Gradient thermique adiabatique
Le gradient thermique adiabatique est, dans l'atmosphÚre terrestre, la variation de température de l'air avec l'altitude, autrement dit le gradient de la température de l'air, qui ne dépend que de la pression atmosphérique, c'est-à -dire[1] :
- sans considération d'échange de chaleur avec l'environnement (autres masses d'air, relief) ;
- sans considération de condensation (formation de nuages) ni de précipitations.
Ce concept a une grande importance en météorologie, ainsi qu'en navigation aérienne et maritime.
MĂ©canisme
La variation de pression de l'atmosphĂšre terrestre est trĂšs complexe. Toutefois, pour comprendre certains mĂ©canismes mĂ©tĂ©orologiques, on peut s'en tenir Ă un modĂšle trĂšs simple qui ne dĂ©pend que de l'altitude. Dans la troposphĂšre, l'air peut ĂȘtre assimilĂ© Ă un gaz parfait : la pression est relativement faible (de l'ordre de 105 pascals) et les molĂ©cules n'ont pas d'interaction autre que des chocs entre elles. Ainsi, si une masse d'air n'Ă©change pas de chaleur avec son environnement (conditions dites adiabatiques), sa tempĂ©rature ne dĂ©pend que de sa pression : lorsque l'air se comprime, il s'Ă©chauffe, et lorsqu'il se dĂ©tend, il se refroidit.
Dans une atmosphĂšre totalement sĂšche, on a[1] :
avec :
- la capacité thermique isobare (à pression constante) molaire de l'air (en J/mol·K) ;
- la variation élémentaire de température pour une variation d'altitude ;
- la variation d'altitude ;
- la masse molaire de l'air (en kg/mol) ;
- l'accélération de la gravité (en m/s2).
Ce résultat s'obtient en posant que l'enthalpie généralisée est constante. Si une masse d'air s'élÚve, elle se refroidit par détente adiabatique (puisque la pression de l'air diminue). Si elle descend, elle se réchauffe par compression adiabatique (puisque la pression de l'air augmente). Cette variation de température avec l'altitude permet de définir le gradient thermique adiabatique.
Gradient adiabatique sec
Dans la troposphÚre, la température d'une parcelle s'élevant selon le gradient thermique adiabatique est[1] :
avec :
- la température à l'altitude étudiée ;
- la température au niveau de référence ;
- la pression à l'altitude étudiée ;
- la pression au niveau de référence ;
- la constante universelle des gaz parfaits massique () ;
- : capacité thermique isobare (à pression constante) massique de l'air.
Il vaut â9,75 °C par kilomĂštre ( avec = 9,806 65 m/s2 et = 1006 J/(K·kg)). On utilise souvent la valeur approchĂ©e de â10 °C par kilomĂštre, soit â1 °C pour 100 m[2] ou 3 °C pour mille pieds. La dĂ©monstration de la formule ci-dessus est effectuĂ©e dans la boĂźte dĂ©roulante de l'article dĂ©crivant la variation de la pression atmosphĂ©rique avec l'altitude.
Ce gradient est dit gradient adiabatique sec car l'humiditĂ© ne joue aucun rĂŽle. Il apparaĂźt sur le diagramme thermodynamique qu'on appelle Ă©magramme ci-joint (lignes pleines nommĂ©es Adiabatique sĂšche), oĂč on voit que la pente est la mĂȘme quelle que soit la tempĂ©rature (les courbes sont parallĂšles).
Gradient adiabatique humide ou l'influence de l'humidité
En soi, la présence de vapeur d'eau n'a pas d'influence sur le gradient adiabatique. Toutefois, en dessous d'une certaine température, la vapeur d'eau se condense. Cette température dépend de la teneur en vapeur d'eau et de la présence de poussiÚres permettant aux gouttelettes de se former (sorte de floculation). En effet, hors présence de poussiÚre, a lieu la sur-vaporisation : l'eau reste sous forme de vapeur car les gouttelettes qui se forment ne sont pas stables (voir l'article « Surfusion »).
