Conflans (Savoie)
Conflans (parfois Conflens) est une ancienne cité médiévale, de la Tarentaise, qui fait désormais partie de la commune d'Albertville, dans le département de la Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Conflans | |
Place principale de Conflans, Maison Rouge et musée d'art et d'histoire de Conflans | |
Administration | |
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Pays | France |
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes |
DĂ©partement | Savoie |
Province | Savoie Propre |
Ville | Albertville |
Étapes d’urbanisation | Ancien bourg Médiéval |
GĂ©ographie | |
Coordonnées | 45° 40′ 19″ nord, 6° 23′ 50″ est |
Altitude | 404 m |
Site(s) touristique(s) | Église de Conflans, Inscrit MH (1989)[1] Tour sarrazine, Inscrit MH (1928)[2] Porte de Savoie, Inscrit MH (1928)[3] Porte Tarine, Inscrit MH (1928)[4] Maison Rouge, Classé MH (1904, 1913)[5] Maison à tourelles, Inscrit MH (1928)[6] Château Rouge, Inscrit MH (1928)[7] Château de Manuel, Inscrit MH (1928)[8] |
Localisation | |
Ce bourg fortifié médiéval[9] protégeait l'entrée de la vallée de la Tarentaise. Il fut le siège administratif de la province de la Haute-Savoie (XIXe siècle). La cité fusionne le , avec le bourg de L'Hôpital-sous-Conflans, situé en contrebas, dans la plaine, afin de former la ville nouvelle d'Albertville.
GĂ©ographie
Situation
Conflans est un ancien bourg fortifié[9], situé sur un promontoire rocheux, dominant la confluence des rivières de l'Arly et de l'Isère[10].
- Vue sur la vallée de la Tarentaise
- Vue sur Albertville
L'implantation de cette cité relève du contrôle du carrefour stratégique géographique, économique et militaire, entre les différentes régions naturelles et historiques que sont la vallée de la Tarentaise, le,val d'Arly, le Beaufortain et la combe de Savoie. Elle permettait également de surveiller la route du sel des salines royales de Moutiers, avec son importante voie romaine Alpis Graia qui relie Lyon (Lugdunum, capitale de la Gaule romaine) à Rome (Rome antique, capitale de l'Empire romain et des États pontificaux), en passant notamment par Vienne, le col du Petit-Saint-Bernard, la vallée d'Aoste, Milan.
La cité fortifiée n'est accessible que par deux routes[10].
Accès
La cité fortifiée n'est accessible que par deux routes[10] venant d’Albertville.
En 2015, la Co.RAL met en place, les jeudis (jour de marché dans le centre-ville), une ligne de bus reliant le centre-ville d’Albertville à la cité médiévale[11]. Peu fréquentée, le service est supprimé à l’été suivant[11].
À l’été 2018, un petit train touristique est testé pendant trois mois sur un circuit qui relie l’hôtel de ville d’Albertville, le camping municipal, Conflans et la gare ferroviaire[12]. Mis en service fin juin, il est finalement arrêté début août en raison d’une fréquentation insuffisante[13]
Toponyme
Conflans est un toponyme mentionné pour la première fois dans une charte de 1015 (donation à la reine Ermengarde), sous la forme Conflenz[14] - [15]. On trouve ensuite, au cours du siècle suivant, les formes Confluenti (1139) ou encore Conflens (1189)[14] - [15]. Au XIIIe siècle, l'église est mentionnée sous la forme Ecclesia de Confleto (1267, 1286)[14] - [15]. Par la suite, le toponyme prend les formes de Cofflens (1391) ou encore Conflentz (1638)[14] - [15].
Le toponyme trouve son origine dans le nom latin confluens, confluentes et désigne un confluent[14] - [15] - [16].
Histoire
Période médiévale
En 1014, il est fait mention du mandement de Conflans[17], avec la donation de l'Ă©glise Sainte-Marie par le roi de Bourgogne Rodolphe III Ă sa femme Ermengarde[18] - [19].
- Plan touristique
- Conflans vu depuis Albertville, et Ă©glise Saint-Grat.
La cité de Conflans était défendue par plusieurs châteaux : le château fort de Conflans édifié au XIIe siècle qui appartenait aux archevêques-comte de Tarentaise, mais dont les comtes de Savoie disputaient les droits[20] ; l'ancien castrum, appelé Châtel-sur-Conflans, appartenant lui aussi aux archevêques et inféodé à une branche de la famille de Duin[21] et la maison-forte de La Cour, tous deux appartenant à la famille noble des Conflans[21] - [20].
Le castrum de Conflans devient le chef-lieu d'une châtellenie comtale, à partir du milieu du XIIIe siècle[22].
PĂ©riode moderne
En 1600, le château fort de Conflans est conquis par les troupes françaises, lors siège du château de Conflans (1600) de la guerre franco-savoyarde (1600-1601).
