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Fusil antichar Boys

Le fusil antichar Boys (en anglais Rifle, Anti-Tank, .55 in, Boys), parfois appelé à tort « Boyes », était un fusil antichar britannique. Trois versions successives de l'arme existèrent, le premier modèle Mark I (Mk I) avec un frein de bouche circulaire et un monopied en T, le Mark I* (Mk I*), frein de bouche carré et bipied en V, et le troisième modèle destiné aux troupes aéroportées avec un canon raccourci et pas de frein de bouche. Il y eut également différents types de munitions, la dernière utilisée ayant de meilleures performances de pénétration.

Fusil antichar Boys
Image illustrative de l'article Fusil antichar Boys
Fusil antichar Boys durant un entraînement.
Présentation
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Type Fusil antichar
Munitions Kynoch & RG .55 Boys (en) (13,9 x 99 mm B)
Fabricant Royal Small Arms Factory, Enfield Lock
PĂ©riode d'utilisation 1937
Durée de service 1937-1943
Production Environ 62 000
Poids et dimensions
Masse (non chargĂ©) 16,33 kg (36 livres)
Longueur(s) 1 613 mm
Longueur du canon 914 mm ou 762 mm pour les troupes aĂ©roportĂ©es
Caractéristiques techniques
Architecture H. C. Boys
Mode d'action Ă  verrou
PortĂ©e pratique PĂ©nĂ©tration d'un blindage de 16-19 mm Ă  90° Ă  91 m [1]
Cadence de tir 10 coups/min
Vitesse initiale 747 (puis 884) m/s[2]
Capacité 5 cartouches, approvisionné par le dessus
Variantes Mk I, Mk I*, Airborne (version pour les troupes aéroportées)
Volontaires suédois équipés de fusils antichars Boys durant la Guerre d'Hiver.
Affiche américaine de la Seconde Guerre mondiale montrant un soldat britannique et son fusil Boys.

Conception et développement

L'armĂ©e britannique cherchait Ă  se doter d'une arme antichar pour Ă©quiper son infanterie. Après avoir pendant un court moment cherchĂ© une rĂ©ponse du cĂ´tĂ© du canon de 20 mm Oerlikon, puis de la mitrailleuse Elswick 0,8 pouce, le dĂ©veloppement d'un fusil antichar Ă  haute vĂ©locitĂ© fut lancĂ©[3].

Le créateur de cette arme à feu est le capitaine H. C. Boys, membre du Comité Britannique des Armes Légères (British Small Arms Committee) et concepteur à la Royal Small Arms Factory d'Enfield Lock. Le fusil porta tout d'abord le nom de Stanchion (étançon), mais il prit le nom de son créateur en son honneur, le capitaine étant décédé quelques jours avant que le fusil soit déclaré bon pour le service le 24 novembre 1937.

Ce fusil Ă  rĂ©pĂ©tition, approvisionnĂ© par un chargeur contenant cinq munitions, Ă©tait grand et lourd, Ă©quipĂ© d'un bipied Ă  l'avant et d'une poignĂ©e dĂ©calĂ©e sous la crosse matelassĂ©e. Afin de lutter contre le fort recul de l'arme, liĂ© Ă  sa munition de 0,55 pouce (13,9 mm), le canon Ă©tait montĂ© sur rail, un absorbeur de choc Ă©tait fixĂ© sur le bipied et un frein de bouche complĂ©tait ces dispositifs. Mais malgrĂ© tous ces Ă©lĂ©ments, le recul de l'arme, ainsi que le bruit de l'explosion, Ă©taient terrifiants, Ă  l'origine de frĂ©quentes dĂ©chirures au niveau des muscles du cou et d'ecchymoses aux Ă©paules. Par consĂ©quent, l'arme n'Ă©tait pratiquement jamais utilisĂ©e librement, sauf en cas d'urgence, mais toujours posĂ©e sur un support[4].

Le Boys avait été conçu avec de nombreuses pièces, fixées par de nombreuses petites vis à fines engravures en acier doux, disposées très proches les uns des autres dans le corps de l'arme. L'entretien et la réparation de ces armes s'avéra un enfer pour les équipes de réparation de l'état-major britannique[4].

