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Fernand Nault

Fernand Nault (né Fernand-Noël Boissonneault à Montréal le , et mort à Montréal le ) est un danseur et chorégraphe québécois.

Fernand Nault
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Biographie
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Prix Denise-Pelletier ()
Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (en) ()
Chevalier de l'Ordre national du QuĂ©bec‎
Officier de l'Ordre du Canada

Biographie

Il a Ă©tudiĂ© la danse auprĂšs de Maurice Lacasse Morenoff et Ă  Londres, New York, Paris[1]. Il a notamment Ă©tĂ© danseur, maĂźtre de ballet[2] pour la compagnie et directeur pĂ©dagogique Ă  l'American Ballet Theatre de New York dans les annĂ©es 1940, oĂč il demeure pendant 21 ans[3]. C'est en 1965 qu'il s'est joint aux Grands Ballets Canadiens en tant que codirecteur artistique et chorĂ©graphe attitrĂ©[1]. Il a entre autres chorĂ©graphiĂ© La Fille mal gardĂ©e, Danses concertantes, Symphonie de psaumes, LibertĂ© tempĂ©rĂ©e, La Scouine, Les Sept PĂ©chĂ©s capitaux, Casse-noisette, Carmina Burana et Tommy. Ces trois derniers ont fait sa renommĂ©e[1] : Carmina Burana lors de sa programmation Ă  l'Expo 67 Ă  MontrĂ©al ; quant Ă  Tommy, il s'agit du ballet rock sur la musique du groupe britannique The Who.

Il collaborera Ă©galement avec l'École supĂ©rieure de ballet du QuĂ©bec en tant que maĂźtre de ballet, et crĂ©era des chorĂ©graphies pour le Washington Ballet, le Ballet Federation of Philippines, l'Atlanta Ballet, le Ballet national de CorĂ©e et l'Alberta Ballet.

Marie Beaulieu, professeure Ă  l'UQAM, le mentionne d'ailleurs dans sa thĂšse de doctorat[1] :

« L’apport considĂ©rable de ce crĂ©ateur sur l’évolution des GBC et de la danse au QuĂ©bec se remarque par la diversitĂ© de son rĂ©pertoire qui a permis Ă  la compagnie de se positionner dans un marchĂ© local, au Canada et Ă  l’étranger. Plusieurs gĂ©nĂ©rations de quĂ©bĂ©cois ont Ă©tĂ© initiĂ©s Ă  la danse, autant en tant que spectateur qu’artiste danseur, plus particuliĂšrement en ce qui concerne les garçons dont la fibre artistique Ă©tait naissante. Son intĂ©rĂȘt pour diffĂ©rents genres musicaux a permis Ă  ses contemporains de dĂ©couvrir la musique sous l’angle du mouvement expressif qu’elle pouvait produire. Son Casse-Noisette est maintenant une tradition de la pĂ©riode de NoĂ«l. »

Il est décédé le des suites de la maladie de Parkinson[4]. Il est mort le lendemain d'une des représentations de Casse-Noisette, une de ses réalisations, présentée chaque année à Montréal dans le temps de Noël.

Le fonds d'archives de Fernand Nault est conservé au centre d'archives de Montréal de BibliothÚque et Archives nationales du Québec[5].

DĂ©buts en tant que danseur

Pendant son enfance Fernand Nault habite Ă  MontrĂ©al avec sa famille. Leur maison est sur la rue Iberville dans "le faubourg Ă  m'lasse", c'est-Ă -dire dans un secteur se trouvant entre deux quartiers : Hochelaga et le Vieux-MontrĂ©al. Il grandit avec sa sƓur ainĂ©e Margot, sa mĂšre EugĂ©nie et frĂ©quente au primaire l'Ă©cole Meilleur. Ses premiĂšres leçons de danse sont des leçons de claquettes avec Raoul Leblanc, un fleuriste, payĂ© cinq dollars pour dix leçons. M. Nault devient livreur puis serveur dĂšs ses treize ans car son pĂšre vient de mourir. Avec sa sƓur, ils doivent donc assurer les finances de leur famille[1].

Sa sƓur et lui vont ensemble prendre des cours de danse au studio Morenoff[6]. DĂ» Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© d'une de ses tantes[7], il s'inscrit Ă  des cours de ballets.

Il fait ses dĂ©buts sur scĂšne au sein des VariĂ©tĂ©s lyriques, troupe d’opĂ©rette trĂšs en vogue Ă  MontrĂ©al (1936-1955)[1] dont Maurice Lacasse-Morenoff (1906-1993) est le chorĂ©graphe attitrĂ©[6].

Fernand Nault est connu sous les noms de scÚne d'Igor Latasscof et de Bill Watson pour des questions d'anonymat et de litiges familiaux. Il fait son service militaire obligatoire au début des années quarante et vit deux ans dans les différentes bases de Sorel, Québec, Valcartier et Gaspé. Il est affecté à la surveillance des cÎtes canadiennes[1].

Une fois revenu à la vie civile autour de 1943, il poursuit ses études en danse avec Elisabeth Leese (1916-1962) à Montréal[3].

La carriÚre professionnelle de M. Nault commence réellement lorsqu'en 1944 il remplace Todd Bolender (1914-2006), danseur de l'American Ballet Theatre (ABT), dans Pétrouchka alors qu'il s'était blessé lors d'une série de spectacles que vient donner l'ABT au Théùtre St-Denis[1].

Rosella Hightower (1920-2008) le remarque pendant une classe de maĂźtre offerte par l'ABT et Sir Anton Dolin (1904-1983) lui fait passer une audition [8]. Il danse dans PĂ©trouchka le soir mĂȘme[1].

Fernand-Noël Boissonneault devient Fernand Nault aprÚs avoir dansé dans Pétrouchka. Le directeur administratif de l'ABT lui propose un contrat de six semaines, ce qui marquera le début d'une association de 21 ans avec l'ABT[3].

CarriĂšre Ă  l'American Ballet Theatre (ABT)

Fernand Nault incarne le rĂŽle d’Alias dans Billy the Kid (1938), une chorĂ©graphie de Eugene Loring (1911-1982), l’un des premiers ballets aux États-Unis Ă  trouver intĂ©gralement son inspiration dans la culture amĂ©ricaine et Ă  rencontrer un trĂšs large succĂšs populaire[9]. Il incarnera aussi les rĂŽles d’Hilarion, l’amoureux Ă©vincĂ© dans Giselle (1841), chorĂ©graphie de Jules Perrot (1810-1892) et Jean Coralli (1779-1854), la gouvernante dans le Bal des cadets (1940), une crĂ©ation de David Lichine (1910-1972) et MĂšre Simone dans La Fille mal gardĂ©e (1786 ou 1789), crĂ©Ă© par Jean Dauberval (1742-1806)[3].

Il Ă©tudie avec la maitresse de ballet de l’ABT Margaret Craske (1892-1990) et Pierre Vladiminoff (1893-1970) pour peaufiner ses habiletĂ©s techniques tandis que Matt Mattox (1921-2013) l’initie au jazz[5]. La troupe complĂšte une premiĂšre tournĂ©e europĂ©enne en 1950 et devient la premiĂšre compagnie amĂ©ricaine Ă  se produire en Union soviĂ©tique, ce qui permettra Ă  M. Nault d’enseigner Ă  l’École du Kirov et celle du Bolshoi dans le cadre de leurs activitĂ©s en Russie[5].

Il participe aux ateliers chorĂ©graphiques de l’ABT avec des collĂšgues comme John Butler (1920-1993), Robert Joffrey (1930-1988) et Anna Sokolow (1910-2000). Il prĂ©sente The Encounter (1957) sur une musique de Cesar Franck (1822-1890) et Bitter Rainbow (1964) sur celle de Nelson Keyes (1928-1987)[5].

Le Louisville Civic Ballet, dans le Kentucky, et le Denver Civic Ballet, au Colorado, le sollicitent pour assurer la direction artistique Ă  titre d’invitĂ© et de chorĂ©graphe rĂ©sident, rĂŽle qu’il assume dĂšs 1959 aux deux endroits[5]. Il travaillera sur sa premiĂšre version de Carmina Burana (en 1962, avec le Louisville Civic Ballet pour le Kentucky Opera) et sa version du ballet Casse-Noisette avec les deux compagnies[5].

Influences chorégraphiques

En rejoignant l’ABT en 1944, Fernand Nault dĂ©mĂ©nage Ă  New York oĂč il habitera pendant 21 ans. M. Nault est interprĂšte dans Billy the Kid (1938) de l’ABT, piĂšce qui illustre une nation jeune, Ă©galitaire et pleine d’enthousiasme Ă  travers l’énergie de la gent masculine mais aussi valorise la vie nord-amĂ©ricaine et sa richesse. Le ballet des annĂ©es 1940 reflĂšte l’inventivitĂ© nĂ©cessaire au dĂ©veloppement des thĂšmes amĂ©ricains et celle d’une esthĂ©tique qui lui est associĂ©e[9].

