ForĂȘt du Cranou
La forĂȘt du Cranou ou forĂȘt du Crannou est une forĂȘt domaniale situĂ©e Ă cheval sur les communes d'Hanvec et du Faou (dans l'ancienne commune de Rumengol). C'est la plus grande forĂȘt du dĂ©partement du FinistĂšre et elle fait partie du parc naturel rĂ©gional d'Armorique. Elle s'Ă©tend sur une surface de 1 321 hectares.
ForĂȘt du Cranou | ||||
![]() Le calvaire du Cranou, prĂšs de la chapelle Saint-Conval. | ||||
Localisation | ||||
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CoordonnĂ©es | 48° 19âČ 02âł nord, 4° 05âČ 00âł ouest | |||
Pays | ![]() |
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Région | Bretagne | |||
Département | FinistÚre | |||
Géographie | ||||
Superficie | 1 321 ha | |||
Altitude · Maximale · Minimale |
321 m 60 m |
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Compléments | ||||
Protection | Natura 2000[1][3] | |||
Statut | ForĂȘt domaniale | |||
Administration | Office national des forĂȘts | |||
Essences | ChĂȘnes, hĂȘtres, pins | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Géolocalisation sur la carte : FinistÚre
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Géographie
La forĂȘt du Cranou est d'une superficie de 1 321 hectares. Son altitude varie de 60 Ă 321 mĂštres.
Le relief est formĂ© de roches sĂ©dimentaires d'Ăšre primaire, de schistes et quartzites de Plougastel, qui affleurent sur les sommets en crĂȘtes dĂ©chiquetĂ©es, nommĂ©es localement roc'h.
Histoire
Pezrec, l'ermite de la forĂȘt
Pezrec aurait vĂ©cu vers l'an 600 dans un recoin isolĂ© de la forĂȘt du Cranou, au milieu des animaux des bois[4]. Ce qui explique que la rĂ©gion Ă©tait connue comme Ă©tant « le pays de Pezrec », d'oĂč des noms comme celui de la commune de LopĂ©rec.
Les besoins de la « Royale »
La forĂȘt du Cranou a Ă©tĂ© exploitĂ©e pour les besoins en bois de la marine royale Ă Brest, les grumes Ă©tant transportĂ©es via le port du Faou ; des documents d'archives montrent par exemple entre 1704 et 1706 l'abattage d'arbres destinĂ©s Ă l'armement des navires de course de Duguay-Trouin ou en 1711 pour un armement de vaisseaux du roi commandĂ© par Desnos de Champmeslin[5]. Les futaies de chĂȘnes et de hĂȘtres servaient surtout, jadis, Ă la construction des navires. En particulier, les chĂȘnes fournissaient les mĂąts, car on y trouve les spĂ©cimens les plus longs et les plus droits. La forĂȘt Ă©tait sous la responsabilitĂ© d'un inspecteur dont les frĂšres Pichot de Querdisien qui se sont succĂ©dĂ© Ă la fin du XVIIIe siĂšcle.
Ădouard Vallin en 1859, dans son Voyage en Bretagne, Ă©voque : « La forĂȘt du Cranou, sombre retraite oĂč les druides venaient accomplir leurs mystĂ©rieux sacrifices »[6].
Paul Joanne dĂ©crit ainsi la forĂȘt du Cranou en 1890 :
« La forĂȘt du Cranou est une forĂȘt domaniale vaste de 607 ha, dont 204 dans la commune de Rumengol et 403 dans celle d'Hanvec ; elle est Ă©tirĂ©e sur 4 Ă 5 km dans le sens est-ouest. La forĂȘt du Cranou est situĂ©e sur le versant ouest des monts dâArrĂ©e, sur des terrains accidentĂ©s Ă©chelonnĂ©s entre 100 et 260 mĂštres dâaltitude. Le chĂȘne est lâessence dominante (60 %), le hĂȘtre entre dans le peuplement pour 35 %, le pin sylvestre et le pin maritime pour 5 %. Exempte de tout droit dâusage, la forĂȘt du Cranou est traitĂ©e en futaie rĂ©guliĂšre. Elle forme une seule sĂ©rie dâexploitation Ă la RĂ©volution de 150 ans et est partagĂ©e en 5 affectations correspondant Ă 5 pĂ©riodes de 30 ans. [âŠ] La forĂȘt du Cranou est traversĂ©e par le chemin de fer de Brest Ă Quimper. Le chĂąteau du Cranou se trouve en forĂȘt dans lâouest du massif, et la chapelle de Saint-Conval dans le nord. Dans cette forĂȘt, la source de Lecâh-Ouarn est frĂ©quentĂ©e par de nombreux malades. Une autre source, Ă cĂŽtĂ© de la chapelle de Saint-Conval, est accompagnĂ©e de la statue du saint patron, Ă la tĂȘte de laquelle les fidĂšles jettent de lâeau pour obtenir de la pluie[7]. »

En 1917, un grave incendie ravage la forĂȘt du Cranou : « Le sinistre a dĂ» se dĂ©clarer lundi [le ]. Dans la nuit, l'incendie paraissait quelque peu enrayĂ© du cĂŽtĂ© d'Hanvec, mais prenait d'inquiĂ©tantes proportions dans la direction de LopĂ©rec. Le sous-prĂ©fet de ChĂąteaulin s'est rendu en personne sur les lieux pour organiser la lutte contre le flĂ©au. Des troupes ont Ă©tĂ© envoyĂ©es en toute hĂąte et toutes les mesures possibles prises »[8].
