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Guillaume Dupuytren

Le baron Guillaume Dupuytren, né le à Pierre-Buffière et mort le à Paris, est un anatomiste et chirurgien militaire français. Il a laissé son nom à une contracture irréductible de la paume de la main décrite en 1831 et à un type de fracture de la cheville. Il mourut d'une crise d'appendicite, à la suite de son refus de se faire opérer.

Guillaume Dupuytren
Guillaume Dupuytren, lithographie par Nicolas-Eustache Maurin (réalisée vers 1842).
Titre de noblesse
Baron
Tombeau au cimetière du Père-Lachaise.

Biographie

Hommage dans sa ville natale.

En 1780, Dupuytren, alors âgĂ© de trois ans, fut enlevĂ© par une femme et son mari traversant sa ville natale en poste, frappĂ©s de sa figure, pour en faire leur fils adoptif, mais son père, bientĂ´t sur leurs traces, les atteignit Ă  Toulouse et les contraignit Ă  lui rendre son fils[1]. Dans les annĂ©es 1788, il reçut l'enseignement du latin par Pierre Ardent du Pic curĂ© de Condat-sur-Vienne. Un an plus tard, le capitaine de cavalerie Keffer, passant par Pierre-Buffière avec son rĂ©giment, le rencontra, alors âgĂ© de douze ans, qui jouait dans la rue[1]. SĂ©duit par la physionomie de cet enfant, il lui demanda s’il voulait le suivre Ă  Paris[1]. Ayant acceptĂ© sans hĂ©siter, Dupuytren père installait, quelques jours après, son fils Ă  Paris, au collège de la Marche, dont le frère du capitaine Keffer, Ă©tait principal[1]. Dupuytren n’avait que seize ans quand il termina ses Ă©tudes scolastiques en 1793[1]. Il partit de Paris Ă  pied, le sac sur le dos, ayant juste ce qu’il fallait pour vivre pendant son voyage, et arriva ainsi Ă  Limoges oĂą sa famille Ă©tait venue se fixer[1]. Ayant laissĂ© Ă  son fils le choix d’une profession, Ă  l’exclusion toutefois du barreau et des armes, et n’ayant reçu aucune rĂ©ponse au bout de plusieurs mois, le père de Dupuytren trancha la question en lui disant : Tu seras chirurgien[1].

À peine étudiant en médecine, Dupuytren comprit que l’anatomie était la base de tout l’édifice médical et il s’y livra avec ardeur[1]. Nommé au concours prosecteur (préparateur d’anatomie) de l’école de santé, à l’âge de 18 ans, il préluda à l’enseignement par des leçons particulières, dont la modique rétribution l’affranchit bientôt du dénuement où le laissaient quelquefois ses parents[1] et, à 24 ans, chef des travaux anatomiques. Il est professeur de médecine opératoire en 1812, chirurgien en chef de l'hôtel-Dieu en 1815. Il est également inspecteur général de l'Université en 1808, baron en 1816 et premier chirurgien du roi sous Charles X et Louis-Philippe[2]. Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1825.

Dupuytren fut avant tout professeur et praticien. Il a exécuté et perfectionné presque toutes les opérations chirurgicales. On lui doit plusieurs opérations nouvelles au XIXe siècle, notamment la cicatrisation de l'intestin dans les hernies étranglées.

Il amassa une grande fortune, que l'on estime Ă  3 000 000 francs en 1830. Il en offrit le tiers Ă  Charles X exilĂ©, dont il fut le mĂ©decin, ainsi que de son frère Louis XVIII qui l’en rĂ©compensa en le faisant baron. Il lĂ©gua Ă  la FacultĂ© une somme de 200 000 francs, qui servit Ă  la fondation d'une chaire d'anatomie pathologique et Ă  la crĂ©ation d'un musĂ©e anatomique, qui porte son nom : le musĂ©e Dupuytren fondĂ© par Mathieu Orfila[3].

Dupuytren contribua à plusieurs articles dans le Dictionnaire de médecine et il est l'auteur de mémoires sur les anus contre nature, sur la ligature des principaux troncs artériels[4], sur la fracture de la fibula[5]. La tombe de Guillaume Dupuytren se trouve à Paris dans la 38e division du cimetière du Père-Lachaise[6]. À la mort de Xavier Bichat en 1802[7], qu'il a pillé, il dit : « Enfin je commence à respirer » (mentionné dans des biographies plus complètes). À la suite d'une attaque survenue en 1833, il meurt le 7 février 1835 à Paris[8].

Ĺ’uvres et publications

Éponymie

  • Fracture de Dupuytren[9]. Elle combine une fracture de la cheville et une dislocation provoquĂ©es par une torsion forcĂ©e ou violente. La fibula est fracturĂ©e juste au-dessus de la cheville, et le tibia se fracture Ă  l'extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure, siège d'un arrachement des ligaments. La cheville est alors disloquĂ©e. Il faut procĂ©der Ă  une rĂ©duction des os pour les replacer dans la position anatomique correcte et immobiliser ensuite Ă  la fois le pied, la cheville et la jambe dans le plâtre pendant environ dix semaines[10].
  • Maladie de Dupuytren[11] - [12]. Elle se caractĂ©rise par une rĂ©traction indolore de l'aponĂ©vrose palmaire suivie d'une fibrose progressive. La cause en est inconnue mĂŞme s'il existe des facteurs gĂ©nĂ©tiques. Le traitement est chirurgical dans la majoritĂ© des cas.