Sur le plan esthĂ©tique, M. Nault rencontre les orientations de George Balanchine, arrivĂ© Ă  New York en 1933, qui dĂ©veloppe une approche abstraite (non narrative). QualifiĂ© par les experts de tendance nĂ©o-classique, le chorĂ©graphe en est le chef de file[9]. Le mĂȘme phĂ©nomĂšne est observĂ© en Angleterre avec Antony Tudor (1908-1987) et Frederick Ashton (1904-1988) qui dĂ©veloppent le genre dans un esprit semblable. Les deux chorĂ©graphes vont exercer leur savoir-faire des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique, notamment au NYCB, dĂšs 1948[9]. Ce qui est qualifiĂ© de ballet nĂ©o-classique subit aussi des incursions du jazz et de la « modern dance »[10].

M. Nault intĂšgre les caractĂ©ristiques du ballet nĂ©o-classique : il s’agit de travailler Ă  « montrer » la musique, donc d’ĂȘtre capable de pourvoir, Ă  travers le corps, ses nuances et ses accents. Les bras se dĂ©ploient avec davantage de libertĂ© que le respect des positions du ballet acadĂ©mique travaillant avec des lignes courbes ou hachurĂ©es dans toutes les directions. Le tronc devient mobile, les pieds sont flĂ©chis et les jambes parallĂšles. On valorise les hautes extensions des jambes, les portĂ©es acrobatiques et les effets de groupe qui dĂ©ploient la perspective tridimentionnelle sur scĂšne. Au plan technique, la virtuositĂ© se dĂ©veloppe mais en mĂȘme temps on aspire Ă  une forme d’intĂ©rioritĂ© et d’appropriation du mouvement de façon plus personnelle[1]. La prĂ©cision du geste est la rĂšgle qui reflĂšte la norme de qualitĂ© Ă  atteindre[10].

Ainsi, les tendances de crĂ©ation de M. Nault et ses influences se dessinent : il Ă©labore des spectacles Ă  grand dĂ©ploiements (influence de la comĂ©die musicale), reste mĂ©ticuleux et insistant sur la prĂ©cision et la perfection du mouvements en lien avec la partition musicale (celle de Balanchine)[1]. Il aborde le cĂŽtĂ© traditionnel du ballet mais aussi des expĂ©rimentations stylistiques. Son adaptation esthĂ©tique Ă  l’orientation thĂ©matique de chaque Ɠuvre, ainsi que ses exigences musicales sont des prioritĂ©s comme celles d’accompagner les danseurs dans les dĂ©fis associĂ©s aux changements stylistiques du rĂ©pertoire. Il conçoit des fresques chorĂ©graphiques[5] imposantes. Sa crĂ©ation incite une gĂ©nĂ©ration de jeunes hommes Ă  embrasser la carriĂšre de danseur[1].

DotĂ© d’une formation et d’une influence amĂ©ricaine, il est appelĂ© Ă  participer Ă  la vie artistique de plusieurs compagnies de danse sur ce territoire, autant comme chorĂ©graphe que comme directeur artistique ou enseignant[11]. Il aborde plusieurs genres diffĂ©rents : le rĂ©pertoire du ballet acadĂ©mique, le ballet nĂ©o-classique et le jazz/contemporain.

CarriĂšre aux Grands Ballets Canadiens

M. Nault a chorĂ©graphiĂ© 31 Ɠuvres pour les GBC et a fourni ses crĂ©ations Ă  plus de 14 compagnies de danse aux États-Unis et en Asie[5].

Inspiration du ballet académique

Ses versions de La Fille mal gardée et de Casse-Noisette sont emblématiques dans le parcours de la compagnie.

La Fille mal gardée

La premiÚre chorégraphie de ce ballet, montée pour les GBC, est élaborée par Edward Caton (1900-1981) en 1961[12] et sera revue par M. Nault en 1970[13].

Fernand Nault dĂ©cide d’adapter sa propre version du ballet crĂ©Ă© en 1959 pour le Joffrey Ballet et lui donne une dimension canadienne[14]. L’intrigue est campĂ©e au QuĂ©bec avec une hĂ©roĂŻne issue d’une rĂ©gion rurale. La production a de nouveaux dĂ©cors (Robert PrĂ©vost, 1927-1982) : « Les dĂ©cors sont peints sur des rideaux que l’on tire Ă  volontĂ© selon les lieux dĂ©sirĂ©s »[14] et de nouveaux costumes « de François Barbeau (1935-2016) qui n’ont rien de typiquement canadien pour les profanes »[14].

Pour cĂ©lĂ©brer les 20 ans de la compagnie des GBC, la proposition de M. Nault est reprise[15]. Dans les rĂŽles comiques, Il s’est rĂ©servĂ© une participation; sa version fait appel Ă  des artistes de grande expĂ©rience[15] puisque Ludmilla Chiriaeff et GeneviĂšve Salbaing (1922-2016)[16], alors directrice des Ballets-Jazz de MontrĂ©al apparaissent Ă©galement sur scĂšne.

Plusieurs autres compagnies se sont intéressées à la version de La Fille mal gardée de M. Nault : le Chicago Ballet (1979), Le Ballet of Philipines, Manille (1980), le Washington Ballet (1986), Atlanta Ballet (1987) et le Kansas City Ballet (2004)[5].

Casse-noisette

Casse-Noisette est l’Ɠuvre du chorĂ©graphe qui a traversĂ© le temps jusqu’à aujourd’hui. Elle trĂŽne en haut du palmarĂšs de longĂ©vitĂ© d’une Ɠuvre chorĂ©graphique prĂ©sentĂ©e en continu au Canada. Sa version a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e au dĂ©part pour le Louisville Civic Ballet en 1960. M. Nault a complĂ©tĂ© par la suite la chorĂ©graphie du corps de ballet et des diffĂ©rents pas de deux au Colorado Concert Ballet[5]. Il ajuste et finalise le tout pour les GBC en 1964. Mme Chiriaeff rappelle que « M. Nault – tout seul - l’avait rĂ©alisĂ© en trois semaines et demi en travaillant de 9 h le matin Ă  10 h du soir (avec les enfants compris).»[17]

En 1967, la compagnie prĂ©sente le spectacle Ă  l’ArĂ©na Maurice-Richard dans le but d’augmenter possiblement son auditoire dans un secteur de la ville oĂč les habitants ne se dĂ©placent pas jusqu’à la Place des Arts (PdA)[18]. La compagnie engloutit 15 000 $ dans l’aventure alors que ce ballet doit plutĂŽt rapporter de l’argent[19]. NĂ©anmoins, le spectacle Casse-Noisette sera prĂ©sentĂ© annĂ©e aprĂšs annĂ©e presque sans interruption par la suite[1]. M. Luft (1933-2017), le directeur gĂ©nĂ©ral des GBC dĂ©clare : « Ça Ă©tĂ© un afflux financier extraordinaire, c’est-Ă -dire un stabilisateur pour la compagnie parce que, en le prĂ©sentant tous les ans, cela augmentait la saison de cinq Ă  sept semaines, Ă  peu de frais. Pour les danseurs et pour les budgets de la compagnie, c’était trĂšs important [1]».

En 1969, le spectacle est annulĂ©, mĂȘme s’il a Ă©tĂ© prĂ©vu et publicisĂ© au lancement de la saison 1969-1970. La version officielle parue dans les journaux pour justifier l’annulation indique[1] - [20] que l’absence de danseurs Ă©toiles, demeurĂ©s en Europe Ă  la suite de la tournĂ©e des GBC au printemps de 1969 en est la raison. Dans les faits, une rĂ©duction de fonds du Conseil des arts du Canada (CAC)[21] et le dĂ©ficit de 64 285 $[22] de la tournĂ©e europĂ©enne que le SecrĂ©tariat d’État des Affaires extĂ©rieures n’entend pas combler, force le prĂ©sident du CA, le Juge Vadboncoeur (1912-1999), Ă  Ă©crire Ă  LĂ©on Lortie (1902-1985) le prĂ©sident du CARMM (Conseil des arts de la rĂ©gion du MontrĂ©al mĂ©tropolitain), le 1er dĂ©cembre 1969: « Cette annĂ©e en raison des difficultĂ©s financiĂšres, il n’y aura pas de Casse-Noisette durant la pĂ©riode des fĂȘtes »[22]. En 1971, on prĂ©sente Tommy Ă  la place[22]. En 1972, Casse-Noisette est repris avec de nouveaux dĂ©cors et costumes. Finalement, il y a trois annĂ©es oĂč on ne l’offre pas au public aprĂšs sa crĂ©ation en 1964 : 1969, 1971 et 1976[5].

En 1976, Brian Macdonald, directeur artistique des GBC, remplace le spectacle de Casse-Noisette de M. Nault par une version partielle du Lac des Cygnes[5]. Pourtant, Casse-Noisette revient par la suite Ă  chaque annĂ©e. Son envergure a gĂ©nĂ©rĂ© beaucoup d’estime: “That’s the longest running Nutcracker in Canada and probably, it might even be the best”[1]

Inspiration du ballet néo-classique

Deux spectacles de M.Nault s'inscrivent dans cette esthétique : Carmina Burana (1962, Louisville Civic Ballet, Kentucky ; 1966, GBC) et Symphonie de Psaumes (1969, GBC)[5].

