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Funiculaire de Bregille

Le funiculaire de Beauregard-Bregille, appelé communément funiculaire de Bregille, est un funiculaire et une ligne de tramway situé à Besançon dans le département français du Doubs. Imaginée dès 1899 par Émile Picard, la ligne reliait le bas et le haut de la colline de Bregille pour que les curistes de Besançon-les-Bains puissent accéder facilement aux bois et espaces verts de la ville ; cependant le funiculaire ne fut opérationnel qu'à partir de 1912, alors que le thermalisme est en déclin. La ligne fonctionnera jusqu'en 1987 malgré de nombreux problèmes financiers survenus au fil de son histoire, mais un dysfonctionnement technique viendra mettre un terme à l'activité du funiculaire. Cette ligne, inscrite à l'Inventaire des Monuments historiques depuis le 27 janvier 2011[1], fait actuellement l'objet d'un projet de réhabilitation, mené par une association en partenariat avec la Ville de Besançon.

Funiculaire de Beauregard-Bregille
Ligne de Besançon-la Mouillère à Besançon-Beauregard
Image illustrative de l’article Funiculaire de Bregille
La gare basse en 2007
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Besançon
Historique
Mise en service 1912
Électrification 1912
Fermeture 1987
Concessionnaires CTEPB (1901 – 1943)
RFB (1943 – 1989)
Caractéristiques techniques
Longueur 0,423 km
Vitesse maximale
commerciale
8 km/h
Vitesse maximale
de conception
8 km/h
Écartement Ă©troit (1 050 mm)
Pente maximale 220ʉۡ
Nombre de voies Voie unique
Trafic
Propriétaire Ville de Besançon
Exploitant(s) Ville de Besançon
Trafic Voyageurs

Historique

L'idĂ©e d'un système de funiculaire naĂ®t grâce Ă  Émile Picard dès 1899, qui veut faire la liaison entre Bregille et les nouveaux bâtiments thermaux de la ville pour que les touristes puissent jouir du grand air et d'une cure thermale. Picard fonde au dĂ©but du XXe siècle la Compagnie des Tramways Électriques au plateau de Beauregard et en 1912 le projet voit enfin le jour avec les premiers voyages publics. Après de bons dĂ©buts et des profits, les rĂ©sultats de la frĂ©quentation du funiculaire oscillent et la Compagnie de Picard s'enlise dans les dettes principalement après la mort de son fondateur en 1931 et surtout Ă  la fin des annĂ©es 1930. La MunicipalitĂ© rachète alors la Compagnie et fonde La RĂ©gie du funiculaire, qui connaĂ®tra des records d'affluence avant de s'effondrer dans les annĂ©es 1970, en passant de 222 000 voyageurs en 1945 Ă  38 000 en 1979, tendance qui se confirme dans les annĂ©es 1980 jusqu'Ă  la fermeture du funiculaire.

En 1987, le funiculaire de Bregille est momentanément arrêté à la suite de dysfonctionnements techniques, mais devant le coût des travaux, le site est fermé pour une plus longue durée et devait cependant être rouvert après qu'un budget fût trouvé. Malgré les efforts consentis pour trouver des fonds, le funiculaire ne rouvrira pas ses portes et sera laissé à l'abandon. À partir de 2005, une association connue sous le nom des Amis du Funiculaire de Besançon a pour objectif la réhabilitation de l'ensemble de l'équipement et la protection des gares, des rails et des voitures. Elle obtient l'inscription de la ligne aux monuments historiques en 2010[2] et l'arrêté est émis le 27 janvier 2011[1]. En 2022, l'association, soutenue par la Ville de Besançon et le Conseil régional, diligente une entreprise spécialisée dans les remontées mécaniques pour une étude technique visant à chiffrer la réhabilitation du Funiculaire. L'association espère une réhabilitation effective et nouvelle inauguration ces prochaines années.

Caractéristiques

Caractéristiques générales et techniques

L'Ă©vitement Abt du funiculaire.

Avant sa fermeture, le funiculaire de Bregille Ă©tait ouvert sept jours sur sept avec des horaires diffĂ©rents suivant les jours[a 1], et transportait en moyenne 239 voyageurs par jour et environ 87 249 par an. Les voyageurs Ă©taient principalement des thermalistes et des habitants de Bregille de l'ouverture du funiculaire jusqu'aux annĂ©es 1930[a 2], puis seuls des habitants du quartier et des Bisontins en recherche d'espaces verts l'utilisèrent jusqu'Ă  sa fermeture en 1987.

Il gravissait les 73 mètres de dĂ©nivelĂ© (pour une longueur de 423 mètres)[a 3] entre la gare basse et la gare haute avec une vitesse de 8 km/h, et comprend un Ă©vitement Abt[3]. Le funiculaire est Ă  voie unique, d'un Ă©cartement Ă©troit de 1,05 mètre et la rampe atteint au maximum 22 %[a 3]. Elle est dotĂ©e de rails Vignole dont les cĂ´tĂ©s du champignon sont en forme de « V », afin que les mâchoires de freinage ne provoquent pas le soulèvement de la voiture en les enserrant, dans le cas d'un freinage d'urgence[4].

Le moteur Ă©tait un moteur Ă©lectrique fabriquĂ© par Alsthom en 1938 et la machinerie fut quant Ă  elle construite par les Ă©tablissements suisses Louis de Roll (Berne)[a 2]. La puissance installĂ©e est plutĂ´t modeste, avec un moteur de 28 chevaux, remplacĂ© un peu plus tard par un autre de 32 chevaux[5]. Ce moteur Ă©tait situĂ© Ă  la station amont et alimentĂ© via une ligne longeant la voie, dĂ©construite Ă  la fermeture du funiculaire. Aucune communication permanente n'existe entre les voitures et la machinerie : une simple sonnerie indique le dĂ©part depuis les stations et la machinerie[5].

Une voiture du funiculaire.

C'est Ă  partir de 1981 que les voitures adoptent leur apparence actuelle : les caisses en bois sont presque toutes reconstruites Ă  l'identique sur leur châssis d'origine, la seule diffĂ©rence avec l'original Ă©tant les vitres en plexiglas bombĂ© sur la cabine des wattmans Ă  la place des anciennes vitres plates[a 4]. Le toit des voitures est lui aussi totalement reconstruit, et du vert cuivre est posĂ© sur le contreplaquĂ© afin de donner une touche de modernitĂ© tout en laissant le vĂ©hicule Ă©tanche[a 4]. Les voitures mesuraient 8,50 mètres pour une masse de 6,20 tonnes[5] et Ă©taient munies de deux compartiments voyageurs comprenant seize places assises, un compartiment bagage pouvant accueillir huit Ă  dix personnes ainsi que de deux plates-formes destinĂ©es aux wattmans[a 2]. Le plancher est Ă©tabli sur quatre niveaux distincts. Le machiniste observe le parcours effectuĂ© par les voitures grâce Ă  un curseur se dĂ©plaçant sur une règle ; le câble les entraĂ®ne Ă  une vitesse de 8 km/h. L'exploitation du funiculaire nĂ©cessite quatre personnes[5].