Si la vapeur d'eau se condense, cette liquéfaction libÚre de la chaleur (chaleur latente de vaporisation) : le Soleil a chauffé l'eau de l'océan et du sol, et cette chaleur a été emmagasinée dans l'évaporation ; le changement d'état inverse redonne cette chaleur. Ainsi, si la vapeur d'eau se condense, la masse d'air se réchauffe.
De fait, la condensation réchauffant l'air, la valeur absolue du gradient est plus faible. Ce taux dépend du relùchement de chaleur latente qui lui dépend légÚrement de la pression mais plus fortement de la température ambiante. Le taux adiabatique humide n'est donc pas une constante et varie selon les courbes « adiabatique humide » que l'on voit sur l'image de l'émagramme. Ces courbes changent de pente avec la température et la pression, se rapprochant de l'adiabatique sÚche à mesure que l'humidité de l'air est faible (température trÚs froide et/ou faible pression).
Par exemple, le taux moyen est souvent mentionnĂ© comme â6 °C/km mais en fait varie ainsi :
- Ă 1 000 hPa de pression : de â3,15 °C/km (40 °C) Ă â9,78 °C/km (â40 °C) ;
- Ă 500 hPa de pression : de â2,55 °C/km (40 °C) Ă â9,54 °C/km (â40 °C).
La courbe sur tout diagramme thermodynamique qui représente ce gradient pour une parcelle d'air à une température et pression de départ est celle de sa température potentielle constante du thermomÚtre mouillé. Elle porte différents noms : « gradient adiabatique saturé », « pseudo-adiabatique saturé » (« pseudo » car on élimine l'eau à mesure qu'elle se condense), « adiabatique de saturation » ou « adiabatique humide » [3] - [4].
Franchissement d'un obstacle
Supposons un vent sec parallĂšle au sol qui rencontre un obstacle du relief (colline, montagne). L'air suit le relief et s'Ă©lĂšve, il subit donc une dĂ©tente qui le refroidit. Puis, lorsque l'air redescend sur l'autre versant, il se rĂ©chauffe. Si l'opĂ©ration a Ă©tĂ© suffisamment rapide, l'air n'a pas Ă©changĂ© de chaleur avec l'obstacle ni avec l'air d'altitude, il se retrouve donc Ă la mĂȘme tempĂ©rature de l'autre cĂŽtĂ©.
Maintenant, si l'humidité de l'air est assez importante, l'eau va se condenser en montant. Deux scénarios peuvent se produire :
- s'il ne pleut pas sur le cĂŽtĂ© face au vent, en redescendant, l'air se rĂ©chauffe et donc les gouttelettes d'eau s'Ă©vaporent Ă nouveau. La chaleur libĂ©rĂ©e par la liquĂ©faction en montant est rĂ©absorbĂ©e par l'Ă©vaporation en descendant, l'air a donc Ă©galement la mĂȘme tempĂ©rature de l'autre cĂŽtĂ© du versant ;
- s'il pleut au sommet de la montagne, cela change les conditions, l'air a perdu une partie de son humidité au sommet de la montagne. Il y a donc moins d'eau qui s'évapore et ainsi moins de chaleur absorbée : à altitude égale, l'air de l'autre cÎté du versant est donc plus chaud.
AtmosphĂšre stable et atmosphĂšre instable
Considérons une masse d'air située au niveau du sol. Pour imaginer cette masse, on peut par exemple considérer un ballon peu gonflé : la pression à l'intérieur du ballon est tout le temps égale à la pression extérieure (la paroi est détendue et n'exerce pas de pression), et la chaleur peut traverser aisément sa paroi. On peut déplacer cette parcelle d'air dans la verticale et sa température changera selon la détente ou compression adiabatique. Voici trois scénarios possibles pour son déplacement ultérieur.