Carmina Burana

Il s’agit d’abord d’une Ɠuvre musicale[23]. Les circonstances de l’élaboration de la chorĂ©graphie sont expliquĂ©es par M. Nault[1] :

« Mme Chiriaeff m’avait parlĂ© de faire un ballet, une soirĂ©e entiĂšre avec un seul ballet. Mais le projet original c’était Ti-Jean. Elle devait le faire elle-mĂȘme. Finalement elle m’a donnĂ© le projet. Moi, je ne le sentais pas du tout. Je lui ai dit : je ne peux pas ! Alors elle a dit : « Bien, qu’est-ce qu’on va faire ? » J’ai fait un ballet au Kentucky qui s’appelle Carmina Burana. Ce sont des poĂšmes du XIIIe siĂšcle qui traitent de l’amour, du printemps
 J’ai fait la premiĂšre partie, je lui ai montrĂ© et elle a trouvĂ© ça formidable ! »

Dans la nouvelle production, les costumes sont signĂ©s François Barbeau, les dĂ©cors Robert PrĂ©vost et Peter Hunt fait la conception d’éclairage[5]. L’orchestre est dirigĂ© par Vladimir Jelinek (1923-1989)[5]. Les deux premiers collaborateurs se sont inspirĂ©s de peintures et costumes de la Renaissance italienne, plus particuliĂšrement des toiles du peintre Botticelli[1]. La production exige 175 artistes : 80 musiciens de l’Orchestre Symphonique de MontrĂ©al (OSM), 44 choristes, 40 danseurs et trois solistes chanteurs : Pierrette Alarie (1921-2011, soprano), Pierre Duval (1932-2004, tĂ©nor) et John Boyden (1935-1982, baryton)[24]. Les chanteurs et le chƓur sont intĂ©grĂ©s au ballet[24]. La chorĂ©graphie dure exactement une heure. Une version musicale pour quatre pianos peut remplacer l’orchestre au besoin[25].

La conception du ballet de M. Nault suit l’adaptation musicale de Carl Orff. Les chants sont divisĂ©s en trois parties, sections respectĂ©es en tous points : « Le premier [chant] traite du printemps, le deuxiĂšme comprend des scĂšnes de taverne et le troisiĂšme est un hymne Ă  l’amour. L’ouverture, une sorte de prologue, et la fin de l’Ɠuvre, Ă©voquent le destin auquel l’Homme est soumis sans recours. »[26] Le dĂ©cor consiste, au dĂ©but, en une immense roue centrale (qui symbolise la roue de la fortune) sise au milieu de ce qui semble ĂȘtre d’immenses ruines, images projetĂ©es sur une toile. Les dessins se modifient au fil de la piĂšce pour devenir une forĂȘt monumentale de branches touffues en forme de dĂŽme qui se transforment en immenses fougĂšres[5]. Le ballet est prĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois le 12 novembre 1966. Plusieurs experts et journalistes continuent Ă  Ă©crire que la crĂ©ation remonte Ă  1967[1]. La confusion s’explique par le fait que le ballet a eu un immense succĂšs auprĂšs d’un large public dans le cadre des activitĂ©s reliĂ©es Ă  l’Exposition universelle de l’étĂ© 1967 comme Sydney Johnson le mentionne, la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA a Ă©tĂ© remplie Ă  pleine capacitĂ© les deux soirs de reprĂ©sentation du ballet[24]. Une tournĂ©e dans vingt Ă©tats amĂ©ricains, de l’est Ă  l’ouest et du nord au sud, pendant six semaines, a permis Ă  plus de cent mille spectateurs d’apprĂ©cier l’Ɠuvre chorĂ©graphique de M. Nault[27].

La production va permettre aux GBC de se produire en Europe. Fernand Nault dĂ©clare[1]: « Les gens ont Ă©tĂ© emballĂ©s. Ce sont les gens du gouvernement qui sont venus voir Carmina et qui ont dit qu’il fallait absolument prĂ©senter ça en Europe ; les gens du gouvernement fĂ©dĂ©ral ».

Au-delĂ  de son talent de chorĂ©graphe, M. Nault est un artiste au sens musical affinĂ©. Vladimir Jelineck, chef d’orchestre des GBC mentionne [28]:

« We have been very fortunate in having a choreographer for Burana who really understands music. In some ballet productions, the music is pushed into the background, so you are hardly aware of it; but Fernand Nault has arranged the dance to work together with the music. At certain points, where the music is particularly strong, the dancers do not move at all . »

Le succĂšs de M. Nault avec Carmina vient confirmer son statut de compagnie trĂšs populaire et symbolise la vitalitĂ© canadienne Ă  l’étranger : « l’un des plus beaux spectacles produit au Canada »[29]. L’artistique et le politique se servent mutuellement. Roland Lorrain rĂ©sume ce compagnonnage profitable aux deux partis [30]:

« Celle-ci [l’Expo 67], disposant Ă  l’exaltation, avait servi Carmina ; Carmina, par sa splendeur, avait Ă©minemment servi l’Expo. L’une et l’autre semblaient avoir Ă©tĂ© conçues dans le mĂȘme esprit : emballer, griser par les voies pas toujours contradictoires – souvent mĂȘme complĂ©mentaires – de la qualitĂ© et de la facilitĂ©, les voies mĂȘmes du « best-seller ». »

Pour les cĂ©lĂ©brations des dix ans de la compagnie, un gala est prĂ©sentĂ© Ă  MontrĂ©al, oĂč Carmina Burana obtient encore le prix de popularitĂ© durant la soirĂ©e[5]. Les critiques continuent d’encenser le ballet et confirment l’interprĂ©tation prĂ©cĂ©dente Ă  l’effet que rien n’avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© de pareil au Canada : « undoubtedly an outstanding achievement in Canadian ballet history »[31]. M. Nault a prĂ©tendu lui-mĂȘme que c’était une premiĂšre en AmĂ©rique[32]. Lors de la tournĂ©e europĂ©enne, Carmina Burana est prĂ©sentĂ© Ă  Lausanne, Lyon, Londres, Lisbonne, Porto et Bruxelles puis, lors des derniers jours, Ă  Paris[33]. D’ailleurs, deux reprĂ©sentations supplĂ©mentaires doivent ĂȘtre ajoutĂ©es dans la ville lumiĂšre[34] au ThĂ©Ăątre des Champs-ÉlysĂ©es. Du point de vue des danseurs, Carmina est un succĂšs en Europe. L’un d’entre eux dĂ©clare [1]:

« Les critiques sont toujours plus pointilleux parce qu’ils doivent Ă©crire, tandis que le public reçoit ce qu’on lui donne. Alors, on lui donne notre cƓur. Les danseurs dansaient « fantastique ». Alors, que tu tombes aprĂšs, pendant ou aprĂšs ta pirouette, c[e n]’est pas si important si tu l’as fait avec du cƓur. Si tu l’as fait en Ă©tant tout nerveux, c’est sĂ»r que c’est « plate » Ă  regarder. Comme je dis, danser avec Armando Jorge, Richard Beatty, avec Vincent, c’était tout un « cast » fantastique. (2005) »

En novembre 1972, Ă  l’aube d’une autre crise financiĂšre, le ballet est repris. La compagnie rejoint un nouveau public et les danseurs y sont toujours acclamĂ©s[35] :

« L’effectif actuel des Grands Ballets (composĂ© de « piliers » encore jeunes et trĂšs en forme et d’une quantitĂ© de nouveaux visages) l’exĂ©cute et l’interprĂšte avec exactitude et vie et, tour Ă  tour, tendresse, humour et Ă©motion. Ces textes [
] trouvaient hier leur prolongement dans les mouvements, dans les moindres gestes et dans les expressions de visage des danseurs. »

Lors de ses derniĂšres reprĂ©sentations cumulĂ©es de façon suivie jusqu’en 1973 Ă  l’Expo-ThĂ©Ăątre, le ballet a Ă©tĂ© produit plus de 136 fois avec ou sans orchestre, chanteurs et chƓur[30]. Carmina Burana est prĂ©sentĂ© de nouveau en novembre sous la gouverne de la direction artistique de Brian Macdonald. Ce dernier fait voyager le ballet en AmĂ©rique du Sud oĂč il sera considĂ©rĂ© « l’évĂ©nement majeur »[36].

Carmina Burana a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© lors des festivitĂ©s du 25e anniversaire des GBC lors des 25 ans de l’association de M. Nault avec la compagnie en 1990 de mĂȘme qu’au 40e anniversaire de la fondation des GBC[37]. Sa version est interprĂ©tĂ©e par d’autres compagnies de ballet : Fort Wayne, Indiana (1976), reprise par le Colorado Ballet en 1978, dansĂ©e par le Washington Ballet (1990), Southern Ballet (1992), le Ballet national de CorĂ©e (1994), Nice Ballet ThĂ©Ăątre (1995) et Atlanta Ballet (1997)[5].

D’autres Ɠuvres de Fernand Nault auront Ă©galement eu une destinĂ©e significative mais jamais elles ne traverseront le temps comme l’a fait Carmina Burana. Cela Ă©tant dit, elles ont eu un impact spĂ©cifique bien que ponctuel sur l’identitĂ© culturelle du QuĂ©bec. À ce titre, une autre crĂ©ation nĂ©o-classique apparaĂźt dans l’histoire des GBC : Symphonie de Psaumes.

