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GĂ©rard de Watteville

Gérard de Joux de Watteville, marquis de Conflans né en 1575 et mort le 16 octobre 1637 à Salins[1], est un militaire et un diplomate comtois au service du duché de Savoie et du Saint Empire Romain Germanique. Il est connu pour avoir été le commandant en chef des troupes comtoises de 1632 à 1637, pendant la guerre de Dix ans,l'épisode comtois de la guerre de Trente ans.

GĂ©rard de Watteville
Titre Marquis de Conflans
Autres titres Marquis de Versoix

Seigneur de Joux et de Chatelvillain

Arme Cavalerie
Grade militaire Maréchal
Années de service 1600 - 1637
Commandement Commandant en chef des troupes comtoises (1632-1637)
Conflits
Faits d'armes
Autres fonctions
  • GĂ©nĂ©ral dans l'armĂ©e de Savoie
  • Ambassadeur du Duc de Savoie (1623-1631)
  • Bailli d'Aval (1632-1637)
Biographie
Dynastie Watteville
Naissance
Décès
Salins

Comté de Bourgogne
Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire

Père Nicolas de Watteville
Mère Anne de Grammont de Joux
Conjoint Catherine de Boba
Enfants Philippe-Francois de Watteville

Blason de GĂ©rard de Watteville

Biographie

Débuts et carrière dans le duché de Savoie

Gérard de Watteville est issu d'une famille noble originaire de Berne en Suisse qui refusa la Réforme, et s'installa dans le comté de Bourgogne[2]. Il est le fils de Nicolas de Watteville et de Anne de Gramont de Joux, qui lui transmettra la seigneurie de Joux. Nicolas de Watteville (1544-1610) quitte Berne et choisit le catholicisme pour épouser Anne de Joux (fille d'Adrien de Grammont), il se fixe à Chateauvilain (près de Bourg-de-Sirod dans le Jura dont il devient le seigneur unique en rachetant les droits de la famille d'Anne de Poupet. Gentilhomme de la Maison du Roi d'Espagne qui règne alors en Franche-Comté, il a trois fils : Gérard de Watteville de Joux, Charles-Emmanuel de Watteville et Pierre de Watteville (1571? -1632).

Le château des Watteville de Bourg de Sirod reconstitué.

On sait assez peu de choses sur la jeunesse de Watteville, sinon qu'il eut beaucoup de difficultés à faire reconnaître son titre de Marquis de Versoix[3]. Il en appelle à la cour des comptes de Dijon et au parlement de Paris pour que le roi de France maintienne et conserve les ventes et aliénations faites par le duc de Savoie.

Il rentre au service de Charles-Emmanuel Ier de Savoie comme général de cavalerie. Il se distingue pendant la guerre franco-savoyarde de 1600 en délivrant Bourg-en-Bresse du siège, et en participant à la reconquête de la Maurienne. Il est récompensé par le titre de Maréchal. En 1627 il devient ambassadeur de Victor-Amédée Ier auprès de l’empereur Ferdinand II. Il tombe en disgrâce en 1631 et est déchu de ses responsabilités. Il regagne alors son fief dans le comté de Bourgogne.

Commandant en chef des troupes comtoises

En 1632, il est rappelé par l'empereur qui lui confirme son grade et lui donne le titre de Gouverneurs des armées comtoises. Habituellement, c'était le gouverneur du comté qui assumait cette fonction ; et ce sera la seule fois où la fonction de commandant en chef des armées sera séparée de celle de Gouverneur. Cette particularité lui vaudra des difficultés et oppositions de la part des autorités comtoises[4]mais aussi de la noblesse comtoise qui ne le considèrent pas comme un des leurs[1]. Mais ce dernier réussit à constituer très rapidement une armée en recrutant rapidement, et en rassemblant diverses garnisons. Il est nommé en même temps bailli d'aval (actuel Jura). Le marquis est adjoint de Jean Girardot de Nozeroy, qui fut en même temps que lui nommé intendant des armées comtoises. Les deux hommes ont la même vision stratégique: ne pas affronter directement les grandes armées ennemies sur un champ de bataille, mais miser sur les places fortes pour la défense et lancer des offensives ponctuelles et ciblées. Ensemble, ils parviennent à repousser les attaques des Suédois sur Lure, et fortifier les frontières est du comté de 1633 à 1635[5]. Il est même en position de détruire complètement l'armée ennemi dans le secteur de Lure, événement qui aurait pu changer le cour de la guerre. Mais il en sera empêché par le gouverneur Ferdinand de Rye qui souhaite apaiser les choses dans le secteur[1].