AtmosphĂšre instable
Si le gradient thermique que suit la parcelle est plus grand que le gradient adiabatique, on est en « atmosphĂšre instable ». Si cette masse d'air s'Ă©lĂšve en altitude, par exemple sous l'effet du vent, elle rencontre de l'air qui est plus froid qu'elle-mĂȘme. Donc cette masse d'air est plus chaude que l'air ambiant et donc moins dense. Elle continuera ainsi de monter grĂące Ă la poussĂ©e d'ArchimĂšde. Inversement, dans les mĂȘmes conditions, si on prend une masse d'air en altitude et qu'on la fait descendre, elle se rĂ©chauffe par compression adiabatique, mais moins vite que l'air ambiant qu'elle traverse : elle sera plus froide que l'air des couches infĂ©rieures, donc plus dense et elle va continuer Ă descendre. Les couches instables d'air en mouvement vertical (montĂ©e ou descente) voient donc leur mouvement amplifiĂ©.
On dit que l'atmosphĂšre est absolument instable lorsque (on parle aussi de gradient thermique superadiabatique). En gĂ©nĂ©ral, l'atmosphĂšre n'est absolument instable que prĂšs du sol surchauffĂ© lors d'une insolation intense. Cette couche est peu Ă©paisse et au-dessus de celle-ci le gradient thermique est celui de l'adiabatique sĂšche Ă la suite d'un phĂ©nomĂšne de mĂ©lange[5] - [6]. L'atmosphĂšre peut aussi ĂȘtre rendue absolument instable en prĂ©sence d'un vent descendant le long d'une pente chauffĂ©e par le soleil (en gĂ©nĂ©ral par vent du nord sur un versant exposĂ© au midi). En effet, en plus du rĂ©chauffement mĂ©canique de la parcelle d'air dĂ» Ă la compression, l'air va absorber un supplĂ©ment de chaleur en lĂ©chant la pente.
On en conclut donc que le concept d'atmosphÚre absolument instable loin du sol est en général une vue de l'esprit. Cependant, à l'intérieur d'un nuage convectif, la température d'une parcelle d'air peut devenir supérieure à la température de l'air environnant (définie par l'indice de soulÚvement) sans que le gradient de température soit superadiabatique.
AtmosphĂšre stable
Si le gradient thermique de la parcelle est plus petit que le gradient adiabatique, on est en « atmosphĂšre dynamiquement stable » ou en « stabilitĂ© hydrostatique »[7]. Dans ce cas, l'air en altitude est plus chaud que l'air montant, donc la masse d'air montante est plus froide que l'air ambiant. La montĂ©e s'arrĂȘte, car la poussĂ©e d'ArchimĂšde est plus faible que le poids, et la masse d'air retourne vers son point de dĂ©part. Inversement, si la masse d'air descend, elle devient plus chaude que l'air ambiant, la descente s'arrĂȘte et la parcelle d'air retourne Ă son point de dĂ©part. Les couches stables d'air ont donc tendance Ă rester Ă leur altitude. Il y a deux types d'air stable selon le gradient de tempĂ©rature vertical de tempĂ©rature de la colonne d'air dans l'atmosphĂšre :
- stabilité absolue[8] : lorsque la température de l'environnement est toujours moindre que celle de l'adiabatique saturé ;
- stabilitĂ© conditionnelle : lorsque la tempĂ©rature de l'environnement peut ĂȘtre plus rapide que ce gradient au-dessus d'une certaine altitude. Un soulĂšvement mĂ©canique permet alors d'atteindre une couche instable et le niveau de convection libre.
Ainsi, une couche oĂč le gradient thermique est nul ou nĂ©gatif, appelĂ©es respectivement couche isotherme et couche d'inversion, favorise une stabilitĂ© gĂ©nĂ©rale de l'air, limitant les dĂ©veloppements verticaux de grande ampleur. Elles forment donc un couvercle oĂč les nuages convectifs ne peuvent se former ou ne peuvent dĂ©passer s'ils se forment Ă une altitude infĂ©rieure.
AtmosphĂšre neutre
Une particule qui subit un déplacement vertical et qui ne devient ni plus chaude, ni plus froide que le milieu ambiant, est dite dans une « atmosphÚre neutre ». Elle demeurera au nouveau niveau car aucune force ne s'exerce sur elle pour continuer à la déplacer ou à revenir à son point de départ.
