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Grande Pyramide de Cholula

La Grande Pyramide de Cholula, aussi connue sous le nom de Tlachihualtepetl, « montagne artificielle » en Nahuatl, est un immense complexe situĂ© Ă  San Pedro Cholula (es), une municipalitĂ© de l’agglomĂ©ration de Cholula, dans l'État de Puebla, au Mexique .

Grande pyramide de Cholula
Tlachihualtepetl
Image illustrative de l’article Grande Pyramide de Cholula
Maquette de la pyramide de Cholula
Localisation
Pays Drapeau du Mexique Mexique
État Puebla
Cholula Cholula
MunicipalitĂ© San Pedro Cholula (es)
Temples Pyramides
CoordonnĂ©es 19° 03â€Č 25″ nord, 98° 18â€Č 07″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Puebla
(Voir situation sur carte : Puebla)
Grande pyramide de Cholula
Grande pyramide de Cholula
GĂ©olocalisation sur la carte : Mexique
(Voir situation sur carte : Mexique)
Grande pyramide de Cholula
Grande pyramide de Cholula
Histoire
Période précolombienne Préclassique
Période précolombienne Classique
Période précolombienne Postclassique

Il s'agit du plus grand site archéologique comprenant une pyramide du Nouveau Monde, ainsi que de la plus grande pyramide et du plus grand monument jamais construits par l'homme dans le monde[1] - [2].

La pyramide domine la plaine environnante du haut de ses 55 m[3] et dans ses dimensions actuelles, mesure 400 m par 400 m (450 m)[4]. Le pĂ©rimĂštre de sa base couvre l’équivalent de 128 piscines olympiques et fait environ quatre fois la taille de celui de la pyramide de Gizeh[5]. Sa structure est similaire Ă  celle de la pyramide du Soleil[5] de Teotihuacan. Le temple est traditionnellement considĂ©rĂ© comme Ă©tant dĂ©diĂ© au dieu Quetzalcoatl[3].

Le style architectural du bùtiment a été étroitement lié à celui de Teotihuacan dans la Vallée de Mexico, bien que l'influence de la culture de la cÎte du Golfe du Mexique soit également évidente, en particulier en provenance du site de El Tajín[4].

La colline recouvrant la pyramide est surmontée par l'église de Nuestra Señora de los Remedios (en), de style néo-classique, construite en 1864-1874 aprÚs un tremblement de terre, sur la base d'un ermitage développé à partir de 1594[6]. Le site est considéré comme un sanctuaire (es).

La construction de la pyramide aurait débuté au IIIe siÚcle av. J.-C. et se serait étalée sur mille ans[5].

Localisation et Ă©tymologie

Vue de profil de la colline de Cholula.

La zone archĂ©ologique de Cholula est situĂ© dans la ville de Cholula. La citĂ© est divisĂ©e en deux municipalitĂ©s, San Pedro et San AndrĂ©s oĂč se trouve la pyramide. Cette division trouve son origine, au XIIe siĂšcle de notre Ăšre, dans la conquĂȘte de la ville par les ToltĂšques Chichimecas. Celle-ci a repoussĂ© l'ancienne ethnie dominante, les OlmĂšques-Xicallanca cas, au sud de la citĂ©[7]. Ils ont nĂ©anmoins conservĂ© la pyramide comme lieu de culte principal. La nouvelle ethnie dominante a, elle, fondĂ© un nouveau temple dĂ©diĂ© Ă  Quetzalcoatl Ă  l'emplacement actuel du couvent San Gabriel de San Pedro Cholela. AprĂšs leur installation, les ToltĂšques Chichimecas ont donnĂ© Ă  la pyramide le nom de Tlachihualtepetl, en nahuatl « colline artificielle »[8].

Le nom de la ville de Cholula vient, lui, du mot nahuatl cholollan qui signifie « lieu de refuge »[9].

Histoire

La pyramide de Cholula par rapport Ă  d'autres monuments pyramidaux

La grande pyramide de Cholula était, à la période précolombienne, un important centre religieux. Sur une période de prÚs de mille ans, plusieurs phases de construction ont successivement agrandi la taille de la pyramide, jusqu'à ce qu'elle devienne la plus grande du Mexique en volume[10].

Le dominicain Pedro de los Rios, qui a vĂ©cu en AmĂ©rique centrale entre 1526 et 1529, rapporte une lĂ©gende selon laquelle cette pyramide aurait Ă©tĂ© construite par sept gĂ©ants rescapĂ©s du DĂ©luge, sous la conduite de leur frĂšre ainĂ©, Xelhua, surnommĂ© l'Architecte. Ils voulaient construire une pyramide qui atteindrait les cieux, mais les dieux, furieux de voir un tel orgueil, lancĂšrent le feu du ciel sur la pyramide, tuant nombre d'ouvriers, si bien que la tour est restĂ©e inachevĂ©e et a par la suite Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  Quetzalcoatl. À l'Ă©poque de la conquĂȘte espagnole, on y vĂ©nĂ©rait une grande mĂ©tĂ©orite censĂ©e provenir du feu du ciel qui s'Ă©tait abattu sur la pyramide[11]. Une tradition similaire est rapportĂ©e par le dominicain Diego DurĂĄn (1537-1588), mais avec des dĂ©tails indiquant une indiscutable contamination par le rĂ©cit biblique de la tour de Babel[12].

Le complexe cultuel a Ă©tĂ© bĂąti en quatre Ă©tapes Ă  partir du IIIe siĂšcle av. J.-C. jusqu'au IXe siĂšcle de notre Ăšre. Il Ă©tait dĂ©dicacĂ© au dieu Quetzalcoatl. sa base Ă©tait de 450 mĂštres de cĂŽtĂ© et sa hauteur de 66 mĂštres. Il s'agit de la plus grande pyramide, ainsi que le plus grand monument jamais construit par l'homme, avec un volume total estimĂ© Ă  plus de 4,45 millions de mĂštres cubes, plus que la Pyramide de KhĂ©ops en Égypte, dont le volume n'est que de 2,5 millions de mĂštres cubes, bien qu'elle soit plus haute, en atteignant 138,8 mĂštres[13]. Un autre monument comparable est le tumulus du mausolĂ©e de Qin shi Huangdi, avec 51,3 mĂštres de hauteur conservĂ©e[14] et une base d'environ 350 mĂštres de cĂŽtĂ©. Un autre monument pyramidal de cet ordre de taille est le tumulus des moines en Illinois ; il mesure 30 mĂštres de hauteur, sa base mesure 236 mĂštres sur 291. Le tumulus des moines est considĂ©rĂ© comme la plus grande "pyramide" d'AmĂ©rique du nord[15].