Symphonie de Psaumes

Symphonie de Psaumes revĂȘt un caractĂšre expĂ©rimental[5]. ÉlaborĂ©e dans un style nĂ©o-classique, l’ébauche chorĂ©graphique de Fernand Nault est prĂ©sentĂ©e une premiĂšre fois avec une musique enregistrĂ©e dans le cadre des ateliers chorĂ©graphiques de la compagnie, les 5, 6 et 7 novembre 1969, au thĂ©Ăątre de l’UniversitĂ© George Williams, devenue par la suite l’UniversitĂ© Concordia[1]. L’esquisse est chorĂ©graphiĂ©e sur les psaumes du Vulgate, chantĂ©s en latin et la musique est composĂ©e par Igor Stravinsky en 1930[38].

Il n'y a pas d'informations sur les costumes utilisĂ©s lors de la prĂ©sentation initiale[5]. Par contre, il est possible d’affirmer qu’à la PdA, lors de sa parution officielle, les filles portent un lĂ©otard noir et des collants roses sans pieds; aucun chausson de pointes[39]. Les Ă©clairages sont signĂ©s Nicholas Cernovitch (1929-2018)[5]. Les lieux physiques servent de dĂ©cors, c’est-Ă -dire une scĂšne dont les rideaux relevĂ©s montrent Ă  nu les coulisses du thĂ©Ăątre ; la musique est enregistrĂ©e[5].

Sa conception dĂ©coule de l’intĂ©rĂȘt du chorĂ©graphe pour cette musique. M. Nault explique [1]:

« On revenait d’Europe, aprĂšs la premiĂšre tournĂ©e europĂ©enne de 69. On Ă©tait trĂšs Ă  court de fonds, alors j’ai pensĂ© de faire Symphonie de Psaumes, trĂšs dĂ©pouillĂ©, pour nous aider. J’aimais la musique. »

Il s’agit de trois psaumes traitĂ©s chacun Ă  sa façon par le chorĂ©graphe en rĂ©ponse Ă  la partition musicale : le premier mouvement est une priĂšre pour le rachat des fautes des chrĂ©tiens, le deuxiĂšme est une proclamation de foi envers le Seigneur et le troisiĂšme, un chant d’action de grĂące (programme de soirĂ©e, 1972)[5]. Repris Ă  la PdA en mars 1970, Gingras[40] et Siskind[41] soulignent principalement sa sobriĂ©tĂ© et son Ă©conomie d’effets [40]:

« Symphonie de Psaumes est un ballet austĂšre (comme la musique qui l’a inspirĂ©) avec ses mouvements bien calculĂ©s et ses longs moments d’immobilitĂ©, son minimum de costumes (torses nus pour les garçons) et sans autre dĂ©cor que l’arriĂšre-scĂšne du thĂ©Ăątre. Il y a lĂ -dedans une sorte de dĂ©pouillement rappelant BĂ©jart, mais cela reste fonciĂšrement une Ɠuvre signĂ©e Fernand Nault, c’est-Ă -dire au service de la beautĂ© plastique. »

Le chorĂ©graphe joue avec les dĂ©placements de groupes de fidĂšles recueillis et les mouvements du corps dans des attitudes de prostration et de priĂšre. Les gĂ©nuflexions abondent, les yeux montent vers le ciel et implorent Le Tout-Puissant. Il s’agit d’une chorĂ©graphie Ă  13 danseurs[5].

La prĂ©sentation Ă  la PdA constitue une bonne mise en forme pour affronter le plateau d’un lieu de culte immense : l’Oratoire St-Joseph. La rĂ©ception du ballet par le public de la PdA « a partisan audience cheering enthousiastically »[41] a ouvert la voie Ă  l’intĂ©rĂȘt et Ă  la curiositĂ© du public. Dans la Basilique de l’Oratoire, les GBC feront salle comble, trois soirs de suite, les 25, 26 et 27 mars 1970 durant la semaine pascale avec le chƓur des Petits Chanteurs du Mont-Royal et orchestre[5].

Qu’est-ce qui a permis une telle incursion dans un lieu de culte comme l’Oratoire alors que l’autoritĂ© de l’Église catholique du QuĂ©bec a rĂ©sistĂ© devant la pratique et la prĂ©sentation de la danse pendant trois siĂšcles[42]? Un certain malaise liĂ© Ă  la venue de la danse dans un endroit de culte est manifeste dans le communiquĂ© du mois de mars 1970 diffusĂ© par le conseiller artistique de l’Oratoire, le rĂ©vĂ©rend pĂšre Paul Leduc, c.s.c.. Il tente de justifier la venue des GBC dans un lieu saint [43]:

« Il n’y a pas si longtemps chez nous des pasteurs tonnaient du haut de leur chaire contre l’immoralitĂ© de ce qu’ils appelaient les danses modernes, tandis que des aumĂŽniers d’écoles, des religieuses organisaient des bals de « graduation » ou de petites sauteries hebdomadaires dans les salles paroissiales. Et on peut estimer que souvent pour des motifs diffĂ©rents, les deux tendances pouvaient avoir raison. »

Le diocĂšse de MontrĂ©al se montre progressiste en ce qui concerne la possibilitĂ© de livrer un message religieux par la danse. Sur invitation, Monseigneur AndrĂ©-Marie Cimichella (1921-2004, Ă©vĂȘque auxiliaire du DiocĂšse de MontrĂ©al et curĂ© de la CathĂ©drale de MontrĂ©al) est conviĂ© Ă  assister Ă  l’atelier chorĂ©graphique de l’automne 1969, lors duquel M. Nault prĂ©sente son esquisse. L’ecclĂ©siastique est ravi de la prĂ©sentation et propose la tenue de Symphonie de Psaumes dans une Ă©glise [43]:

« J’étais trĂšs heureux d’assister Ă  votre reprĂ©sentation du 7 novembre dernier. AssurĂ©ment c’est votre ballet pour les psaumes qui m’a le plus impressionnĂ©. Bien sĂ»r la musique de Stravinsky se passe de commentaires. La chorĂ©graphie et les mouvements Ă©taient trĂšs bien travaillĂ©s et trĂšs prĂšs de la perfection. C’est mon opinion qu’avec des costumes appropriĂ©s, ce ballet pourrait se prĂ©senter dans une Ă©glise. [
] Je suis Ă  votre entiĂšre disposition pour continuer ce dialogue. »

Sa mise en scĂšne revĂȘt la forme d’une procession : les danseurs sont assis dans le public. Puis, ils avancent vers le chƓur et leurs gestes donnent Ă  penser qu’ils prient avec leur corps : « instead of praying in whispered words, they prayed with their bodies »[44]. Pour l’occasion on habille les danseurs comme Ă  la ville, sans montrer de torses nus :

« « J’étais trĂšs heureux d’assister Ă  votre reprĂ©sentation du 7 novembre dernier. AssurĂ©ment c’est votre ballet pour les psaumes qui m’a le plus impressionnĂ©. Bien sĂ»r la musique de Stravinsky se passe de commentaires. La chorĂ©graphie et les mouvements Ă©taient trĂšs bien travaillĂ©s et trĂšs prĂšs de la perfection. C’est mon opinion qu’avec des costumes appropriĂ©s, ce ballet pourrait se prĂ©senter dans une Ă©glise. [
] Je suis Ă  votre entiĂšre disposition pour continuer ce dialogue. » »

La journaliste Zelda Heller, dans son enthousiasme, clame que la prĂ©sentation est « probably the first example of danced worship in North America, if not in the whole western hemisphere
 »[44] L’hyperbole cherche Ă  montrer le caractĂšre inusitĂ© et avant-gardiste de l’évĂ©nement Ă  l’époque. La population conviĂ©e au spectacle semble aussi apprĂ©cier l’expĂ©rience [45]:

« J’ai Ă©tĂ© impressionnĂ© par la qualitĂ© du concert. L’atmosphĂšre de l’église est propice pour une telle reprĂ©sentation. Certains peuvent penser que c’est sacrilĂšge, mais je crois que c’est fait dans un authentique esprit de priĂšre. De telles expressions artistiques ne doivent pas ĂȘtre rĂ©servĂ©es uniquement au milieu profane. »

Tommy

La compagnie des GBC, au dĂ©but des annĂ©es 1970, tente de s’implanter avec plus d’insistance Ă  la PdA[1], toujours dans un esprit nĂ©o-classique. Pour ce faire, il faut un ballet susceptible de drainer de nouveaux publics. M. Nault doit trouver une Ɠuvre significative pour intĂ©resser les jeunes gĂ©nĂ©rations Ă  la danse. Nicolle Forget parle d’une conjoncture d’évĂ©nements et de phĂ©nomĂšnes gĂ©nĂ©rationnels[1] :

« Je me dis qu’elle avait comme des antennes et elle voulait aller chercher un autre public. Alors, elle s’est embarquĂ©e avec Carmina et ceci avait amenĂ© un peu d’autre monde. [
] Basile a dĂ» arriver un peu Ă  la mĂȘme Ă©poque en disant qu’il avait vu quelque chose d’intĂ©ressant, et avec Nault ils ont commencĂ© Ă  regarder s’il y avait quelque chose Ă  faire pour finir par : Essayons ! »

