles, les Congrès de l'Union, et par une revue commune. Plus tard, on trouve certains de ses membres à l'origine d'initiatives comme le mouvement chrétiens des Cœurs Vaillants et Âmes Vaillantes[note 1].

Union des œuvres ouvrières catholiques de France
Logo de l'Union des œuvres ouvrières catholiques de France
« Sint unum » (« Qu'ils soient unis »)
Histoire
Fondation
Cadre
Sigle
UOCF
Zone d'activité
France
Pays

Apparue à un moment où se développe un monde ouvrier de moins en moins christianisé et aux conditions de vie inacceptables, elle reflète la volonté des milieux catholiques français de regrouper les œuvres charitables et de patronage qui s'étaient alors multipliées. Elle prend ainsi sa place dans le courant du catholicisme social français qui émerge peu à peu au cours du XIXe et se développe plus amplement au siècle suivant.

Historique

Le , quelques prêtres, directeurs des Œuvres de patronage purement locales, invités par l'un d'eux qui habite Angers, l'abbé Le Boucher, fondateur en 1855 de la revue Jeune ouvrier, se réunissent pour s'entretenir de leurs œuvres naissantes et échanger leurs expériences[1]. La revue, à laquelle beaucoup étaient abonnés, était un organe de liaison entre eux. Le Congrès choisit un nom commun pour la réunion de toutes ces œuvres de patronage : « Société des jeunes ouvriers ». Les buts poursuivis mis en avant sont "faire de bons chrétiens" et secondairement, proposer une « récréation honnête », soit « prier et jouer » et c'est sous l'intervention de Maurice Maignen, qu'on ajoute les préoccupations plus sociales d'éducation populaire et d'amélioration matérielle du sort de ces jeunes ouvriers[2].

Un an plus tard, les mêmes hommes se revoient à Paris. Le Congrès de Paris de 1859, travaille surtout sur le rôle social des patronages. Ces deux initiatives s'éteignent peu après : le congrès prévu à Orléans pour 1860 n'a pas lieu et la revue Jeune ouvrier disparaît en 1861[2]. Les œuvres de patronage progressent cependant dans leur isolement, les expériences se multiplient[1].

En 1870, tous les apprentis et ouvriers des œuvres de France sont conviés à Versailles à une exposition générale. Le président du patronage Saint-Joseph de Versailles offre aux prêtres chargés de la jeunesse l'occasion de se retrouver pour un mutuel échange de vues. La pensée du Congrès des Œuvres était là, elle fut accueillie avec empressement par plusieurs directeurs d'œuvres. Le Petit Écho du patronage de Saint-Étienne et le Moniteur des jeunes Ouvriers popularisent l’événement. C'est là, qu'à défaut de compagnonnage selon le modèle allemand de Adolph Kolping, le projet s'élabore de créer une Union des Œuvres catholiques avec comme organe officiel du Congrès, la Revue des Associations catholiques pour la classe ouvrière, nouvelle revue créée par Henry Jouin, l'ancien secrétaire du Jeune ouvrier[2]. La Revue des Associations catholiques est l'organe spécialement destiné aux communications des directeurs entre eux, elle porte dans ses premiers numéros l'annonce du congrès de Nevers, un programme de délibérations et quelques notes fort intéressantes sur l'accueil fait au premier congrès d'Angers par les membres de l'épiscopat. Dès lors, l'Union des Associations catholiques ouvrières était fondée[1]. Officiellement le Congrès de Nevers de septembre 1871 présidé par l'abbé Le Boucher en décide la création et en fixe les objectifs : se retrouver dans des Congrès annuels et regrouper la multitude d’œuvres en une seule et vaste institution de « compagnonnage chrétien ». Cette union est en fait extrêmement lâche, le mot Fédération ayant été rejeté, chaque œuvre particulière conservant son nom et ses règlements à l'exemple de l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers.

Deux mois après en effet, Maurice Maignen et Albert de Mun, présents à Nevers, posent les bases de ce qui devient l’Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers qui va reproduire à un grand nombre d'exemplaires le Cercle des Jeunes ouvriers du boulevard du Montparnasse[3].

Si Albert de Mun et Léon Harmel continuent de participer aux Congrès de l'Union des Œuvres catholiques, (à Poitiers en 1872 et à Lyon en 1874), Léon Harmel jusqu'en 1878 au moins, l’Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers qu'ils ont fondée, se développe de façon indépendante[2]. Les deux organisations coexistent, mais l'Union des Œuvres est dans la mouvance des clercs, alors que l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers est d'initiative laïque et a des objectifs plus larges.

Le congrès de Versailles, en 1870, par suite des événements et de la déclaration de guerre à la Prusse, n'avait compté que trente-six membres, au lieu de quarante et un qui avaient envoyé leur adhésion. En 1871, celui de Nevers plus de soixante-dix membres, et enfin, en 1872, celui de Poitiers, plus de trois cents[1].

