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Javert

Javert est l'un des personnages du roman Les MisĂ©rables de Victor Hugo. Cet inspecteur de police est l'ennemi jurĂ© de l’ex-forçat Jean Valjean en rupture de ban, qu'il pourchasse sans trĂȘve. Il se suicide quand il comprend que Jean Valjean est un homme bon qui a tout fait pour se racheter, regrettant de l’avoir traquĂ©.

Javert
Personnage de fiction apparaissant dans
Les Misérables.

Illustration de Gustave Brion, 1862.
Illustration de Gustave Brion, 1862.

Naissance 1780
Origine France
DĂ©cĂšs 7 juin 1832
Sexe Masculin
Activité Inspecteur de police
Caractéristique Intransigeant, inflexible, déterminé
Suicide Se jette dans la Seine du haut d'un pont aprĂšs l'insurrection de 1832
Famille Une mĂšre tireuse de cartes
Un pÚre galérien
Ennemi de Jean Valjean

Créé par Victor Hugo
Romans Les Misérables

Biographie du personnage

Fils d’une tireuse de cartes, dont le mari est aux galĂšres, Javert est nĂ© dans une prison. Son annĂ©e de naissance n’est pas prĂ©cisĂ©e par Victor Hugo, mais il pourrait ĂȘtre nĂ© entre 1775 et 1780 selon les recoupements faits grĂące Ă  l’indication de son Ăąge Ă  diffĂ©rents stades du roman[1].

« En grandissant, il pensa qu'il Ă©tait en dehors de la sociĂ©tĂ© et dĂ©sespĂ©ra d'y entrer Ă  jamais. [
] En mĂȘme temps, il se sentait je ne sais quel fond de rigiditĂ©, de rĂ©gularitĂ© et de probitĂ©, compliquĂ© d'une inexprimable haine pour cette race de bohĂšmes dont il Ă©tait. Il entra dans la police. Il y rĂ©ussit. À quarante ans il Ă©tait inspecteur. Il avait dans sa jeunesse Ă©tĂ© employĂ© dans les chiourmes du midi »[2].

Hugo complÚte ainsi le portrait de Javert : « Les paysans asturiens sont convaincus que dans toute portée de louve il y a un chien, lequel est tué par la mÚre, sans quoi en grandissant il dévorerait les autres petits. Donnez une face humaine à ce chien fils d'une louve, et ce sera Javert »[2] - [3].

Javert ne vit que pour faire respecter les lois. Il a deux maximes auxquelles il n'admet pas d'exceptions : « Le fonctionnaire ne peut se tromper » et « Ceux-ci [les criminels] sont irrémédiablement perdus. Rien de bon ne peut en sortir »[2].

En 1820, il est affectĂ© Ă  Montreuil-sur-Mer. Il est le seul dans la ville Ă  suspecter le respectable manufacturier M. Madeleine d'ĂȘtre l'ancien forçat Jean Valjean. Il remarque, outre la force exceptionnelle de M. Madeleine et sa ressemblance physique avec Valjean, son adresse au tir, et le fait qu’il traĂźne sa jambe droite (Ă  laquelle Ă©taient fixĂ©es les lourdes chaĂźnes du bagne) et qu’il fait des recherches Ă  Faverolles (lieu de naissance de Valjean). Ses soupçons se confirment lorsque, tĂ©moin de l’accident survenu au vieux charretier Fauchelevent, et voyant M. Madeleine s’apprĂȘter Ă  soulever avec son dos la charrette qui Ă©crase le malheureux, il lui dit : « Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pĂ»t remplacer un cric, c'Ă©tait ce forçat [du bagne de Toulon] »[4].

En 1821, lorsque M. Madeleine est nommĂ© maire et « la premiĂšre fois que Javert vit M. Madeleine revĂȘtu de l'Ă©charpe qui lui donnait toute autoritĂ© sur la ville, il Ă©prouva cette sorte de frĂ©missement qu'Ă©prouverait un dogue qui flairerait un loup sous les habits de son maĂźtre ».

Fantine implorant Javert.
Illustration de Gustave Brion, 1862.