Postérité

Statue de Dupuytren à l'Hôtel-Dieu déguisée par les internes en médecine.

Articles connexes

Bibliographie

  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Guillaume Dupuytren » dans Dictionnaire universel d’histoire et de gĂ©ographie, (lire sur Wikisource)
  • Charles Perdrix: Notices historiques et biographiques sur Ambroise ParĂ© et Guillaume Dupuytren, Impr. de Crapelet (Paris), 1836, Texte intĂ©gral et lire en ligne sur Gallica.
  • A. DonnĂ©, « Illustrations scientifiques. Dupuytren Â», Revue des Deux Mondes t. 6, p. 664-82.,
  • R. Lisfranc, « Le Testament de Dupuytren ou chronique d'une mort annoncĂ©e », Annales de Chirurgie de la Main et du Membre SupĂ©rieur, vol. 16, no 4,‎ , p. 271-3 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • RenĂ© Abelanet et Paul P. De Saint-Maur, « Le MusĂ©e Dupuytren, passĂ© et prĂ©sent », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 25, no 2,‎ , p. 127-32 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Georges Boulinier, « Documents inĂ©dits sur Dupuytren », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 30, no 2,‎ , p. 225-34 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Armand Colard, « Un mĂ©decin bruxellois chez Dupuytren et quelques autres », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 233-240 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Vincent-Pierre Comiti, « Dupuytren et la stomatologie : Ă  propos de quelques observations », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 249-254 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Paule DumaĂ®tre, « Pugilat Ă  la FacultĂ© de mĂ©decine de Paris : Dupuytren contre Maisonabe (1829) », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 61-68 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • RenĂ© A. Gutmann, « Un procès de Dupuytren », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 69-70 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • RenĂ© A. Gutmann, « Une lettre de Marjolin sur ses rapports avec Dupuytren », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 2,‎ , p. 123-128 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • P. Hillemand et E. Gilbrin, « Larrey et Dupuytren au dĂ©but de la monarchie de juillet », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 255-8 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • P. Hillemand et E. Gilbrin, « Les dĂ©mĂŞlĂ©s entre Dupuytren et Pelletan », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 259-64 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • P. Huard et J. Imbault-Huart, « La Formation et l’œuvre scientifique de Dupuytren (1777-1835) », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 217-232 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Guy Ledoux-Lebard, « Le carnet de visites du Baron Dupuytren en 1830 », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 77-78 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Jean ThĂ©odoridès, « Dupuytren et la rage », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 241-8 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Jean ThĂ©odoridès, « Quelques documents inĂ©dits ou faits peu connus concernant Dupuytren », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 71-76 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • E. Van der Elst, « Ă€ propos de la thèse de Dupuytren : lithotomie (1812) », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 55-60 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Pierre Vayre, « Guillaume Dupuytren (1777-1835) : Heurs et malheurs d'un caractère », Histoire des Sciences mĂ©dicales, vol. 38, no 1,‎ , p. 27-36 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • J.-L. Faure, "Dupuytren 1777-1835", collection "Anniversaires", Ă©ditĂ© par les Laboratoires G. Beytout, Paris Xe, 1935.

Notes et références

  1. Édouard Mennechet, Le Plutarque français : vies des hommes et femmes illustres de la France, avec leurs portraits en pied, t. 8e, Paris, Crapelet, , 28 p. (lire en ligne), p. 1-3.
  2. Alain Bugnicourt, « Les principaux « Premier chirurgien ou médecin du Roi » ».
  3. Encyclopédie Larousse en dix volumes, vol. IV, p. 3452.
  4. Auguste Théodore Vidal, Matthieu Joseph Bonaventure Puig Orfila, Dominique-Jean Larrey, Hippolyte-Louis Royer-Collard, Jean-Baptiste Bouillaud, Essai historique sur Dupuytren, Paris, J. Rouvier et E. Le Bouvier, , 60 p. (lire en ligne), p. 38.
  5. Court, A.-E. (Dr) : Fracture de Dupuytren, E. Arrault et cie, Tours, 1910, monographie imprimée, 91 p. lire en ligne sur Gallica.
  6. Journal des débats politiques et littéraires, (lire en ligne).
  7. Enterré ultérieurement lui aussi au Père-Lachaise, à la division 8.
  8. « Guillaume Dupuytren (1777-1835), chirurgien et anatomiste de génie », sur archives.haute-vienne.fr (consulté le )
  9. Cf. n. 2.
  10. Dictionnaire médical Larousse, 1991, p. 350, (ISBN 978-2-72420-975-4).
  11. La maladie de Dupuytren.
  12. (en) Guillaume Dupuytren, « Clinical lectures on surgery », The Lancet, vol. 22, no 558,‎ , p. 222-5 (DOI 10.1016/S0140-6736(02)77708-8)
  13. Bibliothèque de la Pléiade, t. II, p. 710.
  14. La Pléiade, t. V, p. 648.
  15. La Pléiade, t. VI, p. 127.
  16. La Pléiade, t. III, p. 433.
  17. La Pléiade, t. III, p. 385.
  18. La Pléiade, t. XII, p. 1272..
  19. Les Misérables, vol. 1, 1862, p. 336.
  20. https://www.lemonde.fr/arts/article/2015/03/31/la-statue-du-baron-dupuytren-n-accepte-plus-le-bleu-schtroumpf_4607029_1655012.html

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