Les cĂ©ramiques de Cholula sont reliĂ©es de prĂšs Ă  celles de Teotihuacan, et les deux sites semblent avoir dĂ©clinĂ© simultanĂ©ment[16]. Les aztĂšques, Ă  l'Ă©poque post-classique croyaient que la grande pyramide de Cholula avait Ă©tĂ© construite par Xelhua. Le site pourrait aussi ĂȘtre reliĂ© au gĂ©ant Xicalancatl et aux autres gĂ©ants fondateurs de ville.

À son apogĂ©e, Cholula avait une population estimĂ©e Ă  100 000 personnes, soit la seconde population du Mexique[17]. NĂ©anmoins, au XIIIe siĂšcle de notre Ăšre, la citĂ© a souffert d'une sĂ©vĂšre dĂ©population[9]. En dĂ©pit de cet Ă©pisode, la pyramide a retrouvĂ© son importance religieuse au retour des habitants[10]. Un codex de la rĂ©gion de Cholula relate qu'un souverain des OlmĂšques Xicalanca portant le titre de Aquiyach Amapane rĂ©sidait Ă  la grande pyramide[18].

Au XIIe siĂšcle, aprĂšs la conquĂȘte de la citĂ©, le culte a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© de la pyramide Ă  un nouveau temple[8]. Mais, durant la pĂ©riode post-classique, longtemps aprĂšs que les locaux eurent abandonnĂ© la pyramide, ils ont nĂ©anmoins continuĂ© Ă  inhumer leurs morts autour du monument, dĂ©montrant ainsi la continuitĂ© de son importance[19]. Au moment de l'arrivĂ©e des Espagnols, la pyramide Ă©tait envahie par la vĂ©gĂ©tation et, au XIXe siĂšcle, elle Ă©tait toujours intacte. Seule l'Ă©glise, construite au XVIe siĂšcle, Ă©tait visible[20]. En 1931, l'architecte Ignacio Marquina a commencĂ© Ă  creuser des tunnels d'exploration dans le monument[21]. En 1954, la longueur totale des tunnels atteignait approximativement huit kilomĂštres[21].

De nos jours, la pyramide ressemble Ă  premiĂšre vue Ă  une colline naturelle surmontĂ©e d'une Ă©glise[1], l'Ă©glise de Notre-Dame des remĂšdes (Iglesia de Nuestra Señora de los Remedios), Ă©galement connue sous le nom de « sanctuaire de la Vierge des remĂšdes » (Santuario de la Virgen de los Remedios (es)), construite en 1594 au sommet du temple prĂ©-hispanique. En raison de l'importance historique et religieuse de l'Ă©glise - elle est un lieu de pĂšlerinage catholique et le site est Ă©galement utilisĂ© pour des cĂ©lĂ©brations indigĂšnes - la pyramide n'a pas Ă©tĂ© entiĂšrement dĂ©gagĂ©e et restaurĂ©e, comme ont pu l'ĂȘtre les pyramides plus petites mais mieux connues de Teotihuacan.

Description

Vue d'artiste de la pyramide à l'époque de sa pleine activité

Selon la lĂ©gende, la pyramide de Cholula a Ă©tĂ© construite en brique d'adobe par le gĂ©ant Xelhua, aprĂšs qu'il a Ă©chappĂ© Ă  une inondation dans la vallĂ©e de Mexico[22]. La pyramide est composĂ©e de six structures superposĂ©es, une pour chaque groupe ethnique qui l'a dominĂ©e. Cependant, seules trois de ces structures ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es en profondeur[23]. La pyramide elle-mĂȘme est juste une petite part de la zone archĂ©ologique de Cholula, d'une surface estimĂ©e Ă  154 hectares[24]. La construction de la pyramide a dĂ©butĂ© Ă  la pĂ©riode du prĂ©classique rĂ©cent. Au fil du temps, elle a Ă©tĂ© reconstruite six fois, atteignant ses dimensions dĂ©finitives de 450 mĂštres de chaque cĂŽtĂ© Ă  la base et de 66 mĂštres de hauteur. La premiĂšre phase de construction prĂ©sente une architecture en talud-tablero caractĂ©ristique de la rĂ©gion et fortement associĂ©e Ă  la grande mĂ©tropole de Teotihuacan[3]. Certaines des constructions de la pyramide recelaient des sĂ©pultures renfermant des squelettes ainsi que de nombreuses offrandes, en particulier cĂ©ramiques. Le dernier Ă©tat de construction comporte des escaliers du cĂŽtĂ© ouest menant Ă  un temple au sommet, qui faisait face Ă  L'IztaccĂ­huatl. Au cours de la pĂ©riode coloniale, la pyramide a Ă©tĂ© gravement endommagĂ©e du cĂŽtĂ© nord pour permettre la construction du Camino Real vers Puebla. L'ouest a Ă©tĂ© endommagĂ© plus tard par l'installation d'une ligne de chemin de fer[25].

Historique des fouilles

La premiĂšre Ă©tude de la zone pyramidale a Ă©tĂ© faite par Adolph Bandelier, un archĂ©ologue amĂ©ricain d'origine suisse. Venu Ă  Cholula en 1881, il publie ses dĂ©couvertes sur le site en 1884. Bandelier s'est essentiellement attachĂ© Ă  dĂ©terrer diverses sĂ©pultures autour de la pyramide ; le rĂ©sultat de ces fouilles est souvent conservĂ© dans les rĂ©serves de musĂ©es aux États-Unis. Il a Ă©galement pris les premiĂšres mesures prĂ©cises du monument, fait quelques hypothĂšses sur son mode de construction et travaillĂ© sur des structures domestiques contemporaines de la pyramide. Bandelier a Ă©galement Ă©tĂ© le premier Ă  rĂ©diger des notes de terrain prĂ©cises et le premier plan du site. Enfin, il s'est Ă©galement intĂ©ressĂ© Ă  deux monticules avoisinants, le Cerro de Acozac et le Cerro de la Cruz, entiĂšrement recouverts de vĂ©gĂ©tation Ă  cette Ă©poque[26].

