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Hermeland d'Indre

Hermeland d'Indre ou saint Hermeland, né à Noyon (Oise) vers 640[1] ou 645[2], et mort entre 700 et 710[3] ou entre 718 et 720[4], est un prélat franc, fêté dans le diocèse de Nantes le . Il a fondé un monastère à Indre et a participé à l'évangélisation du pays nantais avant de se retirer sur l'île d'Indret.

Hermeland d'Indre
Image illustrative de l’article Hermeland d'Indre
Statue de saint Hermeland,
Sottevast, Ă©glise Saint-Hermeland.
Saint
Naissance entre 640 et 645
Noyon, Neustrie
Décès v. 720
Indret, Marche de Bretagne
Vénéré par Église catholique
FĂŞte 25 mars
Attributs Augmentation du volume du vin

Nom

La première source faisant mention d'Hermeland est la Vita Ermelandi (« vie d'Hermeland »), rédigée à la fin du VIIIe siècle ou au début du IXe siècle[3].

Son nom est attesté sous différentes formes suivant les textes et les régions : Hermeland, Herblain, Herblay, Erblon, Herbland, Ermeland[3], Elblan, Erblain, Erblandi, Eurbland[5]. Quelques copistes ont même écrit Saint Œuf blanc, ce qui fit dire à Eugène Toulouze, historien de Bagneux, que le nom ce saint subit là une cacographie, tout comme Jean Lebeuf qui écrit « ce qui se trouve dans le martyrologe manuscrit de Notre-Dame de Paris au 18 octobre peut même douter que ce soit Erbland ou Hermeland qui soit le patron de ce lieu, car on y lit ces quatre mots : Andegavis Sancti Erblandi Abbatis. ».

Son nom est d'origine germanique, dérivé de Hermland, et pourrait signifier « terre immense »[3].

Biographie

Enfance

Originaire du diocèse de Laon en Neustrie, Hermeland appartient à l'aristocratie franque[6]. Il est né à Noviomagus (Noyon ou Nimègue)[3] et est éduqué à la cour du roi Clotaire III (657-673) dont il devient échanson. Il entre à l'abbaye Saint-Wandrille de Fontenelle[3] (même si certaines sources évoquent l'abbaye de Jumièges[6]) où il devient moine.

Fondation du monastère d'Indre

Vers 673, Pasquier, évêque de Nantes, s'adresse à l'abbaye pour fonder un monastère près de sa ville. Dix moines, dont Hermeland, sont envoyés par l'abbé Lambert pour assurer l'établissement d'une petite communauté monastique[6]. Ils s'installent en aval de Nantes sur la Loire, dans l'île d'Indre, qu'Hermeland décide d'appeler Antrum (antre) en raison des nombreuses cachettes présentes sur cette île.

Le choix d'Indre n'est pas laissé au hasard : l'île est isolée de la terre tout en restant accessible en bateau, offre une protection pour les habitations et la possibilité de cultiver de la vigne[7]. Roger Dion cite dans son Histoire de la vigne et du vin en France le passage de la vie de saint Herbland par le moine Donat : « Il retient comme un avantage décisif la possibilité de trouver dans l'île d'Indret encore couverte de bois, l'espace nécessaire à l'établissement d'un vaste vignoble, amplissum vinaerum spatium ». Dion rappelle qu'à cette époque, les monastères étaient établis sur des lieux offrant la possibilité d'implanter des vignes pour répondre au service divin, ainsi qu'au réconfort des moines et à l'exploitation commerciale, mais également pour satisfaire le devoir d'hospitalité qui attirait en retour les dons et les faveurs des puissants[8]. En outre, Indret est un lieu stratégique sur l'estuaire de la Loire, lieu de passage vers l'Irlande et l'Angleterre[3].

Hermeland et ses compagnons obtiennent la protection du roi Childebert III (694-711)[3]. Ils bâtissent à Indre le logement des moines, des communs et deux églises dédiées l'une à saint Pierre, l'autre à saint Paul[9], tout comme à l'abbaye de Fontenelle qu'ils venaient de quitter. Sur l'île d'Indret, deux petits oratoires sont érigés, dédiés à Saint Aignan et à Saint Léger[10].

