Forces armées du Sud de la Russie
Les Forces armĂ©es du Sud de la Russie (russe : ĐĐŸĐŸŃŃжŃĐœĐœŃŃ ĐĄĐžĐ»Ń ĐźĐłĐ° Đ ĐŸŃŃŃĐž, souvent abrĂ©gĂ© en ĐХПР) sont une union stratĂ©gique dâunitĂ©s des armĂ©es blanches dans le sud de la Russie en 1919-1920 pendant la guerre civile russe. Elles ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es le 8 janvier 1919 par la fusion de lâarmĂ©e des volontaires et lâarmĂ©e du Don pour la lutte commune contre les bolcheviks. En octobre 1919, elles atteignent leur effectif maximal de 270 000 hommes, 600 piĂšces dâartillerie, 38 chars dâassaut, 72 avions et environ 120 navires (dâautres sources[1] citent environ 160 000 hommes en juillet 1919). De janvier Ă dĂ©cembre 1919, le quartier gĂ©nĂ©ral du commandant en chef des Forces armĂ©es du Sud de la Russie gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine se trouve Ă Taganrog.
Forces armĂ©es du Sud de la Russie ĐĐŸĐŸŃŃжŃĐœĐœŃŃ ĐĄĐžĐ»Ń ĐźĐłĐ° Đ ĐŸŃŃŃĐž | |
CrĂ©ation | 8 janvier 1919 Fusion de lâarmĂ©e des volontaires et de lâarmĂ©e du Don |
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Dissolution | 11 mai 1920 Renommée Armée Russe |
Pays | Russie |
Allégeance | Armées blanches |
Branche | ArmĂ©e de terre, armĂ©e de lâair et marine |
Effectif | 160 000 (juillet 1 919) 270 000 (octobre 1 919) |
Guerres | Guerre civile russe |
Commandant historique | A. DĂ©nikine, P. Wrangel |
Composition
Les Forces armées du Sud de la Russie étaient composées de :
- LâarmĂ©e des volontaires (de janvier Ă mai 1919 sous le nom dâarmĂ©e des volontaires du Caucase)
- LâarmĂ©e du Don (Ă partir du )
- LâarmĂ©e du Caucase (Ă partir de mai 1919)
- LâarmĂ©e du Kouban (Ă partir de fĂ©vrier 1920, ancienne armĂ©e du Caucase)
- LâarmĂ©e de CrimĂ©e et dâAzov (Ă partir de juin 1919 â 3e corps dâarmĂ©e)
- LâarmĂ©e du Turkestan
- LâarmĂ©e du Terek et du Daghestan (Ă partir de juillet 1919 â armĂ©e du Caucase du nord)
- LâarmĂ©e de Kiev (Ă partir de septembre 1919)
- LâarmĂ©e de Novorossiisk et de CrimĂ©e (Ă partir de septembre 1919)
- La flotte de la Mer Noire
- La flottille du Don
- La flottille de la Caspienne et autres.
- DâaprĂšs lâaccord du , lâarmĂ©e ukrainienne de Galicie devait ĂȘtre intĂ©grĂ©e aux Forces armĂ©es du Sud de la Russie mais Ă la suite de la retraite des troupes blanches cet accord ne fut pas appliquĂ© en totalitĂ©.
Janvier-avril 1919
En fĂ©vrier 1919, la 11e armĂ©e rouge, forte de 90 000 hommes, avait Ă©tĂ© anĂ©antie dans le nord du Caucase[2], le commandement des Forces armĂ©es du Sud de la Russie se mit Ă transfĂ©rer des unitĂ©s vers le nord en direction de la rĂ©gion miniĂšre du Donbass et du Don en soutien de lâarmĂ©e du Don (forte de 15 000 hommes) qui reculait devant la poussĂ©e du front sud de lâarmĂ©e rouge (85 000 hommes). MalgrĂ© leur infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, la dĂ©fense acharnĂ©e de mars-avril 1919 de la ligne au nord de Rostov-sur-le-Don-Novotcherkassk-Manytch des volontaires et des cosaques arrĂȘta lâoffensive rouge et se prolongea par la contre-offensive du printemps. En mars 1919, le commandement de lâarmĂ©e mis en place un appareil administratif pour la gestion des territoires sous son contrĂŽle.
