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General Dynamics F-111 Aardvark

Le General Dynamics F-111 Aardvark est un bombardier tout-temps Ă  gĂ©omĂ©trie variable dĂ©veloppĂ© par les États-Unis dans les annĂ©es 1960. La mise au point de cet avion a Ă©tĂ© difficile mais, une fois tous les problèmes rĂ©solus, le F-111 s'est rĂ©vĂ©lĂ© ĂŞtre une arme redoutable et très fiable. Il a Ă©tĂ© construit Ă  554 exemplaires. En , il a Ă©tĂ© retirĂ© du service par l'armĂ©e australienne, la dernière Ă  en possĂ©der en service.

General Dynamics F-111F
Vue de l'avion.

Constructeur General Dynamics
RĂ´le bombardier
Premier vol
Mise en service
Date de retrait aux États-Unis et 2010 en Australie
Nombre construits 554
Variantes ou dérivés General Dynamics–Grumman F-111B

General Dynamics F-111C
General Dynamics EF-111A Raven
General Dynamics F-111K

Équipage
2 (1 pilote, 1 officier des systèmes d'armes)
Motorisation
Moteur Pratt & Whitney TF30-P-100
Nombre 2
Type Turboréacteurs avec postcombustion
Poussée unitaire 11 390 kgp avec postcombustion
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 19,2 Ă  9,75 m
Longueur 22,40 m
Hauteur 5,18 m
Surface alaire 48,77 m2
Masses
Ă€ vide 20 962 kg
Maximale 44 923 kg
Performances
Vitesse maximale 2 656 km/h (Mach 2,5)
Plafond 17 266 m
Vitesse ascensionnelle 7 787 m/min
Rayon d'action 2 139 km
Armement
Interne Éventuellement un canon M61 Vulcan de 20 mm en soute, mais rarement montĂ©
Externe 14 290 kg de bombes, missiles

Historique

Conception

Sièges côte à côte du F-111

Ă€ la fin des annĂ©es 1950, l'US Air Force cherche un remplaçant Ă  ses chasseurs-bombardiers alors en service, tels le F-101 Voodoo et le F-105 Thunderchief. Un premier cahier des charges demande en particulier une vitesse de Mach 2,5 Ă  haute altitude, Mach 1,2 Ă  basse altitude, une autonomie de plus de 1 200 km en mission, et une capacitĂ© d'emport de charge supĂ©rieure Ă  7 000 kg[1]. Comme l'US Navy commence Ă©galement Ă  rĂ©flĂ©chir au successeur de ses F-4 Phantom II et F-8 Crusader, le DĂ©partement de la DĂ©fense des États-Unis exige dès 1961 que le mĂŞme avion rĂ©ponde aux deux besoins, afin de rĂ©duire significativement les coĂ»ts[2].

À l'origine, le programme (baptisé TFX pour Tactical Fighter Experimental) devait également permettre de fournir un avion d'appui rapproché pour l'US Army et l'US Marine Corps. Les besoins étant trop différents, cette idée fut abandonnée au bout de quelques mois[3]. Même ainsi, les exigences de l'USAF et de l'US Navy ne sont pas faciles à rapprocher : l'un veut un avion d'attaque avec un radar de suivi de terrain, l'autre un intercepteur équipé d'un radar à longue portée, l'un accepte un poids assez élevé et l'autre est limité par les contraintes d'emploi à partir d'un porte-avions. Le TFX doit être équipé d'une aile à géométrie variable et son poste de pilotage biplace forme une sorte de capsule, éjectable en cas d'urgence.