Le monastère d'Indre prospère à la suite de dons importants du roi Childebert III et attire les vocations. Le monastère possède des biens dans le pays nantais, à Pouillé près d'Ancenis[3] et d'Herbauges, au pays de Vannes, ainsi qu'au sud de Rennes. L'abbaye a des biens jusqu'en Aquitaine[6], à Moncontour[3]. Indre entretient des liens étroits avec les monastères le long de la Loire. À cette époque, « une aristocratie gallo-franque tenait alors fermement l’estuaire de la Loire et pouvait ignorer les menaces des Bretons ou a fortiori les menaces lointaines et encore inconnues des Normands »[3].

Retraite et mort

Au bout de trente ans, Hermeland, se sentant vieillir, abandonne la direction de son monastère sous la pression du maire du palais Rainfroy et se retire dans son ermitage de l'île voisine d'Indret[6], qu'il appela Antriginum (petite antre, en comparaison avec Indre)[3], où il meurt le 25 mars 720[11]. Enterrée d'abord dans le cimetière des moines, sa dépouille est ensuite transportée dans l'église Saint-Paul de son monastère, puis dans celle de Saint-Pierre, sous le maître-autel.

Postérité

Dans l'histoire du diocèse de Nantes, « l'apostolat d'Hermeland a provoqué dans la seconde moitié du VIIe siècle un nouvel élan religieux caractérisé par l'achèvement de la conversion du pays nantais et sans doute aussi par un approfondissement de la vie religieuse »[6].

Devenu saint local, son culte est plus tard utilisé par les ordres des franciscains et des dominicains. Mais, le 24 ou , lors des incursions des Normands, le monastère d'Indre est ravagé après que ces derniers eurent saccagé Nantes[3], et les restes de Saint Hermeland sont transférés à Tournus en 869[3]. À cette date, le monastère d'Indre est entièrement abandonné[3].

Reliques

Les reliques d'Hermeland ont été remises à la collégiale de Loches en 965 et y ont été plus tard dispersées. Bagneux a reçu un petit ossement de son pied (Calcanéus) en 1848. Cette relique est enchâssée dans le nouvel autel de l'église de Bagneux.

Au moment de la Révolution, le reliquaire d'argent est enlevé mais les reliques sont sauvées. Replacées ensuite dans la collégiale Saint-Ours de Loches, elles sont rendues à l'église qui porte son nom de Saint-Herblain en 1848.

Célébration de sa fête

À Bagneux, sa fête était célébrée le , ainsi qu'à Rouen et à Tréguier. À Loches, elle se déroulait le , date de la translation d'une relique. À Nantes, elle avait lieu le et à l'abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle, elle est célébrée le , jour anniversaire de la mort du saint.

Toponymie

Hermeland a donné son nom à plusieurs communes en France : Saint-Herblain (près d'Indre) et Saint-Herblon (près d'Ancenis), qui correspondent sans doute à des propriétés (villae) possédées par le monastère d'Indre[3], ainsi qu'aux deux communes de Saint-Erblon en Mayenne et Saint-Erblon en Ille-et-Vilaine[5].

Églises sous son vocable

Hermeland est le patron de six paroisses : Indre, Indret, Bouaye, Guenrouët, Saint-Herblain et Saint-Herblon. Son nom est également donné à une école catholique et à la médiathèque de Saint-Herblain.

  • Église Saint-Hermeland de Bagneux, construite en 1011, Logo monument historique ClassĂ© MH (1862).
  • Église Saint-Hermeland de Boutteville, d'origine romane, remaniĂ©e au XVIIe siècle, avant-porche latĂ©ral gothique.
  • Église Saint Hermeland de Gourbesville, avec ses trois autels (XVIIIe siècle) gothique (XIIe siècle, XIIIe siècle et XIVe siècle), Ă©glise Saint-Hermeland-Sainte-Anne (le transept nord lui est consacrĂ©). La Statue de Saint Hermeland en bois polychrome est classĂ©e aux monuments historiques.
  • Église Saint-Hermeland de Saint-Herblain, du XVe siècle, modifiĂ©e Ă  la fin du XIXe siècle, est Logo monument historique Inscrit MH (1925)[12].
  • Église Saint-Hermeland de Rabodanges dans le dĂ©partement de l'Orne. On trouve Ă©galement une source Saint-Hermeland dans cette commune[13].
  • Église Saint-Herbland de Rouen, passage Saint-Herbland Ă  Rouen, Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă  ce saint, dĂ©truite en 1824.
  • Église Saint-Hermeland d'Indre (1870-1889), Ĺ“uvre de l'architecte RenĂ© Michel MĂ©nard (1843-1895). Cette Ă©glise est Ă©difiĂ©e sur l’emplacement d’un ancien cimetière et d’une ancienne Ă©glise. La tour et la flèche datent de 1889.
  • Un oratoire Saint-Hermeland se trouve Ă©galement sur l'Ă®le d'Indret, composĂ© de deux tours accolĂ©es[14]. MalgrĂ© une tradition qui voudrait que cet oratoire ait Ă©tĂ© Ă©rigĂ© par Hermeland, il s'agit sans doute d'une construction de l'Ă©poque moderne[10].
  • Église Saint-Hermeland de Bouaye
  • Église Saint-Hermeland de BĂ©ganne, datant du XIVe siècle et restaurĂ©e au XIXe siècle