Le funiculaire disposait d'un passage à niveau non gardé juste avant l'évitement Abt, au milieu de la ligne[3]. Un tel passage à niveau entre une route et un funiculaire est quelque chose de très inhabituel et certainement unique en France[3]. Le chemin qui le traverse est un cul-de-sac qui dessert quelques habitations de l'autre côté de la voie, mais depuis la fermeture du funiculaire cette voie a été barrée et recouverte de bitume[3]. Cette route était protégée par des signaux lumineux déclenchés par le passage des voitures du funiculaire[4].

Situation géographique

La colline de Bregille Ă  l'aube.

Le funiculaire relie le quartier de la Mouillère, à proximité du centre-ville, cœur économique, touristique, culturel et historique de Besançon, et le plateau de Beauregard-Bregille, quartier résidentiel offrant un beau panorama sur la vieille ville et ses fortifications. Le funiculaire est situé près de plusieurs lieux remarquables, dont le casino municipal, le centre thermal de Besançon-les-Bains, le parc Micaud et le fort Beauregard.

Il débute à l'angle de la rue du Funiculaire et de la rue des Fontenottes pour la gare basse, longe le sentier de l'Aiguille et aboutit au chemin des Monts-de-Bregille du haut pour la gare haute. Le funiculaire est desservi par plusieurs lignes de bus Ginko (lignes 24, 27 et C, arrêt Funiculaire), ainsi que par le train (gare de Besançon-la Mouillère, ligne TER Besançon - Le Locle - La Chaux-de-Fonds).

Contexte historique de la création

L'hôtel de Besançon les Bains.

Ă€ la fin du XIXe siècle, le quartier bisontin de la Mouillère et le plateau de Bregille, qui n'est alors qu'un petit village de 300 habitants, connaissent de grands bouleversements Ă  la suite de l'implantation de la gare de la Mouillère en 1884, suivie du complexe thermal des Bains salins de La Mouillère en 1892-1893[6] - [a 5] - [7] - [8]. Le succès rencontrĂ© par la station thermale amène rapidement les pouvoirs publics Ă  reconsidĂ©rer les abords des Bains, et plus particulièrement le plateau de Bregille, afin de proposer des Ă©quipements complĂ©mentaires : hĂ´tels, stations de cure d'air, villas et appartements[a 5] - [8]... ; l'initiative privĂ©e est alors largement encouragĂ©e. La SociĂ©tĂ© de mĂ©decine de Besançon va formuler un vĹ“u lors de sa sĂ©ance du 20 mai 1898[a 5] : « De voir une entente s'Ă©tablir entre les pouvoirs publics, les associations d'intĂ©rĂŞt local et le conseil d'administration des bains, Ă  l'effet d'Ă©veiller, conseiller et encourager de toutes leurs forces, l'initiative privĂ©e, et de faire aboutir la crĂ©ation, au voisinage immĂ©diat des bains, et plus particulièrement sur le plateau de Bregille, des centres de villĂ©giature pourvus de moyens de communications suffisants et pratiques avec la Mouillère et la ville et permettant aux baigneurs de joindre aux bĂ©nĂ©fices de la cure saline ceux d'une vĂ©ritable cure d'air et d'une cure de moyenne altitude. ». Le mot d'ordre Ă©tait donc donnĂ© : il fallait rĂ©ussir Ă  dĂ©velopper le secteur de Bregille et le pourvoir en moyens de communications efficaces. Émile Picard, alors riche propriĂ©taire Ă  Bregille et industriel-horloger, adresse une lettre au maire de la ville le 5 fĂ©vrier 1899[a 6] :

Bregille-village, vers 1900.

« Besançon, le 5 février 1899
Les soussignés ont l'honneur de solliciter de la bienveillance de la Municipalité de bien vouloir accéder à la demande ci-bas. Il s'agirait de faciliter une partie de l'accès au coteau de Beauregard, l'intérêt général en cause, attendu qu'à chaque saison, les propriétaires tiennent à la disposition des baigneurs des villas et des appartements meublés qui, par le mauvais état du chemin de Beauregard, ne peuvent louer les dits appartements. Ensuite de renseignements officieux, la municipalité étant disposée à accepter un projet de chemin ainsi que le tracé de plan, aux frais des propriétaires riverains, qui, tous, sont disposés à donner leur terrain gratuitement. Ces divers propriétaires viennent, en attendant la réalisation du projet ci haut annoncé, et pour amoindrir les difficultés d'accès du chemin de Beauregard, d'en commencer l'empierrement et la réfection. Ils demandent, et prient la municipalité de bien vouloir leur en faciliter l'achèvement en les gratifiants de quelques voitures de groises et quelques journées des cantonniers attachés à la ville, au courant de ses travaux, afin que, pour la bonne saison, ce chemin devienne accessible aux nombreux étrangers qui nous visitent. Espérant que notre demande recevra l'assentiment de tous nos conseillers, nous avons l'honneur de leur exprimer, avec nos salutations, tous nos remerciements. »

— Émile Picard [+35 signatures]

Les projets

Le premier projet

Publicité sur le chemin de fer électrique de la Mouillère-Besançon au plateau de Bregille, datant de 1902.