En 1633, il nomme en commandant en second de l'armĂ©e comtoise Henry de Champagne, officier expĂ©rimentĂ© et très respectĂ© de ses hommes[6]. Si Watteville a pu rĂ©aliser l'exploit de constituer une armĂ©e d'Ă  peu près 8 000 hommes en partant de presque rien, les Français qui menacent Ă  prĂ©sent l'ouest du comtĂ© sont quasiment trois fois plus nombreux et mieux Ă©quipĂ©s. Une moitiĂ© de l'armĂ©e comtoise est divisĂ©e en garnisons qui dĂ©fendront les grandes villes comme Gray, Besançon et surtout Dole. Lorsque cette dernière est assiĂ©gĂ©e en mai 1636, Watteville reste Ă  l'Ă©cart, et mise sur la combativitĂ© des dĂ©fenseurs Dolois. NĂ©anmoins, il rassemble l'armĂ©e comtoise et la joint aux armĂ©es lorraines et impĂ©riales qui arrivent sur le territoire pour secourir Dole. Peu avant l'arrivĂ©e de l'armĂ©e alliĂ©e, Français lèvent le siège en aoĂ»t, le comtĂ© de Bourgogne retrouve provisoirement la paix.

L'offensive victorieuse en Bresse et la défaite de Cornod

Watteville veut profiter de ce rĂ©pit pour lancer de vastes offensives en Bresse et en Bugey. Il confie alors Ă  son fils, le comte de Bussolin, le commandement d'une armĂ©e de 3 000 hommes pour attaquer le Bugey[4]. Pendant ce temps, Watteville lance une offensive de plus faible ampleur en Bresse et rĂ©ussit Ă  prendre Cuiseaux pourtant solidement dĂ©fendue, semant la stupeur dans le camp français[7]. Quelques jours après il remporte la bataille de Savigny, dans un contexte pourtant largement dĂ©favorable. Les offensives menĂ©es en Bresse et en Bugey, qui se dĂ©roule de mi-janvier Ă  dĂ©but mars 1637 sont de grandes victoires comtoises, mais malheureusement sans lendemain : car la plupart des villes et territoires conquis doivent ĂŞtre Ă©vacuĂ©s, faute d'effectifs suffisants pour les garder. Le parlement Ă©tant dans une stratĂ©gie d'opposition systĂ©matique au marquis de Conflans, il lui refuse les renforts demandĂ©s[4]. De plus, de nombreuses contre-attaques françaises contre le Jura ont attĂ©nuĂ© la portĂ©e de la victoire dans le Bugey. Cette offensive comtoise restera nĂ©anmoins la seule d'ampleur pendant la guerre de Dix ans.

Watteville veut alors frapper fort et part à l'attaque du château de Cornod, contre l'avis du Parlement et notamment de Jean Boyvin. L'armée française, qui est postée non loin, attaque l'armée comtoise dès le début du siège, c'est alors une lourde défaite à la bataille de Cornod. L'armée comtoise ne s'en relèvera pas. Très critiqué sur sa conduite pendant la bataille, plusieurs sources le décrivent comme absent et détaché des événements, n'intervenant même pas pour empêcher le duel entre son fils et le baron de Boutavent[7].