Gradient sec ou humide
Le gradient adiabatique de la couche évoqué plus haut n'est pas précisé comme étant sec ou humide. Comme une parcelle d'air soulevée ne peut changer de température que selon ces deux courbes :
- une parcelle d'air soulevée ne peut changer de température plus vite que le gradient adiabatique sec. Donc toute couche d'air qui aura un gradient plus grand que celui-ci est par définition instable ;
- une parcelle d'air saturée ne peut, quant à elle, changer de température plus vite que le pseudo-gradient adiabatique humide. Si la couche a un changement de température moindre que ce gradient, on a affaire à une couche stable car elle sera toujours plus chaude que la parcelle soulevée ;
- lorsque le gradient thermique se situe entre le gradient adiabatique sec et le gradient adiabatique saturé, on a une atmosphÚre potentiellement instable :
- si la parcelle soulevée est saturée et suit l'adiabatique humide, on a une situation instable,
- si la parcelle n'est pas saturée et suit l'adiabatique sÚche, on a une situation stable jusqu'à ce que l'on atteigne la saturation par refroidissement d'altitude.
Pour repérer l'instabilité de la masse d'air, on peut pointer la courbe de températures sur un diagramme thermodynamique comme le téphigramme. Sur ces derniers, les taux adiabatiques secs et humides sont tracés et on peut donc facilement les comparer à la courbe.
Instabilité latente
Lorsque le dĂ©placement vertical de l'air est relativement important, une particule peut devenir instable mĂȘme si au dĂ©part elle Ă©tait stable par rapport Ă son environnement. Dans l'atmosphĂšre, une forte poussĂ©e peut occasionner un dĂ©placement et amener la parcelle jusqu'au niveau de condensation par ascendance oĂč la vapeur d'eau contenu qu'elle contient se mettra Ă former du nuage. EntrainĂ©e plus haut le long de l'adiabatique mouillĂ©, elle peut Ă partir d'un certain niveau ĂȘtre plus chaude que le milieu ambiant et donc instable. On appelle le niveau oĂč la tempĂ©rature de la particule devient tout juste plus Ă©levĂ©e que celle de l'environnement; le niveau de convection libre.
On dit qu'une couche oĂč des particules peuvent devenir instables sous l'influence d'un dĂ©placement forcĂ© se caractĂ©rise par de l'instabilitĂ© latente (IL). Le terme « latent » indique que l'instabilitĂ© est cachĂ©e mais qu'elle est nĂ©anmoins prĂ©sente sans que cela paraisse de l'extĂ©rieur. Celle-ci peut ĂȘtre libĂ©rĂ©e par :
- un mécanisme d'ascendance suffisamment puissant pour amener les particules d'air jusqu'au niveau de convection libre ;
- une humidité suffisante pour que le niveau de condensation soit atteint le plus rapidement possible. Ainsi le refroidissement causé par l'expansion se retrouvera réduit à la suite du relùchement de chaleur latente provoqué par la condensation.
Il est possible de déterminer quelles sont les couches d'instabilité latente et d'identifier le type d'instabilité latente de façon graphique sur le diagramme thermodynamique.
Instabilité potentielle
Au lieu de considĂ©rer juste une parcelle soulevĂ©e, on peut regarder ce qui se passe quand toute une couche d'atmosphĂšre est dĂ©placĂ©e. L'instabilitĂ© engendrĂ©e par le soulĂšvement gĂ©nĂ©ralisĂ© d'une couche ou de toute une masse d'air fait rĂ©fĂ©rence Ă l'instabilitĂ© potentielle (IP) de la couche. Ce phĂ©nomĂšne d'ascendance Ă grande Ă©chelle peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une perturbation significative de l'Ă©tat de base. Ce soulĂšvement peut provenir de phĂ©nomĂšnes Ă l'Ă©chelle synoptique engendrĂ©s par des dĂ©pressions, des fronts ou des creux baromĂ©triques.