Le 26 mai 1899, Émile Picard écrit de nouveau au maire de Besançon afin de solliciter une concession pour l'établissement d'un funiculaire, le long du sentier de l'Aiguille[a 7]. Picard est particulièrement habile et tenace dans ses lettres envoyées à la municipalité, notamment parce que celles-ci sont assorties de dizaines de signatures dont la plupart de propriétaires bregillots, donnant ainsi à son projet une crédibilité incontestable[a 7]. Une lettre, datée du 27 juin 1899, confirme l'existence d'un projet de funiculaire évoqué le 26 mai 1899[a 7] :

« Besançon, le 27 juin 1899 — Monsieur le Maire de Besançon,
J'ai l'honneur de vous confirmer ma lettre du 26 mai vous demandant la concession pour l'Ă©tablissement d'un funiculaire. Je viens Ă  nouveau solliciter de la MunicipalitĂ© l'approbation de la mĂŞme demande. Ă€ l'appui, vous trouverez un plan sommaire qui vous indiquera le point de dĂ©part et celui d'arrivĂ©e. Mon projet consiste Ă  partir du bas du chemin de l'aiguille pour arriver au sommet. Je n'ai pas Ă  faire ressortir les avantages de ce funiculaire qui sera construit dans les derniers perfectionnements. En ce qui concerne la question des dĂ©marches ressortissant Ă  votre compĂ©tence pour obtenir l'adhĂ©sion du DĂ©partement et de l'État, je crois qu'Ă©tant donnĂ© l'emplacement qu'occupera cette ligne, qui ne traversera que des terrains particuliers se trouvant Ă  Besançon, la MunicipalitĂ© a seule le pouvoir pour accorder cette concession. Afin d'en faciliter la rĂ©siliation, j'abandonnerai l'exploitation de cette ligne au profit de la ville après 30 annĂ©es, comme condition Ă  cet abandon, je demande Ă  la municipalitĂ© une subvention de 40 500 francs, payable par annuitĂ©s et par fractions de 13 500 francs. En ce qui concerne la gestion du tarif des transports, j'aurai l'avantage de le fixer ultĂ©rieurement, les dĂ©penses n'ayant pas encore Ă©tĂ© complètement Ă©tablies pour la construction. Dans l'espoir que vous voudrez accueillir favorablement ma demande, veuillez agrĂ©er, Monsieur le Maire, l'assurance de ma parfaire considĂ©ration. »

— Émile Picard.

Ce vĹ“u est exaucĂ© le 25 novembre 1901 lorsque la concession qu'il avait demandĂ©e lui est accordĂ©e, pour une durĂ©e de 75 ans, avec une subvention annuelle de 1 900 francs[a 7]. C'est alors qu'Émile Picard fonde la Compagnie des Tramways Électriques au plateau de Beauregard et commence Ă  rĂ©ellement mettre au point son projet[a 7]. Par la suite, Picard demande 6 000 francs de subvention au DĂ©partement du Doubs en invoquant un projet d'utilitĂ© publique[a 7]. Cependant, le conseil gĂ©nĂ©ral du Doubs refuse de subventionner le funiculaire dans sa sĂ©ance du 20 aoĂ»t 1902[a 7] : « La demande, telle qu'elle se prĂ©sente, n'a pas un intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral suffisant pour motiver le concours financier du DĂ©partement. La question se prĂ©sente d'une façon anormale puisqu'il s'agit de la demande d'un industriel en faveur de l'affaire qu'il exploitera ; ce n'est donc pas une Ĺ“uvre d'utilitĂ© publique. De plus, l'entrepreneur nous indique lui-mĂŞme qu'il compte tirer de l'opĂ©ration un intĂ©rĂŞt de 3,8 %. Sur la demande de M. de Moustier, le conseil gĂ©nĂ©ral ajourne sa dĂ©cision et prie l'Administration de lui fournir une Ă©tude plus complète. » Après l'Ă©chec de sa demande de financement par le DĂ©partement, Picard tente de compenser ce refus en augmentant ses exigences financières auprès de la Compagnie des Bains de la Mouillère qui s'Ă©tait engagĂ©e Ă  investir dans le projet[a 7]. Mais la compagnie refuse de donner plus d'argent pour ce projet, Ă©voquant quelques difficultĂ©s financières[a 7].

Le second projet

Après ces Ă©checs et tenant compte des nouvelles innovations technologiques, Picard propose un nouveau projet très diffĂ©rent du premier : en juin 1905, il parle d'un tramway Ă©lectrique d'une longueur de 762 mètres, ayant pour point d'arrivĂ©e l'Ă©cole des Hauts de Bregille[a 3]. Mais cette fois Picard met toutes les chances de son cĂ´tĂ©, et propose plus qu'une simple idĂ©e, en adjoignant des plans, des Ă©tudes... ce qui permet d'avoir un projet concret et abouti[a 3]. Cette ligne de tramway Ă©lectrique suscite de nouveau l'intĂ©rĂŞt de la municipalitĂ© ce qui permet de renouveler sa demande auprès du conseil gĂ©nĂ©ral du Doubs[a 3]. C'est ainsi qu'un dĂ©cret d'utilitĂ© publique est officiellement signĂ© en aoĂ»t 1908 et qu'une nouvelle convention est signĂ©e avec la ville de Besançon pour renouveler la subvention accordĂ©e six ans auparavant[a 3].

En 1909, un cahier des charges est Ă©tabli, ce qui permet de voir que la construction de tramways va poser de grandes difficultĂ©s techniques[a 3]. En effet, les moteurs des tramways n'avaient qu'une puissance de 30 chevaux, ne permettant pas de gravir la montĂ©e du sentier de l'aiguille d'une inclinaison de 22 %[a 3]. Le cahier des charges en fait rĂ©fĂ©rence[a 3] : « Il eĂ»t fallu disposer d'une force considĂ©rable, force que la Compagnie du Gaz et de l'ÉlectricitĂ© Ă©tait impuissante Ă  fournir au concessionnaire avec un courant de 440 volts sous une intensitĂ© de 220 ampères. Et eĂ»t-elle pu la fournir, que l'exploitation devenait coĂ»teuse. » Il est donc dĂ©cidĂ© d'incorporer une crĂ©maillère sur la cĂ´te la plus abrupte du sentier de l'aiguille mesurant environ 390 mètres[a 3], et en pente de 21 %[4]. Quant au restant du tronçon il sera sur une voie de tramway classique Ă  simple adhĂ©rence[a 3], en pente de 80 â€°[4].

Le projet définitif

Jeton de 25 centimes du funiculaire.