La grande pyramide a été fouillée en deux phases. La premiÚre a débuté en 1931 pour s'achever dans les années 1950. Les fouilles ont repris en 1966 et se sont officiellement terminées en 1970, avec la publication des rapports des divers universitaires ayant travaillé sur Cholula[27].

L'exploration de la pyramide elle-mĂȘme a commencĂ© en 1931 par l'architecte Ignacio Marquina qui a creusĂ© des tunnels pour explorer les substructures. En dĂ©pit de l'instabilitĂ© politique du moment au Mexique, la dĂ©cision est prise de fouiller le monument en raison du succĂšs des fouilles de Teotihuacan par Manuel Gamio dans les annĂ©es 1920[28]. Marquina ayant travaillĂ© avec Gamio Ă  Teotihuacan, il emporte le projet.

Marquina passera finalement peu de temps sur le site. La majeure partie du travail a Ă©tĂ© effectuĂ©e par Marino GĂłmez, le gardien du site, qui a dirigĂ© le creusement des tunnels pour permettre la cartographie du site et des couches successives de la pyramide[29]. En raison de son Ă©tat de dĂ©tĂ©rioration, la pyramide n'avait pas d'accĂšs Ă©vident, mais les archĂ©ologues ont dĂ©cidĂ© de commencer Ă  creuser du cĂŽtĂ© nord, lĂ  oĂč la construction coloniale du Camino Real l'avait endommagĂ©e. Sur ce cĂŽtĂ©, les restes de murs et d'autres structures pouvaient ĂȘtre vus. La base de la pyramide a Ă©tĂ© construite en briques d’adobe sĂ©chĂ©es au soleil, contenant de la cĂ©ramique, de l’obsidienne et du gravier pour un meilleur compactage. Cette fondation solide a permis aux fouilleurs de n’avoir besoin que de crĂ©er de « fausses arches », semblables Ă  celles trouvĂ©es dans les constructions mayas, plutĂŽt que d’ajouter des poutres et d’autres supports.

Les deux premiers tunnels ont Ă©tĂ© construits afin de traverser le centre, l'un nord / sud et l'autre est / ouest. Lorsque les tunnels ont atteint la sub-structure, ils en ont suivi le contour. Peu Ă  peu, les diffĂ©rents tunnels ont finalement crĂ©Ă© un labyrinthe souterrain. En 1939, il y avait quatre km de tunnels, deux de plus en 1951[30]. Ils ont permis de montrer la valeur rĂ©elle de la pyramide, qui n’est pas visible en surface[31].

Au cours de cette premiĂšre sĂ©rie de fouilles, Eduardo Noguera s'est attachĂ© Ă  extraire du matĂ©riel cĂ©ramique afin d'Ă©tablir une chronologie. Ses rĂ©sultats ont Ă©tĂ© publiĂ©s en 1954 sous le titre La ceramic arqueolĂłgica de Cholula. Les piĂšces rĂ©cupĂ©rĂ©es allaient de figurines d’argile fabriquĂ©es Ă  l’époque oĂč le site n’était qu’un village, jusqu’au prĂ©-classique. Ces dernieres piĂšces incluent des personnages de femmes nues avec des styles de cheveux compliquĂ©s. Les figurines des pĂ©riodes ultĂ©rieures, telles que celles qui coĂŻncident avec Tula et Teotihuacan, sont gĂ©nĂ©ralement des dieux et des prĂȘtres. Ont Ă©tĂ© Ă©galement retrouvĂ©s divers instruments de musique, tels que des flĂ»tes, ainsi que des outils pour la fabrication de textiles, de Papier d'amate et de haches. Parmi les dĂ©couvertes majeures figurait un sceptre cĂ©rĂ©monial sculptĂ© dans de l'os, portant des images liĂ©es au concept de vie et de mort en tant que dualitĂ©[32]. La premiĂšre partie des fouilles prend fin dans les annĂ©es 1950.

La seconde partie des fouilles a lieu de 1966 Ă  1974 sous le nom de Proyecto Cholula. Le premier responsable du site fut Miguel Messmacher en 1966. AprĂšs seulement six mois de travail, Messmacher publie un rapport prĂ©liminaire en 1967. L'une des dĂ©couvertes principales de cette Ă©poque est celle de l'Edificio I. En plus de la fouille des structures principales de la pyramide, Messmacher Eduardo Matos Moctezuma et d’autres personnes du projet ont travaillĂ© Ă  des recherches plus multidisciplinaires, telles que la dĂ©termination des modĂšles agricoles du site, le dĂ©veloppement de sa cĂ©ramique et ses systĂšmes de distribution d’eau. Cela a entraĂźnĂ© un conflit avec les promoteurs du projet, ainsi qu'avec l'INAH, ce qui a favorisĂ© une approche plus restreinte centrĂ©e sur la reconstruction de la pyramide[33].