L'appel d'offre est Ă©mis le . DĂ©but 1962, les rĂ©ponses des diffĂ©rents constructeurs sont toutes rejetĂ©es, mais Boeing et General Dynamics sont invitĂ©s Ă  amĂ©liorer leurs propositions. Finalement, le marchĂ© est attribuĂ© fin 1962 Ă  General Dynamics. Un contrat est signĂ© pour la construction de 18 F-111A pour l'USAF et F-111B pour l'US Navy. Les deux versions doivent diffĂ©rer seulement par l'avionique et l'armement. NĂ©anmoins, le F-111B est plus court de 2,5 m afin de pouvoir tenir sur les monte-charges des porte-avions de l'US Navy, et a une envergure supĂ©rieure de m. Un certain nombre de sous-traitants sont dĂ©signĂ©s, principalement le constructeur Grumman destinĂ© Ă  apporter son expĂ©rience en avions embarquĂ©s.

Le premier F-111A fait son vol inaugural le [4], suivi du premier F-111B le [5] - [6]. Les coĂ»ts de dĂ©veloppement sont dĂ©jĂ  1,5 fois supĂ©rieurs Ă  ce qui Ă©tait prĂ©vu, aussi le SecrĂ©tariat d'État Ă  la DĂ©fense rĂ©duit le nombre d'exemplaires commandĂ©s de moitiĂ©. Les premiers avions sont pĂ©nalisĂ©s par des problèmes sur le rĂ©acteur TF30, qui seront partiellement rĂ©solus par l'installation d'une version modifiĂ©e du rĂ©acteur. Les livraisons Ă  l'US Air Force commencent en .

De son cĂ´tĂ©, le F-111B destinĂ© Ă  l'US Navy s'avère beaucoup trop lourd : son poids au dĂ©collage avec son armement est en effet estimĂ© Ă  35 tonnes au lieu des 25 tonnes fixĂ©es comme limite. Un programme de rĂ©duction du poids est lancĂ©, mais les rĂ©sultats sont rĂ©duits Ă  nĂ©ant lors de l'installation de la capsule Ă©jectable dĂ©finitive, en remplacement des sièges Ă©jectables montĂ©s provisoirement sur les premiers prototypes. En , l'US Navy abandonne officiellement le projet, bien que 7 exemplaires aient Ă©tĂ© livrĂ©s et que les essais en vol se soient bien dĂ©roulĂ©s[7] - [8]. Le Grumman F-14 Tomcat sera dĂ©veloppĂ© en remplacement du F-111B.

Le F-111 dans l'USAF

Un F-111F pendant la Guerre du Golfe

Dès 1968, le F-111A est envoyé combattre au Viêt Nam. À la suite de la perte de quelques avions, tous les F-111 sont interdits de vol de à [9]. Trois problèmes sont découverts et corrigés : le premier dans la commande de mouvement des ailerons, et les deux autres étant des faiblesses de la structure au niveau des ailes. Les missions de guerre révèlent d'autres dysfonctionnements dans les divers systèmes électroniques et, en cas de forte pluie, des problèmes sur les réacteurs. Malgré cela, le F-111 se révèle capable d'effectuer des missions par des temps qui clouent au sol tous les autres avions de l'USAF, d'emporter une charge 5 fois supérieure au F-4 Phantom II, et n'a besoin ni d'avion de guerre électronique ni de ravitailleur en vol en support pour atteindre ses objectifs.

En 1970, vole le premier F-111D, avec une nouvelle version des réacteurs TF30, des entrées d'air modifiées pour résoudre des problèmes d'alimentation des moteurs et, surtout, une amélioration majeure de l'avionique. Ces nouveaux systèmes électroniques s'avèrent cependant peu au point, retardant la mise en service à 1974 et entraînant la commande d'une version F-111E comprenant, en attendant, uniquement la modification des entrées d'air. Ces versions sont suivies en 1972 par le F-111F, équipé de réacteurs plus puissants et d'une nouvelle avionique intégrant à la fois quelques apports du F-111D et d'autres issus du FB-111A.