M. Nault dĂ©clare au sujet de Tommy : « Les Grands Ballets ont dĂ©cidĂ© d’élargir leurs horizons et du mĂȘme coup leur public. Je crois que cette saison nous en avons pour tous les goĂ»ts »[46]. Tout comme les Ɠuvres prĂ©cĂ©dentes de Fernand Nault, la musique va se rĂ©vĂ©ler son inspiration premiĂšre pour l’élaboration de Tommy [1]:

« C’est Jean Basile, critique au "Devoir", qui a ouvert la porte de mon bureau et a dit : As-tu dĂ©jĂ  entendu parler de "Tommy" ? J’ai dit :Tommy quoi ? Alors en rentrant Ă  la maison le soir, je suis passĂ© par le magasin et j’ai achetĂ© le disque. Je l’ai Ă©coutĂ© et j’ai dit : C’est fantastique ! J’ai tout de suite aimĂ© la musique ! On voulait former un comitĂ© artistique pour la conception des dĂ©cors, des costumes ainsi que pour le montage visuel. Il y avait Henri Barras comme conseiller artistique et un sculpteur, dont je ne me souviens pas du nom, qui devait s’occuper des dĂ©cors. Mais il n’arrivait pas Ă  trouver le concept qui correspondait au ton de l’Ɠuvre. Uriel Luft, m’a dit : « Si vous aviez le choix, qui choisiriez-vous ? » Je lui ai suggĂ©rĂ© Meng Shu Lee, qui faisait les dĂ©cors pour Martha Graham. Il Ă©tait trĂšs sculptural. C’est lui qui a finalement recommandĂ© David Jenkins pour les dĂ©cors. Il ne faut pas oublier François Barbeau pour les costumes et Nicholas Cernovitch pour les Ă©clairages. »

Le projet permet de crĂ©er un comitĂ© de production composĂ© de Mme Ludmilla Chiriaeff, Jean Basile (1932-1992), Henri Barras (1944-2007) et lui-mĂȘme. Il s’agit de coordonner la crĂ©ation dansĂ©e avec les technologies de l’époque, c’est-Ă -dire crĂ©er des effets spĂ©ciaux pour Ă©voquer un « trip » de drogue et inclure des sĂ©quences filmĂ©es, parfaitement intĂ©grĂ©es Ă  la production[1]. Le synopsis du ballet Tommy ne ressemble en rien Ă  celui des ballets traditionnels [47]:

« Tommy a Ă©tĂ© tĂ©moin en son enfance d’un tragique Ă©vĂ©nement : son pĂšre, qu’on croyait mort Ă  la guerre, revient inopinĂ©ment et tue l’amant de sa femme. Les parents convainquent si bien l’enfant, tout bouleversĂ©, qu’il n’a rien vu ni rien entendu, qu’il se renferme dans un mutisme complet et devient sourd, muet et aveugle. Aux souffrances de cette triple infirmitĂ© s’ajoutent les avanies que lui font subir un cousin et un oncle qui le dĂ©testent. De surcroĂźt, une bohĂ©mienne, la reine de l’«acide», le sĂ©duit puis le quitte ignominieusement. [
] Un mĂ©decin signale Ă  sa mĂšre qu’assez Ă©trangement, quand on place Tommy devant un miroir, il semble capable de communiquer avec l’image que la glace lui renvoie, et ne s’intĂ©resse plus qu’à elle. La mĂšre, exaspĂ©rĂ©e par de longues annĂ©es d’incapacitĂ© Ă  Ă©tablir contact avec lui, brise le miroir et anĂ©antit du mĂȘme coup la barriĂšre qui sĂ©parait Tommy du monde. Un miracle se produit : le jeune homme voit, parle et entend de nouveau. Cette longue solitude oĂč il avait fui la violence l’avait ouvert lentement Ă  son harmonie intĂ©rieure. Il en tire, rendu au monde des voyants, une religion qu’il se met Ă  prĂȘcher autour de lui, mais ses disciples se rĂ©voltent contre la discipline rigoureuse qu’il leur impose, et l’abandonnent. Tommy se retrouve seul et retombe dans son isolement psychosomatique primitif. »

La crĂ©ation est prĂ©sentĂ©e le 16 octobre 1970 Ă  la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA[1]. Le dĂ©cor se rĂ©sume Ă  un cyclo blanc Ă  l’arriĂšre scĂšne et un Ă©cran transparent Ă  l’avant-scĂšne en vue de crĂ©er plusieurs effets spĂ©ciaux, entre autres l’impression de superposition des danseurs dans les airs. On associe des projections cinĂ©matographiques et cinĂ©mascopiques en couleur pour former l’essentiel du dĂ©cor. Un Ă©cran de tĂ©lĂ©vision apparaĂźt et disparaĂźt montrant des images dĂ©rangeantes de l’actualitĂ©. Par exemple, on y voit des policiers avec des matraques[5].

Les costumes se dĂ©marquent par des unitards de jazz bigarrĂ©s dans les tons de bleu et brun avec le bas du pantalon Ă©largi. Les danseurs portent des chaussures de jazz en cuir. Les costumes des femmes sont de la mĂȘme couleur, calquĂ©s sur un modĂšle de lĂ©otard avec collant et jupe Ă  franges. Elles ont toutes un foulard nouĂ© sous le menton et enfilent des chaussons mous de danse. Le personnage de Tommy revĂȘt un unitard blanc[5].

La gestuelle se dĂ©taille par des mouvements en isolation ou amples, des dĂ©hanchements, des contractions du torse et on observe de grands dĂ©placements de masse. Le travail des jambes demeure en parallĂšle la plupart du temps et des sĂ©quences improvisĂ©es du corps de ballet traversent la partition chorĂ©graphique. Gingras dĂ©crit : « dĂ©filĂ©s militaires, affrontements de groupes, actions simultanĂ©es sur divers points de la scĂšne, longs moments d’immobilitĂ© des danseurs, debout ou par terre. »[46] Le «Tommy» donne davantage une performance thĂ©Ăątrale que dansĂ©e : « Il m’a choisi comme Tommy pour jouer un rĂŽle, parce qu’en plus de danser, j’avais beaucoup Ă  jouer »[1]. M. Nault dĂ©clare : « Alexandre me donnait la spiritualitĂ© »[48].

La saveur rock plait Ă©normĂ©ment au public. Lorrain tĂ©moigne : « Octobre 1970, salle archicomble, ovation « debout », dĂ©chaĂźnĂ©e, formidable. Les allĂ©es, les dĂ©gagements de la salle sont bondĂ©s de jeunes. Ils sont pris, ils sont captivĂ©s, ils aiment le ballet, eux qui, pour la plupart, croyaient le mĂ©priser ou l’ignorer »[30]. Il ne s’agit pas de technique ballĂ©tique mais plutĂŽt d’un mĂ©lange de danse contemporaine, de jazz et d’improvisation. Ce nouveau choix de mĂ©lange des genres n’est pas sans susciter certaines craintes. DĂšs le soir de la premiĂšre, Gingras fait une mise en garde : « Les Grands Ballets Canadiens ont fort bien fait de montrer Tommy car ainsi ils s’attirent un nouveau public. Mais je les sais assez intelligents pour ne pas rĂ©pĂ©ter trop souvent les expĂ©riences de ce genre, de peur de perdre le public qu’ils ont dĂ©jĂ  »[46]. Trois Ă©lĂ©ments retiennent l’attention : l’aspect gĂ©nĂ©rationnel, son impact financier sur la compagnie et son caractĂšre unique au tout dĂ©but des annĂ©es 1970 dans le monde du ballet.

Le ballet de Fernand Nault a un cĂŽtĂ© lĂ©gĂšrement subversif et psychĂ©dĂ©lique qui est de nature Ă  attirer la jeune gĂ©nĂ©ration. Le journaliste du journal Le Droit tĂ©moigne de l’engouement de la jeunesse pour le ballet : « La grande majoritĂ© des quelque {{ unitĂ© |5000 spectateurs}} Ă©taient de moins de 30 ans [
] Qu’était venue voir cette jeunesse ? SĂ»rement pas du ballet »[14].

Heller, du Montreal Star, met en perspective la dimension critique et prĂ©sente la rĂ©action de la jeunesse au spectacle dans un article[49]. Les tĂ©moignages , citĂ©s par Heller, reflĂštent tous le vĂ©cu d’une expĂ©rience hors du commun: « I wanted to thank you all for the most enjoyable entertainment evening since my last Joplin concert. » (Gilleland, N.Y.); « I felt so completely into what you were doing because of your vibrations. [
] I really can’t say much more except thank you very very much for one of the most memorable experiences I’ve had in watching any sort of a performance. » (Bloom, Brooklyn); « by the end of the performance I was caught in that Netherland between being speechless and wanting to yell. » (Wolf, Wisconsin) (mai 1971). Les jeunes vivent pour la premiĂšre fois une initiation Ă  la danse ; elle semble Ă  leur portĂ©e et ils sont en mesure de l’apprĂ©cier.

Un autre phĂ©nomĂšne va toucher la jeunesse : la possibilitĂ© pour un garçon de faire de la danse. Le hĂ©ros de la chorĂ©graphie est un homme ; il bouge de façon dĂ©contractĂ©e entre le mouvement de libertĂ© (le jazz) et le jeu d’acteur. M. Nault tĂ©moigne : « AprĂšs Tommy, on a eu une foule de garçons, ils voulaient tous devenir danseurs en deux semaines. Le jazz s’apprenait vite, on se sentait bien »[11]. Dans son rapport annuel du 4 octobre 1973, le directeur gĂ©nĂ©ral des GBC mentionne qu’il y a 170 garçons dans les classes de l’école[50].