Le , le duc Charles-Emmanuel de Savoie érige Conflans en marquisat en faveur de Gérard de Watteville, dit de Joux, issu d'une ancienne famille suisse, pour le dédommager de la perte du marquisat de Versoix, au pays de Gex[23]. Le dernier membre de la famille s'éteint en 1752, Conflans revient à la maison de Savoie[23]. Les marquis succédant à Gérard de Watteville sont Philippe-François de Bussolin, Jean-Charles de Watteville, chevalier de la Toison d'Or, Charles-Emmanuel de Watteville, général de la cavalerie espagnole et chevalier de la Toison d'Or, Maximilien-Emmanuel de Watteville. Ce dernier, 5e marquis de Conflans vend le marquisat le , au marquis Louis-François de Chambray (1737-1807), issu d'une ancienne famille de Normandie[24].
En 1771, l'archevêque de Tarentaise, Claude-Humbert de Rolland reçoit du roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne, le titre de titre honorifique de Prince de Conflans et de Saint-Sigismond[25].
PĂ©riode contemporaine
À la Révolution française, la ville de Conflans est à nouveau annexée, comme le reste de la Savoie. Elle est rebaptisée du nom de Roc-Libre, alors que L'Hôpital est dénommé Bourg-de-Santé[27].
Le , le duc Charles-Albert de Savoie réunit les bourgs de Conflans et de L'Hôpital-sous-Conflans, pour former la commune d'Albertville, à laquelle on donna son nom[28] - [29].
DĂ©mographie
Les habitants sont appelés les Conflarains[18].
Patrimoine
Le village compte un certain nombre de monuments dont certains sont classés ou inscrits au titre des monuments historiques. Albertville est d'ailleurs labellisée Ville d'Art et d'Histoire.
- Château Rouge.
- Fontaine Anselme (1711).
- Grande-place (avant travaux).
- Grande-Place (après travaux, en 2017).
Le patrimoine est constitué notamment de :
- la tour sarrasine[2] (XIIe siècle), donjon carré de l'ancien château fort de Conflans, détruit au XVIIIe siècle, dont il subsiste, outre la tour, un portail du XVIe siècle. La tour se trouve au point de jonction de l'ancien château et de la Grande Roche[30]. La maison forte fut la propriété des familles de Conflans, Chevron-Villette, Duyn et La Forest de la Barre. Quant au château de Conflans, il fut la possession des familles de Conflans, Boëge et des Bernardines ;
- le Châtel-sur-Conflans, fief d'une seigneurie, dominant le territoire situé en amont, sur le Doron (Venthon). Le châtel se situait, au nord, à 300 mètres au-dessus de l'église, sur une élévation[31]. Situé en dehors de la forteresse, il est intégré dans les nouveaux remparts de 1381. Appartenant aux archevêques de Tarentaise, ces derniers ont placé des vassaux, de la famille de Duin, qui semblent s'être affranchis de l'autorité. La famille garde possession du château jusqu'au XVIe siècle, date de la disparition du dernier héritier mâle, Gabriel de Duin[31] ;
- le château Rouge ou maison forte du Noyer[7]. Édifice de la fin du XIVe siècle en briques, il fut la possession des familles de Belletruche, Garrivod, Granier, Apponex, Roger, Rey et Favier du Noyer ;
- la maison Rouge de Conflans[5], bâtie vers 1397, actuel musée d'art et d'histoire de Conflans. Elle fut la propriété des familles Voisin, Tondu, Riddes et Verger, puis des Bernardines ;
- les portes du XVe siècle[9], passages voûtés dans l'enceinte de la ville. On distingue deux entrées principales dans la ville avec la « porte de Savoie »[3] (appelée parfois « porte de France »[27]) et la porte Tarine[4]. La première s'ouvre sur la combe de Savoie, et donc sur le territoire de l'ancien comté de Savoie, la seconde permettait de rejoindre la vallée de la Tarentaise. Les deux portes sont reliées par la Grande-Rue.
- le château Manuel de Locatel (olim maison forte de Costaroche) du XVIe siècle[8] ;
- les Rues des XVIIe et XVIIIe siècles. Construit entre 1579 et 1583, il fut la possession des familles de Locatel et de Manuel ;
- la maison à tourelles ou tour Ramus et logis seigneurial de la famille Ramus, près de la porte de Savoie[6] ;
- l'église Saint-Grat de Conflans, placée sous le patronage de saint Grat, du XVIIIe siècle[28] - [1].
- Château Manuel de Locatel, avec vue sur Albertville.
- Porte de Savoie, et tour Ramus.
- Porte Tarine (route de Turin et Vallée de la Tarentaise).
Il subsiste Ă©galement une partie des remparts[9].
La cité de Conflans comprenait un certain nombre de monuments disparus aujourd'hui dont : la maison forte de la Petite Roche (disparue depuis le XVIIIe siècle), la tour Nasine ou de la Pierre (citée en 1319) qui servit de lieu de détention[32], la tour Colombière (XIIe siècle ?).