En effet, Ă  la suite d'une demande du Strategic Air Command pour un bombardier stratĂ©gique destinĂ© Ă  remplacer les B-52 Stratofortress et B-58 Hustler, la proposition d'une version spĂ©ciale du F-111 est retenue en 1965. Le FB-111A est allongĂ© de 60 centimètres pour emporter plus de carburant, dispose des ailes allongĂ©es du F-111B, d'une avionique amĂ©liorĂ©e, des entrĂ©es d'air introduites sur le F-111D et d'un train d'atterrissage renforcĂ©. Le premier vol a lieu en et le FB-111A est en service deux ans plus tard, mĂŞme s'il doit attendre 1972 pour atteindre sa pleine capacitĂ© opĂ©rationnelle avec le missile AGM-69 SRAM.

Enfin, une variante spécialisée dans la guerre électronique a également été développée : le EF-111A Raven.

L'USAF a retiré ses derniers avions du service en : les F-111 sont maintenant remplacés par les F-15E Strike Eagle et les FB-111A par les B-1 Lancer. Enfin, les EF-111A Raven sont restés en service jusqu'en 1998.

Le F-111 Ă  l'export

Un F-111C australien

Fin 1963, l'Australie commande 24 exemplaires du F-111C, une sorte d'hybride entre le F-111A et le FB-111A avec l'envergure plus grande du F-111B. Le premier avion est livrĂ© fin 1968. La flotte australienne est cependant rapidement interdite de vol Ă  la suite des problèmes dĂ©couverts sur les F-111 amĂ©ricains, et il faut attendre 1973 pour que l'avion soit dĂ©clarĂ© opĂ©rationnel. Ils servirent dans les squadrons 1 et 6. Quatre F-111C et quatre F-111A ont Ă©tĂ© modifiĂ©s pour pouvoir effectuer des missions de reconnaissance Ă  l'aide d'Ă©quipements montĂ©s dans la soute Ă  bombe et dĂ©signĂ©s RF-111C. En 1992, la Royal Australian Air Force a complĂ©tĂ© les 22 avions restants par 18 F-111G (qui avaient la capacitĂ© nuclĂ©aire) rachetĂ©s Ă  l'USAF. Ces avions ont Ă©tĂ© retirĂ©s du service en , il restait en service 15 F-111C opĂ©rationnels, 15 F-111G entreposĂ©s et 2 cellules servant de rĂ©serve de pièces. Sept F-111C et un F-111G ont Ă©tĂ© perdus en opĂ©rations ou accidents. Six exemplaires sont prĂ©servĂ©s sur des bases aĂ©riennes australiennes et 7 sont mis Ă  la disposition de musĂ©es. Le reste de la flotte soit 12 F-111G et 11 F-111C a Ă©tĂ© enterrĂ© dans une mine de charbon reconvertie en dĂ©charge près d'Ipswich dans la rĂ©gion de Brisbane[10].

En , le Royaume-Uni commande 46 F-111K plus 4 TF-111K d'entraînement. Cette commande est cependant annulée l'année suivante, en raison de son coût trop élevé.

Armement

Bien que conçu comme avion de combat multirĂ´le, le F-111 est devenu un avion d'attaque au sol Ă  long rayon d'action, avec exclusivement un armement air-sol. Il peut emporter 14 tonnes de charge pour partie en soute et le reste sur 6 pylĂ´nes sous les ailes.