Le projet dĂ©finitif comprendra deux tronçons : un système de funiculaire sur les pentes abruptes du sentier de l'aiguille actionnĂ© par un moteur Ă©lectrique, et le reste du tronçon devient une simple ligne de tramway[a 3]. Le trajet s'effectue donc en deux temps, avec un changement au niveau du sentier de l'aiguille[a 3]. En face de la gare dite supĂ©rieure une station est Ă©difiĂ©e pour le dĂ©part du tramway[a 3]. Cette ligne de tramway prĂ©vue doit ĂŞtre construite lorsque le secteur de Bregille aura gagnĂ© en habitants, mais ne sera finalement jamais Ă©tablie[4] bien que le garage actuel fĂ»t la fondation de cette station[a 3]. Le premier tronçon Ă©tait estimĂ© Ă  un coĂ»t de 230 000 francs or, avec un effectif de 150 000 voyageurs annuellement[a 3]. Le capital de la compagnie Ă©tait Ă  l'Ă©poque de 230 000 francs divisĂ©s en 460 actions de 500 francs[a 3]. Parmi les principaux actionnaires on retrouve Charles Krug (maire de Besançon de 1919 Ă  1925), le docteur Heintz et bien sur, Émile Picard dĂ©tenant Ă  lui seul 25 000 francs de capital (50 actions) soit plus de 10 % du total capital[a 2]. Les premiers travaux de terrassement ont lieu en juin/juillet 1911 parallèlement Ă  une enquĂŞte d'utilitĂ© publique auprès des Bisontins[a 2]. La construction du funiculaire est confiĂ©e aux Ă©tablissements Louis de Roll basĂ©s Ă  Berne[a 2]. Les voitures mesurent 8,50 mètres et sont munies de deux compartiments voyageurs comprenant 16 places assises, un compartiment bagages pouvant accueillir huit Ă  dix personnes ainsi que de deux plates-formes destinĂ©es aux wattmans[a 2]. Le 24 novembre 1912 les premiers voyages publics sont organisĂ©s, et en fĂ©vrier 1913 Picard signe une nouvelle convention avec la municipalitĂ© lui accordant un dĂ©cret d'utilitĂ© publique le 6 mars de la mĂŞme annĂ©e[a 2]. Pourtant, le projet aboutit un peu tard : l'activitĂ© thermale est en dĂ©clin et la Première Guerre mondiale approche[a 2]. Cependant de nombreux utilisateurs empruntent le funiculaire, parmi eux des artisans, des agriculteurs, des ouvriers, des militaires postĂ©s au fort de Bregille[a 2]... En 1912, les tarifs dĂ©finitifs sont fixĂ©s : 0,15 franc pour un aller simple, 0,29 franc pour un aller-retour et 5,50 francs pour un carnet de 50 tickets[a 2]>.

Les débuts de l'exploitation

Le funiculaire en 1913.

Hormis l'annĂ©e 1913, 1912-1918 est une pĂ©riode assez mouvementĂ©e pour l'exploitation du funiculaire, en raison du contexte historique[a 8]. Les chiffres de frĂ©quentation n'atteignent pas les prĂ©visions (qui Ă©taient de 150 000 voyageurs par an), en raison de la guerre et de l'arrĂŞt de l'activitĂ© touristique, les Bains Ă©tant transformĂ©s en centre de soins pour les blessĂ©s[a 8]. Puis d'autres problèmes accentuent les difficultĂ©s liĂ©es au budget et Ă  la rentabilitĂ© : la municipalitĂ© essaie de trouver des prĂ©textes pour ne plus payer les subventions, et la compagnie du Gaz et de l'ÉlectricitĂ© facture plus cher le kilowatt-heure pour le funiculaire que pour la compagnie des tramways, car le premier consomme moins d'Ă©nergie que la seconde[a 8]. Puis, certains des habitants du quartier entrent en conflit avec la compagnie, notamment lorsqu'un agriculteur de la colline s'indigne d'avoir Ă©tĂ© obligĂ© de payer son ticket ; cela entraĂ®ne quelques pĂ©titions, mais la vraie raison de cette colère serait la jalousie engendrĂ©e par la rĂ©ussite de Picard[a 8]. Enfin, en 1914, la totalitĂ© du personnel se retrouve mobilisĂ©e, ce qui engendre une interruption de service durant plusieurs semaines, le temps de recruter et de former du personnel[a 8]. Durant la pĂ©riode 1912-1918, quelques maigres bĂ©nĂ©fices sont tout de mĂŞme enregistrĂ©s, ce qui permet de continuer l'activitĂ© du funiculaire[a 8].

Vue du funiculaire depuis la gare haute.

En 1916, un rapport relate un accident survenu le 15 janvier de cette même année[a 9] : « Besançon, le 20 janvier 1916 — Funiculaire de Beauregard, Tamponnement d'un cheval appartenant à M.Peuteuil — Rapport du subdivisionnaire. Exposé : par un rapport du 15 janvier courant, M.Picard, administrateur délégué de la Compagnie du tramway électrique de Besançon au plateau de Beauregard, fait connaître aux services de contrôle de la Ville, qu'à six heures du soir, un accident est arrivé sur la voie du funiculaire et qu'un cheval a été pris sous une des voitures de la Compagnie et a été étranglé. L'un des employés de M.Peuteuil, entrepositaire de charbons, ayant une livraison à faire dans une des maisons du coteau de Beauregard, n'hésite pas, pour s'éviter de porter à dos sa marchandise sur une trop longue distance, à pénétrer avec son cheval et sa voiture dans la propriété Vaissier, dont il ouvrit la barrière afin de traverser la voie du funiculaire au passage à niveau réservé exclusivement à ladite propriété. Il était près de six heures du soir, la nuit était complète et la voiture n'avait pas de lanterne. Arrivé sur l'axe du P.N. le cheval glissa sur le rail et tomba en travers de la voie, au moment où le funiculaire se mettait en marche. Le conducteur chercha à débarrasser le cheval de son harnachement, pour le retirer plus rapidement du danger, mais, en raison de l'obscurité complète, il ne put y parvenir. Alors, il laissa le cheval sur la voie et se porta en avant de la voiture montante du funiculaire en criant au wattman de s'arrêter. Celui-ci, tout d'abord surpris, hésita un instant, puis, enfin, serra son frein, mais un peu tard, en sorte que la voiture prit le cheval en écharpe et le traîna sur une longueur de deux mètres environ, puis enfin, s'arrêta. D'autre part, le mécanicien de la station supérieure, voyant son ampérage passer subitement de 12 à 40, comprit qu'un obstacle existait sur la voie et coupa le courant. Outre le cheval qui a été tué, les dégâts matériels consistent en une limonière brisée, et en diverses petites avaries, aux verrous des portes de la voiture deux qui ont été faussés ou avariés. Les réparations ont pris toute la journée du 15, pendant laquelle le service n'a pu fonctionner. »

De l'âge d'or aux premières difficultés

L'âge d'or

La gare du haut au début du XXe siècle.