Notes et références

  1. « Saint-Herblain : Histoire, Patrimoine, Noblesse (commune chef lieu de canton) », sur www.infobretagne.com (consulté le )
  2. [https://www.saint-herblain.fr/La-Ville/Decouvrir-la-ville/Histoire-de-Saint-Herblain2/Le-patrimoine-humain/Le-moine-Saint-Hermeland NĂ© en 645
  3. Bruno Judic, « Quelques réflexions sur la Vita Ermelandi », Revue du Nord, vol. 3-4, nos 356-357,‎ , p. 499-510 (lire en ligne)
  4. [https://www.saint-herblain.fr/La-Ville/Decouvrir-la-ville/Histoire-de-Saint-Herblain2/Le-patrimoine-humain/Le-moine-Saint-Hermeland Mort en 720
  5. Guy Souillet, « Informations », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 65, no 4,‎ , p. 551–555 (DOI 10.3406/abpo.1958.4478, lire en ligne, consulté le )
  6. Yves Durand et Marius Faugeras, Le Diocèse de Nantes, Editions Beauchesne, (ISBN 978-2-7010-1120-2, lire en ligne), p. 16-17
  7. Raphaël Schirmer, Muscadet: histoire et géographie du vignoble nantais, Presses Univ de Bordeaux, (ISBN 978-2-86781-623-9, lire en ligne), p. 37
  8. Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France : des origines au xixe siècle, Paris, CNRS, (1re Ă©d. 1959, 1991), 770 p.
  9. (en) Pierre-Roland Giot, Philippe Guigon et Bernard Merdrignac, The British Settlement of Brittany: The First Bretons in Armorica, Tempus, (ISBN 978-0-7524-2524-5, lire en ligne), p. 246
  10. (en) Nancy Edwards, The Archaeology of the Early Medieval Celtic Churches: No. 29, Routledge, (ISBN 978-1-351-54657-7, lire en ligne)
  11. Il s’éteignit le 25 mars 720
  12. Notice no PA00108798, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. Édouard Colin, Légendes de Basse-Normandie : inventaire communal, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-12646-5, lire en ligne)
  14. « L'établissement d'Indret des origines à 1914 », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, no 100,‎ , p. 357-378 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • L'Ă©dition originale de la Vita Hermelandi est tirĂ©e de Wilhelm Levison (Ă©d.), Monumenta Germaniae Historica Scriptores Rerum Merovingicarum, 5, Hanovre-Leipzig, 1910, p.674-710. Ce texte est Ă©galement rĂ©fĂ©rencĂ© sous le numĂ©ro 3851 de la Bibliotheca Hagiographica Latina.
    • Vie de Saint Ermeland [« Vita Ermelandi »] (trad. du latin par Bruno Judic), Saint Herblain Histoire MĂ©moires, 2, (lire en ligne)
  • Paul GuĂ©rin, « Saint Hermeland ou Erbland, abbĂ© », in Les Petits Bollandistes. Vies des saints, tome 3, Paris, 1876 ([PDF] en ligne sur orthodoxievco.net).
  • Roger Dion (1896-1981), Histoire de la vigne et du vin en France : des origines au XIXe siècle, Paris, Clavreuil, 1959, 770 p. ; rĂ©Ă©dition, Paris, Flammarion, 1991 ; rĂ©Ă©dition, Paris, CNRS, 2010.
  • NoĂ«l-Yves Tonnerre, Naissance de la Bretagne: gĂ©ographie historique et structures sociales de la Bretagne mĂ©ridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe Ă  la fin du XIIe siècle, Presses de l'UniversitĂ© d'Angers, (lire en ligne)

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