En 1967, l'INAH a dĂ©cidĂ© de nommer Ignacio Marquina Ă  la tĂȘte de l'Ă©quipe de fouilles du site, ce qui a poussĂ© la plupart des jeunes chercheurs Ă  quitter le projet. Bien que l'accent ait Ă©tĂ© mis sur la pyramide Ă  proprement parler, le projet n'a pas perdu tout son caractĂšre interdisciplinaire, en conservant des experts dans des domaines tels que la gĂ©ologie, la botanique et la palĂ©ozoologie. Les fouilles ont commencĂ© Ă  se concentrer sur le cĂŽtĂ© sud de la pyramide, en fouillant les vestiges de places et de bĂątiments constituant un vaste complexe. Cependant, il Ă©tait difficile de relier ces structures Ă  celles situĂ©es Ă  l'intĂ©rieur de la pyramide. Les patios ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, couches successives aprĂšs couches successives, de la pĂ©riode classique, 200 Ă  800 ap. J.C. aux dĂ©buts de la post-classique. Les Ă©lĂ©ments les plus importants mis au jour Ă  cette Ă©poque sont la cour des autels et l’Edificio F[34]. À la fin officielle du projet en 1974, l’intĂ©rĂȘt pour la pyramide s’est de nouveau affaibli, car il n’a pas Ă©tĂ© possible de la reconstruire intĂ©gralement, comme d’autres grandes pyramides du Mexique. Le Proyecto Cholula est abandonnĂ©, laissant incomplĂštes la connaissance du site[35]. En dĂ©pit de l'importance prĂ©-hispanique du site, cette pyramide est relativement inconnue et peu Ă©tudiĂ©e, en particulier par rapport Ă  d'autres au Mexique, telles que Teotihuacan, ChichĂ©n ItzĂĄ et Monte AlbĂĄn.

ÉlĂ©ments constitutifs de la grande pyramide

Vue générale

Les fouilles commencĂ©es en 1931 ont dĂ©montrĂ© que la colline Ă©tait effectivement un gisement archĂ©ologique. À l'intĂ©rieur, des autels avec des offrandes, des sols, des murs et des restes humains enfouis datant d'environ 900 aprĂšs JC ont Ă©tĂ© dĂ©couverts. Aujourd'hui, ces tunnels ont Ă©tĂ© transformĂ©s en passages voĂ»tĂ©s bien Ă©clairĂ©s. 800 mĂštres environ sont ouverts au public. Les visiteurs entrent du cĂŽtĂ© nord et, passant par le centre de la pyramide, sortent du cĂŽtĂ© sud. À l'intĂ©rieur, peu de panneaux expliquant les structures ont Ă©tĂ© apposĂ©s Ă  l'intention du public, cependant une section permet de voir les escaliers principaux de l'une des pyramides, dont les neuf Ă©tages ont Ă©tĂ© excavĂ©s de bas en haut. Deux cĂ©lĂšbres peintures murales sont Ă©galement visibles. La premiĂšre, appelĂ©e "Chapulines", consiste en images de sauterelles avec un crĂąne noir au milieu. L’autre, appelĂ©e le "Bebedores", reprĂ©sente diverses personnes buvant dans des rĂ©cipients couramment utilisĂ©s pour le pulque. Un certain nombre d'autres structures et patios forment autour de la pyramide un complexe gigantesque. L'une de ces structures, le patio des autels, Ă©tait le principal accĂšs Ă  la pyramide. Il tient son nom des diffĂ©rents autels qui l'entourent. Les fouilles ont Ă©galement montrĂ© qu'il y avait gĂ©nĂ©ralement des accĂšs secondaires aux coins nord-est et sud-ouest[31].

Edificio A, « La Conejera »

L'Edificio A est la version la plus ancienne de la pyramide. elle Ă©galement appelĂ©e « La Conejera »[21]. Ce bĂątiment a Ă©tĂ© dĂ©couvert au dĂ©but des annĂ©es 50, vers la fin de la premiĂšre phase de fouilles. C'est une structure prĂ©-Teotihuacan, relativement simple avec un noyau en adobe[21] - [36]. Il n'a pas Ă©tĂ© trouvĂ© directement sous les autres couches de la pyramide, mais plutĂŽt sous une structure appelĂ©e « Edificio Rojo », dans le coin nord-est. La pyramide la plus ancienne du site est donc excentrĂ©e par rapport aux pyramides ultĂ©rieures. Construit avec un noyau en adobe, il a une base d'environ dix mĂštres carrĂ©s et un mur en talud surmontĂ© d’une corniche de 57 cm. Au-dessus, une chambre Ă  deux Ă©tages faisait face au sud. Sur un des cĂŽtĂ©s de « La Conejera », huit marches arrondies en terre avec un noyau en pierre conduisent Ă  un couloir sur le cĂŽtĂ© ouest de la structure. Cela prĂ©sente quelques ressemblances avec la pyramide circulaire de Cuicuilco. D'aprĂšs la cĂ©ramique trouvĂ©e, la pyramide a Ă©tĂ© datĂ©e d'environ 200 ans av. J.-C., Ă  l'instar de sites tels que Zacatenco et El Arbolillo dans la vallĂ©e de Mexico. La base, la corniche et la chambre de « La Conejera » ont toutes Ă©tĂ© peintes. De la peinture noire a Ă©tĂ© retrouvĂ© sur la base. Sur la corniche du coin nord-ouest, des carrĂ©s blancs Ă©taient peints sur un fond noir. Les archĂ©ologues ont supposĂ© que ce motif se rĂ©pĂ©tait sur le reste de la corniche. Les murs extĂ©rieurs et intĂ©rieurs de la chambre ont Ă©tĂ© repeints plusieurs fois en rouge, sans motifs apparents[36] - [37].

Edificio B, la pyramide des crĂąnes peints

L'Edificio B, ou « pyramide des crĂąnes peints » Ă©tait centrĂ© Ă  quelques mĂštres de « La Conejera ». Des extensions ultĂ©rieures de cette pyramide ont finalement recouvert « La Conejera » et l’« Edificio Rojo » construit par-dessus. Construite entre 200 et 350 de notre Ăšre, la pyramide des crĂąnes peints est composĂ©e de sept niveaux en gradins suivant une structure en talud-tablero, avec un noyau en adobe. Les finitions Ă©taient en adobe et pierre, lissĂ© avec de la terre mĂ©langĂ©e Ă  de la chaux pour crĂ©er une surface permettant la peinture. Ses murs Ă©taient dĂ©corĂ©s de peintures murales[38].