Cette pĂ©riode est synonyme de croissance pour l'entreprise, qui atteint le nombre de 176 000 voyageurs en 1929, dĂ©passant largement ainsi les prĂ©visions de 490 passagers par jour[a 8]. En 1927, le bĂ©nĂ©fice record est atteint avec une recette de 18 500 francs rĂ©coltĂ©s au cours de cette seule annĂ©e, reprĂ©sentant le tiers des bĂ©nĂ©fices accumulĂ©s dans l'histoire de la Compagnie de Picard[a 8]. Cependant la Compagnie connaĂ®t quelques difficultĂ©s liĂ©es Ă  la hausse des prix Ă  partir de 1918, notamment parce qu'Ă  chaque rĂ©ajustement des tarifs, la MunicipalitĂ© puis le Conseil gĂ©nĂ©ral du Doubs doivent donner leurs avals compte tenu du dĂ©cret d'utilitĂ© publique, ce qui prend parfois un certain temps et engendre occasionnellement des pertes[a 8]. Picard ira mĂŞme jusqu'Ă  menacer en 1921 la ville de Besançon de demander au Conseil d'État l'annulation du dĂ©cret, sans lequel il serait libre d'appliquer ses modifications de tarifs[a 8]. On note qu'en avril 1926 une grève du personnel entraĂ®ne une hausse des salaires et des tarifs[a 8].

Les tarifs sont revus à la hausse en 1919, 1923, 1925 et 1926, mais Picard semble systématiquement dramatiser sur la situation financière de la Compagnie, afin semble-t-il d'essayer de toucher quelques subventions supplémentaires[a 8]. Aussi, il se plaint régulièrement dans la presse locale d'être méprisé par la municipalité, comme en témoignent nombre de ses lettres et interviews[a 8] : « Je termine ma lettre en constatant une fois de plus l'obstruction systématique qui se produit contre la Compagnie du Funiculaire qui mérite, cependant, plus de bienveillance si les pouvoirs publics voulaient se rendre compte de l'importance de services que rend ce petit chemin de fer et qui a donné au plateau de Bregille, un développement intéressant la Ville par de nombreuses constructions et par la visite de milliers d'étrangers venant s'extasier devant le panorama incomparable dont l'œil jouit des hauteurs de ce magnifique plateau. »

Émile Picard tombe gravement malade en 1928 et doit alors quitter ses fonctions. Il Ă©crit sa dernière lettre au maire peu avant sa dĂ©mission<[a 10] : « Besançon, le 26 juin 1928 — Monsieur le Maire de Besançon — Monsieur, j'ai l'honneur de vous faire connaĂ®tre que je viens de lire dans le journal du 26 juin, que l'Administration du Funiculaire demande une petite subvention. Très fatiguĂ©, en y ajoutant mes 79 ans dans deux mois, j'ai donnĂ© ma dĂ©mission d'Administrateur dĂ©lĂ©guĂ©. Cette entreprise, qui est mon Ĺ“uvre, mĂ©rite d'ĂŞtre soutenue, vous savez les services qu'elle rend Ă  la population. Pour complĂ©ter mon Ĺ“uvre, je viens vous confirmer ce que je vous ai communiquĂ© de vive voix, Ă  savoir que j'ai lĂ©guĂ© Ă  la Ville de Besançon, entre autres legs, une somme de vingt-cinq mille francs, Ă  charge pour la municipalitĂ© de crĂ©er un square sur le terrain de la plate-forme de la station supĂ©rieur du funiculaire, en laissant un passage pour les voyageurs. Je me tiens Ă  votre disposition, Monsieur le Maire, pour tout autre renseignement. Veuillez agrĂ©er, Monsieur le Maire, l'assurance de mes sentiments dĂ©vouĂ©s. — Émile Picard, encore prĂ©sident du Conseil d'Administration de la Compagnie. »

L'après Picard et les premières difficultés

Le funiculaire, années 1920 ou 1930.

Le successeur de Picard, Joseph Billiotte, est un actionnaire et assureur Ă  Besançon qui reprend en main la Compagnie[a 10]. En 1938, de nombreuses rĂ©parations ont lieu sur tout le funiculaire, notamment sur le matĂ©riel roulant : roues, peintures et voies nĂ©cessitent un rajeunissement après plus de 25 ans de service. Pendant la durĂ©e des travaux, un service de substitution composĂ© d'autobus est assurĂ© aux heures de pointe, marquant ainsi le premier gros arrĂŞt du funiculaire[a 10]. Quant aux recettes, elles sont stables durant la pĂ©riode 1928-1935 avec un effectif de 150 000 Ă  160 000 voyageurs, mais entre 1936 et 1939 la situation se crispe, notamment avec l'arrivĂ©e au pouvoir du Front populaire faisant adopter des lois sociales qui auront un impact direct et significatif sur les finances de la Compagnie[a 10]. Ces lois obligent la Compagnie Ă  embaucher trois personnes de plus sur 40 heures hebdomadaires, coĂŻncidant avec la baisse du nombre de voyages en 1937, les rĂ©parations et interruptions de service de 1938 ainsi qu'Ă  la grève du personnel la mĂŞme annĂ©e rehaussant le salaire de ceux-ci de 12 %[a 10]. Le dĂ©ficit de la Compagnie atteint 3 600 francs en 1936 et explose en 1938 avec 52 000 francs[a 10]. C'est alors que Joseph Billiotte demande Ă  la ville une aide de 65 000 francs afin de combler le dĂ©ficit du funiculaire, qu'il obtiendra non sans difficultĂ©s[a 10].

Cependant, les difficultĂ©s continuent en 1940, et la Compagnie se voit obligĂ©e d'intenter un procès contre la ville devant le conseil de prĂ©fecture pour charges extra contractuelles, car cette première ne peut pas payer ses dettes qui s'Ă©lèvent alors Ă  95 000 francs[a 10]. Pendant cette pĂ©riode (la Seconde Guerre mondiale) la municipalitĂ© ne donne pas prioritĂ© au funiculaire et le procès ne prĂ©sage alors rien de bon pour la Compagnie. C'est ainsi qu'en 1941 le ministre des travaux publics de l'État français suggère un rapprochement entre la Ville et la Compagnie[a 10].

Pendant la Seconde Guerre mondiale

Le rachat de la compagnie

Après les difficultĂ©s de remboursement et la baisse de voyageurs, on se rĂ©fère Ă  l'article 19 du cahier des charges : « La ville de Besançon aura toujours le droit de racheter la Compagnie »[a 11]. Cette solution est en effet privilĂ©giĂ©e, face aux deux autres comportant trop d'inconvĂ©nients : renoncement du prĂŞt de la ville mais ne faisant que reporter le problème ou mettre la Compagnie en faillite et dans ce cas arrĂŞter le funiculaire[a 11]. La commission des transports dĂ©cide donc de racheter la Compagnie avec la MunicipalitĂ©, et Jean Minjoz, alors adjoint au maire dĂ©lĂ©guĂ© aux transports propose en 1941 de racheter la Compagnie pour la somme de 195 500 francs[a 11]. Billiotte juge la somme inacceptable sachant qu'il faut ajouter le dĂ©ficit, l'intĂ©rĂŞt statuaire et les frais d'administration centrale ce qui porte le rachat Ă  un total de 445 500 francs[a 11].