Les retombĂ©es financiĂšres sont significatives pour les GBC car Tommy est une production auto-suffisante : « Durant cette pĂ©riode d’austĂ©ritĂ© oĂč toutes les subventions rĂ©trĂ©cissent de plus en plus, ce Tommy est un don du ciel, puisque nous pouvons continuer Ă  garder les danseurs sous contrat sans perdre un sou, le spectacle de Tommy couvrant toutes les dĂ©penses »[51]. Pendant deux ans, les danseurs seront payĂ©s 50 semaines par annĂ©e[43]. L’Ɠuvre de 1970 permettra aux GBC de rencontrer un des objectifs de la compagnie qui consiste Ă  Ă©laborer une saison complĂšte afin d’offrir un abonnement annuel au public de la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA[1].

Les GBC continuent de profiter de la popularitĂ© du ballet en le produisant dans les grandes villes du QuĂ©bec puis dans les provinces maritimes. Puis c’est le triomphe Ă  New York et Toronto. Cette annĂ©e-lĂ , l’Ɠuvre de M. Nault bat deux records : deux semaines continues au City Center de New York, (une premiĂšre dans les annales des troupes canadiennes) puis une premiĂšre saison d’étĂ© Ă  l’Expo-ThĂ©Ăątre, (ce qui permet de payer les danseurs). En 1971-1972, on reprend Tommy Ă  New York pour une quatriĂšme fois. À la fin de 1972, selon Laurin, le ballet aurait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© 246 fois[30] (200 fois[52] selon Kapinka).

À NoĂ«l 1971, on prĂ©sente Tommy Ă  la place du ballet Casse-Noisette car il n’encourt aucuns frais, contrairement Ă  celui de la fĂ©erie de NoĂ«l[5].

Rien ne permettait de penser que la compagnie vivrait Ă  l’heure de Tommy pendant trois ans : « Fernand Nault l’a fait comme une piĂšce d’occasion dans un sens. Nous n’étions pas supposĂ©s danser ça si longtemps »[1]. Le fait d’ĂȘtre pris dans l’engrenage d’une telle popularitĂ© ne laisse pas prĂ©sager les effets de ce phĂ©nomĂšne sur le groupe Ă  long terme. M. Nault quittera la direction artistique en 1974, en grande partie pour cette raison[1] :

« J’en avais marre de Tommy ! C’était devenu une routine. Il y avait des problĂšmes avec les danseurs. Ils voulaient danser des choses qui n’allaient pas avec l’orientation de la compagnie, qui Ă©taient Ă©tranges. Je crois que ce qu’ils voulaient faire n’étaient pas des rĂŽles qui leurs convenaient. Je n’étais pas d’accord avec ce qu’ils voulaient danser.  »

Tommy est aussi une Ɠuvre de nature particuliĂšre dans le sens oĂč elle ne se situe pas Ă  l’intĂ©rieur des balises habituelles de la danse. M. Nault le qualifie de « thĂ©Ăątre artistique »: « It had everything – dance, rock music, singing, staging, all wrapped up in an artistic effort. We even conceived it differently »[53]. La compagnie elle-mĂȘme le prĂ©sente comme un « happening » dans son programme de soirĂ©e en mars 1983 quand un extrait de Tommy est prĂ©sentĂ© pour souligner ses 25 ans.

Relation avec ses danseurs/danseuses

Au-delĂ  des aspects artistiques de crĂ©ation, critiques et politiques avec lesquels M. Nault doit composer, son influence sur l’évolution des liens qui unissent les danseurs au chorĂ©graphe est importante. Durant les annĂ©es intenses de sa crĂ©ation, plusieurs danseurs connaĂźtront de la popularitĂ© auprĂšs du public grĂące Ă  ses chorĂ©graphies: Vincent Warren (1938-2017), Sasha Belinsky, Maurice Lemay[5].

Une maĂźtrise de la technique acadĂ©mique du ballet constitue sa rĂ©fĂ©rence esthĂ©tique[11]. Elle permet de gĂ©nĂ©rer des possibilitĂ©s expressives infinies pour l’artiste-danseur. Elle est, selon lui, essentielle pour accomplir ses desseins chorĂ©graphiques : « Si vous voulez jouer du Stravinsky, il faut jouer du Mozart pour commencer »[11]. En revanche, son point de vue est que la technique supplante parfois l’expression[11]. Un intĂ©rĂȘt pour la qualitĂ© de la formation du danseur se conjugue Ă  celle d’inclure l’émotion et la sensibilitĂ© dans ses crĂ©ations : « In my ballets I am never interested in steps as such, it is the communication of an emotion that is important to me»[54]. Pour M. Nault, la passion fait la diffĂ©rence entre un bon danseur et un danseur ordinaire : « Ce qu’il y de beau chez un artiste, c’est qu’il donne de lui-mĂȘme, qu’il est gĂ©nĂ©reux »[11].

Fernand Nault a beaucoup de respect pour tous ses collaborateurs danseurs. Il les dĂ©fend au besoin et leur tĂ©moigne une trĂšs profonde gratitude pour l’investissement gĂ©nĂ©reux dont ils font preuve pour rendre l’esprit de ses Ɠuvres. Au sujet des critiques mitigĂ©es de Tommy essuyĂ©es par la compagnie en 1974 Ă  Paris, il dĂ©clare : « the company fell in behind the work and really outdid itself in their anxiety to make it work. They danced harder and more dedicatedly than I have ever seen them before. They were all really wonderful! »[54]. Pourtant, M. Nault quittera la co-direction artistique en 1974 parce qu’il ne peut plus supporter les caprices des danseurs. Au-delĂ  de sa dĂ©ception, il protĂšge leur rĂ©putation auprĂšs des journalistes[5].

Le travail artistique de M. Nault tente de les mettre en valeur, mais jamais au dĂ©triment du projet chorĂ©graphique. Le vocabulaire est ajustĂ© Ă  la vigueur de l’interprĂšte seulement si ces modifications ne sacrifient pas la force de l’Ɠuvre [1]:

« C’est plus le danseur qui doit s’ajuster Ă  la gestuelle choisie pour le ballet. C’est une collaboration aussi. Je regarde la capacitĂ© des danseurs et je m’en inspire pour crĂ©er la chorĂ©graphie.  »

Il explique sa vision du travail de collaboration entre l’interprĂšte et le chorĂ©graphe [1]:

« L’éternel problĂšme, c’est d’imprĂ©gner tous les participants dans l’esprit du sujet. Il faut mettre les danseurs dans leur Ă©lĂ©ment le plus personnel, modeler chacun au personnage qui lui convient le mieux et lui permettre de donner une Ăąme Ă  son rĂŽle et de le vivre sur scĂšne. Avoir de la technique n’est pas tout ; il faut Ă©mouvoir les danseurs spirituellement, afin qu’à leur tour, ils Ă©meuvent le public. Gestes, expressions, mouvements, tout doit jaillir du sentiment intĂ©rieur ; c’est ce qui permet Ă  une Ɠuvre d’ĂȘtre vivante.  »

Son attitude va permettre aux artistes de la danse de s’épanouir sur scĂšne. Pour lui, le danseur est au centre de l’activitĂ© crĂ©atrice ; il sait le mettre en valeur, utilise sa force, et l’incite Ă  se dĂ©passer, Ă  travers le travail chorĂ©graphique[1].

ThÚmes privilégiés

Une grande polyvalence sur le plan stylistique et esthĂ©tique caractĂ©rise M. Nault. On observe des thĂšmes rĂ©currents Ă  travers son rĂ©pertoire personnel : la spiritualitĂ©, la mort, l’amour dans des sens mĂ©taphoriques (avec des traitements plus modernes que les amours inaccessibles et romantiques), l’humour comme exutoire social[5]. Comme il le dit lui-mĂȘme, plusieurs de ses chorĂ©graphies parlent de religion ou commencent par des cĂ©rĂ©monies[55]; les thĂšmes quĂ©bĂ©cois ne l’intĂ©ressent pas vraiment[1]. Une seule fois, il s’y attarde avec La Scouine (1990), Ɠuvre inspirĂ©e du roman du mĂȘme nom publiĂ© par Albert Laberge (1871-1960) en 1918, qui est considĂ©rĂ© le premier roman rĂ©aliste du QuĂ©bec, puisqu’il raconte l’histoire d’une famille de la campagne sans enjoliver leur existence[5].

