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Issiaka Ouattara

Issiaka Ouattara (alias Wattao), nĂ© en 1967 Ă  Doropo (CĂŽte d'Ivoire) et mort le Ă  New York aux États-Unis[1], est un colonel-major ivoirien et ancien seigneur de guerre des Forces nouvelles ayant Ă©tĂ© un des acteurs majeurs de la crise politico-militaire en CĂŽte d'Ivoire, de 2002 Ă  2011.

Issiaka Ouattara
Issiaka Ouattara

Surnom Wattao
Naissance
Doropo (CĂŽte d'Ivoire)
DĂ©cĂšs (Ă  52 ans)
New York (États-Unis)
Origine Ivoirien
Allégeance Drapeau de la CÎte d'Ivoire CÎte d'Ivoire
Arme Forces républicaines de CÎte d'Ivoire
Grade Colonel-major
Années de service Années 1980 �2020
Commandement Chef d'Ă©tat-major adjoint des Forces nouvelles (??-??)
Commandant de zone de Séguéla (2008-2011)
Commandant adjoint du CCDO (2013-juillet 2014)
Commandant en second de la Garde républicaine (2011-2020)
chef de corps de la Garde républicaine (janvier 2017-2020)
Conflits Crise politico-militaire en CĂŽte d'Ivoire
Guerre civile ivoirienne de 2011

Ancien judoka de haut niveau, ce personnage controversé est resté une piÚce importante du dispositif militaire ivoirien de 2011 à 2014 avant de faire un retour sur le devant de la scÚne en 2017 à l'occasion des mutineries.

Biographie

Enfance et début de carriÚre

Issiaka Ouattara est né en 1967 d'ethnie koulango et est originaire de la ville de Doropo[2].

Il s’enrĂŽle dans l'armĂ©e ivoirienne au cours des annĂ©es 1980 et est alors un soldat de 2e classe en 1988[3], sous la prĂ©sidence de FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny.

Pratiquant le judo Ă  un niveau de compĂ©tition, il a appartenu Ă  la SociĂ©tĂ© Omnisports de l'ArmĂ©e, devient vice-champion d'Afrique de judo Ă  Harare en 1992 et a participĂ© aux jeux de la Francophonie. Son surnom, « Wattao » (transcrit わたă?en hiragana) lui a d'ailleurs Ă©tĂ© donnĂ© par son ancien professeur de judo japonais[4]. Ses proches partisans le surnomment Ă©galement « Saha BĂ©lĂ©-BĂ©lĂ© », ce qui signifie grand serpent en malinkĂ©[5].

RĂŽle auprĂšs de Robert GueĂŻ

Wattao se fait connaĂźtre en 1990 par sa participation Ă  une mutinerie de jeunes soldats.

Quelques annĂ©es plus tard, il fait partie d’un groupe de jeunes soldats menĂ© notamment par Ibrahim Coulibaly qui soutient la prise de pouvoir du gĂ©nĂ©ral Robert GuĂ©ĂŻ lors du coup d’État de . Wattao intĂšgre la garde rapprochĂ©e du gĂ©nĂ©ral GueĂŻ mais, proche d'Ibrahim Coulibaly Ă©vincĂ© peu de temps avant[6], est accusĂ© moins d'un an aprĂšs de vouloir renverser le gĂ©nĂ©ral au profit de l’opposant Alassane Ouattara[7]. Il est arrĂȘtĂ© le et torturĂ© (ce qui lui laisse de sĂ©vĂšres sĂ©quelles), puis libĂ©rĂ© le . En , Ă  la faveur d’une attaque du camp, Wattao s’évade[7] et il part en exil. Les sĂ©quelles des tortures subies en dĂ©tention le contraignent Ă  abandonner le judo[4].

Guerre civile (2002-2011)

Issiaka Ouattara, qui a ralliĂ© Guillaume Soro et Ibrahim Coulibaly au Burkina Faso[7] - [6], participe activement Ă  la tentative de coup d'État le , dans les combats qui l'opposent Ă  Abidjan Ă  l'armĂ©e loyale au prĂ©sident de la RĂ©publique Laurent Gbagbo. L'Ă©chec des opĂ©rations Ă  Abidjan et dans le sud du pays lui fait rejoindre les autres rebelles en rapatriant son unitĂ© Anaconda Ă  BouakĂ©, alors que la CĂŽte d'Ivoire se trouve dĂ©sormais divisĂ©e en deux et en situation de guerre civile[4].