Cette pyramide a Ă©tĂ© construite en deux phases. La premiĂšre est une plate-forme rectangulaire de 113 mĂštres sur 107 mĂštres. Ă  son sommet se trouve un bĂątiment de deux Ă©tages en briques d'adobe, de dix-huit mĂštres de haut, avec des escaliers Ă  l'ouest. Pierre et d'argile sont utilisĂ©s pour les zones d'escaliers. Selon Marquina, cette structure avait une orientation est-ouest, similaire Ă  la pyramide du Soleil, coĂŻncidant avec la civilisation de Teotihuacan. Des Ă©tudes cĂ©ramiques ultĂ©rieures l'ont datĂ©e de Teotihuacan II[39].

Seules les peintures murales des deux Ă©tages supĂ©rieurs de cette pyramide ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es, sur les taluds et les tableros du cĂŽtĂ© nord, et ceux du coin nord-est. Le talud a des traces de noir et les tableros de deux mĂštres portent une frise de 46 cm de large avec un double bordure. Ceci est caractĂ©ristique de l'architecture de Cholula. Ces tableros ont gĂ©nĂ©ralement une couleur de base, mais des rayures d’autres couleurs, jaune, rouge et bleue, s’y superposent. Le cĂŽtĂ© nord est ne porte plus de peinture sur le cĂŽtĂ© gauche, mais il reste des poches de couleurs sur la droite. Le plus haut registre porte neuf crĂąnes peints, celui du bas, sept[38]. Ces crĂąnes Ă©taient supposĂ©ment Ă  l’origine des tĂȘtes de sauterelles tournĂ©es vers l’avant, mais des Ă©tudes ultĂ©rieures ont montrĂ© qu’ils s'agissait de crĂąnes humains trĂšs stylisĂ©s[39]. ils sont orientĂ©s vers l’avant et sont peints en jaune et rouge sur fond noir. Au-dessus des crĂąnes se trouvent des marqueurs dĂ©coratifs qui ressemblent Ă  des flĂšches indiquant la direction de la scĂšne. Ceux du cĂŽtĂ© gauche indiquent l'est et ceux du cĂŽtĂ© droit indiquent l'ouest. Sur les cĂŽtĂ©s, des ailes stylisĂ©es en rouge, vert et ocre[38].

L'une des dĂ©couvertes les plus importantes entre 1932 et 1936 a Ă©tĂ© l'autel des crĂąnes sculptĂ©s, officiellement rapportĂ© par l'archĂ©ologue Eduardo Noguera en 1937. Cette construction est situĂ©e dans l'un des niveaux infĂ©rieurs du patio nord-est, joint Ă  la base de la pyramide des crĂąnes peints. Les aspects architecturaux de cet autel correspondent toutefois Ă  la pĂ©riode post-classique. L'autel est sis sur une plate-forme et fait face Ă  l'est, devant lui se trouvent des escaliers. Il est considĂ©rĂ© comme un autel de type momeztli, un type d'autel montĂ© sur plate-forme cĂ©rĂ©monielle. L'autel tire son nom des trois crĂąnes humains aux yeux bombĂ©s sculptĂ©s en argile et recouverts de stuc, comme avec le reste de la structure. Cette caractĂ©ristique ornementale se rapporte Ă  la fonction de l'autel, que l'on pense ĂȘtre un mausolĂ©e. Il contient les restes d'un homme et d'une femme. Le squelette fĂ©minin est accompagnĂ© d'objets funĂ©raires liĂ©s Ă  la vie domestique, tels que des aiguilles en os, des fuseaux et des pots. Le squelette masculin, lui, appartenait probablement Ă  un guerrier de renom. Son mobilier funĂ©raire est beaucoup plus riches, avec des vases rituels et un Ă©lĂ©gant vase Ă  motif multicolore, des pointes de flĂšches en obsidienne et un instrument de musique appelĂ© omexicahuaztli, un type particulier d'instrument Ă  percussion frottĂ©, une sorte de gĂŒiro fabriquĂ© Ă  partir d'un fĂ©mur ou d'un fĂ©mur humain[40]. La mĂąchoire d'un chien a Ă©galement Ă©tĂ© trouvĂ©e. Les peuples prĂ©-hispaniques considĂ©raient les chiens comme des guides du monde souterrain, des animaux psychopompes. La mausolĂ©e perpĂ©tuait probablement la mĂ©moire du guerrier[41].

Edificio C, la pyramide des neuf histoires

L'Edificio C, ou « pyramide des neuf histoires », a Ă©tĂ© construit sur l'Edificio B entre 350 et 450 aprĂšs J.-C. et est plus grand en volume que la Pyramide de la Lune Ă  Teotihuacan[21] - [42]. Cette derniĂšre phase Ă©tait une pyramide radiale, avec des escaliers menant aux quatre cĂŽtĂ©s de la construction[21]. La pyramide des neuf histoires a Ă©tĂ© construite sur les structures prĂ©cĂ©dentes en utilisant Ă  nouveau de l’adobe en vue de son expansion en pyramide avec une base de 190 mĂštres carrĂ©s pour une hauteur de 34 mĂštres. Au lieu d'une surface de terre et de chaux, la finition de cette pyramide est en pierre et stuc. Son style architectural est distinct du prĂ©cĂ©dent. Il se compose de neuf registres en talud, recouverts de stuc. Chacun est plus petit celui du dessous, laissant un espace de deux mĂštres entre chaque. Les escaliers d'entrĂ©e Ă©taient ceux du coin sud-est, ceux des trois autres cĂŽtĂ©s faisant office de sortie. Les murs ont Ă©tĂ© peints en noir avec le stuc laissĂ© nu pour le blanc[42]. AssociĂ© au pied de la pyramide Ă  gradins, au coin sud-est, se trouve L’autel du Jaguar, Les cĂŽtĂ©s ouest et sud des deux niveaux de l'autel ont Ă©tĂ© explorĂ©s. Ils montrent des traces de dĂ©coration. Sur le cĂŽtĂ© ouest du premier niveau, il y a des traces de peinture noire, rouge, verte et ocre. Sur la partie infĂ©rieure du mur sud, il y a des fragments de rouge, noir et ocre. Sur une section bien conservĂ©e de 3,15 m sur 53 cm, au-dessus, se trouve un fond noir et vert Ă  rayures rouges, avec les profils d'un jaguar et de deux serpents.