Réception de la critique Montréalaise [1]

Somme toute, la critique montrĂ©alaise, autant anglophone que francophone, apprĂ©cie le travail artistique de M. Nault. Le fil conducteur qui lie leurs propos est celui de considĂ©rer sa contribution Ă  l’édification d’une compagnie durable dans le paysage Canadien tout en ne manquant pas de souligner les aspects plus faibles de ses chorĂ©graphies. Les journalistes critiques de l’époque sont longtemps attachĂ©s aux mĂȘmes journaux. Ils revoient les mĂȘmes Ɠuvres et sont Ă  mĂȘme de constater leur Ă©volution dans le temps Ă  travers les yeux de la sociĂ©tĂ© qui les reçoit. DĂšs lors, leur jugement peut fluctuer et se modifier passablement en ce qui concerne l’apprĂ©ciation d’une mĂȘme crĂ©ation. Souvent leurs commentaires cherchent Ă  assurer une meilleure diffusion des spectacles. Par exemple, les critiques qui ont vu Carmina Burana Ă  MontrĂ©al et qui savent que le ballet sera le fer de lance de la tournĂ©e europĂ©enne soulignent ses points faibles en espĂ©rant que M.Nault tiendra compte de leur avis.

Tous constatent combien son talent consiste aussi Ă  rĂ©aliser beaucoup avec peu de moyens. Ils reconnaissent la cohĂ©rence de ses Ɠuvres sous tous leurs aspects mais, pour eux, le fait de se coller Ă  la partition musicale semble projeter une certaine monotonie. On l’encourage souvent Ă  ĂȘtre plus audacieux. Les critiques europĂ©ens seront durs Ă  son endroit autant lors de la premiĂšre tournĂ©e avec Carmina Burana que lors de l’incursion de Tommy en Europe. Pourtant tous les commentaires ne remettent pas en cause l’apprĂ©ciation du public qui l’acclame avec chaleur, et les critiques n’ont d’autre choix que d’en tĂ©moigner.

Implication Ă  l'École SupĂ©rieure de Ballet du QuĂ©bec (ESBQ)

Ludmilla Chiriaeff nomme Fernand Nault co-directeur de l’AcadĂ©mie des Grands Ballets (AGBC) dĂšs 1966[56]. À partir de 1967, il est liĂ© par mandat Ă  l’École supĂ©rieure des Grands Ballets canadiens (ESGBC), dĂ©nomination de l’institution Ă  cette Ă©poque qui deviendra en 1979, l’École supĂ©rieure de danse du QuĂ©bec (ESDQ)[1]. Il assume les mĂȘmes fonctions. Cette nomination sert Ă  assurer la cohĂ©rence entre les GBC et les Ă©coles qui y sont jumelĂ©es. En effet, dans les annĂ©es 1960, l’AGCB assure un volet de formation auprĂšs du grand public tandis que l’ESGBC assure la formation professionnelle pour alimenter les effectifs des GBC. Avec son dĂ©part officiel de la compagnie en 1974, sa prĂ©sence dans les deux Ă©coles devient plus tangible : il en prend la direction, en plus de demeurer chorĂ©graphe attitrĂ© des GBC[1].

À partir de 1982, son activitĂ© consiste principalement Ă  remonter plusieurs des Ɠuvres de son rĂ©pertoire pour les Ă©lĂšves lors des spectacles de fin d’annĂ©e et Ă  en crĂ©e d’autres afin de soutenir l’acquisition des compĂ©tences artistiques nĂ©cessaires pour accĂ©der au milieu professionnel et ce, jusqu’en 1993[57]. Cela lui permettra aussi de mettre sur pied des sĂ©ries de spectacles de 1985 Ă  1988 prĂ©sentĂ©s dans les Ă©coles primaires, secondaires et les cĂ©geps de la grande rĂ©gion de MontrĂ©al pour initier les jeunes Ă  la danse[58]. À cet Ă©gard, il Ă©crit une lettre aux directeurs des Ă©coles de danse de la province dans laquelle il fait l’apologie de l’enseignement des arts pour la jeunesse. Il rĂšgle aussi les parties dansĂ©es de la Veuve Joyeuse avec des Ă©lĂšves de l’ESDQ lors de sa programmation Ă  l’OpĂ©ra de MontrĂ©al en 1986 et 1991[59]. Son implication au sein de l’école de formation professionnelle est davantage connue comme chorĂ©graphe que comme enseignant, bien qu’il soit possible de croire qu’il a dispensĂ© son savoir de pĂ©dagogue Ă  plusieurs gĂ©nĂ©rations d’élĂšves Ă  un moment ou Ă  un autre de ses activitĂ©s au sein des Ă©coles des GBC[1]. Finalement, son attachement Ă  la transmission aux jeunes gĂ©nĂ©rations demeure soutenue dans le temps car il a fait travailler les Ă©lĂšves pour la prĂ©sentation du Casse-Noisette, Ă  chaque annĂ©e tant que ses forces physiques lui ont permis de l’assumer. D’ailleurs, un studio Ă  l’École supĂ©rieure de ballet du QuĂ©bec (ESBQ), nouvelle dĂ©nomination de l’ESDQ, a Ă©tĂ© officiellement nommĂ© Ă  la mĂ©moire de Fernand Nault en 2012 . Le 16 dĂ©cembre 2006, soit dix jours avant son dĂ©cĂšs, il assiste encore Ă  une prĂ©sentation de son ballet mythique : Casse-Noisette[1].

Héritage pour le Québec

M. Fernand Nault a dĂ©diĂ© son existence Ă  l’art de Terpsichore. GĂ©nĂ©reux de sa personne, son savoir s’est transmis Ă  de nombreuses gĂ©nĂ©rations d’adeptes spectateurs et de professionnels de son milieu. Totalement impliquĂ© dans une perspective de dĂ©veloppement de la danse au QuĂ©bec, son patrimoine artistique permet encore aujourd’hui de dĂ©velopper du public pour la danse et sensibiliser la population[1]. Son Ɠuvre chorĂ©graphique continue de rayonner en AmĂ©rique du Nord Ă  travers l’acquisition de son rĂ©pertoire par diverses compagnies de ballet et celle du Ballet du thĂ©Ăątre National de Brno en RĂ©publique tchĂšque qui, depuis deux ans prĂ©sente son Casse-Noisette comme tradition des fĂȘtes de NoĂ«l[1]. Il est dĂ©cĂ©dĂ© le 26 dĂ©cembre 2006 des suites de la maladie de Parkinson.

Deux fonds d'archives de Fernand Nault sont conservĂ©s : un au centre d'archives de BibliothĂšque et Archives nationales du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al et l’autre, Ă  la BibliothĂšque de la danse Vincent-Warren.

Premier chorégraphe canadien à assurer la continuité de son patrimoine chorégraphique

Dans le but d’assurer la survie de son patrimoine chorĂ©graphique et d’encadrer la production future de ses Ɠuvres, Fernand Nault crĂ©e, en fĂ©vrier 2003, le Fonds chorĂ©graphique Fernand Nault (FCFN)[5]. Pour en rĂ©aliser la mission, il confie Ă  son assistant de longue date, AndrĂ© Laprise, la responsabilitĂ© de prĂ©server l’intĂ©gritĂ© artistique, les critĂšres d’excellence qui y sont rattachĂ©s et les motivations de crĂ©ation Ă  l’origine de ses conceptions chorĂ©graphiques[5]. La documentation et l’expĂ©rience acquise depuis 1984 par AndrĂ© Laprise auprĂšs de son maitre constituent les principales sources de rĂ©fĂ©rences.

Le Fonds chorĂ©graphique Fernand Nault a pour mission de rendre disponible, auprĂšs des compagnies et des Ă©coles de formation professionnelle en danse, les Ɠuvres de cet artiste renommĂ© et apprĂ©ciĂ©[5]. ChorĂ©graphe important au QuĂ©bec et au Canada, ses rĂ©alisations font appel aux aptitudes des danseurs, autant en vertu des habiletĂ©s techniques qu’en ce qui concerne l’expression artistique.

ƒuvres

  • Paquita (1961).
  • L'Oiseau de feu (1965).
  • GĂ©henne (1965).
  • Carmina Burana (1966).
  • Divertissement Glazounov (1966).
  • Quintan (1966).
  • Miribila (1967).
  • La Lettre (1967).
  • Pas de soleil (1967).
  • Mobiles (1968).
  • Pas rompu (1968).
  • Symphonie de Psaumes (1969).
  • Hip & Straight (1970).
  • Aurkhi (1970).
  • Tommy (1970).
  • Points et contrepoints (1970).
  • La Fille mal gardĂ©e (1971).
  • CĂ©rĂ©monie (1972).
  • Danses concertantes (1972).
  • Cantique des cantiques (1974).
  • Quintessence (1974).
  • IncohĂ©rence (1976).
  • LibertĂ© tempĂ©rĂ©e (1976).
  • La Scouine (1977).
  • Les sept pĂ©chĂ©s capitaux (1978)
  • Try, Ready, Go (1978).
  • Pas d'Ă©poque (1980).
  • Chants de douleur, chants d'allĂ©gresse (1981).
  • Le temps avant, le temps aprĂšs ... (1986).
  • Visages (1987).
  • Tout le monde en place et tout le monde danse (1990).