La marche sur Moscou
Le , les Forces armĂ©es du Sud de la Russie lance une opĂ©ration visant Ă dĂ©faire le front sud de lâArmĂ©e rouge afin dâouvrir la voie Ă une avancĂ©e sur Moscou.
Ă la mi-mai 1919, les unitĂ©s du front sud de lâArmĂ©e rouge (100 000 hommes, 460 piĂšces dâartillerie, 2 000 mitrailleuses) sous le commandement de V. M. Gittis mĂšnent une offensive en direction du Donbass, du Donets et du Manytch afin dâencercler et dâanĂ©antir les Forces armĂ©es du Sud de la Russie Ă Rostov et Novotcherkassk.
Les 17 â , les Forces armĂ©es du Sud de la Russie tirĂšrent profit dâinsurrection paysannes massives Ă lâarriĂšre du front sud de lâArmĂ©e rouge, de lâinsurrection des cosaques du Don supĂ©rieur et des mouvements insurrectionnels en Ukraine. Conjuguant les forces des armĂ©es des volontaires, du Don et du Caucase (70 000 hommes, 350 piĂšces dâartillerie, 1500 mitrailleuses) sous son commandement DĂ©nikine lança des contre-attaques enfonçant le front rouge et ouvrant la voie Ă une contre-offensive dâenvergure, de la mer dâAzov Ă la mer Caspienne, avec comme objectif principal Kharkov et, en second lieu, Tsaritsyne.
En mai-juin, les rouges se retiraient du Donbass, de Crimée, le 24 juin de Kharkov, le 27 juin de Ekaterinoslav, le 30 juin de Tsaritsyne. Trois armées rouges furent défaites.
Les lourdes dĂ©faites sur le front sud Ă la fin mai 1919 laissaient espĂ©rer quâelles seraient le prologue de la chute du pouvoir bolchĂ©vique, DĂ©nikine donna ainsi le 3 juillet 1919 Ă ses hommes lâobjectif de prendre Moscou [3]:
« Ayant pour objectif final de prendre le cĆur de la Russie, Moscou, jâordonne :
- LâarmĂ©e du Caucase de Wrangel doit se rendre sur le front de Saratov-Rtichtchevo-Balachov, y remplacer les unitĂ©s du Don et continuer lâoffensive vers Penza, RouzaĂŻevka, Arzamas puis Nijni Novgorod, Vladimir, MoscouâŠ
- Le gĂ©nĂ©ral Sidorine doit, jusquâau dĂ©part des forces du gĂ©nĂ©ral Wrangel, poursuivre sa mission dâavancer sur le front Kamychine-Balachov. Les autres unitĂ©s doivent dĂ©velopper lâoffensive sur Moscou dans les directions suivantes : a) VoronĂšje, Kozlov, Riazan et b) Novy Oskol, Ielets, Kachira.
- Le gĂ©nĂ©ral MaĂŻ-MaĂŻevski doit avancer sur Moscou via Koursk, Orel, Toula. En soutien on avancera de lâouest sur une ligne du Dniepr Ă la Desna, prenant Kiev et dâautres points de passage sur le tronçon Ekaterinoslav-Briansk.
- Le gĂ©nĂ©ral Dobrovolski doit se rendre sur le Dniepr dâAlexandrovska Ă lâembouchure pour ensuite prendre Kherson et NikolaĂŻev.