Versions[5]

  • Boys rifle, Mark I. ÉquipĂ© d'un monopied, frein de bouche circulaire.
  • Boys rifle, Mark I*. ÉquipĂ© d'un bipied, frein de bouche carrĂ©.
  • Boys rifle Airborne. ApprouvĂ© le 4 juillet 1942, canon raccourci pour les troupes aĂ©roportĂ©es. DotĂ© d'un coussin rembourrĂ© de plumes, et de pièces en aluminium afin de l'allĂ©ger.

Munition

Une balle .55 Boys (en).

Deux types de cartouches furent principalement utilisĂ©es durant la Seconde Guerre mondiale, la W Mark 1 (projectile antiblindage de 60 g Ă  747 m/s, la munition complète pesant 946 g) et la W Mark 2 (projectile antiblindage de 47,6 g Ă  884 m/s) .

La munition W Mark 1 pouvait approximativement pĂ©nĂ©trer un blindage de 16 mm Ă  100 yards (91 mètres), soit l'Ă©paisseur du blindage frontal d'un semi-chenillĂ© ou d'une automitrailleuse, ou celui des cĂ´tĂ©s ou de l'arrière d'un char lĂ©ger.

Plus tard dans le conflit, une munition plus efficace fut dĂ©veloppĂ©e, la W Mark 2. La cartouche en question ici Ă©tait une adaptation de la calibre .50 de Browning, sur l'Ă©tui de laquelle Ă©tait ajoutĂ©e un bourrelet au niveau du culot. Le projectile pesait 47,6 grammes et partait Ă  884 m/s. La W Mk 2 pouvait pĂ©nĂ©trer jusqu'Ă  19 mm de blindage Ă  100 yards (91 mètres), la plaque Ă©tant inclinĂ©e de 20°, l'efficacitĂ© passant Ă  21,5 mm pour un tir perpendiculaire. Sa portĂ©e efficace contre des objectifs non blindĂ©s, comme de l'infanterie, Ă©tait beaucoup plus grande.

En 1943, un projectile au tungstène partant Ă  945 m/s d'une masse de 48 grammes pour une munition d'un poids de 741 grammes fut crĂ©Ă© mais n'a pas Ă©tĂ© officiellement adoptĂ©, le blindage des chars Ă©tant dĂ©sormais trop important pour ce type d'arme.

En service

Le fusil Boys fut utilisé durant les premières phases de la Seconde Guerre mondiale contre les blindés allemands, chars légers et semi-chenillés. Les Britanniques firent également parvenir un grand nombre de leurs fusils en Finlande entre 1939 et 1940, durant le conflit qui l'opposa à l'Union soviétique. L'arme était appréciées par les Finlandais, car elle était bien efficace face aux chars T-26 de l'Armée rouge.

Bien qu'utile contre les premiers chars allemands, italiens ou soviétiques, selon le cas, lors de la campagne de Norvège, la bataille de France, la campagne d'Afrique du Nord ou la guerre d'Hiver, l'augmentation progressive du blindage des véhicules de combat durant la Seconde Guerre mondiale rendit le fusil progressivement inefficace. De plus, le manque de maniabilité de l'arme (cf. supra, usage presque toujours en position fixe) rendait son usage peu compatible avec la stratégie adverse du blitzkrieg, où les blindés apparaissaient subitement[3].

La dernière version de 1942, adaptée pour les troupes aéroportées, fut utilisé durant la campagne de Tunisie, et se montra totalement inefficace du fait de la vitesse réduite du projectile en sortie de son canon raccourci[6]. Sur le théâtre européen, il fut bientôt remplacé dans les unités d'infanterie antichar par le PIAT lors d'une réorganisation de celles-ci du 30 avril 1943[7].