Un jour, au dĂ©but de l’annĂ©e 1823, Javert apprĂ©hende Fantine, une fille publique qu’il accuse, Ă  tort, d’avoir troublĂ© l’ordre public. M. Madeleine exige qu’il la remette en libertĂ©. Javert, enragĂ© et humiliĂ©, dĂ©nonce Madeleine comme Ă©tant Jean Valjean. Quelques jours plus tard, il reçoit une rĂ©ponse lui disant qu’il Ă©tait fou, car on a dĂ©jĂ  arrĂȘtĂ© Valjean Ă  Arras. Javert, pensant avoir manquĂ© de respect Ă  un supĂ©rieur, demande Ă  Valjean de le rĂ©voquer et lui explique l’histoire. Le mĂȘme jour, il part pour Arras, pour tĂ©moigner dans l’affaire. Le lendemain, il reçoit l’ordre de la cour d’assises d’arrĂȘter M. Madeleine qui a Ă©tĂ© identifiĂ© comme Ă©tant l’ancien forçat Jean Valjean, car il est venu se dĂ©noncer au tribunal afin de disculper un innocent. Javert part Ă  la recherche de Valjean et il le retrouve au chevet de Fantine dans l’infirmerie oĂč Jean Valjean l’a fait hospitaliser, car elle en est au dernier stade de la phtisie pulmonaire. Valjean demande Ă  Javert trois jours pour chercher l’enfant de Fantine, mais il le lui refuse. Impatient, Javert dit toute la vĂ©ritĂ© Ă  Fantine ; l’émotion est si forte pour celle-ci qu’elle meurt sur le coup. AprĂšs avoir jurĂ© devant le lit de la morte de s’occuper de son enfant (ce que Javert ignore), Valjean est incarcĂ©rĂ© dans la prison de Montreuil, mais rĂ©ussit rapidement Ă  s’en Ă©vader. Javert le recherche jusqu’à l’infirmerie oĂč la sƓur Simplice, qui veille Fantine, lui rĂ©pond qu’elle n’a pas vu Valjean (alors qu’il se dissimule Ă  deux pas). Javert, qui sait que cette religieuse considĂšre le mensonge comme un pĂ©chĂ©, la croit et se retire.

En poste Ă  Paris oĂč il a Ă©tĂ© affectĂ© en 1824, il entend parler, dans le courant du mois de mars de la mĂȘme annĂ©e, « d'un mendiant, qui fait l'aumĂŽne », surnom que les pauvres d'un quartier ont donnĂ© Ă  Valjean. Javert retrouve sa trace, mais Valjean, alertĂ©, s'enfuit avec Cosette dans la nuit. Javert le pourchasse et il croit le tenir Ă  sa merci, car Valjean s'est engagĂ© dans un cul-de-sac, mais quand Javert y fait irruption, Valjean a disparu. Il surveille le quartier pendant plus d'un mois, sans rĂ©sultat.

Nous ne le rencontrons que quelques annĂ©es plus tard, en 1832, lorsque Marius, un Ă©tudiant parisien, vient le prĂ©venir d'un guet-apens planifiĂ© par un certain « Jondrette » (alias ThĂ©nardier), dans la masure Gorbeau oĂč Marius est le voisin de ce Jondrette et de sa famille. Javert rĂ©ussit Ă  arrĂȘter les Jondrette ainsi que la bande Patron-Minette, de dangereux bandits qui participaient au guet-apens, mais quand il se tourne vers la victime, celle-ci a disparu.

Le , une insurrection Ă©clate lors des funĂ©railles du GĂ©nĂ©ral Lamarque. Javert se dĂ©guise en rĂ©volutionnaire pour espionner les insurgĂ©s, mais il est dĂ©masquĂ© par le petit Gavroche. Quand on lui dit qu'il sera exĂ©cutĂ© dix minutes avant que la barricade tombe, sa seule rĂ©ponse est : « Pourquoi pas maintenant ? » On le lie Ă  un poteau auquel il reste attachĂ© toute la nuit. Le lendemain, Javert voit apparaĂźtre un homme qu'il connaĂźt bien : c'est Valjean. Celui-ci demande Ă  Enjolras, chef des insurgĂ©s, la faveur d'exĂ©cuter Javert, ce Ă  quoi celui-ci consent. Mais Valjean ne tue pas Javert, il le libĂšre aprĂšs lui avoir communiquĂ© le nom sous lequel il vit ainsi que son adresse. À partir de ce moment, on remarque un important changement chez Javert, car, avant de partir, il dit Ă  Valjean : « Vous m'ennuyez. Tuez-moi plutĂŽt »[5]. Hugo Ă©crit : « Javert ne s'apercevait pas lui-mĂȘme qu'il ne tutoyait plus Jean Valjean. »

Jean Valjean et Marius inconscient devant Javert.
Illustration de Gustave Brion, 1862.
Javert se suicide.
Illustration de François Flameng, XIXe siÚcle.