À partir de ce moment, Wattao, Ă  l'instar des autres comzones, se mue en seigneur de guerre et met en coupe rĂ©glĂ©e une partie de l'Ă©conomie du nord du pays pour financer l'armĂ©e sous son contrĂŽle, mais aussi se financer et s'enrichir lui-mĂȘme. Wattao, proche du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des FN Guillaume Soro, est nommĂ© chef d’état-major adjoint et devient le bras armĂ© de Guillaume Soro. Selon un rapport d’enquĂȘte de l’ONU, Wattao aurait tirĂ© prĂšs de 640 millions de francs CFA (1,45 million d'euros) de recettes annuelles de ses trafics en tous genres menĂ©s de son fief Ă  BouakĂ©[6]. Il est Ă©galement impliquĂ© dans la production musicale et le commerce de voitures[6].

En , Wattao dĂ©pose un autre comzone, Zacharia KonĂ©, officiellement pour insubordination et le force Ă  l'exil au Burkina Faso. Cela lui permet de prendre le contrĂŽle de la zone 5, qui comprend les circonscriptions administratives de SĂ©guĂ©la et Vavoua, et ainsi de mettre la main sur l'important commerce du cacao de cette rĂ©gion. Dans un rapport des Nations unies d', il est estimĂ© que 128 000 tonnes (10 % de la production nationale d'alors) Ă©taient exportĂ©es illĂ©galement par les comzones vers les ports du Togo, du Ghana et, dans une moindre mesure, du SĂ©nĂ©gal et de GuinĂ©e. Ce mĂȘme rapport indique que les activitĂ©s lucratives informelles d'Issiaka Ouattara ne se rĂ©sument pas au cacao, mais s'Ă©tendent au cafĂ©, au diamant et Ă  la vente d'automobiles de luxe[8].

En 2010, Wattao souhaitait jouer un rĂŽle politique dans sa ville natale de Doropo[9].

Au dĂ©clenchement des opĂ©rations militaires lors de la crise ivoirienne de 2010-2011, Wattao progresse vers Abidjan en suivant l'axe centre-ouest de Daloa et Gagnoa, en coordination avec les autres comzones rĂ©partis sur trois autres axes. Lors de cette grande offensive, les unitĂ©s de Wattao comme celles des autres comzones sont sensiblement mieux Ă©quipĂ©s que lors des opĂ©rations de , grĂące Ă  un important matĂ©riel obtenu par Guillaume Soro et une logistique montĂ©e par les gĂ©nĂ©raux SoumaĂŻla Bakayoko et Michel Gueu. La puissance de feu et la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique des soldats d'Issiaka Ouattara permettent de vaincre plutĂŽt aisĂ©ment l'armĂ©e et les mercenaires loyaux Ă  Laurent Gbagbo pendant la journĂ©e du . Le lendemain, la nouvelle de la prise de Daloa et de DuĂ©kouĂ© est un Ă©vĂšnement clĂ© dans la dĂ©sertion et la dĂ©mission de nombreux hommes parmi les forces de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ©, dĂ©motivĂ©es, moins bien Ă©quipĂ©es et en sous-effectif, tandis que d'autre unitĂ©s se replient Ă  Abidjan. Le , Issiaka Ouattara entre dans la maison de Laurent Gbagbo dans le village de Mama, et rĂ©alise son rĂȘve de dormir dans le lit de son ennemi[10].

Lors de la bataille d'Abidjan, il dirige avec son cousin Morou Ouattara et le commandant HervĂ© PĂ©likan TourĂ© alias « Vetchio »[6] l'assaut final sur la rĂ©sidence de Laurent Gbagbo. Une fois l'ancien prĂ©sident amenĂ© au Golf HĂŽtel, Issiaka Ouattara aide Laurent Gbagbo Ă  enfiler une chemise hawaĂŻenne. Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, Wattao confiera plus tard s'ĂȘtre cachĂ© « pour pleurer aprĂšs ces instants oĂč la dĂ©chĂ©ance d'un dirigeant, certes combattu, symbolisait un peu celle d'une nation »[11].