  • Canon : toutes les versions de combat tactiques (donc ni le FB-111A ni le F-111G) pourraient thĂ©oriquement emporter en soute un canon M61 Vulcan de 20 millimètres avec un très grand rĂ©servoir de munitions (2 084 coups). Dans la pratique, ce canon a rarement Ă©tĂ© installĂ© et jamais utilisĂ© rĂ©ellement en combat. Les F-111C australiens n'ont pas Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s de canons.
  • Bombes : Le F111 peut emporter des bombes conventionnelles, des bombes Ă  guidage laser Paveway, des bombes anti-piste, des bombes Ă  sous-munition, etc. Seuls les F-111C et F-111F disposent cependant d'un pod de dĂ©signation laser.
  • Armes nuclĂ©aires : tous les modèles de F-111 (sauf les F-111C australiens) ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s pour emporter des armes nuclĂ©aires. Les versions tactiques peuvent gĂ©nĂ©ralement emporter les B43 (en), B57, ou B61, tandis que le FB-111A peut emporter Ă©galement les B77 (en) et B83 (jusqu'Ă  six).
  • Missiles : le FB-111A peut emporter un maximum de 6 missiles air-sol AGM-69 SRAM. Ă€ partir des annĂ©es 1980, les F-111 ont Ă©tĂ© modifiĂ©s pour pouvoir emporter 2 missiles air-air AIM-9 Sidewinder d'auto-dĂ©fense. Les F-111C australiens peuvent emporter des missiles anti-radar AGM-88 HARM et des missiles anti-navire AGM-84 Harpoon.

La version EF-111A Raven n'emporte aucun armement, et peut seulement recevoir des réservoirs externes de carburant.

Engagements

Un F-111 avant son décollage pour le raid contre la Libye dans la nuit du 14 au 15 avril 1986.

Les États-Unis ont engagé leurs F-111 :

Variantes

  • F-111A - version initiale de bombardement tout-temps pour l'USAF (158 exemplaires)
  • F-111B - version embarquĂ©e pour l'US Navy (7 exemplaires avant l'abandon du projet)
  • F-111C - version destinĂ©e Ă  l'Australie (24 exemplaires)
  • RF-111C - version de reconnaissance pour l'Australie (4 F-111C modifiĂ©s)
  • F-111D - entrĂ©es d'air modifiĂ©es, mise Ă  jour de l'avionique, nouveau rĂ©acteur (96 exemplaires)
  • F-111E - mĂŞme modification des entrĂ©es d'air que le F-111D (94 exemplaires)
  • F-111F - rĂ©acteurs plus puissants, avionique amĂ©liorĂ©e (106 exemplaires)
  • FB-111A - version destinĂ©e au bombardement stratĂ©gique (76 exemplaires)
  • F-111G - FB-111A modifiĂ©s pour ĂŞtre Ă©galement capables de bombardement conventionnel
  • EF-111A Raven - variante de guerre Ă©lectronique (42 avions modifiĂ©s)

Références

  1. Bill Gunston 1978, p. 16.
  2. Miller 1982, p. 13.
  3. Eden 2004, p. 196-197.
  4. Eden 2004, p. 197.
  5. Baugher, Joe. "General Dynamics/Grumman F-111B." USAAC/USAAF/USAF Fighters, 7 November 2004. Retrieved: 5 October 2009.
  6. Thomason 1998, p. 16, 20.
  7. Boyne 2002, p. 252.
  8. Thomason 1998, p. 52–53.
  9. Bill Gunston 1983, p. 33–34.
  10. « Sept F-111 seront préservés en Australie », Le Fana de l'aviation, no 506,‎ , p. 9 (ISSN 0757-4169)

Bibliographie

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  • (en) Walter J. Boyne, Air warfare : an international encyclopedia, vol. 1 : A - L, Santa Barbara, Calif, ABC-CLIO, , 771 p. (ISBN 978-1-57607-345-2, OCLC 645553781, lire en ligne).
  • (en) Paul E Eden (Ă©d.), Encyclopedia of modern military aircraft, Londres, Amber Books Ltd, , 512 p. (ISBN 978-1-904687-84-9, OCLC 79862721), « General Dynamics F-111 Aardvark/EF-111 Raven ».
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  • (en) Jim Winchester, Military aircraft of the Cold War, Hoo, Grange Books, coll. « The Aviation Factfile », , 256 p. (ISBN 978-1-84013-929-7, OCLC 77540443), « General Dynamics FB-111A, Grumman/General Dynamics EF-111A Raven ».
  • General Dynamics F-111 ENCYCLOPEDIE ILLUSTREE DE L'AVIATION No 35 - 1982

Voir aussi

Développement lié

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