Par la suite, aprĂšs avoir fait son rapport au prĂ©fet de police, Javert poursuit ThĂ©nardier qui s'est Ă©vadĂ© de prison. Mais celui-ci lui Ă©chappe en pĂ©nĂ©trant dans les Ă©gouts dont il possĂšde la clĂ© d'un accĂšs. Javert se poste devant la porte grillagĂ©e des Ă©gouts et c'est Valjean qui en sort portant sur ses Ă©paules Marius blessĂ© et inconscient. Valjean demande Ă  Javert de pouvoir transporter Marius chez sa famille. Javert acquiesce, de la mĂȘme façon qu'il consent Ă  ce que Valjean aille faire ses adieux Ă  Cosette. Javert accompagne Valjean jusqu'Ă  sa demeure, mais au lieu d'attendre son retour comme convenu, il s'en va.

Il se rend dans un bureau de police. Il y Ă©crit une lettre au prĂ©fet de police dans laquelle il liste plusieurs dĂ©fauts dans les prisons. Plus tard, cette lettre sera tenue comme une preuve de dĂ©mence. Javert est confrontĂ© pour la premiĂšre fois de sa vie Ă  un dilemme : le crime de laisser le rĂ©cidiviste Valjean en libertĂ© et le crime d'arrĂȘter celui qui lui paraĂźt s'ĂȘtre rachetĂ© Ă  ses yeux de policier rĂ©putĂ© pour son inflexibilitĂ©...

Javert est abasourdi par ce qu'il vient de faire : il a laissĂ© en libertĂ© un homme qui a franchi la loi, celui qu'il traquait sans relĂąche depuis des annĂ©es. Cela remet en cause toutes ses convictions. Toute sa vie, Javert a pensĂ© que lorsqu'un homme devient un criminel, c'est pour toujours et qu'il n'existe pas de rĂ©habilitation : il avait pris la loi pour un droit divin. Valjean, en lui montrant que la pitiĂ©, la clĂ©mence et la rĂ©habilitation peuvent exister, a brisĂ© tout ce en quoi il avait toujours cru. Il n'a jamais vu qu'un seul droit chemin et, maintenant, il en voit deux directement opposĂ©s. DĂ©sespĂ©rĂ©, le vers 1 heure du matin, Javert se prĂ©cipite du haut du pont Notre-Dame dans la Seine oĂč il se noie[6]. On retrouve son corps le lendemain, pris sous un bateau.

Portrait et personnalité de Javert

Illustration de Gustave Brion, 1862.

Selon Claudine Cohen, Victor Hugo s'inspire vraisemblablement des conceptions de Johann Kaspar Lavater relatives Ă  la physiognomonie pour dĂ©crire les traits d'un visage en recourant parfois Ă  des comparaisons animales. Javert est ainsi dĂ©peint « comme un « chien fils de louve » ou encore comme une sorte de bĂȘte fauve[7] ».

Citations

  • « [...] Le fonctionnaire ne peut se tromper ; le magistrat n'a jamais tort. [...] Ceux-ci sont irrĂ©mĂ©diablement perdus. Rien de bon n'en peut sortir. »[8]
  • « [...] J'ai souvent Ă©tĂ© sĂ©vĂšre dans ma vie. Pour les autres. C'Ă©tait juste. Je faisais bien. Maintenant, si je n'Ă©tais pas sĂ©vĂšre pour moi, tout ce que j'ai fait de juste deviendrait injuste. Est-ce que je dois m'Ă©pargner plus que les autres ? [...] »[9]
  • « [...] Gredin de pays, oĂč les galĂ©riens sont magistrats et oĂč les filles publiques sont soignĂ©es comme des comtesses ! Ah mais ! tout ça va changer, il Ă©tait temps ! »[10]
  • « [...] Vous ne passerez pas par la fenĂȘtre, vous passerez par la porte. C'est moins malsain. Vous ĂȘtes sept, nous sommes quinze. Ne nous colletons pas comme les Auvergnats. Soyons gentils. »[11]
  • « [...] Pourquoi pas tout de suite ? [...] Alors, finissons-en d'un coup de couteau. »[12]
  • « [...] Quand me tuerez-vous ? [...] Alors, donnez-moi Ă  boire, [
] Liez-moi comme il vous plaira, [...] »[13]
  • « [...] Prends ta revanche. [
] Un surin. Tu as raison. Cela te convient mieux. [...] Vous m'ennuyez. Tuez-moi plutĂŽt. »[14]