La phase finale de la construction recouvrait l'Edificio C, l’enterrant dans son noyau en adobe[21]. Le revĂȘtement de cette phase s’est effondrĂ© pour donner l’impression d’une colline naturelle[21].

Autres éléments

La premiÚre publication de Marquina en 1939 signale l'existence d'une place nord-est, ce qui était une découverte inhabituelle à l'époque. Cette place contient trois structures en forme de pyramide à talud-tablero, mais en trÚs mauvais état. Leurs bases étaient peintes de carrés noirs ressemblant vaguement aux niches de El Tajín[31].

L'esplanade des Autels

Vue de l'esplanade principale

L'esplanade des autels est un complexe de bĂątiments contigu au cĂŽtĂ© sud de la pyramide[21]. C’est l’une des dĂ©couvertes les plus importantes des fouilles de 1967 Ă  1970. Son nom lui vient de plusieurs autels trouvĂ©s sur son emplacement.

L'archéologue Eduardo Matos Moctezuma avait commencé à travailler sur ce secteur avec les fouilles de l'Edificio I en 1966 et 1967. L'esplanade consiste en un trÚs grand espace découvert de soixante-dix mÚtres sur cinquante-quatre mÚtres, bordé par la pyramide au nord, et sur les cÎtés est et ouest par deux plates-formes surélevées assez complexes, nommées Patio Sureste et Gran Plaza Suroeste par les fouilleurs. Ces plates-formes ressemblent à celles de la place du nord-est, mais elles se placent contre le cÎté de la pyramide principale, laquelle est conçue pour amplifier la nature hiératique et rituelle du patio. Cet espace a probablement été utilisé pour de grandes cérémonies spectaculaires ainsi que pour des rituels associés à la passation des pouvoirs. Les taluds sont larges, ce qui est caractéristique de Cholula, et décorés de moulures en forme de T. Les tableros étaient peints de symboles aquatiques et de bandes rouge, bleue, jaune et noire. Les accÚs aux deux plates-formes principales et au cÎté de la pyramide sont marqués par de larges escaliers.

La Gran Plaza Suroeste montre une forte influence de Teotihuacan, avec quatre salles sur taluds entourant un patio. L'une de ces salles contient ce qui est peut-ĂȘtre une reprĂ©sentation de la Grande Pyramide en miniature[43]. Les fouilles ont rĂ©vĂ©lĂ© que ces annexes renfermant une cour centrale avaient Ă©tĂ© construites en une sĂ©rie d'au moins six phases de construction[21]. Au fur et Ă  mesure des nouvelles phases de construction, les nouveaux bĂątiments, reconstruits par-dessus les anciens, sont venus empiĂ©ter progressivement sur l'espace de la cour[44]. Ils ont ainsi ajoutĂ© plusieurs mĂštres Ă  la hauteur de la plate-forme originale. D'autres structures ont Ă©tĂ© construites contre les façades arriĂšre de ces bĂątiments, formant ainsi deux larges places latĂ©rales[44].

Les bùtiments que l'on voit aujourd'hui datent de la derniÚre phase de construction de la cour[44]. Les bùtiments de ce cÎté sud contiennent des travaux importants de peintures murales, notamment des motifs sur les diverses constructions associées au bùtiment 3 (bùtiment 3-1-A, bùtiment 3-2, etc.). Elle comprend également la seule peinture murale du site comportant des figures anthropomorphes, la peinture murale dites « des buveurs »[45].

Les autels

Un des autels de l'esplanade

Quatre autels remontants à la derniÚre phase de construction de l'esplanade des autels ont été dégagés lors des fouilles. Trois de ces autels ont été décorés de bas reliefs, qui ont permis de déchiffrer certains fragments de l'histoire de Cholula[46]. La partie centrale de chaque autel a été laissée vide, mais peut avoir été peinte à l'origine de motifs religieux[44].

L'autel 1 est une grande pierre verticale mesurant 3,85 mĂštres de hauteur et 2,12 de largeur. Il a Ă©tĂ© trouvĂ© brisĂ© en vingt-deux morceaux. Sa base a Ă©tĂ© dĂ©couverte peu de temps aprĂšs. Sa position dorigine est donc connue et on sait qu’il Ă©tait orientĂ© vers l’ouest. Ses offrandes, en revanche, Ă©taient pillĂ©es depuis longtemps. Il y a peu d'Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs, ce qui pousse certains Ă  penser qu'il a Ă©tĂ© peint. De nouvelles Ă©tudes montrent des similitudes entre cette pierre et des Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs Ă  El TajĂ­n[47].

L'autel 2 est un monument rituel plus traditionnel. C'est une pierre rectangulaire étroite, orientée vers l'est, en position horizontale. Il fonctionnait comme une sorte de piédestal, chacun des cÎtés étant richement orné. Sur un cÎté, il y a deux serpents à plumes s'étendant sur toute sa longueur[44] - [48].

L'autel 3 a probablement Ă©tĂ© le plus important de l'esplanade puisqu'il se trouve Ă  cĂŽtĂ© de la pyramide. Il fait face au sud et ressemble Ă  l’autel 1, il s’agit d’une pierre verticale. Sa forme est celle d'un rectangle surmontĂ© d'un triangle. Sa dĂ©coration consiste en une bande latĂ©rale avec des reliefs similaires Ă  ceux de l'autel 1, de style El TajĂ­n. Il a Ă©tĂ© retrouvĂ© gisant sur une plate-forme[48].

D'autres grandes sculptures en pierre ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans cet espace. L'une est la tĂȘte d'un serpent avec des dessins gĂ©omĂ©triques qui correspondent Ă  la tradition Niuñe Ă  Oaxaca. Il existe Ă©galement une tĂȘte humaine gĂ©ante dont les bords des yeux et de la bouche sont marquĂ©s d'une maniĂšre qui Ă©voque Xipe, ce qui pourrait correspondre Ă  une tradition post-olmĂšque, des figures similaires ayant Ă©tĂ© trouvĂ©es Ă  Tlaxcala[48].

