Ferdinand II (empereur du Saint-Empire)
Ferdinand II (né le à Graz, dans le duché de Styrie ; mort le à Vienne, en Autriche[1]) est un membre de la maison de Habsbourg. Il est archiduc d'Autriche du à sa mort, roi de Bohême du au puis du à sa mort, et roi de Hongrie du à sa mort. Il est couronné le empereur du Saint-Empire romain germanique, sur lequel il a régné du à sa mort. La totalité de son règne est occupée par la guerre de Trente Ans, dont il fut l'un des principaux protagonistes[2].
Il est le fils de l'archiduc Charles II de Styrie et de Marie-Anne de Bavière, respectivement fils et petite-fille de Ferdinand Ier.
Règne
D(ei) G(ratia)
RO(manorum) I(mperator)
S(emper) A(ugustus)
G(ermaniæ) H(ungariæ)
B(ohemiæ) REX ».
Élevé et instruit par les jésuites au collège d'Ingolstadt, Ferdinand était un catholique fervent et zélé, farouche adversaire du protestantisme. Durant tout son règne le jésuite Guillaume Lamormaini lui fut un proche conseiller.
Choisi comme successeur dans ses États héréditaires par son cousin sans descendance, l'empereur Matthias Ier, il devint roi de Bohême en 1617 (et à ce titre un des sept électeurs de l'Empire) puis roi de Hongrie le [3]. Pensant pouvoir restaurer le catholicisme dans un royaume où l'on trouvait de nombreux protestants, sa politique autoritaire provoqua une rébellion chez les nobles de Bohême (défenestration de Prague). Ceux-ci le destituèrent et élurent à sa place Frédéric V du Palatinat.
L'empereur Matthias mourut en 1619 ; l'élection à la dignité impériale était ouverte.
Le , les sept princes-électeurs élurent Ferdinand comme empereur des Romains, avant que la nouvelle de sa destitution comme roi de Bohème ne parvînt à Francfort. À 41 ans, Ferdinand poursuivait la carrière impériale de ses prédécesseurs. Bien qu'élective, la couronne impériale était de fait héréditaire dans la maison de Habsbourg.
L'électeur palatin Frédéric V souleva contre lui les protestants, et donna par là naissance au début de la guerre de Trente Ans (bien que datée à compter de la deuxième défenestration de Prague).
Pour retrouver son trône, Ferdinand créa une coalition, la Ligue catholique. Celle-ci regroupait l'Espagne, l'électeur protestant Jean-Georges Ier de Saxe, le roi Sigismond III de Pologne et Maximilien Ier de Bavière. Ses armées étaient commandées par Tilly. Après une défaite sans conséquences, il défait l'armée insurgée à la bataille de la Montagne Blanche le .
Dès lors, la Bohême deviendra propriété personnelle de la maison de Habsbourg.
Le , les États de Bohême reconnaissent de nouveau Ferdinand comme roi. Celui-ci, pour écraser une fois pour toutes la rébellion, fait décapiter publiquement à Prague, le , 27 des principaux chefs insurgés.
Sous la pression protestante, le roi du Danemark Christian IV entre dans le conflit. Mais celui-ci est vaincu par le condottiere à la solde de Ferdinand II, Albrecht von Wallenstein, et doit signer la paix de Lübeck le .
Fort de sa victoire, Ferdinand II décréta le fameux édit de Restitution qui ordonnait à tous les protestants de rendre les bénéfices ecclésiastiques qu'ils avaient sécularisés depuis la paix d'Augsbourg.
Gustave Adolphe, roi de Suède, se décida à intervenir et battit l'armée de la Ligue catholique sous le commandement de Tilly à la bataille de Breitenfeld, le . Malgré le génie militaire de Wallenstein, Gustave Adolphe battit celui-ci à Lützen, le . Cependant, il trouva la mort au cours de la bataille et les Suédois se retirèrent du conflit. Fatigué, Ferdinand II signa la paix de Prague le . Celle-ci ramenait l'Allemagne à la paix d'Augsbourg, signée 80 ans plus tôt.
De l'autre côté du Rhin, Richelieu ne put supporter l'idée de voir se reconstituer l'empire de Charles Quint, du fait des possessions territoriales des Habsbourg. Il prit la suite de ce conflit et fut relayé par Mazarin. À la diète de Ratisbonne, deux ambassadeurs de Richelieu, Brulart de Léon et le Père Joseph, retournèrent Maximilien de Bavière et d'autres princes catholiques contre la maison d'Autriche. La diète s'émut, elle demanda et obtint le rappel de Wallenstein devenu trop puissant et le licenciement de son armée. En licenciant Wallenstein, Ferdinand II avait espéré que les électeurs nommeraient son fils roi des Romains, lui assurant ainsi la couronne impériale. Les agents français firent encore échouer cette stratégie.
Ferdinand II avait été guidé par son obsession de voir la maison des Habsbourg régner de façon héréditaire sur l'Empire et par son soutien à la Contre-Réforme. Son règne se solda par la perte pour le Saint-Empire de la moitié de sa population et ruinera pour les deux cents ans à venir sa puissance politique.
Alliances et postérité
Il avait épousé, à Graz, le , Marie-Anne de Bavière (1574-1616), fille de Guillaume V de Bavière et de Renée de Lorraine. Ensemble, ils eurent 7 enfants :
- Christine (1601-1601) ;
- Charles (1603-1603) ;
- Jean-Charles ( - ) ;
- Ferdinand ( - ), qui lui succéda ;
- Marie-Anne ( - ), qui épousa, en 1635, Maximilien Ier, électeur de Bavière (1573-1651) ;
- Cécile-Renée ( - ), qui épousa, en 1637, Ladislas IV, roi de Pologne ;
- Léopold-Guillaume ( - ), évêque de Strasbourg, de Passau, de Brême, d'Halberstadt et de Magdebourg.
Le , il épousa, en secondes noces, Éléonore de Mantoue (1598-1655), fille de Vincent Ier duc de Mantoue ; ce mariage n'eut pas de postérité.
Ascendance
Notes et références
- Michel Legrain (direction éditoriale), Yves Garnier (direction éditoriale) et Mady Vinciguerra (coordination éditoriale), Le petit Larousse compact, Larousse, (ISBN 2-03-530502-0), lettre F-nom propre (page 1325)
- (en) Robert Bireley, « Ferdinand II, empereur de la Contre-Réforme, 1578-1637 » , sur Cambridge university press (consulté le ) : « L'empereur Ferdinand II (1619-1637) se distingue comme une figure cruciale de la Contre-Réforme en Europe centrale, un acteur de premier plan dans la guerre de Trente Ans, le souverain le plus important dans la consolidation de la monarchie des Habsbourg et l'empereur qui a revigoré la bureau après son déclin sous ses deux prédécesseurs. »
- « Arrangeurs », sur Arrangeurs (consulté le ).
Sources
Bibliographie
- Robert Bireley, « The Image of Emperor Ferdinand II (1619-1637) in William Lamormaini's 'Ferdinandi II Imperatoris Romanorum Virtutes' (1638) », dans AHSI, vol. 73, 2009, p. 121.
Articles connexes
Liens externes
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