En littérature étrangÚre

L'Ă©crivain russe Fiodor DostoĂŻevski, qui admirait beaucoup Victor Hugo, a repris la figure de Javert pour composer certains aspects du personnage de Pavel Smerdiakov dans le roman Les FrĂšres Karamazov[15].

Au cinéma et à la télévision

Henri ÉtiĂ©vant interprĂ©tant Javert dans Les MisĂ©rables, film rĂ©alisĂ© par Albert Capellani.

Javert a notamment été incarné au cinéma et à la télévision par :

Notes et références

  1. À la page 31 de la section Une histoire qui date de l’étude collective universitaire Lire Les MisĂ©rables, Yves Gohin, par dĂ©duction, situe en 1820 l’affectation de l’inspecteur Javert Ă  Montreuil en fonction du portrait dressĂ© par Hugo (Tome I, Fantine, livre V : La descente, Chapitre 5. Vagues Ă©clairs Ă  l’horizon). C’est pourquoi Yves Gohin estime que Javert pourrait ĂȘtre nĂ© en 1775, ayant eu 40 ans plusieurs annĂ©es avant d’ĂȘtre affectĂ© Ă  Montreuil. Cependant, lorsque Javert est dĂ©masquĂ© et emprisonnĂ© par les insurgĂ©s sur la barricade le 5 juin 1832, on trouve sur lui sa carte d'identification sur laquelle est inscrit « Javert, inspecteur de police, ĂągĂ© de cinquante-deux ans ». On pourrait donc en dĂ©duire qu'il Ă©tait nĂ© en 1780, mais rien ne prouve que cette carte ait Ă©tĂ© Ă©tablie en 1832 (Tome IV, Livre XII : Corinthe, Chapitre 7. L'homme recrutĂ© rue des Billettes). Dans le doute, on peut Ă©crire que Javert pourrait ĂȘtre nĂ© entre 1775 et 1780.
  2. Tome I, Livre V, Chapitre 5.
  3. Note de V. H. Ă  la date du 29 octobre 1846.
  4. Tome I, Livre V, Chapitre 6.
  5. Tome V, Livre I, chapitre 19.
  6. Tome V, Livre IV : Javert dĂ©raillĂ© — « Il coupa par le plus court vers la Seine. [
] Et s'arrĂȘta, Ă  quelque distance du poste de la place du ChĂątelet, Ă  l'angle du pont Notre-Dame ».
  7. Claudine Cohen, « Victor Hugo et l'anthropologie physique : « une tempĂȘte sous un crĂąne » », Revue d'histoire littĂ©raire de la France, Paris, Armand Colin, no 6 (86e annĂ©e) « Victor Hugo »,‎ , p. 1017 (lire en ligne).
  8. Tome I, Livre V, Chapitre 5, vagues Ă©clairs Ă  l'horizon
  9. Tome I, Livre VI, Chapitre 2, comment Jean peut devenir Champs
  10. Tome I, Livre VIII, Chapitre 4, l'autorité reprend ses droits
  11. Tome III, Livre VIII, Chapitre 21, on devrait toujours commencer par arrĂȘter les victimes
  12. Tome IV, Livre XII, Chapitre 7, l'homme recruté rue des Billettes
  13. Tome V, Livre I, Chapitre 6, Marius hagard, Javert laconique
  14. Tome V, Livre I, Chapitre 19, Jean Valjean se venge
  15. E. I. KiĂŻko/КоĐčĐșĐŸ, Е. И., DostoĂŻevski/Đ”ĐŸŃŃ‚ĐŸĐ”ĐČсĐșĐžĐč. MatĂ©riaux et recherches, t. 3, Leningrad, Naouka/НауĐșĐ°,‎ , 296 p., DostoĂŻevski et Hugo (Histoire de la composition des FrĂšres Karamazov, p. 166-172
  16. « PlanÚte Jeunesse - Les Misérables (1992) », sur www.planete-jeunesse.com (consulté le )

Bibliographie

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