Cosaques du Don
Les cosaques du Don sont une cosaquerie installée dans la région du fleuve Don dans le sud de la Russie.
Histoire
Les origines des cosaques du Don
On fait remonter l'histoire officielle des cosaques du Don à leur fondation le , date d'une lettre d'Ivan le Terrible aux cosaques qui avaient pourtant déjà participé à la lutte des souverains russes contre Kazan et Astrakhan dans les années 1550.
Le berceau des cosaques du Don se situe sur le fleuve Don en Russie, leur origine ethnique est sujette à diverses hypothèses mettant en jeu des populations locales et des paysans russes fuyant le servage.
À partir d’Ivan le Terrible, les tsars de Russie s’attachent les services des cosaques du Don, notamment en leur envoyant fournitures, munitions, vivres, tant pour s’adjoindre les services de cette cavalerie d’élite, que pour les maintenir dans un état de soumission, les empêchant de se retourner contre le pouvoir russe.
En 1708, à la suite d'une révolte, Pierre le Grand limita l'autonomie des cosaques et décida soumettre le choix de l'ataman à son approbation. Les troupes cosaques furent plus fortement intégrées à l'armée impériale et participèrent aux campagnes contre la Perse (1722-23), la Suède (1741) et la Prusse (guerre de Sept Ans, 1756-63).
Les cosaques conservent une forte autonomie et se voient reconnaître un territoire propre, l'oblast de l'armée du Don. La première capitale des cosaques du Don était Razdorskaïa, puis Tcherkassk en 1644 et enfin Novotcherkassk en 1805.
L’apogée des cosaques du Don
Les cosaques du Don connaissent leur apogée durant les guerres entre la Russie et Napoléon Ier. Ils sont réputés pour avoir effectué par grand froid une traversée des Alpes réputée infaisable. Pendant la campagne de France de 1814, ils avancent jusqu'à Paris et établissent leur campement sur les Champs-Élysées.
Ils sont chargés de protéger les frontières de l'Empire russe : plusieurs armées cosaques sont détachées vers la Sibérie, le Turkestan et le Caucase russe.
Lors de la Première Guerre mondiale, les cosaques du Don fournissent 60 régiments de cavalerie, 136 sotnias, 6 bataillons d'infanterie, 33 batteries d'artillerie (en tout plus de cent mille hommes).
Après la guerre civile russe et la « décosaquisation » mise en œuvre par les bolcheviks, les cosaques du Don cessent d'exister en tant que formation paramilitaire.
Milices cosaques dans la guerre du Donbass
Le territoire historique des cosaques du Don recoupait les oblasts de Donetsk et Louhansk, en Ukraine actuelle. Des groupes paramilitaires se réclamant de la tradition cosaque jouent un rôle actif pendant la guerre civile ukrainienne, à partir de 2014, dans le camp des républiques séparatistes[1].
Organisation des cosaques du Don
Les cosaques du Don, hommes libres et égaux, élisaient (jusqu'en 1708) leur ataman au cours d'assemblées (kroug). Celui-ci gouvernait avec une assemblée militaire (rada).
Ataman du Don
L’ataman est le dirigeant élu, généralement à vie, par la rada, composée d’un représentant de chaque sotnia. Il est le seul à qui tous les cosaques répondent.
La plupart des ataman du Don furent anoblis par les tsars de Russie au titre de comte, voir parfois de kniaz (prince). Depuis Pierre Ier de Russie, la table des rangs (ou tchin) régit la position des cosaques dans la noblesse de l’Empire.
Les atamans sont généralement au 4e ou 3e tchin (rang) de la table, titre équivalent à celui de général, c’est d'ailleurs le grade de plusieurs ataman du Don dont Platov.
Atamans célèbres
- Matveï Platov, ataman du Don durant les guerres napoléoniennes. Il transféra la capitale des cosaques à Novotcherkassk.
- AlexeĂŻ Kaledine, Ă©lu ataman le 17 juin 1917 lors de la guerre civile russe, il se suicide le .
- Anatoli Nazarov, bras droit de Kaledine, élu ataman à la mort de ce dernier, il est exécuté par les bolcheviques le .
- Le général Piotr Nikolaïevitch Krasnov, élu ataman du Don en , il sera le dernier ataman élu par les cosaques du Don.
- Mitrofan Petrovitch Bogaïevski, ataman provisoire, il fut le commandant de la rada du Don lors du gouvernement de l’ataman Kaledine, il fut arrêté et fusillé par les gardes rouges en 1918.
- Afrikan Petrovitch Bogaïevski, ataman en second, il prit la tête de la rada du Don à la mort de son frère, lui-même mourut en exil à Paris en 1934.
Au service de la Russie
Les cosaques se distinguaient dans l'empire russe par un système particulier d'obligations militaires (ils étaient en retour exempts de la conscription), d'imposition et de taxation ainsi que d'utilisation des terres appartenant à l'État.
Difficilement intégrables dans les unités régulières, les cosaques du Don étaient réputés pour leur travail de courrier, de reconnaissance et de harcèlement des lignes en fuites. Ils servaient également à protéger les marches de l'empire.
L’armée du Don, la principale armée cosaque de l'empire, pouvait mobiliser quasiment sans délai 70 000 « sabres » (cavaliers). Les cosaques de la Garde impériale étaient issus du Don, leur base de recrutement était à Novotcherkassk.
Uniforme des cosaques du Don
L’uniforme des cosaques du Don est d’une remarquable unité par rapport à ceux des autres cosaqueries, qui varient en fonction des unités.
L’uniforme est bleu galonné de rouge, avec la coiffe de fourrure typique des cosaques.
Drapeau des cosaques du Don
Le drapeau des cosaques du Don, adopté le , est un tricolore horizontal bleu, jaune et rouge.
Notes et références
- Viatcheslav LIKHATCHEV, Les radicaux de droite dans le conflit russo-ukrainien, IFRI, juillet 2016
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (ru) Nikolaï Ivanovitch Krasnov, historien des Cosaques du Don à la fin du XIXe siècle
- Philip Longworth, Les Cosaques, Paris, Albin Michel, 1972.
- Iaroslav Lebedynsky, Les Cosaques, Une société guerrière entre libertés et pouvoirs - Ukraine - 1490-1790, Paris, Errance, « Civilisations et cultures », 2004. (ISBN 2 87772-272-4)
- Mikhaïl W. Ramseier, Cosaques, Genève, Nemo, 2009. (ISBN 2-940038-39-2)
- Jean Savant, Les Cosaques, Paris, Éditions Balzac, 1948.