- La flotte de la mer noire doit soutenir les opĂ©rations militaires ... et bloquer le port dâOdessa. »
Cependant les blancs manquaient en permanence de forces pour atteindre leurs objectifs, les rĂ©gions principales et les villes industrielles du centre de la Russie restant aux mains des rouges. En dĂ©coulait pour ses derniers une supĂ©rioritĂ© numĂ©rique et matĂ©rielle. Le commandement bolchĂ©vique entama une campagne « Tous au combat contre DĂ©nikine ! » (le 9 juillet) et pris des mesures extraordinaires pour renforcer le front sud. En juillet leurs effectifs comptaient dĂ©jĂ 180 000 hommes et environ 900 piĂšces dâartillerie. La progression des troupes de DĂ©nikine Ă©tait freinĂ©e, seule sur le flanc droit de lâoffensive lâarmĂ©e du Caucase parvint Ă avancer vers le nord et prendre Kamychine le 22 juillet.
Ă la mi-aoĂ»t, le front sud de lâArmĂ©e rouge tenta de passer Ă la contre-attaque avec pour objectif de dĂ©faire les principales unitĂ©s blanches qui menaient lâoffensive, capturer le cours infĂ©rieur du Don et couper la retraite de lâennemi vers le Caucase du nord.
InformĂ© Ă lâavance de la contre-attaque qui se prĂ©pare, le commandement des Forces armĂ©es du Sud de la Russie tenta de contrecarrer les prĂ©paratifs en envoyant le 4e corps des cosaques du Don du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Mamontov (9 000 hommes, 12 piĂšces dâartillerie) faire un raid sur les arriĂšres de lâennemi. Forçant le front, le corps cosaque sâenfonça derriĂšre les lignes rouges, capturant des villes, anĂ©antissant des garnisons et troupes ennemies, dĂ©sorganisant les voies de communication et armant des partisans. Pour les combattre le commandement bolchĂ©vique crĂ©a le front intĂ©rieur sous les ordres de M. Lachevitch (environ 23 000 hommes, de lâaviation et des trains blindĂ©s). Le raid de la cavalerie de Mamontov ne put empĂȘcher la contre-attaque de lâArmĂ©e rouge mais parvint Ă dĂ©truire et dĂ©sorganiser les arriĂšres des rouges, rĂ©duisant la force de frappe des unitĂ©s passant Ă lâattaque.
Le 14 aoĂ»t, un groupe spĂ©cial (composĂ© des 9e et 10e armĂ©es, du corps de cavalerie de Boudienny et de la flottille militaire de Volga-Caspienne) lança une grande attaque dirigĂ©e vers Rostov-sur-le-Don Ă partir de la rĂ©gion au nord de Novokhopiorsk et Kamychine, le groupe dâassaut commandĂ© par Selivatchev (8e armĂ©e, une partie de la 13e armĂ©e) Ă partir de Liski vers Koupiansk. Avançant au prix de lourds combats, ils sâapprochĂšrent, dĂ©but septembre, de Kharkov et Tsaritsyne, oĂč ils furent dĂ©faits par les blancs. Les troupes de DĂ©nikine continuĂšrent alors leur offensive vers le nord et lâouest. Le 27 aoĂ»t 27 Odessa est prise, le 31 aoĂ»t â Kiev, le 20 septembre â Koursk.
Septembre et dĂ©but octobre 1919 marquent lâapogĂ©e des armĂ©es blanches du sud de la Russie, toujours Ă la pointe de lâattaque se trouvait premier corps dâarmĂ©e (commandĂ© par le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Alexandre Koutepov) â lâĂ©pine dorsale des troupes blanches du sud de la Russie. Menant une offensive couronnĂ©e de succĂšs, les troupes de DĂ©nikine prirent le 6 octobre VoronĂšje, le 13 octobre â Orel et menaçaient Toula. Le front sud des bolchĂ©viques se dĂ©sagrĂ©geait. Leur gouvernement pressentant une catastrophe se prĂ©parait Ă passer dans la clandestinitĂ© ou de fuir Ă lâĂ©tranger, une partie des institutions gouvernementales sâapprĂȘtaient Ă ĂȘtre Ă©vacuĂ©es Ă Vologda. Toutes les forces disponibles du front sud et du front sud-est furent dirigĂ©es contre les armĂ©es de DĂ©nikine.