On s'intéressera donc à la stabilité d'une couche qui subit un fort déplacement vertical. Le haut de cette couche se trouve à une température et une pression différente de la base. Le contenu en vapeur d'eau peut varier également dans l'épaisseur de la couche. Deux cas sont possibles.
Dans le premier cas, la couche demeure non saturĂ©e et le mouvement vertical s'effectue selon les adiabatiques sĂšches dans toute la couche. Dans le cas d'un soulĂšvement uniforme, la couche s'Ă©tire sur le plan vertical, tout en se contractant horizontalement car la variation de pression est inversement proportionnelle Ă la pression. Une partie du gradient vertical de la couche peut alors s'accentuer durant l'ascendance, sa stabilitĂ© diminuer et se rapprocher de l'adiabatique sĂšche. Dans les cas de subsidence et d'Ă©talement horizontal, le gradient vertical devient plus stable. La stabilitĂ© ne peut ĂȘtre notablement affectĂ©e dans ces deux cas que si les dĂ©placements verticaux ou le cisaillement vertical des mouvements verticaux sont trĂšs accentuĂ©s. Ces phĂ©nomĂšnes risquent peu de se produire dans la nature.
Dans le second cas, une partie de la couche sature pendant qu'elle monte. L'air non saturé se refroidit en fonction du gradient adiabatique sec alors que l'air saturé se refroidit en fonction du gradient adiabatique saturé (refroidissement moins prononcé). Ceci donne deux cas possibles :
- si la couche est saturée à la base et sÚche au sommet, le gradient vertical augmente car la base se refroidit plus lentement que le sommet de la couche. La couche devient donc plus instable ;
- si Ă l'inverse, le sommet de la couche est plus humide que la base, le mouvement ascendant stabilisera la couche.
Si la couche descend, l'effet est inversé.
Conséquences
L'atmosphÚre peut varier de stabilité avec l'altitude. Ainsi on peut retrouver une alternance de couches stables et instables qui donneront des types différents de nuages et des conditions de visibilité et de vent différentes.
Dans une couche instable, on a des mouvements verticaux importants qui donnent :
- des nuages de type cumulus (cumulus, stratocumulus, altocumulus, cirrocumulus et cumulonimbus selon l'altitude) ;
- des vents qui soufflent en rafales par mélange de l'air dans la couche ce qui donne de la turbulence ;
- une bonne visibilité car les particules sont projetées en altitude.
Ceci peut se produit à n'importe quel niveau de la troposphÚre si on réchauffe la base de la couche et/ou refroidit l'air au sommet.
Dans une couche stable, on a seulement des mouvements verticaux mécaniquement induits (ex. soulÚvement par une montagne ou par un front chaud) ce qui donne :
- des nuages de type stratus (brouillard, stratus, altostratus, cirrostratus, cirrus et nimbostratus) ;
- des vents réguliers qui sont étagés laminairement selon l'altitude ;
- une visibilité souvent médiocre par accumulation de particules dans la couche.
Ceci se produit lorsqu'un phénomÚne refroidit la base de la couche et/ou réchauffe l'air à son sommet.
Dans une couche neutre :
- dans une couche saturĂ©e, le gradient vertical du milieu est exactement Ă©gal au gradient vertical de l'adiabatique mouillĂ© : les nuages prĂ©sents restent les mĂȘmes ;
- dans une couche non saturée, le gradient vertical du milieu est exactement égal au gradient vertical de l'adiabatique sec : aucune formation de nuages.
Annexe : Calcul simplifié
Tout gaz parfait diatomique (l'air est considéré comme tel, les autres gaz le composant étant en quantité négligeable) en évolution adiabatique et quasi statique, obéit à la loi :
avec :
- la température absolue (en kelvin) pour une pression ;
- est la tempĂ©rature au sol, oĂč la pression est .
Le gradient de température est donc relié au gradient de pression par la relation :
Le tableau de variation de pression avec l'altitude permet donc de déterminer ce gradient thermique :
- on prend = 1 013 hPa et = 288,15 K (15 °C0) ;
- on considÚre la différence de pression entre deux altitudes du tableau, ce qui donne la différence de température absolue relative entre deux altitudes ;
- est alors calculée à partir de la température à l'altitude précédente et du gradient relatif.