HĂ©raldique
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Armoiries de Conflans : de gueules, à la croix d'argent cantonnée à la pointe senestre d'une tour de même Le blason se trouve sur la porte de Savoie[27]. Il représente le blason de la maison de Savoie, démontrant l'inféodation de la cité, ainsi qu'une tour, peut être une représentation de la tour sarrasine[27]. |
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Voir aussi
Bibliographie
- Joseph Garin, Une ville morte : Conflans en Savoie. Guide historique et archéologique avec illustrations et plans précédé d'une Petite Histoire de l'Hôpital et de Conflans et d'un guide rapide de l'Hôpital-Albertville, vol. 7, Moûtiers, Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère, , 113 p. (lire en ligne)
- Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5). ([PDF] lire en ligne).
- Chantal Maistre et Gilbert Maistre, Conflans : promenade historique, vol. 160, La Fontaine de Siloé, coll. « Cahiers du Vieux Conflans », , 128 p. (ISBN 978-2-84206-112-8, lire en ligne)
- Henri Ménabréa, La Savoie - 1 : Au seuil des Alpes de Savoie : Combe de Savoie, Albertville, Conflans, Val d'Arly, Beaufort, Tarentaise, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », (réimpr. 1997), 60 p. (ISBN 978-2-84206-069-5)
- Jacqueline Roubert, « La seigneurie des Archevêques Comtes de Tarentaise du Xe au XVIe siècle », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, impr. Chatelain (Chambéry), no 6, tome 5,‎ , p. 235 (lire en ligne)
- François Charles Uginet, Conflans en Savoie et son mandement du XIIe au XVe siècle, , 379 p. thèse de l'École nationale des chartes, prix de la meilleure thèse de l'année
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la géographie :
- Conflans sur le site de la commune d'Albertville
Notes et références
- « Église de Conflans ».
- « Tour sarrazine ».
- « Porte de Savoie à Conflans ».
- « Porte Tarine à Conflans ».
- « Maison Rouge de Conflans ».
- « Maison à tourelles ».
- « Château Rouge à Conflans ».
- « Château de Manuel à Conflans ».
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 14.
- Roubert 1961, p. 153 (lire en ligne).
- « Liaison Albertville Conflans: la ligne de bus J est en sursis », L'Essor savoyard,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Virginie Pascase, « Le petit train de Conflans en attendant d’être celui d’Albertville », L'Essor savoyard,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- J.F, « Albertville: le Petit train reste à quai, faute d’usagers », L'Essor savoyard,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Chanoine Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé (réimpr. 2004) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 139..
- Henry Suter, « Conflans », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté le ).
- Frank R. Hamlin, « Entre toponymie et hydronymie : les noms des confluents », Nouvelle revue d'onomastique, nos 15-16,‎ , p. 47-54 (lire en ligne).
- Élisabeth Sirot, Introduction à l'archéologie médiévale.
- Hudry 1982, p. 47.
- Félix Bernard, Les Origines féodales en Savoie-Dauphiné : la vie et les rapports sociaux d'alors, Imprimerie Guirimand, , 596 p., p. 211.
- Félix Bernard, Les Origines féodales en Savoie-Dauphiné : la vie et les rapports sociaux d'alors, Imprimerie Guirimand, , 596 p., p. 524.
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- « Les sites, monuments et personnages célèbres de Grésy-sur-Isère à Cevins - De la Cité médiévale à la ville olympique, Albertville, ville d’Art et d’Histoire », sur le site du Conseil départemental de la Savoie - www.savoie.fr (consulté en ).
- Joseph Garin, La vénérable mère Louise de Ballon, Albertville, Librairie Vve M. Bertrand, coll. « Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère », (lire en ligne), p. 21, « les derniers seigneurs de Conflans ».
- Louis Alexandre Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, 1764, p. 447 (lire en ligne).
- Jacqueline Roubert, « La seigneurie des Archevêques Comtes de Tarentaise du Xe au XVIe siècle », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, impr. Chatelain (Chambéry), no 6, tome 5,‎ , p. 235 (lire en ligne). .
- Joseph Garin, Un couvent de femmes sous l'Ancien Régime. Les Bernardines de Conflans. Histoire illustrée de plans et gravures, Albertville, Librairie Vve M. Bertrand, coll. « Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère », , 150 p. (lire en ligne), p. 81.
- Maistre 1999, p. 98.
- « Conflans », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - sabaudia.org (consulté le ), Ressources - Les communes.
- Hudry 1982, p. 38.
- Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Grenoble, Éditions Revue Les Alpes, , 128 p., p. 14.
- Chanoine Joseph Garin, Le Beaufortain : une belle vallée de Savoie : guide historique et touristique illustre, Montmélian, La Fontaine de Siloé, (réimpr. 1996) (1re éd. 1939), 287 p. (ISBN 978-2-84206-020-6 et 2-84206-020-2, lire en ligne), p. 43-44.
- Bruno Berthier et Robert Bornecque, Pierres Fortes de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 255 p. (ISBN 2-84206-179-9, présentation en ligne), p. 129.