Un prix d'achat dĂ©finitif est finalement trouvĂ© après plusieurs refus rĂ©ciproques, fixant une somme de 350 000 francs[a 11]. Le rachat est approuvĂ© par le conseil municipal dans sa sĂ©ance du 22 octobre 1941 et le funiculaire est dĂ©finitivement acquis par la ville le 23 janvier 1942 bien qu'il ne soit encore rien assurĂ© sur son avenir[a 11]. Puis, les actionnaires se mettent d'accord avec la mesure prise et enfin la prĂ©fecture de Besançon donne son aval en octobre 1942[a 11]. La convention de rachat est officiellement signĂ©e le 20 novembre 1942, et après quelques hĂ©sitations la MunicipalitĂ© dĂ©cide de crĂ©er provisoirement une rĂ©gie, Ă  partir du 25 fĂ©vrier 1943 et qui devait au dĂ©part durer trois annĂ©es[a 11]. Le 1er avril 1943, la ville devient dĂ©finitivement propriĂ©taire du funiculaire et la Compagnie des Tramways Électriques du plateau de Beauregard-Bregille disparaĂ®t donc au profit de la RĂ©gie du Funiculaire de Bregille après plus de 41 ans d'existence[a 11].

Le bombardement du 16 juillet 1943

Un bombardier Halifax.

Le au soir, 165 bombardiers Halifax Pathfinder dĂ©collent du sud-ouest de l'Angleterre, avec pour cible les usines Peugeot de Sochaux. La ville de Besançon est alors choisie comme alternative target afin de tromper la chasse de nuit allemande[a 11]. Vers une heure du matin (heure locale), un avion Ă©claireur se heurte Ă  un chasseur allemand (Dornier 217-J) et des Ă©changes de tirs ont lieu, puis le Halifax anglais est heurtĂ© par le Dornier allemand, avant que le premier ne s'Ă©crase sur la gare de Besançon-Viotte[a 12].

Puis, une quinzaine de Halifax bombardent la capitale comtoise en ordre dispersé, faisant une cinquantaine de victimes dont une grande partie de civils[a 12]. Le funiculaire de Bregille est lui aussi bombardé par un avion[9] ayant lâché ses bombes trop tôt, et il apparaîtra par la suite que neuf de ces bombardiers pensaient avoir détruit les usines Peugeot de Sochaux[a 12]. Un témoin sur place a vu des éclairs lorsque les avions bombardaient la ville, preuve de l'usage de bombe flash permettant ainsi de prendre des photos de la cible[a 12]. L'évitement central est touché, laissant les deux gares et les voitures intactes. Cependant, l'exploitation est interrompue et ne reprendra qu'en janvier 1945[a 12].

La RĂ©gie du funiculaire

De l'après-guerre aux années 1970

Le 1er aoĂ»t 1945, le conseil municipal de la ville nomme M.Laporte, alors chef de section de service de voirie, comme Directeur de la RĂ©gie Municipale du Funiculaire[a 12]. En 1944, la rĂ©gie fait un bĂ©nĂ©fice de 52 000 francs, et un bĂ©nĂ©fice de 95 000 francs en 1945 pour un total de 222 000 voyageurs cette mĂŞme annĂ©e, chiffre encore inĂ©galĂ©[a 12]. Bien que les bĂ©nĂ©fices soient lĂ , il manque toujours de l'argent notamment Ă  cause des travaux faits sur les voitures et l'Ă©clairage, c'est pourquoi une subvention de 600 000 francs est accordĂ©e Ă  la rĂ©gie[a 12]. Concernant les annĂ©es 1950, seul le chiffre de 150 467 voyageurs et la trace d'importants travaux sur les câbles de traction des vĂ©hicules et la voirie nous renseignent sur l'histoire du funiculaire Ă  cette Ă©poque[a 12].

Au dĂ©but des annĂ©es 1960, les recettes et le nombre de voyageurs sont stables, oscillant entre 110 000 et 120 000 voyageurs, avant de redescendre Ă  94 000 Ă  la fin de cette dĂ©cennie[a 12]. Ă€ partir des annĂ©es 1970 on note une importante diminution de la frĂ©quentation : de 94 000 voyageurs en 1969, on passe Ă  64 000 en 1972, 38 000 en 1979 avant de remonter Ă  40 000 en 1980[a 12]. Cette baisse de frĂ©quentation est expliquĂ©e par l'explosion de l'utilisation de l'automobile, et aussi par ce que le plateau est desservi Ă  partir de 1976 par un service de minibus[a 12]. Ceux-ci desservent Bregille en plusieurs points et font la liaison directement avec le centre-ville[a 12].

Les années 1980

Les rails du funiculaire de nos jours.

Durant les années 1980, la baisse de fréquentation continue, remettant en cause l'exploitation du funiculaire, qui demande toujours plus de budget lié au fonctionnement[a 4]. En 1980, d'importants travaux sont envisagés mais remis en doute notamment parce ce que depuis 1972, la participation de la ville par voyageur n'a cessé d'augmenter : 1,43 franc en 1972, 4,09 francs en 1975 et 8,39 francs en 1979[a 4]. La séance du 22 octobre 1980 du conseil municipal prononce la réfection des voitures et la poursuite de l'exploitation[a 4]. Début 1981, les voitures sont démontées l'une après l'autre pour que le service puisse continuer, aux ateliers de la Pelouse à Saint-Ferjeux[a 4]. Les caisses en bois sont reconstruites à l'identique sur leur châssis d'origine, la seule différence avec l'originale étant les vitres en plexiglas bombé sur la cabine des wattmans mises à la place des anciennes vitres plates[a 4]. Les toits des voitures sont eux aussi totalement reconstruits, et du vert cuivre est posé sur le contreplaqué afin de donner une touche de modernité tout en laissant le véhicule étanche[a 4].

Le journal de Bregille consacre une ode dans le numéro de décembre 1981[a 13] : « Ode pour le glorieux ravalement du funi, Pardon nous avions cru dans un propos cynique, Au rapt insidieux de tes roulants appas, Mais voici qu'aujourd'hui ta beauté mécanique, Tourne résolument le dos au noir trépas. Tu trônes, lourd déjà de tes succès futurs, Prêt à bondir au vert sommet de la grimpette, Qui sonneront bientôt pour toi seul dans l'azur, Ta robe a pris ce ton des tournesols champêtres, Avec un rien de cuivre étincelant au front, Et ta joue s'embellit des reflets qu'on voit naître, Au brillant plexiglas de ton museau si rond. Ah ! ta moitié sera bienheureuse demain, Quand au doux croisement des voies parallèles, Vos flancs se frôleront en un léger bruit d'ailes, Sous le regard ému de vos amis humains, Que chantent maintenant nos chœurs mélodieux, Et que de gais bouchons bondissent sur nos tables, Pour ton siècle nouveau qui germe sous nos yeux ! Tout ça pour dire qu'il faudrait s'arrêter de dérailler et qu'une petite fête pimpante en l'honneur de cette bonne vieille bête qui s'est refait une beauté ne serait pas à dédaigner ! Le Poil à Gratter. »

Une pancarte du funiculaire, en 1990.