Le tableau suivant considĂšre une masse d'air partant du sol et s'Ă©levant.
altitude (km) | pression (hPa) | température (K) | température (°C) | (hPa) | (sans unité) | (sans unité) | (K) |
---|---|---|---|---|---|---|---|
0 | 1013 | 288,15 | 15 | ||||
0,5 | 955 | 283,44 | 10,29 | â58 | â0,057 | â0,016 | â4,71 |
1 | 900 | 278,77 | 5,62 | â55 | â0,058 | â0,016 | â4,66 |
1,5 | 845 | 273,90 | 0,75 | â55 | â0,061 | â0,017 | â4,87 |
2 | 794 | 269,18 | - 3,97 | â51 | â0,060 | â0,017 | â4,72 |
2,5 | 746 | 264,53 | - 8,62 | â48 | â0,060 | â0,017 | â4,65 |
3 | 700 | 259,87 | - 13,28 | â46 | â0,062 | â0,018 | â4,66 |
3,5 | 658 | 255,42 | - 17,73 | â42 | â0,06 | â0,017 | â4,45 |
4 | 617 | 250,87 | - 22,8 | â41 | â0,062 | â0,018 | â4,55 |
5 | 541 | 242,04 | - 33,11 | â76 | â0,123 | â0,035 | â8,83 |
6 | 471 | 233,09 | - 42,06 | â70 | â0,129 | â0,037 | â8,95 |
7 | 411 | 224,61 | - 50,54 | â60 | â0,127 | â0,036 | â8,48 |
8 | 357 | 216,18 | - 56,97 | â54 | â0,131 | â0,038 | â8,43 |
9 | 331 | 211,68 | - 63,47 | â26 | â0,073 | â0,021 | â4,50 |
10 | 265 | 199,62 | - 75,53 | â66 | â0,199 | â0,057 | â12,06 |
11 | 227 | 191,44 | - 83,71 | â38 | â0,143 | â0,041 | â8,18 |
12 | 194 | 183,49 | - 91,66 | â33 | â0,145 | â0,042 | â7,95 |
La température ainsi calculée est trÚs différente de la température de l'air réelle que l'on s'attend à rencontrer.
Si l'on refait le calcul en considérant que la masse d'air part de l'altitude (donc à la température ) pour aller à l'altitude on obtient le tableau suivant.
altitude (km) | pression (hPa) | température (K) | (hPa) | (sans unité) | (sans unité) | (K) |
---|---|---|---|---|---|---|
0 | 1013 | 288,15 | ||||
0,5 | 955 | 282,15 | â58 | â0,057 | â0,016 | â4,71 |
1 | 900 | 280,15 | â55 | â0,058 | â0,016 | â4,64 |
1,5 | 845 | 278,15 | â55 | â0,061 | â0,017 | â4,89 |
2 | 794 | 275,15 | â51 | â0,060 | â0,017 | â4,80 |
2,5 | 746 | 272,15 | â48 | â0,060 | â0,017 | â4,75 |
3 | 700 | 270,15 | â46 | â0,062 | â0,018 | â4,79 |
3,5 | 658 | 267,15 | â42 | â0,06 | â0,017 | â4,63 |
4 | 617 | 263,15 | â41 | â0,062 | â0,018 | â4,76 |
5 | 541 | 257,15 | â76 | â0,123 | â0,035 | â9,26 |
6 | 471 | 250,15 | â70 | â0,129 | â0,037 | â9,51 |
7 | 411 | 242,15 | â60 | â0,127 | â0,036 | â9,10 |
8 | 357 | 235,15 | â54 | â0,131 | â0,038 | â9,09 |
9 | 331 | 232,15 | â26 | â0,073 | â0,021 | â4,89 |
10 | 265 | 222,15 | â66 | â0,199 | â0,057 | â13,23 |
11 | 227 | 218,15 | â38 | â0,143 | â0,041 | â9,10 |
12 | 194 | 217,15 | â33 | â0,145 | â0,041 | â9,06 |
Le gradient thermique est défini comme le rapport entre la variation de température divisé par la variation d'altitude , exprimé en kelvin par kilomÚtre (K/km), ou, ce qui est équivalent, en degré Celsius par kilomÚtre (°C/km). Le tableau ci-dessous synthétise le gradient thermique adiabatique pour les deux modÚles.
