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Groupe abélien libre

En mathématiques, un groupe abélien libre est un groupe abélien qui possÚde une base, c'est-à-dire une partie B telle que tout élément du groupe s'écrive de façon unique comme combinaison linéaire à coefficients entiers (relatifs) d'éléments de B.

Comme les espaces vectoriels, les groupes abĂ©liens libres sont classifiĂ©s (Ă  isomorphisme prĂšs) par leur rang, dĂ©fini comme le cardinal d'une base, et tout sous-groupe d'un groupe abĂ©lien libre est lui-mĂȘme abĂ©lien libre. Tout groupe abĂ©lien est donc isomorphe au quotient d'un groupe abĂ©lien libre par un sous-groupe abĂ©lien libre.

Exemple et contre-exemple

  • Le groupe G = ℀⊕℀ ≃ ℀×℀, somme directe de deux copies du groupe cyclique infini â„€, est abĂ©lien libre de rang 2, de base B = {e1,e2} avec e1 = (1, 0) et e2 = (0, 1), puisque tout Ă©lĂ©ment (n, m) de G s'Ă©crit de maniĂšre unique sous la forme (n, m) = ne1 + me2.
  • Aucun groupe abĂ©lien fini non rĂ©duit au neutre n'est abĂ©lien libre, d'aprĂšs la propriĂ©tĂ© 5 ci-dessous (pour d'autres contre-exemples cf. propriĂ©tĂ©s 5 et 6).

Terminologie

Contrairement aux espaces vectoriels, les groupes abéliens n'ont pas tous une base, c'est pourquoi l'on réserve à ceux qui en ont une le qualificatif supplémentaire de « libres ».

Ce qualificatif de « libre » peut prĂȘter Ă  confusion. L'expression « groupe abĂ©lien libre » est Ă  prendre globalement, et ne signifie pas du tout « groupe qui est Ă  la fois un groupe abĂ©lien et un groupe libre » . Les seuls groupes libres qui soient abĂ©liens sont (Ă  isomorphisme prĂšs) le groupe trivial dĂ©jĂ  mentionnĂ© et le groupe cyclique infini â„€.

Propriétés

  1. Pour tout ensemble B, il existe un groupe abélien libre de base B, unique à isomorphisme prÚs : le groupe des applications de B dans ℀ à support fini, c.-à-d. nulles sur un sous-ensemble cofini de B. Il est isomorphe à une somme directe d'autant de copies de ℀ qu'il y a d'éléments dans B.
  2. Un groupe abélien libre G de base B vérifie la propriété universelle suivante, qui le caractérise (à isomorphisme prÚs) parmi les groupes abéliens : pour toute application f de B dans un groupe abélien A, il existe un unique morphisme de groupes de G dans A qui prolonge f.
  3. Pour tout groupe abélien A, il existe un groupe abélien libre G et un morphisme surjectif de G dans A. C'est une conséquence de la propriété universelle précédente.
  4. La notion de groupe abélien libre est un cas particulier de celle de module libre, puisqu'un groupe abélien n'est rien d'autre qu'un module sur l'anneau ℀ des entiers.
  5. Tout groupe abélien libre est sans torsion, et tout groupe abélien de type fini sans torsion est un groupe abélien libre[1].
  6. Aucun groupe abĂ©lien divisible n'est abĂ©lien libre, sauf le groupe trivial. Par exemple, le groupe additif ℚ des rationnels n'est pas un groupe abĂ©lien libre (bien qu'il soit sans torsion).
  7. Tout sous-groupe d'un groupe abélien libre est abélien libre (voir ci-dessous).
  8. Tout groupe abĂ©lien est isomorphe Ă  un quotient de deux groupes abĂ©liens libres (c'est une consĂ©quence des propriĂ©tĂ©s 3 et 7). On peut formaliser ceci en disant que pour tout groupe abĂ©lien A, il existe une suite exacte 0 → G → F → A → 0, avec F et G abĂ©liens libres. Une telle suite est appelĂ©e une rĂ©solution (en) libre de A de longueur 1, et A est le conoyau du morphisme injectif de G dans F.
  9. Tout groupe abélien projectif (en tant que ℀-module) est abélien libre (c'est une conséquence de la propriété 7).

MalgrĂ© sa simplicitĂ©, la propriĂ©tĂ© d'ĂȘtre abĂ©lien libre ou pas peut ĂȘtre difficile Ă  dĂ©terminer, pour un groupe concret donnĂ©. Par exemple, Reinhold Baer a dĂ©montrĂ© en 1937 que le groupe de Baer-Specker (en) ℀ℕ (produit direct d'une infinitĂ© dĂ©nombrable de copies de â„€) n'est pas abĂ©lien libre, et Ernst Specker a prouvĂ© en 1950 que tous ses sous-groupes dĂ©nombrables sont abĂ©liens libres.

Rang

Tout groupe abĂ©lien libre de type fini est isomorphe Ă  â„€n pour un certain entier naturel n, qu'on appelle son rang. En gĂ©nĂ©ral, un groupe abĂ©lien libre F a de nombreuses bases, mais toutes ont le mĂȘme cardinal, et c'est ce cardinal qu'on appelle le rang de F. Cette notion de rang d'un groupe abĂ©lien libre peut ĂȘtre Ă©tendue Ă  la fois en celle de rang d'un groupe abĂ©lien (en) (ou plus gĂ©nĂ©ralement, d'un module) et celle de rang d'un groupe. Le lien entre les diffĂ©rentes bases peut ĂȘtre intĂ©ressant, par exemple dans l'Ă©tude des rĂ©seaux.

Somme formelle

Le foncteur objet libre qui à tout ensemble B associe le groupe abélien libre de base B, noté ℀[B], est l'adjoint à gauche du foncteur d'oubli, de la catégorie des groupes abéliens dans celle des ensembles.

Une somme formelle d'Ă©lĂ©ments de B est un Ă©lĂ©ment de â„€[B], i.e. un Ă©lĂ©ment de la forme oĂč C est une partie finie de B, avec la convention que si C est vide, la somme est nulle (ce qui rend cette description compatible avec le fait que le groupe abĂ©lien libre sur l'ensemble vide est rĂ©duit au neutre).

Sous-groupes

ThĂ©orĂšme — Tout sous-groupe d'un groupe abĂ©lien libre F est abĂ©lien libre et de rang infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  celui de F.

Ce théorÚme est le cas particulier A = ℀ du théorÚme similaire[2] concernant les modules libres sur un anneau principal A. Un analogue partiel, pour les groupes libres, est le théorÚme de Nielsen-Schreier.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Free abelian group » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Paul Cohn, Algebra, t. 1, Wiley, , 321 p. (ISBN 978-0-471-16430-2), p. 281
  2. Voir Serge Lang, AlgÚbre [détail des éditions], appendice 2, §2 (en utilisant le lemme de Zorn) pour un module libre de rang quelconque. Le cas particulier d'un module libre de rang fini sur un anneau euclidien est traité dans l'article ThéorÚme des facteurs invariants.
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