Depuis 2011

AprÚs la chute de Laurent Gbagbo, la mégapole abidjanaise a été divisée en plusieurs « zones de sécurité ». Wattao prend possession de l'ensemble des quartiers sud d'Abidjan, de Treichville à Port-Bouët, comprenant des quartiers riches et de classes moyennes ainsi que le port autonome d'Abidjan et de nombreuses entreprises. Il a, en outre, élu domicile dans la Zone 4 de Marcory[12].

En , il est également nommé à titre honorifique commandant en second de la Garde républicaine, avec pour supérieur Chérif Ousmane[13]. Wattao a, en outre, contribué au déploiement du Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO). au début de 2013, sous le commandement de Youssouf Kouyaté, dont il devient le numéro deux[14]. Il est élevé, avec la plupart des autres comzones, au grade de lieutenant-colonel au début de l'année 2014[14].

Toutefois, Issiaka Ouattara tombe en disgrĂące Ă  la mi-2014, aprĂšs avoir accumulĂ© fautes et frasques, et agacĂ© nombre de personnalitĂ©s Ă©conomiques et politiques, Ă  commencer par le prĂ©sident Alassane Ouattara. En , il est simultanĂ©ment dĂ©mis de ses fonctions de commandant de la sĂ©curitĂ© des quartiers sud d’Abidjan et de son rĂŽle de chef des opĂ©rations du CCDO[15]. Le , il est envoyĂ© au Maroc pour une formation d'une durĂ©e de dix mois Ă  l'AcadĂ©mie royale militaire de MeknĂšs, oĂč il suit des cours d'Ă©tat-major, ce qui est vu comme une mise Ă  l'Ă©cart[16].

Maladie et décÚs

Souffrant du diabĂšte, le colonel-major Issiaka Ouattara â€?dit « Wattao » â€?est mort le Ă  New York oĂč il Ă©tait soignĂ© depuis plusieurs semaines.

L’ancien commandant de la Garde rĂ©publicaine avait Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© aux États-Unis le , accompagnĂ© de plusieurs membres de sa famille. Il souffrait d’un diabĂšte avancĂ©, dĂ©tectĂ© trĂšs tardivement, et Ă©tait soignĂ© dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© de New York. C’est dans cette ville qu’il est dĂ©cĂ©dĂ© le en dĂ©but de soirĂ©e. Fin dĂ©cembre, la rumeur de sa mort avait dĂ©jĂ  enflammĂ© la toile ivoirienne.

Références

  1. Amy Touré, « CÎte d'Ivoire: DécÚs aux USA du commandant Wattao », sur koaci.com, Koaci(média éditeur panafricain), (consulté le )
  2. « Doropo : Consternation totale dans la ville aprÚs le décÚs de Wattao », sur www.fratmat.info, (consulté le )
  3. D'aprÚs le reportage télévisé Passeport pour le crime : CÎte d'Ivoire, diffusé sur la chaßne 13e rue.
  4. « Ouattara Issiaka, dit Watao », sur afrique-express.com, (consulté le )
  5. AFP, « CÎte d'Ivoire : retour sur la chute de Wattao, le plus "bling-bling" des ex-com-zones » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  6. Barka Ba, « Ces chefs de guerre qui ont portĂ© Ouattara au pouvoir », Slate,â€?/span> (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. ClĂ©ment Boursin, « Wattao : Parcours d’un militaire ivoirien, ex-chef de guerre devenu caĂŻd », sur ACAT France, (consultĂ© le ).
  8. Pascal Airault, Baudelaire Mieu, « Le rÚgne des seigneurs du Nord » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  9. Pascal Airault, « La fin des comzones ? » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  10. Christophe Boisbouvier, « CÎte d'Ivoire : les secrets d'une offensive éclair » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  11. Abdel Pitroipa, Baudelaire Mieu, « CÎte d'Ivoire : comzone un jour, comzone toujours » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  12. Baudelaire Mieu, « CÎte d'Ivoire : les comzones, maßtres d'Abidjan » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  13. « CÎte d'Ivoire : Ouattara promeut officiellement d'ex-comzones dans la nouvelle armée » [web], sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  14. Hervé Kpodion, « Alassane Ouattara ramÚne les ex-Comzones à l'école », sur linfodrome, (consulté le ).
  15. Baudelaire Mieu, « CÎte d'Ivoire : sale temps pour le lieutenant-colonel Issiaka Ouattara », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  16. « CÎte d'Ivoire : Wattao éloigné en douceur au Maroc », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
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