Fresques et peintures murales

L'une des peintures murales de l'Edificio 3 recouvert d'un toit protecteur

Des fresques et des peintures murales ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes aux diffĂ©rents niveaux de la pyramide principale, que ce soit l'Edificio Rojo, La Conejera, la pyramide des crĂąnes peints, l’autel des crĂąnes peints, la pyramide en gradins, l’autel de Jaguar, l'Edificio D ou l'Edificio F. Les Ă©tudes sur les divers fragments de fresques dĂ©couvertes jusqu’à prĂ©sent dans la ville prĂ©-hispanique de Cholula ont montrĂ© les changements politiques, Ă©conomiques et sociaux survenus au fil du temps. Les travaux des spĂ©cialistes aident Ă©galement Ă  dĂ©terminer les liens de Cholula avec le reste de la MĂ©so-AmĂ©rique. Les archĂ©ologues ont dĂ©couvert vingt et une zones peintes, dont huit ont Ă©tĂ© perdues et treize sont encore in situ. La plupart des Ɠuvres appartiennent Ă  la pĂ©riode classique, Ă  l'exception de celles de l'Edificio Rojo, qui appartiennent au prĂ©-classique.

La maniÚre dont les taluds, tableros et autres surfaces ont été peintes montre une évolution dans le temps. Les plus anciennes n'ont pas de représentation, elles sont simplement peintes de couleur rouge. AprÚs 200 ap. J.-C., de nouvelles couleurs apparaissent, telles que différentes nuances de rouge, de vert, d'ocre, du bleu, du noir et du marron. Des figures humaines, des animaux et des formes géométriques commencent également à apparaßtre. Cependant, la fresque des Buveurs est la seule peinture murale conservée qui représente des figures humaines. Jusqu'à présent, toutes les peintures murales découvertes ont été placées sur des murs extérieurs, à l'exception du secteur appelé Edificio D, dont les peintures murales sont internes. Cela indique que la plupart des fresques ont été créées pour le public, probablement pour enseigner et renforcer les symboles religieux et politiques de l'époque. Les peintures murales les mieux conservées ont été trouvées sur les couches internes de la pyramide principale et sur l'esplanade des autels, les deux zones les plus importantes du site[49].

La fresque des buveurs a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1969 par Ponciano Salazar OrtegĂłn. Elle est l’une des plus longues peintures murales prĂ©colombiennes du Mexique, avec un total longueur de 187 mĂštres. Le sujet de la fresque est un festin ou une cĂ©rĂ©monie mettant en scĂšne des personnages buvant ce qui est probablement du pulque. Un certain nombre d’élĂ©ments, tels que les tasses et les bocaux, sont associĂ©s Ă  la consommation de pulque[50]. Plusieurs des personnages portent des turbans en tissu et des Ă©charpes «maxtlatl», et la plupart portent des masques zoomorphes[44]. Les personnages sont assis par paires se faisant face et se servant de vases placĂ©s entre eux. Les participants semblent dĂ©tendus et ont diverses activitĂ©s, notamment boire oĂč faire des offrandes. La fresque est considĂ©rĂ©e comme la plus ancienne reprĂ©sentation connue du rituel des dieux pulques[44].

Edificio D

L'Edificio D est situĂ© sur le cĂŽtĂ© sud de la pyramide des neuf histoires. Il se compose de niveaux de talud-tablero en forme de pyramide surmontĂ©s de trois moulures Ă  l’est et de deux Ă  l’ouest. Ce bĂątiment a Ă©tĂ© construit sur une zone dont l'intĂ©rieur est recouvert de morceaux de pierre recouverts de peinture rouge, ocre et verte sur fond noir. Cet espace a Ă©tĂ© remblayĂ©, les constructions postĂ©rieures autour de celui-ci ont exercĂ© une pression dessus et il risquait de s'effondrer[45].

Edificio I

L'Edificio I a été briÚvement exhumé, pendant une période de six mois, au début de la seconde phase de fouille. Il a principalement été dégagé par les archéologues Eduardo Matos Moctezuma and Pablo López Valdéz. Ce bùtiment est situé sur une plate-forme jointe au cÎté sud-ouest de la pyramide. Il possÚde quatre accÚs et contient trois inhumations. Les céramiques trouvées au sein de celles-ci sont similaires à celles trouvées sur l'autel des crùnes sculptés, ce qui date la structure d'une période assez tardive pour la période pré-hispanique de Cholula. Ces découvertes montrent que, bien que la pyramide ait été en cours d'abandon, elle n'avait pas perdu son caractÚre rituel[51].

Edificio F

Edificio F

L'Edificio F date de l'avant-derniĂšre phase de construction de la pyramide, entre 500 et 700 aprĂšs JC. C’est un escalier en pierre composĂ© de trois niveaux avec de grandes talus orientĂ©es Ă  l’ouest. Les tableros sont dĂ©corĂ©s avec un motif qui ressemble Ă  un tapis de palmier tissĂ©. Cet effet a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en sculptant des pierres, puis en les plaçant comme une mosaĂŻque. Pour cette raison, ce bĂątiment est Ă©galement appelĂ© le bĂątiment « Piedra Laborada ». Les archĂ©ologues ont entrepris de reconstruire cette structure Ă  l'aide de ciment. Le bĂątiment a depuis pris le nom de « pyramide de Tolteca », du nom de la marque de ciment utilisĂ©e. Cette pyramide a depuis Ă©tĂ© critiquĂ©e pour avoir Ă©tĂ© trop reconstruite. Les cĂ©ramiques et statuettes retrouvĂ©es durant le processus de reconstruction ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es par Florence MĂŒller. Elles datent du prĂ©-classique au post-classique. Le bĂątiment a Ă©galement perdu l'essentiel de sa coloration, ne laissant que des fragments de rouge, d'ocre, de blanc et de noir. Les fragments les mieux conservĂ©s se trouvent au premier niveau, au sud et au nord, oĂč la peinture a Ă©tĂ© appliquĂ©e directement sur la pierre[45] - [52].