MalgrĂ© les travaux importants et le nouveau « look » du funiculaire, les frĂ©quentations ne sont pas aux rendez-vous avec mĂŞme une baisse de 15 % du nombre de voyageurs en 1981[a 13]. La ville et le ComitĂ© de quartier dĂ©cident donc de modifier les horaires pour que ceux-ci puissent correspondre Ă  une utilisation plus touristique, et aussi pour faire des Ă©conomies dès janvier 1982[a 13]. Le fonctionnement aura lieu les mercredis, samedis et dimanches en pĂ©riode hivernale et tous les jours de 13 h 30 Ă  19 heures en pĂ©riode estivale (du 1er juin au 15 septembre)[a 13]. Ces nouveaux horaires font l'objet d'une pĂ©tition de 200 signatures en quelques jours de la part des bregillots, rĂ©clamant une circulation quotidienne[a 13]. Les habitants obtiennent finalement une concertation avec le maire le 13 mars 1982 Ă  la maison de quartier[a 13], Ă  la suite de laquelle les horaires sont de nouveau modifiĂ©s : le funiculaire est en marche les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 10 h 30 Ă  12 h et de 16 h 30 Ă  19 h 30, les mercredis de 10 h 30 Ă  12 h et de 13 h 30 Ă  19 h 30 et les week-ends de 13 h 30 Ă  19 h 30[a 1]. Mais une nouvelle baisse de trafic intervient en 1982 avec 25 191 voyageurs, puis en 1983 avec 22 286[a 1].

La municipalitĂ© met alors en place un système permettant aux abonnĂ©s des bus de la CTB et/ou porteur de tickets de bus d'emprunter gratuitement le funiculaire Ă  partir du 1er juillet 1983, ce qui permet d'augmenter la frĂ©quentation de 59 % au cours de cette annĂ©e[a 1]. En 1984 et 1985, la tendance s'inverse enfin, car le nombre de voyageurs remonte Ă  plus de 30 000 mais le funiculaire est encore très loin d'ĂŞtre rentable, car pour 38 000 francs de recette il faut dĂ©penser 485 000 francs dont 413 000 francs pour le personnel[a 1]. En 1986, la frĂ©quentation retombe Ă  25 046 voyageurs[a 1]. Bien que deux voyages gratuits soit inclus dans un carnet distribuĂ© aux nouveaux bisontins, le funiculaire reste marginal des activitĂ©s touristiques de la ville et n'est mĂŞme pas rĂ©fĂ©rencĂ© dans les nombreux dĂ©pliants dĂ©diĂ©s aux monuments et activitĂ©s de la capitale comtoise[a 1].

La fermeture du funiculaire

La gare haute, en 2010.

Le , le trafic du funiculaire est interrompu[10] afin de rĂ©aliser des travaux de consolidation de la voie, avec le remplacement du ballast et de 80 traverses mĂ©talliques, et le service et de nouveau assurĂ© fin avril de cette mĂŞme annĂ©e[a 14]. Le directeur de la rĂ©gie note, le 27 mai 1987[11] lors d'un contrĂ´le de routine, les points suivants : Ă  environ 100 mètres de la gare haute et sur longueur de cinq mètres, la voie n'adhère plus au ballast — Ă  30 mètres de la gare basse, l'alignement des rails est devenu dĂ©fectueux Ă  la suite d'un glissement de la voie sur le ballast — d'importants problèmes surgissent au niveau de l'Ă©changeur, les rails extĂ©rieurs sont usĂ©s (-14 millimètres par rapport aux rails neufs)[a 14] - [12]. Le funiculaire est donc fermĂ© le jour du constat de ces anomalies, en attendant que des experts examinent les pièces dĂ©fectueuses.

Afin de rouvrir le funiculaire sous la forme d'une ligne touristique, la Ville demande des propositions chiffrĂ©es de remise en Ă©tat[5]. Seule l'entreprise Von Roll remet un rapport le 1er juillet 1987 : un devis suggère la remise en Ă©tat d'une grande partie du funiculaire, pour un coĂ»t de 1 083 000 francs[a 14]. Devant la somme demandĂ©e, et en l'absence de mĂ©cènes, la RĂ©gie n'a d'autre choix que de fermer le funiculaire pour raison de sĂ©curitĂ© en attendant de trouver les fonds nĂ©cessaires aux rĂ©parations : c'est ainsi que les voitures sont dĂ©montĂ©es et placĂ©es dans un hangar[a 14] - [11]. Les voitures sont, l'une après l'autre, dĂ©posĂ©es et transportĂ©es par une grue dans un hangar et la voiture 2, entre en gare Ă  10 h 52 pour son ultime voyage[a 14]. Ă€ son bord un wattman, deux photographes de la ville et deux journalistes de l'Est rĂ©publicain[a 14]. Bien qu'aucun arrĂŞt dĂ©finitif ne soit envisagĂ©, la ville dĂ©cide d'intĂ©grer le patrimoine de la RĂ©gie dans ses biens et procède Ă  sa liquidation en janvier 1989[a 14].

En 1989, le club de modélisme ferroviaire de Besançon créé une maquette reproduisant le funiculaire ainsi qu’une partie de la gare de la Mouillère[13]. La Jeune chambre économique du Doubs étudie un temps, en 1990, une possibilité de réouverture de la ligne incluant une mise en valeur du fort Beauregard, à proximité de la gare supérieure. Le projet de rénovation est proposé par la société Skirail, qui propose un remplacement de la ligne historique par une seule cabine en verre commandée automatiquement. Le projet est abandonné en 1992 : chiffré à 10 millions de francs, ne convainc pas les élus locaux et les habitants, attachés à la ligne dans son aspect originel. En 1993, l'Office municipal HLM transforme la gare supérieure en logement social[a 14].

L'association des Amis du Funiculaire de Besançon

La gare basse, en 2008.

