Inhibiteur de ribonucléase
L'inhibiteur de ribonucléase est une protéine d'environ 49 kDa contenant environ 450 résidus d'acides aminés et ayant un point isoélectrique acide voisin de 4,7. C'est une protéine abondante, qui constitue environ 0,1 % de la masse protéique des cellules et qui joue un rÎle important dans la régulation de la durée de vie de l'ARN[2]. Elle possÚde un domaine à répétition riche en leucine (LRR) qui forme des complexes particuliÚrement étroits avec certaines ribonucléases.
Structure
Cette protéine a un taux de cystéine particuliÚrement élevé d'environ 6,5 %, contre 1,7 % habituellement dans les protéines, et est sensible à l'oxydation. Elle a également un taux élevé en leucine d'environ 21.5 %, au lieu des 9 % constituant généralement les protéines, mais est sensiblement plus pauvre en autres résidus hydrophobes, notamment en valine, isoleucine, méthionine, tyrosine et phénylalanine.
L'inhibiteur de ribonuclĂ©ase est l'exemple classique des protĂ©ines Ă domaine Ă rĂ©pĂ©tition riche en leucine dont la structure secondaire alterne hĂ©lices α et feuillets ÎČ, ce qui l'incurve pour former un solĂ©noĂŻde droit en forme de fer Ă cheval. Les feuillets ÎČ s'organisent parallĂšlement Ă l'intĂ©rieur de la structure tandis que les hĂ©lices α en forment l'extĂ©rieur. Cette structure semble stabilisĂ©e par des rĂ©sidus d'asparagine Ă la base de chaque coude, au niveau de la transition entre hĂ©lice α et feuillet ÎČ. Ces derniers ont une longueur respective de 28 et 29 rĂ©sidus, formant une unitĂ© structurelle de 57 rĂ©sidus qui constitue l'unitĂ© de base rĂ©pĂ©tĂ©e dans l'ensemble du domaine LRR.
Affinité pour les ribonucléases
L'affinitĂ© de cette protĂ©ine pour les ribonuclĂ©ases est parmi les plus fortes de toutes les interactions protĂ©ine-protĂ©ine connues. La constante de dissociation du complexe formĂ© par l'inhibiteur de ribonuclĂ©ase et la ribonuclĂ©ase pancrĂ©atique est d'ordre femtomolaire (1 fM = 10â15 mol Lâ1) dans les conditions physiologiques, et celle du complexe formĂ© avec l'angiogĂ©nine est infĂ©rieure Ă 1 fM.
L'inhibiteur de ribonucléase peut se lier à différents types de ribonucléases pancréatiques malgré la relative variabilité de leur séquence peptidique. Les études biochimiques et cristallographiques suggÚrent que les interactions protéine-protéine des complexes formés par l'inhibiteur de ribonucléase sont principalement de nature électrostatique mais font également intervenir de grandes régions profondes[3] - [4].
L'affinitĂ© de cette protĂ©ine avec les ribonuclĂ©ases joue un rĂŽle physiologique important dans la mesure oĂč de nombreuses ribonuclĂ©ases ont un effet cytotoxique et cytostatique fortement corrĂ©lĂ© avec leur capacitĂ© Ă se lier Ă l'inhibiteur de ribonuclĂ©ase[5].
Les inhibiteurs de ribonucléase de mammifÚres n'ont pas d'affinité pour certaines ribonucléases pancréatiques d'autres espÚces. C'est en particulier le cas pour certaines ribonucléases d'amphibiens telles que la ranpirnase/onconase et l'amphinase de la grenouille léopard, ce qui confÚre à ces ribonucléases une certaine cytotoxicité contre les cellules cancéreuses[6].
Notes et références
- (en) Bostjan Kobef et Johann Deisenhofer, « Mechanism of Ribonuclease Inhibition by Ribonuclease Inhibitor Protein Based on the Crystal Structure of its Complex with Ribonuclease A », Journal of Molecular Biology, vol. 264, no 5,â , p. 1028-1043 (PMID 9000628, DOI 10.1006/jmbi.1996.0694, lire en ligne)
- (en) Cytoplasmic Ribonuclease Inhibitor, « Robert Shapiro », Methods in Enzymology, vol. 341,â , p. 611-628 (PMID 11582809, DOI 10.1016/S0076-6879(01)41180-3, lire en ligne)
- (en) Frank S. Lee, Robert Shapiro, Bert L. Vallee, « Tight-binding inhibition of angiogenin and ribonuclease A by placental ribonuclease inhibitor », Biochemistry, vol. 28, no 1,â , p. 225-230 (PMID 2706246, DOI 10.1021/bi00427a031, lire en ligne)
- (en) Anastassios C. Papageorgiou, Robert Shapiro et K.Ravi Acharya, « Molecular recognition of human angiogenin by placental ribonuclease inhibitorâan Xâray crystallographic study at 2.0 Ă resolution », EMBO Journal, vol. 16, no 17,â , p. 5162-5177 (PMID 9311977, DOI 10.1093/emboj/16.17.5162, lire en ligne)
- (en) Alexander A. Makarov et Olga N. Ilinskaya, « Cytotoxic ribonucleases: molecular weapons and their targets », FEBS Letters, vol. 540, nos 1-3,â , p. 15-20 (PMID 12681476, DOI 10.1016/S0014-5793(03)00225-4, lire en ligne)
- (en) W. Ardelt, K. Shogen et Z. Darzynkiewicz, « Onconase and Amphinase, the Antitumor Ribonucleases from Rana pipiens Oocytes », Current Pharmaceutical Biotechnology, vol. 9, no 3,â , p. 215-225 (PMID 18673287, PMCID 2586917, DOI 10.2174/138920108784567245, lire en ligne)