Activités
La forĂȘt est un lieu privilĂ©giĂ© du tourisme vert. Elle est traversĂ©e par le sentier de grande randonnĂ©e GR 37. Des aires de pique-nique sont amĂ©nagĂ©es.
Faune et flore
La majeure partie de la forĂȘt est protĂ©gĂ©e au titre du rĂ©seau Natura 2000[9].
Le site se situe Ă l'ouest et dans le prolongement immĂ©diat du vaste ensemble de landes et tourbiĂšres des monts d'ArrĂ©e. « Il doit son intĂ©rĂȘt Ă la prĂ©sence de landes sĂšches et mĂ©sophiles (la lande humide Ă sphaignes y est peu reprĂ©sentĂ©e), de tourbiĂšres de pente (abritant la sphaigne de la Pylaie) et d'affleurements rocheux Ă vĂ©gĂ©tation chasmophytique »[1]. Des oiseaux comme le busard cendrĂ©, le busard Saint-Martin, la fauvette pitchou, y sĂ©journent.
La forĂȘt du Cranou abrite un arboretum, mis en place en 2008, s'Ă©tend sur 14 hectares et est destinĂ© Ă Ă©tudier le rĂ©chauffement climatique. Il est en accĂšs libre pour les promeneurs. Il succĂšde au sylvetum créé dĂšs 1970 par l'Office national des forĂȘts et l'Institut national de la recherche agronomique et qui regroupe 51 espĂšces diffĂ©rentes de feuillus et de rĂ©sineux, plantĂ©s lĂ de maniĂšre expĂ©rimentale, afin d'Ă©tudier leur comportement aux fins de reboisement dans le contexte d'un climat ocĂ©anique trĂšs humide (pluviomĂ©trie annuelle moyenne : 1 173 mm) quasiment en permanence (il pleut autant l'hiver que l'Ă©tĂ©). Dans le cadre de l'arboretum, de nouvelles espĂšces d'arbres sont plantĂ©es (comme des liquidambars, des douglas d'Oregon, des araucarias du Chili, des arrayans, etc.) et 150 espĂšces diffĂ©rentes sont prĂ©vues dans un avenir proche[10].
Légende
Selon la lĂ©gende de l'ermite saint Conval d'aprĂšs Anatole Le Braz[11] « E coat ar C'hranou, birviken coat na vankou » (« Dans la forĂȘt du Cranou, jamais le bois ne manquera » ).
« Selon la lĂ©gende, saint Conval s'Ă©tablit d'abord dans le bois du Gars, entre Hanvec et L'HĂŽpital-Camfrout. DĂ©sirant y construire son oratoire, il coupa des pieds de chĂȘne que le seigneur du lieu gardait pour en faire des timons de charette. Celui-ci, furieux, le chassa. Tout en quittant les lieux, le saint annonça que, dĂ©sormais, on ne trouverait plus dans le bois du Gars de quoi façonner un timon. Cette malĂ©diction s'est rĂ©alisĂ©e : on n'y trouve plus que taillis et fourrĂ©s. Saint Conval se rĂ©fugia alors dans le quartier du Cranou, dont le seigneur, qui avait l'Ăąme compatissante, l'autorisa Ă disposer de tous les arbres qui lui plaisaient. En rĂ©compense, le saint dĂ©clara que, dans la forĂȘt du Cranou, jamais le bois ne manquerait. Ce qui, jusqu'Ă prĂ©sent, s'est vĂ©rifiĂ©[12]. »
L'abondance et la qualitĂ© du bois d'Ćuvre de la forĂȘt du Cranou a une explication lĂ©gendaire, voir la LĂ©gende des Sept-Saints, dont le texte intĂ©gral des diverses versions[13].
Cinéma
Le film Histoires d'Outre-Tombe de JĂ©rĂŽme Classe Ă©tĂ© tournĂ© en 2010 dans la forĂȘt du Cranou[14].
Notes et références
- FR5300039 - ForĂȘt du Cranou, Menez Meur
- « FSD Natura 2000 - FR5300039 - ForĂȘt du Cranou, Menez Meur », sur inpn.mnhn.fr (consultĂ© le )
- [2]
- Association bretonne et Union régionaliste bretonne, « Comptes-rendus, procÚs-verbaux, mémoires... / Association bretonne, Archéologie, Agriculture », sur Gallica - BNF, (consulté le )
- Université de Rennes Faculté des lettres et sciences humaines, « Annales de Bretagne », sur Gallica - BNF, Faculté des lettres de Rennes, (consulté le )
- Voyage en Bretagne, FinistÚre : précédé d'une notice sur la Bretagne au XIXe siÚcle, (lire en ligne)
- Paul Joanne, Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies, 1890, Gallica
- « L'Ouest-Ăclair - n° 6386 », sur Gallica - BNF, (consultĂ© le )
- « FSD Natura 2000 - FR5300039 - ForĂȘt du Cranou, Menez Meur », sur inpn.mnhn.fr (consultĂ© le )
- Mairie de Le Faou, « Lâarboretum » [PDF], sur lefaou.bzh (consultĂ© le )
- Dans Les saints bretons d'aprÚs la tradition populaire, Anatole Le Braz ne cite pas saint Conval, mais saint Leyer, le plus jeune de la famille : saint Kadou, saint Guénolé, et saint Rivoal, qui étaient tous frÚres.
- Pays des rives d'Armorique
- « LĂ©gende des Sept-Saints â Wiki-Brest », sur www.wiki-brest.net (consultĂ© le )
- « Cinéma. Nouveau long-métrage d'épouvante », sur Le Telegramme, (consulté le )