En même temps que le nombre des associés croissait, les bénédictions de l'Église se répandaient de plus en plus abondamment sur l'œuvre naissante. Vingt-huit archevêques et évêques, parmi lesquels Landriot, alors évêque de La Rochelle, avaient envoyé le témoignage de leur sympathie et leurs encouragements au congrès d'Angers ; onze se font représenter au congrès de Nevers et vingt-quatre répondent favorablement à la supplique que leur adresse le congrès pour qu'ils daignent s'associer à son œuvre, la diriger et la patronner[1].

En 1872, au congrès de Poitiers, cinquante-six archevêques et évêques envoient leurs délégués. Les évêques d'Autun et de Nancy s'occupent directement des œuvres de l'union, nomment des comités diocésains chargés d'y présider et de se mettre en rapport avec le comité central au moyen d'un délégué spécial. L’évêque de Nantes a dans sa ville épiscopale, la présidence d'une œuvre rattachée à l'Union ; Ceux de Poitiers et d'Angers viennent de fonder également dans leurs villes épiscopales des œuvres du même caractère[1].

En 1875, devenu archevêque Langénieux préside le Congrès de l'Union des Œuvres, dirigé par son ami de Ségur. Pour lui, Les patronages, les cercles catholiques, continuent l'œuvre de l'école chrétienne. Langénieux inaugura lui-même les cercles de Saint-André et de Saint-Maurice à Reims[4].

Au moment du Congrès de Bordeaux en 1876 qui réunit 500 personnes au Grand Séminaire, de Ségur, précise qu'il s'agit seulement « des œuvres ayant pour but de conserver au Christ les amis des ouvriers (enfants ou hommes), des soldats par une propagande active » ; quand des interventions émettent le vœu de développer les orphelinats agricoles, il répond par une dénonciation de la libre-pensée, « le pire des fléaux qui menacent la société » et fait l'éloge de Pie IX[5].

En mars 1927, le père Cardijn est invité au Congrès de l'Union des Œuvres, à Reims par le père Jean-Émile Anizan, vice-président de l'Union des Œuvres. Cardijn déchaine lors de cette rencontre un grand enthousiasme. On parla ensuite du « baptême de Reims » de la Jeunesse ouvrière chrétienne.

Le , l'Union des œuvres crée le journal pour enfants, Cœurs vaillants, visant un lectorat âgé de 11 à 14 ans. En 1936, le mouvement des Cœurs Vaillants voit le jour, à l'initiative des Fils de la CharitéGaston Courtois et Jean Pihan, qui dirigent l'UOCF[6]. L'année suivante, le mouvement féminin des Âmes vaillantes est créé.

Présidents

Congrès

Notes et références

Notes

  1. La décision de l'UOCF, en 1929, de faire un magazine d'enfants, Cœurs Vaillants, donne naissance à la maison d'édition Fleurus. Elle va se spécialiser dans la presse pour la jeunesse. En 1931 les lecteurs de Cœurs Vaillants se rassemblent à Paris et un mouvement nait, encouragé par les évêques qui le demandent officiellement en 1936. En décembre 1937, un magazine parallèle, Âmes vaillantes est créé pour le public féminin et le mouvement devient « Cœurs vaillants et âmes vaillantes ».

Références

  1. Bulletin du diocèse de Reims, 6 janvier 1872 lire en ligne sur Gallica
  2. Jean-Baptiste Duroselle, Les Débuts du catholicisme social en France 1822-1870 (thèse principale), 1951
  3. Maurice Maignen et la contre-révolution, pensée et action d'un catholique social 1871-1890, mémoire présenté sous la direction de Michèle Cointet, UFR Arts et sciences humaines Département d’Histoire Université de Tours 2004
  4. Bulletin du Diocèse de Reims du 7 janvier 1905 sur Gallica
  5. J.-C. Drouin, « De quelques attitudes des catholiques bordelais envers le monde ouvrier, 1872-1914 » extrait pp. 227-240 Actes du XXXIIe Congrès d'études régionales F.F.S.O. Sociétés et mondes ouvriers
  6. Vincent Feroldi, « La force des enfants. Des Cœurs Vaillants a L'A.C.E », paru dans Le Mouvement social, No. 155 (avril-juin 1991), pp. 109-111
  7. Congrès de Bordeaux, compte rendu de la neuvième assemblée générale des directeurs d'œuvres, 21-25 août 1876 lire en ligne sur Gallica
  8. Congrès du Puy-en-Velay, compte rendu de la dixième assemblée générale des directeurs d'œuvres, 6-10 août 1877 lire en ligne sur Gallica
  9. Congrès de Chartres, compte-rendu de la onzième assemblée générale des directeurs d'œuvres, 9-13 septembre 1878 lire en ligne sur Gallica

Bibliographie

  • lire en ligne sur Gallica
  • Bulletin de l'Union des œuvres ouvrières catholiques lire en ligne sur Gallica
  • Gérard Cholvy, Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (XIXe-XXe siècle), Cerf, 1999
  • Christian Sorrel, « Un objet d’enquête ? Les congrès catholiques en France au XIXe et au XXe siècle », in Dominique Avon et Michel Fourcade (dir.), Mentalités et croyances contemporaines. Mélanges offerts à Gérard Cholvy, Montpellier, université Paul-Valéry – Montpellier-III, 2003, p. 89-106.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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