Honneurs

Notes et références

  1. Beaulieu, « Panorama d'une compagnie de ballet (Les Grands Ballets Canadiens, 1957-1977) : la concrĂ©tisation d'une vision », ThĂšse,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Dictionnaire de la danse, Larousse, coll. « Les Grands Dictionnaires Culturels », , 830 p. (ISBN 978-2035113184)
  3. Trois danseurs intrépides, Montréal (1940-1950), Montréal, Francine Breton, , p.178
  4. Le chorégraphe Fernand Nault meurt à 85 ans, journal Le Soleil, Québec, jeudi 28 décembre 2006, p. A4.
  5. Fonds Fernand Nault (P738) - BibliothÚque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
  6. Marie Beaulieu (dir.), De la danse pour tous les goĂ»ts au spectacle de l’école Lacasse-Morenoff : Les mĂ©dias parlent et chantent, chroniques de la vie culturelle Ă  MontrĂ©al durant la crise et la guerre, MontrĂ©al, Nota Bene,
  7. Howe-Beck, L, Fernand Nault, 1920-2006, Montréal, Dance International, March, , p.23
  8. Gelinas, A, Dans son temps, MontrĂ©al, Voir, (1990, 15 au 21 mars),  
  9. >Suquet, A, L’éveil des modernitĂ©s une histoire culturelle de la danse (1870-1945), Paris, Centre national de la danse, (ISBN 2914124457), p.875
  10. >Beaulieu, M (dir.), Des genres et des styles ; Faire danser Ă  l’école, QuĂ©bec, FrĂ©a, Pul, , p.199, 120
  11. Recurt, É, Fernand Nault : une vie en mouvement, QuĂ©bec,   Le Devoir, 1999, 8 fĂ©vrier, p.B1
  12. Grands Ballets Canadiens, Programme souvenir / saison 1960-1961, Montréal, Grands Ballets Canadiens
  13. Grands Ballets Canadiens, Programme souvenir / saison 1970 - 1971, Montréal, Grands Ballets Canadiens
  14. Vicq, V., Les Grands Ballets Canadiens au CNA, Montréal, Le Droit, 1971, 21 février
  15. Grands Ballets Canadiens, Programme souvenir des vingts ans de la compagnie, Montréal, GBC,
  16. Howe-beck Linde et Crabb Michael, « GeneviÚve Salbaing », sur L'Encyclopédie Canadienne,
  17. Mémo adressé par Ludmilla Chiriaeff envoyé à Brian Macdonald, BANQ, FALC.
  18. Ludmilla Chiriaeff remercie Aubert Brillant : « je suis certaine que sans votre aide, nous n’aurions pas osĂ© tenter l’expĂ©rience [
] oĂč un nouveau public qui n’a pas l’habitude de frĂ©quenter la PdA est venu assister Ă  un ballet sur scĂšne pour la premiĂšre fois pour la plupart » (Lettre du 18 dĂ©c. 1967 in Forget, 2005, manuscrit, partie II, p. 304).
  19. Le programme souvenir du 10e anniversaire prĂ©sente les dĂ©penses et revenus pour la saison 1967-1968 : Casse-Noisette Ă  l’ArĂ©na a coĂ»tĂ© 52 000 $ et a rapportĂ© 37 000 $.
  20. p. 195 : Communiqué de La Presse, et Le Devoir 3 octobre 1969.
  21. Lettre de Peter Dwyer au Juge Vadboncoeur qui annonce dĂšs l’étĂ© 1968 que : « 1969-1970 sera une annĂ©e d’austĂ©ritĂ© en matiĂšre de dĂ©penses gouvernementales » (lettre du 8 juil. 1968, FALC).
  22. Forget, N, Manuscrit, Montréal, , Partie II, p.435.
  23. Dictionnaire de la danse, Paris, Larousse, , p.492
  24. (en) Johnson, S, « Les Grands Ballets: Exciting ‘Carmina Burana’ », The Montreal Star,‎ 1966, november 14
  25. Gingras, C, « « Carmina Burana » : quand une cantate devient ballet », La Presse,‎ 1966, 12 novembre
  26. Programme-souvenir, 1968-69, BVW
  27. Maitre, M, « TournĂ©e en Europe en 69 pour les Grands Ballets », La Patrie,‎ 1967, 26 novembre
  28. (en) Kilgour, D, « A conductor’s view of Orff trilogy », Montreal Gazette,‎ 1969, february 3th
  29. Gingras, C, « Un grand soir aux les Grands ballets ! », La Presse,‎ 1968, 11 mars
  30. Laurin, R, Les Grands Ballets Canadiens ou cette femme qui nous fit danser, Montréal, Du jour,
  31. (en) Johnson, S, « At Salle Wilfrid-Pelletier : gala ballet program », The Montreal Star,‎ 1968, march, 11
  32. Gingras, C, « Le plus grand spectacle des Grands Ballets. », La Presse,‎ 1969, 15 fĂ©vrier
  33. Communiqué, La Presse, 8 octobre 1968.
  34. Communiqué, Le Devoir, 26 juin 1969.
  35. Gingras, C, « TrĂšs beau spectacle des Grands Ballets. », La Presse,‎ 1972, 18 novembre
  36. Communiqué, La Presse. (1977). Les Grands ballets triomphent en Argentine.
  37. Doyion, F, « Mort d'un bĂątisseur », Le Devoir,‎
  38. Gingras, C, « De la danse dĂ©pouillĂ©e Ă  la "gogographie" », La Presse,‎ 1969, 6 novembre
  39. The Gazette, (14 fĂ©vrier 1970). Photo qui annonce le spectacle de la PdA les 20-21et 22 mars de la mĂȘme annĂ©e.
  40. Gingras, C, « "Catulli Carmina" parfaitement rodĂ©. », La Presse,‎ 1970, 21 mars
  41. (en) Siskind, J, « Les Grands Ballets Canadien in a strong offering », The Gazette,‎ 1970, march 23, p.35
  42. Tembeck, I, Danser Ă  MontrĂ©al, germination d’une histoire chorĂ©graphique, MontrĂ©al, PUQ, , p.12,15
  43. Forget, N, Chiriaeff : danser pour ne pas mourir, Montréal, Québec Amérique, , p. 438.
  44. (en) Heller, Z, « Reverence seen in Oratorio ballet », The Montreal Star,‎ 1970, march 26
  45. Revue l’Oratoire, juin 1970, p. 28
  46. Gingras, C, « Les Grands Ballets : une saison pour tous les goĂ»ts », La Presse,‎
  47. Perspective, de La Presse, 12 juin 1971.
  48. Fyfe, G, Entrevue avec Fernand Nault, MontrĂ©al, CÉGEP Montmorency. Prod.,
  49. (en) Heller, Z, « A phenomenon called Tommy », The Montreal Star entertainment,‎ 1971, may 29
  50. FALC, BANQ.
  51. Lettre de Ludmilla Chiriaeff Ă  Roland Lorrain datĂ©e du 25, mai 1971 (FALC,  BANQ).
  52. (en) Kapinka, J, « Tommy sure played a mean ballet », The Gazette,‎ 1972, july 22, p.39
  53. (en) Siskind, J, « At Expo-thĂ©Ăątre : Cantiques ballet often repetitive. », The Gazette,‎ 1974, july 19
  54. (en) Siskind, J, « Backstage at Les Grands ballets, Nault et Conte prepare Premiere », The Gazette,‎ 1974, july
  55. Globe & Mail, 17/03/90, BVW.
  56. Programme souvenir, 1974. BVW
  57. Programme de l’ESDQ, BVW.
  58. Communiqué de presse, GBC, 27/12/2006, BVW.
  59. The Gazette, 27/05/91, BVW.

Annexes

Bibliographie

  • Beaulieu, M. (octobre 2018). De la danse pour tous les goĂ»ts au spectacle de l’école Lacasse-Morenoff. Denis St-Jacques et Marie-JosĂ© des RiviĂšres (dir.), Les mĂ©dias parlent et chantent, chroniques de la vie culturelle Ă  MontrĂ©al durant la crise et la guerre. MontrĂ©al : Nota Bene.
  • Beaulieu, M. (2009). Panorama d’une compagnie de ballet (les Grands Ballets Canadiens, 1957-1977) : la concrĂ©tisation d’une vision, thĂšse de doctorat, MontrĂ©al, UniversitĂ© de MontrĂ©al.
  • BibliothĂšque Vincent-Warren : Programme souvenir, 1957-1958, 1968-69 et 1973-1974 (ajouter tous ceux que j’ai oubliĂ©s qui apparaissent dans le texte).
  • CHATELAINE, 50 ans on en a fait du chemin. Niagara Falls, « Rogers MĂ©dia », Vol. 51, #11, novembre 2010.
  • CommuniquĂ©, La Presse. (1977). Les Grands ballets triomphent en Argentine.
  • CommuniquĂ©, La Presse, 8 octobre 1968.
  • CommuniquĂ©, Le Devoir, 26 juin 1969.
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  • Gingras, C. (1969, 6 novembre). De la danse dĂ©pouillĂ©e Ă  la « gogographie ». La Presse.
  • Gingras, C. (1969, 15 fĂ©vrier). Le plus grand spectacle des Grands Ballets. La Presse.
  • Gingras, C, (1968, 11 mars). Un grand soir aux les Grands ballets ! La Presse.
  • Gingras, C. (1966, 12 novembre). « Carmina Burana » : quand une cantate devient ballet. La Presse.
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  • Le Moal, P. (1999). (Dir.), Dictionnaire de la danse. Paris : Larousse.
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  • Maitre, M. (1967, 26 novembre). TournĂ©e en Europe en 69 pour les Grands Ballets. La Patrie.
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  • Vicq, V. (1971, 27 fĂ©vrier). Les Grands Ballets Canadiens au CNA. Le Droit.

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