SĂ©pultures

Au cours des fouilles de la Grande Pyramide, plus de 400 sĂ©pultures humaines ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes. La plupart de ces sĂ©pultures datent de la pĂ©riode postclassique, ce qui montre que la Grande Pyramide est restĂ© un centre cultuel important bien aprĂšs la fin de son utilisation comme temple. Ces tombes comprennent un certain nombre de sacrifices humains, comme en tĂ©moignent des parties du corps mutilĂ©es et les crĂąnes de victimes dĂ©capitĂ©es[19].

Les restes de huit personnes ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s sous le plancher de la cour des autels. parmi eux les restes d’un certain nombre d’enfants dĂ©posĂ©s dans des pots en cĂ©ramique. Ces enfants Ă©taient sacrifiĂ©s pour servir de messagers pour Tlaloc, le dieu de la pluie, en raison des sĂ©cheresses qui sĂ©vissaient sur ce site[17]. Les restes dĂ©sarticulĂ©s d'au moins 46 personnes ont Ă©tĂ© dĂ©couverts Ă  proximitĂ© d'un autel situĂ© au centre d'une place au coin sud-ouest de la pyramide. Ces restes incluaient des individus de tous Ăąges et des deux sexes[19].

Importance moderne

En tant que site religieux, site archĂ©ologique et attraction touristique, la pyramide reste un lieu important de la Cholula contemporaine. Le site reçoit en moyenne environ 220 000 visiteurs chaque annĂ©e[53]. Juste avant l’arrivĂ©e de l’Espagnol, la pyramide Ă©tait considĂ©rĂ©e comme consacrĂ©e Ă  une dĂ©esse de la pluie appelĂ©e Chiconauhquiauhitl, ou dĂ©esse des neuf pluies. Elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par la Vierge aux remĂšdes, conservant la date du , date de vĂ©nĂ©ration de l'ancienne dĂ©esse de la pluie, mais en la transfĂ©rant Ă  cette image de la Vierge Marie[54] - [55].

Image de la Vierge des remĂšdes de Cholula

Les Espagnols ont construit une Ă©glise Ă  la Vierge des remĂšdes au sommet de la pyramide. La foudre a frappĂ© et endommagĂ© cette Ă©glise Ă  plusieurs reprises, ce qui a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  la vieille dĂ©esse au dĂ©but de la pĂ©riode coloniale. Cependant, le changement de culte a permis Ă  la pyramide de garder sa nature sacrĂ©e jusqu'Ă  aujourd'hui[55]. La Vierge des RemĂšdes est la sainte patronne de la ville de Cholula. Deux Ă©vĂ©nements annuels majeurs la concernent, elle et la pyramide. Le premier est le 8 septembre, date Ă  laquelle des milliers de personnes viennent honorer la Vierge. Les pĂšlerins passent la nuit du 7 septembre avec de petites lanternes afin de pouvoir saluer la Vierge tĂŽt le 8 au matin[56]. L'autre fĂȘte est appelĂ©e « Bajada » : la statue de la Vierge est emmenĂ©e en bas de la pyramide pour visiter les diffĂ©rents quartiers de la ville pendant deux semaines en mai et juin[57].

Le rituel Quetzacoatl, qui a lieu chaque annĂ©e Ă  l'Ă©quinoxe de printemps, est plus proche des racines prĂ©hispaniques de la pyramide. Cet Ă©vĂ©nement peut attirer jusqu'Ă  20 000 visiteurs, ce qui incite les autoritĂ©s Ă  limiter l'accĂšs aux vestiges archĂ©ologiques exposĂ©s du cĂŽtĂ© sud[53] - [58]. Ce rituel est exĂ©cutĂ© sur la pyramide et comporte poĂ©sie, danse indigĂšne, musique et feux d'artifice [20].

Entrée du Musée de Cholula

Le site de la pyramide ne reprĂ©sente que six hectares d'un patrimoine archĂ©ologique qui s'Ă©tendrait sur 154 hectares. Cependant, 90 hectares de ce terrain appartiennent Ă  des propriĂ©taires privĂ©s et il y a une rĂ©sistance Ă  l'exploration archĂ©ologique systĂ©matique[59] - [60]. En dĂ©pit de l'importance de la citĂ© antique et de la pyramide dans l'histoire du centre du Mexique, la Grande Pyramide de Cholula n'a pas fait l'objet d'Ă©tudes approfondies et n'intervient que peu dans la comprĂ©hension de la MĂ©so-AmĂ©rique[61].

La pyramide est la principale attraction touristique de Cholula[20]. Elle a accueilli 496 518 visiteurs en 2017[62]. C’est l’une des destinations les plus connues du centre du Mexique pour les voyageurs Ă©trangers[63]. Outre les tunnels Ă  l’intĂ©rieur de la pyramide et les complexes sur le cĂŽtĂ© sud, le site comporte aussi un musĂ©e. SĂ©parĂ© du site archĂ©ologique par la route du Camino Real, le musĂ©e contient une maquette montrant les diffĂ©rentes couches de la pyramide, une salle consacrĂ©e Ă  la cĂ©ramique et Ă  d'autres objets trouvĂ©s sur le site, ainsi que la reproduction de deux des peintures murales du site[64].

L'importance de la pyramide a conduit Ă  un certain nombre de mesures prises pour la protĂ©ger. La zone archĂ©ologique est surveillĂ©e par une unitĂ© de police montĂ©e de la municipalitĂ© de San Ándres, afin d'empĂȘcher les vĂ©hicules Ă  moteur d'endommager le site[60] - [65]. L'accĂšs Ă  certaines parties du site est limitĂ© lors d'Ă©vĂ©nements tels que le rituel Quetzalcoatl. Certains grands feux d'artifice ont Ă©tĂ© interdits par la ville et l'Église catholique car ils provoquent de fortes vibrations dans les tunnels de la pyramide[53]. Une partie du terrain situĂ© autour de la pyramide a Ă©tĂ© achetĂ©e par les autoritĂ©s et transformĂ©e en terrains de football. le reste a Ă©tĂ© vĂ©gĂ©talisĂ© pour crĂ©er une zone tampon entre la construction de maisons et la pyramide[60].

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Great Pyramid of Cholula » (voir la liste des auteurs).
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Bibliographie

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Liens externes

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