Altitude (km) |
Gradient thermique adiabatique (°C/km) |
Gradient thermique du modÚle OACI (°C/km) |
Température (°C) | ||
---|---|---|---|---|---|
modĂšle 1 | modĂšle 2 | modĂšle 1 | modĂšle 2 | ||
0,5 | â9,43 | â9,43 | â6,5 | 10 | 9 |
1 | â9,33 | â9,29 | 9 | 7 | |
1,5 | â9,73 | â9,78 | 1 | 5 | |
2 | â9,45 | â9,59 | â4 | 2 | |
2,5 | â9,30 | â9,51 | â9 | â1 | |
3 | â9,32 | â9,59 | â13 | â3 | |
3,5 | â8,91 | â9,26 | â18 | â6 | |
4 | â9,09 | â9,51 | â22 | â10 | |
5 | â8,83 | â9,26 | â31 | â16 | |
6 | â8,95 | â9,51 | â40 | â23 | |
7 | â8,48 | â9,10 | â49 | â31 | |
8 | â8,43 | â9,09 | â57 | â38 | |
9 | â4,50 | â4,89 | â61 | â41 | |
10 | â12,06 | â13,23 | â74 | â51 | |
11 | â8,18 | â9,10 | â82 | â55 | |
12 | â7,95 | â9,06 | â90 | â56 |
On constate que les gradients thermiques adiabatiques calculés par le modÚle 1 et par le modÚle 2 sont assez peu différents, mais que ces valeurs sont trÚs différentes du gradient réel ; le gradient thermique imposé par les températures du sol et de l'espace est donc trÚs différent du gradient thermique adiabatique.
On remarque Ă©galement que dans le modĂšle OACI, si une masse d'air s'Ă©lĂšve du sol (modĂšle 1), elle se refroidit plus vite que l'air ambiant (modĂšle 2, OACI) ; cette masse d'air ascendante va donc Ă©changer de la chaleur avec l'air ambiant et se refroidir, et donc redescendre. Le modĂšle OACI est donc un modĂšle d'atmosphĂšre stable.
Notes et références
- « Le Gradient adiabatique », Comprendre la météo, sur Météo-France (consulté le ).
- (en) Paul Markowski et Yvette Richardson, Mesoscale Meteorology in Mid latitudes, Chichester, Wiley-Blackwell, , 407 p. (ISBN 978-0-470-74213-6), p. 16.
- Organisation météorologique mondiale, « Adiabatique de saturation », Eumetcal (consulté le ).
- G.-Oscar Villeneuve, Glossaire de météorologie et de climatologie, Laval, Les Presses de l'Université Laval, , 645 p. (ISBN 2-7637-6896-2, lire en ligne), p. 4.
- (en) Thomas Tomkins Warner, Numerical Weather and Climate Prediction, Cambridge, Cambridge University Press, , 526 p. (ISBN 978-0-521-51389-0), p. 91.
- (en) anonyme, Glider Flying Handbook, Federal Aviation Administration (lire en ligne [PDF]), p. 9-8.
- Organisation météorologique mondiale, « Stabilité hydrostatique », sur Eumetcal (consulté le ).
- Organisation météorologique mondiale, « Stabilité absolue », sur Eumetcal (consulté le ).
Bibliographie
- (en) R.G. Barry et R.J. Chorley, Atmosphere, weather and climate, 7e Ă©dition, Routledge, 1998, p. 80-81 (ISBN 0-415-16020-0).
- (en) M. K. Yau et R. R. Rogers, Short Course in Cloud Physics, Third Edition, Butterworth-Heinemann, 1er janvier, 1989, 304 pages (ISBN 978-0-7506-3215-7 et 0-7506-3215-1).