Mais Ă la mi-octobre 1919, la situation des Forces armĂ©es du Sud de la Russie se dĂ©grada singuliĂšrement. Leurs arriĂšres Ă©taient dĂ©vastĂ©s par les raids de Makhno en Ukraine, qui parvint Ă forcer la ligne de front des blancs en septembre aux alentours dâOuman[4], il fallut pour le combattre rappeler des troupes du front alors que les bolchĂ©viques, ayant conclu un armistice avec la Pologne et lâarmĂ©e de la RĂ©publique populaire ukrainienne disposaient de nouvelles troupes pour lutter contre DĂ©nikine. Le transfert de la division de tirailleurs lettons du front polonais en BiĂ©lorussie sur le front du sud fut particuliĂšrement significative ; vers Karatchev elle servit de base Ă la formation dâun groupe dâassaut commandĂ© par Antons MartuseviÄs, celle-ci arrĂȘta vers la fin du mois la progression sur Moscou du rĂ©giment dâassaut de Kornilov par des attaques sur les flancs. Ayant assurĂ© sa supĂ©rioritĂ© en armes et en hommes sur le tronçon du front le plus important dâOrel Ă Koursk, (62 000 hommes cĂŽtĂ© rouge contre 22 000 cĂŽtĂ© blanc) lâarmĂ©e rouge passa Ă la contre-offensive Ă la mi-octobre.
AprĂšs des combats acharnĂ©s au sud dâOrel, fin octobre les faibles effectifs de lâarmĂ©e des volontaires furent battues par les troupes du front sud de lâArmĂ©e rouge et repoussĂ©es sur tout lâensemble du front. Durant lâhiver 1919-1920, les troupes de DĂ©nikine se retirĂšrent de Kharkov, Kiev, Donbass, Rostov-sur-le-Don. En fĂ©vrier-mars 1920 suivit une dĂ©faite dans la lutte pour le Kouban, due Ă la dĂ©sorganisation de lâarmĂ©e du Kouban (ses tendances sĂ©paratistes en faisait une des formations les moins fiables des Forces armĂ©es du Sud de la Russie). Les derniĂšres unitĂ©s cosaques du Kouban se dĂ©sagrĂ©gĂšrent alors dĂ©finitivement et se rendirent massivement aux rouges ou passĂšrent du cĂŽtĂ© « verts », ce qui amena Ă la dĂ©composition du front blanc et au repli de lâarmĂ©e blanche vers Novorossiisk.
Le 4 avril 1920, DĂ©nikine se retire et quitte la Russie. Les unitĂ©s restantes se regroupent en CrimĂ©e oĂč elles sont rĂ©organisĂ©es sous le nom dâArmĂ©e Russe par leur nouveau commandant en chef le gĂ©nĂ©ral baron Wrangel.
Commandants en chef des Forces armées du Sud de la Russie
- Lieutenant gĂ©nĂ©ral DĂ©nikine ( â )
- Lieutenant gĂ©nĂ©ral baron Wrangel ( â ). Ensuite les Forces armĂ©es du Sud de la Russie furent rebaptisĂ©es ArmĂ©e Russe en restant sous le mĂȘme commandement.
Autres commandants
Références
- S. V. Volkov, Beloe dviĆŸenie. ĂnciklopediĂą GraĆŸdanskoj vojny. â Moscou : Olma-Press, 2003. â p. 89.
- Razgrom Krasnoj armii na Kavkaze
- A. I. DĂ©nikine, Pohod na Moskvu. Kiev. Voennoe izdatelâstvo, 1990. â p. 15.
- V. V. Almendinger « Gibelâ vtorogo batalâona Simferopolâskogo Oficerskogo polka »
Bibliographie
- Marina Grey et Jean Bourdier, Les ArmĂ©es blanches, Ăditions Stock, LigugĂ©, 1968.