Destitution et décès

Cette dĂ©faite permet aux Français d'envahir le Jura et de mettre le siège devant Saint-Amour. Watteville veut venir en aide Ă  cette ville, et parvient Ă  nouveau Ă  rassembler les dĂ©bris de son armĂ©e dissĂ©minĂ©s dans les montagnes. Il se met en route et apprend qu'il doit recevoir du duc de Lorraine un renfort de 1 000 cavaliers. La jonction doit se faire Ă  Saint-Agnès ; mais les Français au courant de la manĹ“uvre, envoient un dĂ©tachement et les affrontent au cours d'une bataille âprement disputĂ©e. Si l'issue est incertaine, Watteville prĂ©fère jouer de prudence et renonce Ă  porter secours Ă  la ville assiĂ©gĂ©e. Il fait mouvement sur Château-Chalon pour retrouver le gouverneur; le marquis de Saint-Martin. Ă€ ce moment-lĂ , il est destituĂ© de son rĂ´le de commandant en chef des armĂ©es, plus ou moins sous la pression de la noblesse comtoise qui rejette l'autoritĂ© de Watteville[1]. Il reste cependant en poste dans l'armĂ©e. Mais le temps passe et l'armĂ©e comtoise reste stationnĂ©e oĂą elle est, sans intervenir. Watteville Ă©crit dans une de ses lettres: « Je me suis retirĂ© ici. non de peur des ennemis mais la famine me chasse, les chevaux et les maĂ®tres meurent de faim. Au reste, je suis tout seul, sans argent, sans blĂ©, sans munitions... »[8]

Il continue peu après de combattre quelques mois aux côtés du gouverneur; faisant toujours fonction de Bailli d'Aval. Mal utilisé et méprisé, Il est envoyé finalement en garnison à Salins où il y finira ses jours, victime de l’épidémie de peste. Aigri par tant d'ingratitude, il voua jusqu'à sa mort une haine farouche aux parlementaires, ces « rieurs qui se moquent de ceux qui travaillent et se tiennent chez eux ». et s'éteindra, affaibli quelques semaines plus tard, le 16 octobre 1637[9] - [1].

Famille et Descendance

Gérard de Watteville est le père de[3] :

Et l'oncle de :

Bibliographie

  • Émile Longin, La dernière campagne du Marquis de Conflans, Besançon, 1896

Notes et références

  1. Jean Girardot de Noseroy, Histoire de dix ans de la Franche-Comté de Bourgogne: 1632-1642, imprimerie d'Outhenin-Chalandre fils, (lire en ligne)
  2. R. de Auteur du texte Lurion, Nobiliaire de Franche-Comté , par R. de Lurion, (lire en ligne)
  3. Le Grand Dictionnaire Historique Ou Le Mélange Curieux De L'Histoire Sacrée Et Profane : Qui Contient ... L'Histoire Fabuleuse Des Dieux & des Héros de l'Antiquité Payenne, ... : Le tout enrichi de Remarques, de disserations et de Recherches curieuses, .... Supplement au dictionnaire historique, géographique, généalogique &c. des éditions de Basle de 1732 & 1733 ; t. 3 : HAA - ZYP, Brandmuller, (lire en ligne)
  4. Daniel Antony, Nouvelle histoire de la Franche-Comté, Tome II, Pontalier, Vandelle, 431 p. (ISBN 978-2-37362-021-4), p. 350
  5. Gérard Louis, La guerre de Dix Ans, 1634-1644, Presses Univ. Franche-Comté, , 379 p. (ISBN 978-2-251-60651-4, lire en ligne)
  6. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département. Tome premier [-VI] département du Jura, Bintot, (lire en ligne)
  7. Besançon Société d'émulation du Doubs, Mémoires (lire en ligne)
  8. Louis Gérard, « Chapitre 1. La campagne de Franche-Comté », dans La guerre de Dix Ans : 1634-1644, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires », (ISBN 978-2-84867-694-4, lire en ligne), p. 13–69
  9. François Pernot, La Franche-Comté espagnole : à travers les archives de Simancas, une autre histoire des Franc-Comtois et de leurs relations avec l'Espagne de 1493 à 1678, Presses Univ. Franche-Comté, , 457 p. (ISBN 978-2-84867-032-4, lire en ligne)
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