Le , sous l'impulsion d'Alexandre Jury, jeune étudiant passionné par ce patrimoine particulier, est créée l'association Les Amis du Funiculaire de Besançon[14] - [a 15]. Une action est alors engagée en faveur de la réhabilitation du funiculaire. Au printemps 2007, la voiture 2 est rénovée[15] par les ateliers municipaux de la Ville de Besançon et la gare basse restaurée[16] par l'entreprise de réinsertion Alternative Chantiers[a 15]. L'ensemble est présenté pour la première fois aux Journées européennes du patrimoine les 15 et 16 septembre 2007, au cours desquelles plus de 1300 visiteurs sont accueillis et suivent les visites guidées proposées par l'association qui compte 220 membres.

L'association travaille depuis 2008 sur un projet de réhabilitation de la gare haute et, à plus long terme, sur un projet global de rénovation[17] - [a 15]. Des animations sont régulièrement assurées dans la gare basse, notamment lors des Journées du Patrimoine[18]. Initiée par l'association en janvier 2007, la proposition d'inscription du Funiculaire au titre des Monuments Historiques est approuvée par la Commission régionale du patrimoine et des sites de Franche-Comté, à la suite de la proposition la Direction régionale des Affaires culturelles de Franche-Comté, en juin 2010. La signature de l'arrêté d'inscription par le préfet de région est effective depuis le 27 janvier 2011[1]. Le centenaire du Funiculaire, proposé par l'association et le Conseil Consultatif d'Habitants de Bregille-Prés-de-Vaux est célébré les 15 et 16 septembre 2012 à l'occasion des Journées européennes du Patrimoine.

Depuis sa rénovation, la gare basse et l'ensemble de la ligne font l'objet de visites guidées régulières proposées par l'Office de Tourisme de Besançon et par l'Association, notamment dans le cadre des Journées du Patrimoine.

En 2016, sur initiative de l'association, Grand Besançon Habitat (successeur de l'office municipal HLM) libère la gare haute de ses contraintes locatives, laissant entrevoir la possibilité d'ouverture ponctuelle de l'ensemble du site.

En 2022, l'association obtient des financements de la Ville pour le lancement d'une étude technique visant à chiffrer la remise en fonctionnement du Funiculaire. Cette étude, confiée à l'entreprise TIM Ingénierie, et menée durant le second semestre et présentée aux collectivités au début de l'année 2023.

Correspondances

ArrĂŞtCommunes desserviesCorrespondances
o LA MOUILLERE Besançon 5 21 Ginko
o BEAUREGARD Besançon 21 Ginko

Fréquentation

Évolution de la fréquentation du funiculaire
1929 1932 1935 1945 1957 1969 1972 1979 1980 1982 1983 1985 1986
176 000[a 9]156 389[5]160 000[a 10]222 000[a 12]150 467[a 12]94 000[a 12]64 000[a 12]38 000[a 12]40 000[a 12]25 191[a 1]22 286[a 1]30 000[a 1]25 046[a 1]

Compléments

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Hector Tonon, Jean-François Culot, Marie-Édith Henckel, Annie Mathieu, Jacques Mathieu, Georges Bidalot, Jacqueline BĂ©valot, Paul Broquet, Jean-Claude Monti, Anne Porro, Jacques Breton, Jean-Claude Grappin, Pierre-Louis BrĂ©chat, Yves Mercier et Pierre RiobĂ©, MĂ©moires de Bregille (2e Ă©dition), Besançon, CĂŞtre, , 312 p. (ISBN 978-2-87823-196-0). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  1. p. 133.
  2. p. 125.
  3. p. 124.
  4. p. 131.
  5. p. 119.
  6. p. 120.
  7. p. 121.
  8. p. 126.
  9. p. 127.
  10. p. 128.
  11. p. 129.
  12. p. 130.
  13. p. 132.
  14. p. 134.
  15. p. 135.
  • Jean-Pierre Gavignet et Lyonel Estavoyer, Besançon autrefois, Horvath, , 175 p. (ISBN 2-7171-0685-5). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Gennesseaux, Funiculaires et crĂ©maillères de France, Ă©d. La Vie du Rail, 1992, 232 pages, (ISBN 9-782902-808427). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Robert Dutriez, La Seconde Guerre mondiale en Franche-ComtĂ©, CĂŞtre, , 143 p. (ISBN 2-901040-41-1). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Pierre Gavignet et Lyonel Estavoyer, Besançon autrefois, Horvath, , 175 p. (ISBN 2-7171-0685-5). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Claude Fohlen, Histoire de Besançon, tome 2, CĂŞtre, 1994 (ISBN 2901040276). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Magazine La Vie du Rail du 19/07/2006, « Le funiculaire de Besançon sur la voie de la renaissance », reportage en p. 32.
  • Alexandre Jury, « Funiculaire de Besançon : vers une renaissance ? », Chemins de Fer rĂ©gionaux et Tramways, vol. 2010-4, no 340,‎ , p. 7 (ISSN 1141-7447)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Funiculaire », notice no PA25000071, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Inscription du Funiculaire aux Monuments Historiques : victoire ! », sur site de l'association « Les Amis du Funiculaire de Besançon », (consulté le ) .
  3. La funiculaire de Bregille sur le Funimag (consulté le 23 juillet 2010).
  4. Jean Gennesseaux, Funiculaires et crémaillères de France, p. 18.
  5. Jean Gennesseaux, Funiculaires et crémaillères de France, p. 19.
  6. C. Fohlen, Histoire de Besançon, t. II, p. 380-382.
  7. Besançon autrefois, p. 93-112.
  8. « La Mouillère - Au temps de Besançon-les-Bains », sur site du magazine L'Express, (consulté le ) .
  9. La Seconde Guerre mondiale en Franche-Comté, p. 43.
  10. L'arrêt du funiculaire sur le site de l'INA (consulté le 20 juillet 2010).
  11. Le funiculaire de Bregille sur Besanconinfo.com (consulté le 26 septembre 2010).
  12. L'arrêt du funiculaire et la dissolution de la Régie sur le bulletin officiel de la Commune de Besançon (consulté le ).
  13. Dominique Holtzer, « Beauregard-Bergille, au temps de la "ficelle" », Loco Revue, encart Voie Libre n°5, no 584,‎ , p. 6-8.
  14. Les Amis du Funiculaire de Besançon sur le site officiel de l'association (consulté le 19 juillet 2010).
  15. Le funiculaire de Bregille sur Webtrains.net (consulté le 17 septembre 2010).
  16. Le funiculaire de Bregille sur Ma.Commune.info (consulté le 19 juillet 2010).
  17. L'association des Amis du Funiculaire de Besançon sur Racines-Comtoises.net (consulté le 19 juillet 2010).
  18. Le funiculaire de Bregille lors des Journées du patrimoine 2008 (consulté le 23 juillet 2010).
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