Il fut Ă©galement utilisĂ© contre les bunkers, nids de mitrailleuses, ou encore contre des vĂ©hicules non blindĂ©s, mais il fut rapidement remplacĂ© dans les troupes britanniques et dans celles du Commonwealth par la mitrailleuse Browning M2 calibre .50[8]. Utilisant des munitions antiblindage (armour-piercing (AP)), des munitions antiblindage incendiaires (armour-piercing incendiary (API)), ou encore des munitions antiblindage incendiaires traçantes (armour-piercing incendiary tracer (APIT)), la calibre .50 Ă©tait capable d'une pĂ©nĂ©tration comparable, avec des effets pires encore dans le cas de munitions incendiaires utilisĂ©es contre les vĂ©hicules peu blindĂ©s. Dans ce cas, elle pouvait Ă©galement servir d'arme antiaĂ©rienne efficace[9]. MĂŞme les SAS britanniques ou encore le fameux Long Range Desert Group, qui utilisaient beaucoup de matĂ©riels pris sur l'ennemi ou rĂ©cupĂ©rĂ©s sur des avions ou autre pour les monter sur leurs jeeps et vĂ©hicules de reconnaissance, se dĂ©barrassèrent rapidement de leurs Boys au profit de mitrailleuses calibre .50 ou de canons italiens Breda modèle 35 de 20 mm.

Toutefois, sur le théâtre du Pacifique, le fusil Boys resta en service plus longtemps, toujours efficace contre les blindés légers japonais comme le Type 95, par exemple en Malaisie britannique jusqu'en 1942, lorsque la 14e compagnie du 1er régiment du Penjab détruisit deux chars légers japonais sur une route[6]. Les Britanniques et autres troupes du Commonwealth manquant d'un lance-roquettes antichar à longue portée dans la région, comme le bazooka ou le panzerschreck, le Boys resta dans l'inventaire sur cette zone d'opération.

Usage monté

Le fusil Boys fut parfois monté sur des véhicules légers, comme le Bren Carrier ou la voiture blindée Standard Beaverette.

Liste des utilisateurs

Sources

Notes et références

  1. Ă€ 500 m selon les sources. Voir Hogg, The Encyclopedia…
  2. 990 m/s selon les sources. Voir Hogg, The Encyclopedia…
  3. Hogg, I.V. (1977). The Encyclopedia of infantery weapons of World War II. Londres : Bison Books. p. 144.
  4. (en) Dunlap, Roy F., Ordnance Went Up Front, Samworth Press (1948), p. 144
  5. « Boys Anti-Tank Rifle: Mk I and Mk I* Improvements - YouTube », sur www.youtube.com (consulté le )
  6. (en) Weeks, John, Small Arms of World War II, New York: Galahad Press 1979, p. 91
  7. « L’ÉVOLUTION DE LA DIVISION D'INFANTERIE BRITANNIQUE », sur unionjacktrooper, (consulté le ).
  8. Bien que non transportable par un seul homme, avec ses 38 kg, trĂ©pied compris.
  9. (en) Barnes, Frank C., Cartridges of the World, DBI Books, 1975, 1989, p.432: Une Ă©tude comparative des performances des munitions AP, APIT et APIT de la mitrailleuse Browning M2 calibre .50 rĂ©vèle que toutes ces catĂ©gories de cartouches devaient pouvoir percer une plaque d'acier de 22,23 mm d'Ă©paisseur Ă  91 mètres ("A review of World War II U.S. .50 caliber AP, API, and APIT ammunition specifications reveals that all armour-piercing varieties of the U.S. .50 BMG cartridge were required to completely perforate 7/8" (22.23mm) of hardened steel plate armour at 100 yards (91 m)").

Bibliographie

  • (en) Roy F. Dunlap, Ordnance Went Up Front, Samworth Press (1948), LC Control No.: 48007125, Édition R & R Books 1996 (ISBN 1-8848-4909-1)
  • Raymond Dronne (prĂ©f. Ă©diteur), Leclerc et le serment de Koufra, Paris, Editions J’ai lu, coll. « J’ai lu leur aventure / A239 », , 321 p., poche
    Au moment d'attaquer le Fezzan en été 1942, une unité de Leclerc (le Groupe Nomade de Borkou) possédait un "pesant fusil Boye anglais antichars" (p. 189)
  • « Boys », Connaissance de l’histoire mensuel, Hachette, no 25,‎ , p. 52-53.

Liens externes

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